Dans cet article, nous faisons le point avec toi sur le lien entre les inégalités et les mouvements sociaux et comment les politiques publiques mises en œuvre par l’État apparaissent comme défaillante. Les inégalités sont au cœur du programme de terminale de SES néanmoins, tu peux te servir des exemples et des références de cet article pour un devoir de philosophie.
Selon l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. ». Toutefois, la société française actuelle semble très fracturée par les inégalités et l’esprit de fraternité que prévoyait l’article 1 paraît être chimérique. « Une inégalité sociale est le résultat d’une distribution inégale, au sens mathématique de l’expression, entre les membres d’une société, des ressources de cette dernière, distribution inégale due aux structures mêmes de cette société et faisant naître un sentiment, légitime ou non, d’injustice au sein de ses membres »(2). Dès lors, on constate sensiblement un lien entre inégalité et mouvements sociaux.
Focus sur le mouvement des gilets jaunes : un mouvement en réponse à l’injustice sociale
Le sentiment dominant chez les gilets jaunes était ce manque de justice sociale dans notre pays. Mais qu’est-ce vraiment la justice sociale ? D’abord, c’est un concept défini majoritairement par Bentham, Rawls et plus récemment par Amartya Sen. Dans cet article, on choisira de se concentrer sur la vision de la justice sociale selon Amartya Sen. Sen conteste le caractère absolu de la priorité accordée à la liberté dans l’approche rawlsienne et prône une approche pluraliste fondée sur les capabilités, c’est-à-dire des chances qu’une personne a de réaliser ses objectifs et choisir sa vie . L’intervention de l’État n’est donc pas seulement destinée à pallier les imperfections des marchés, mais aussi fondée sur des valeurs qu’elle promeut.
Un faux débat
Tout d’abord, concernant le mouvement social massif des gilets jaunes, il existe un faux débat concernant la taxe sur les carburants. La pensée médiatique a souvent évoqué la révolte des gilets jaunes comme une simple réaction à l’augmentation de cette taxe. Or, il n’en est rien. L’augmentation de la taxe est simplement un élément déclencheur tout comme la hausse du ticket de métro l’a été pour le Chili. Si ce mouvement social s’est déclenché, c’est parce qu’il est le fruit d’un sentiment d’injustice depuis plusieurs années. Aujourd’hui, une partie de la population est en cours de paupérisation et la question de la mobilité est sensible dans la mesure où certaines régions sont en cours de désertifications : il y a une véritable absence de bureaux de postes, de maternités, de gares… C’est en ce sens un traitement inégal fondé sur un critère illégitime : une discrimination qui devient alors un fait social.
Des inégalités croissantes ont alimenté ce mouvement
Ensuite, les inégalités ont accentué ce mouvement. La principale inégalité à souligner est l’inégalité de patrimoine. En France, les 10% les plus riches captent un quart des revenus et possèdent la moitié du patrimoine. Pour appuyer le maintien des inégalités, on remarque la situation entre deux générations de parents issus de l’immigration et de leurs enfants n’a guère évolué. Ils restent discriminés dans l’accès au logement, au transport, au travail. C’est ce qui a conduit aux émeutes de 2005.(2)
Par ailleurs, la pression fiscale s’accentue sur les foyers modestes et les revenus stagnent. Dès lors, l’unité française se trouve dissoute, le sentiment de fraternité n’est présent qu’au sein des classes sociales, non au sein de la globalité de la population. Ce mouvement social est une réponse à l’injustice sociale, c’est-à-dire, à l’accumulation des inégalités et des discriminations. En bref, un sentiment de trop plein pèse sur les plus pauvres et les plus isolés.
Des politiques sociales pour calmer les mouvements sociaux
En réponse à ces mouvements sociaux, l’État a tenté de prendre des mesures favorables à la justice sociale. Le problème est que l’ensemble de ces mesures concernent dans une grande majorité, des politiques de redistributions. Si le manque de revenus est une préoccupation majeure, certaines discriminations sont d’ordre moral et ne sont pas traitées par les gouvernements successifs. Depuis 2005, des dispositifs sont mis en place par l’État et par les entreprises mais en réalité les choses ont peu changé (2). On peut expliquer cet échec par le fait que l’État a « restreint la réalité des discriminations aux seules marges de la société ». De plus, une idéologie trompeuse s’est développée où l’on a tendance à penser que les discriminés fabriquent eux-mêmes leurs discriminations.
Une très mauvaise politique égalitaire
De même, concernant les inégalités, les politiques sociales redistributives n’ont pas « d’effet magique »(3). D’abord, les inégalités n’ont pas toutes le même statut. Une richesse acquise créant de la valeur pour la société n’est pas équivalente à une autre richesse provenant de la rente de situation. (3) C’est ce type d’inégalité qu’il faut combattre. Les autres seraient même nécessaires d’un point de vue purement économique. Les nombreuses politiques égalitaires soit se retournent contre les bénéficiaires, soit n’ont aucun impact. Par exemple dans le domaine du logement, une politique visant à protéger les locataires en situation d’impayés est en apparence une politique généreuse et humaniste, mais conduit les propriétaires bailleurs à sélectionner sévèrement leurs locataires et exclure les plus pauvres.
Enfin, les gouvernements successifs n’entendent pas de la bonne manière les différents mouvements sociaux auxquels ils sont confrontés. En effet, nos dirigeants ne comprennent pas le sentiment d’injustice que peuvent subir les plus pauvres à cause du maintien des inégalités et des discriminations. Cela s’illustre par la violente répression que subissaient les manifestants lors de ces weekends. Au total, certains ont été éborgnés, d’autres mutilés. Le climat de tension que l’on pouvait visionner en boucle sur les chaînes d’informations grand public renforçait cette image violente des manifestations. On peut toutefois noter l’approche positive du gouvernement en 2018 pour avoir instauré le grand débat et les cahiers de doléance afin d’écouter au mieux les revendications des manifestants. Si l’on note l’écoute, on regrettera l’absence de compréhension dans les mesures prises.
Les références que tu peux utiliser dans une copie
Voici une liste de références que tu peux utiliser dans tes prochaines copies au sujet des inégalités et des mouvements sociaux en réponse à une action sociale :
- Amartya Sen, Éthique et économie, 2003 (1)
- Alain Bihr, Le système des inégalités, 2008 (2)
- Tirole, L’Économie du Bien Commun, 2014 (3)