Les enjeux économiques des chocs pétroliers

chocs pétroliers

Au sommaire de cet article 👀

Un choc pétrolier représente une brusque et significative augmentation ou diminution des prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Ce dernier a des conséquences importantes sur l’économie mondiale, car le pétrole est une ressource énergétique essentielle pour les secteurs industriels et les transports.

Contexte historique des chocs pétroliers

Le premier choc pétrolier marquant a eu lieu en 1973, lorsque les pays arabes membres de l’OPEP ont imposé un embargo pétrolier contre les nations occidentales en réponse à leur soutien à Israël lors de la guerre du Kippour. Cet embargo a entraîné une quadruple augmentation des prix du pétrole, provoquant une récession économique mondiale et une forte inflation.

Le deuxième choc pétrolier, survenu en 1979, a été déclenché par la révolution iranienne, qui a perturbé la production de pétrole en Iran et provoqué une nouvelle flambée des prix.

L’impact des chocs pétroliers sur l’inflation

L’inflation devient une tendance qui s’amplifie avec les deux chocs pétroliers dans les années 1970. On a donc affaire, au début des Trente Glorieuses, à une inflation rampante, puis à une inflation ouverte dans la seconde moitié des années 1960s, puis à une inflation galopante entre 1973 et le début des années 1980. Depuis, l’économie a connu une désinflation (c’est-à-dire : le maintien d’une inflation faible) puis une « grande modération ».

Les politiques désinflationnistes se généralisent au tournant des années 1980. Du point de vue régulationniste, la crise des années 1970 provient de « l’épuisement » du régime fordiste, et en particulier l’inadéquation de plus en plus forte du rapport salarial fordiste. En effet, le fordisme était adapté pour la production de biens standardisés. Mais il apparaît vite désuet lorsque la demande se met à porter davantage sur les services : la tertiarisation de l’économie, qui entraîne des gains de productivité beaucoup plus modeste, rentre en contradiction avec le « compromis fordiste » du partage de la valeur ajoutée : les salariés continuent de bénéficier de hausses des salaires (pour rappel les salaires sont indexés sur l’inflation), les entreprises augmentent leurs prix, alors que la productivité croît moins qu’avant.

« Les limites du fordisme sont atteintes lorsque l’inflation salariale, une fois qu’elle est généralisée, ne débouche plus sur des gains de productivité, mais sur l’inflation tout court, lorsque les firmes n’ont d’autre choix que de reporter les augmentations de salaires sur leurs prix de vente » (D. Cohen, Trois leçons sur la société post-industrielle, 2009, p. 32).

L’inflation de croissance qui prédominait dans les Trente Glorieuses laisse place à une inflation de crise, marquée par l’augmentation des prix sans augmentation des gains de productivité dans le secteur tertiaire (on retrouve l’explication de l’inflation par Baumol) et l’augmentation des prix du pétrole. Au même moment, le chômage se remet à sévir. L’arbitrage entre inflation et chômage est donc désormais invalidé dans les pays de l’OCDE, ce sont alors davantage les thèses monétaristes qui vont retenir l’attention.

Le dilemme inflation-chômage durant les chocs pétroliers

À partir des chocs pétroliers, l’inflation qui était modérée explose et atteint près de 20% en Grande-Bretagne en 1974, mais le chômage augmente lui aussi en même temps. Cela constitue un échec relatif des politiques massives de relance et de lutte contre le chômage, chômage qui reste aux alentours des 10% en France et 12% en Grande-Bretagne.

Avec le deuxième choc pétrolier, il n’est plus possible de lutter contre le chômage. On constate un échec de la relance coordonnée de 1978, qui marque la fin des politiques keynésiennes (sauf en France en 1981 et 1982). S’en suit un début des grandes nationalisations (95% du système bancaire et financier).

De cette manière, les chocs pétroliers ont illustré l’échec des politiques expliqué par ISLMBP (Mundell et Fleming, 1963), en changes flottants, la politique budgétaire ne permet pas la relance, car elle ne s’accompagne pas d’un afflux de capitaux étrangers. L’arrivée de Volker à la tête de la FED, puis celle de Thatcher en Grande-Bretagne et de Reagan aux États-Unis, donnent la priorité à la lutte contre l’inflation. Volker remonte les taux directeurs de la FED à près de 20%, la politique budgétaire est alors reléguée au second plan. 

Lire aussi : L’impact de l’inflation sur l’économie mondiale

Politique commerciale et chocs pétroliers

Lorsqu’un choc pétrolier provoque une augmentation soudaine et marquée des prix du pétrole, les coûts de production augmentent pour de nombreuses industries, ce qui peut affaiblir la compétitivité des entreprises nationales sur les marchés internationaux. Pour protéger leur économie de ces effets négatifs, certains pays peuvent adopter des mesures protectionnistes, telles que l’imposition de tarifs douaniers élevés sur les importations, la subvention des industries locales, ou la mise en place de quotas d’importation pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations de pétrole ou d’autres produits énergétiques.

Développement durable et environnement

Si le Club de Rome avait déjà publié le « Rapport Meadows » en 1972, les chocs pétroliers et la crise économique font vite passer les questions environnementales au second plan. Ce n’est qu’en 1987 qu’est publié le « Rapport Brundtland », dont l’idée forte est que l’exploitation des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement constituent un danger pour les perspectives de croissance et de développement ; il popularise également la notion de « développement durable », défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Il exige la réalisation d’une double équité : intragénérationnelle et intergénérationnelle.

Lire aussi : Le changement climatique : quelles conséquences pour l’avenir ?

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