Les transformations des structures économiques et financières

Les transformations des structures économiques et financières

À lire dans cet article :

Dans cet article, nous te proposons une analyse des transformations des structures économiques avec un accent sur les mutations sectorielles et financières.

Les grandes mutations sectorielles depuis le XIXe siècle 

Les idées des auteurs classiques commencent à avoir un retentissement en France dès la fin du XVIIIe siècle lorsqu’en 1791, la loi le Chapelier consacre la suppression des corporations de métier, et ce, afin de favoriser l’investissement et donc l’innovation. Les vagues d’innovations ainsi permises vont ainsi être matériellement mises en application via la mécanisation de la production au XIXe siècle, générant des gains de productivité et stimulant donc la croissance, d’où cette tendance à la hausse constaté dans les PDEM.

Parallèlement en Grande-Bretagne, les gains de productivité générés par la Révolution agricole entraînent un premier déversement vers l’industrie (Sauvy, 1980) conformément à la loi d’Engel (1857). En France, une forte tradition agricole tend à maintenir la petite exploitation familiale tout au long du XIXe siècle (tarifs Méline, 1892).

Les Trente Glorieuses opéreront le basculement, la société devenant « industrielle », entretenues par un paradigme rationaliste fordiste et parachevé par le keynésianisme où consommation et investissement sont désormais étroitement liés : le travail harassant est accepté en contrepartie d’un « compromis » sur une hausse des salaires, qui pousse à la hausse la demande globale et permet ce faisant l’optimisme des entrepreneurs sur fond de croissance économique soutenue.

La demande de plus en plus tournée vers les services consacre la fin du fordisme, l’externalisation croissance des activités des entreprises, la chute des entreprises non concurrentielles en vertu des règles de la mondialisation entraînent une désindustrialisation et un second déversement dans les PDEM au cours des 1970s : et Touraine de parler de « société postindustrielle » (1969).

Dominée par l’outil informatique en plein essor aux États-Unis et la connaissance, cette société permet aux innovations de se diffuser dans une logique de « rendements croissants » (fonction Cobb-Douglas avec h>1). Mais les gains de productivité, plus faibles dans ce secteur, suscitent la crainte des PDEM ; et Baumol d’établir que ce passage au « secteur non progressif » entraînerait l’économie vers la stagnation (1967). Mais à y regarder de plus près, c’est précisément dans l’immatériel que les pays trouvent aujourd’hui leurs avantages comparatifs (R&D, marketing). Des plans de reconquête industrielle ont toutefois été lancés dans les PDEM, comme récemment le plan Gallois (2012) en France. 

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Les grandes mutations financières depuis le XIXe siècle

L’augmentation croissante des besoins de financement

Pour soutenir la croissance, un réel système financier a été nécessaire. Après les échecs du système de Law (1720) sous Louis XV et des assignats pendant la Révolution française, l’heure est à la création de la Banque de France sous Napoléon Bonaparte, le 18 janvier 1800. Cependant, les petites unités familiales, principalement tournées vers le leading sector textile de la première Révolution industrielle, permettent aux « entrepreneurs-capitalistes » (Turgot) de s’autofinancer sur leurs capitaux propres, leur conférant ainsi le titre de « self-made men » (Scheider, Rockefeller).

Cette tendance se poursuit jusque dans les 1880s, phase B de Kondratiev, où les grappes d’innovations et la concurrence accrue dans le cadre de la « première mondialisation » (Berger) supposent un renouvellement permanent de machines toujours plus coûteuses. Pour répondre à cette augmentation des besoins financiers, les entreprises vont de plus en plus se constituer en société anonyme (SA), dont les risques de financement sont moins élevés. Parallèlement, on assiste à la « deuxième révolution bancaire ». Pour organiser la collecte systématique de l’épargne dormante du grand public et la drainer vers l’industrie afin de soutenir l’activité économique sont créées de grandes banques d’inspiration saint-simonienne.

Le Crédit Lyonnais est par exemple créé en 1863. Deux modèles de banque coexistent : l’Allemagne, les États-Unis et la France adoptent la banque mixte, le Royaume-Uni le modèle de banques séparées (dépôts/affaires). L’Europe devient alors « le centre de gravité de la finance mondiale » (Hautcoeur, La crise de 1929, 2009) : la Grande-Dépression entraîne le placement d’épargne européenne à l’étranger, ce qui n’est pas sans susciter la crainte de certains intellectuels en France, comme Aristide Briand, qui y voyait là la cause du chômage et de la stagnation en France. 

L’instabilité monétaire de l’entre-deux-guerres poussent les banques à davantage se concentrer et à développer des réseaux de succursales plus larges. Mais les chocs repartent de plus belle : suite au krach d’octobre 1929, les États-Unis rapatrient leurs capitaux, et empêchent ce faisant les banques allemandes de financer les entreprises. Les PDEM sont frappés par les faillites puis le mécanisme de déflation par la dette (Fisher) auxquels les banques ne savent pas répondre. Roosevelt décide alors d’adopter des mesures bancaires avec le Glass Steagall Act et le Securities Act (1933) avant de dévaluer le dollar (1934) : le premier vise à la séparation des banques de dépôt et banques d’affaires ainsi qu’à la mise en place de la « régulation Q » pour plafonner les taux d’intérêt sur les dépôts bancaires, le second à limiter la spéculation. 

La nationalisation du réseau bancaire et l’économie d’endettement (1945-1980)

Dans un souci premier de reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’État français sous de Gaulle décide de nationaliser les grands établissements bancaires et d’organiser le crédit : la loi bancaire du 2 décembre 1945 sépare ainsi banques de dépôt, banques d’affaires et banques de crédit à moyen et long terme, supervisées par le « Conseil National du Crédit », chargé de veiller à la régularité des opérations et à leur conformité avec l’intérêt national. L’idée est de réglementer les activités bancaires afin que l’allocation du crédit privé s’adapte aux lignes fixées par le plan Monnet : l’octroi de crédit aux secteurs essentiels pour la reconstruction est ainsi rendu prioritaire. 

Rendue possible par l’encadrement international des capitaux fixes privés dans le cadre de Bretton-Woods, cette loi crée les conditions d’une reconstruction rapide et efficace, qui ouvre la voie aux Trente Glorieuses. On entre réellement dans une économie d’endettement avec les lois Debré (1966), qui permettent d’assouplir ce cadre strictement planifié et de lui préférer la concurrence bancaire (suppression de la spécialisation bancaire). La logique est la suivante : entreprises et ménages en besoin de financement font appel aux banques, qui elles-mêmes se financent grâce à la Banque centrale. Se développe alors un cercle vertueux à l’origine d’une « inflation de croissance » : la création monétaire créée par ce recours au crédit permet de réduire les taux d’intérêt réels, et débouche sur « l’effet de levier » d’endettement, c’est-à-dire qu’il est avantageux de passer par l’endettement pour financer ses investissements puisque le taux d’intérêt est faible, ce qui réduit le fardeau de la dette. 

La libéralisation de l’économie et le financement de marché à partir des années 1980

Les difficultés de l’économie d’endettement se font vite ressentir : taux d’inflation gonflant dans les 1970s, système très protégé, absence de réelle concurrence au moment où se libéralise progressivement l’économie. Les thèses d’Eugène Fama sur l’efficience des marchés financiers faisant florès, les pays se dirigent donc vers la libéralisation des marchés financiers dans les 1980s : création d’un second marché en 1983, mise en place de lois bancaires en 1984, création d’un marché financier spécialisé dans les produits dérivés en 1986, création des OPCVM en 1988, le tout pour réduire les procédures, décloisonner les activités, afin de permettre aux entreprises et aux ménages de se financer, mais également de valoriser leur épargne plus facilement. Bref, l’économie entre dans un processus de désintermédiation qui permet aux acteurs de passer directement par le marché pour se financer sans passer par le crédit bancaire. Sous le gouvernement Chirac (1987), une première vague de privatisation bancaire est lancée. Les places financières tendent peu à peu à fusionner et à monter en puissance (Euronext fusionne avec le New-York Stock Exchange en 2007 pour devenir la première place boursière du monde).

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