Dans cet article, nous allons définir les termes essentiels du chapitre sur le conflit social, avec en bonus, une analyse d’une question de cours très classique !
Éléments de définitions autour de la notion de conflit social
Conflit social : Le terme de conflictualité sociale désigne les luttes, les affrontements entre groupes sociaux qui ont pour objectif d’acquérir des avantages matériels (une hausse des salaire…) ou symboliques (le mariage homosexuel…). On dit qu’un conflit est sociétal lorsqu’il concerne les valeurs, les institutions et l’organisation de la société dans son ensemble.
La notion de conflit implique également qu’il peut se solder par un compromis, suite à une négociation entre groupes sociaux.
Changement social. Ce terme désigne les évolutions globales marquantes au sein d’une société dans le mode de vie (consommation, logement…) aussi bien que dans les relations sociales (travail, comportements politiques ou sociaux).
G. Rocher le définit comme ” toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d’une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale d’une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire ”
Mouvements sociaux On désigne par le terme de “mouvement social” toute action collective qui souhaite transformer l’ordre social et politique. La notion de mouvement social se distingue de celle de “conflit social” pour deux raisons : d’une part, le nombre de personnes mobilisées dans un mouvement social est bien plus élevé que dans un conflit social, l’ampleur du mouvement est ainsi plus forte ; d’autre part, les revendications d’un mouvement social sont plus universelles : il ne s’agit pas simplement de revendiquer un droit en particulier, mais de proposer un projet social et politique d’une plus grande ampleur.
Pour Alain Touraine (né en 1925), sociologue français des nouveaux mouvements sociaux, “un mouvement social a deux dimensions : le conflit avec l’adversaire et une visée, un projet d’orientation culturel, sociétal.”
Régulation des conflits Il s’agit d’un ensemble de règles qui exercent un contrôle sur les manifestations des conflits et sur les manières de les résoudre.
Syndicats. Au sens large, le terme de syndicat désigne l’ensemble des associations dont l’objectif est la défense d’intérêts communs. Au sens strict, dans le cadre du marché du travail, il désigne les associations d’employeurs (comme le MEDEF) ou de salariés (comme la CGT) qui défendent les intérêts professionnels communs de ses membres. Depuis 1995, en France, 8% des salariés sont syndiqués contre 30% en 1950.
Grève. Arrêt volontaire et collectif du travail pour défendre des revendications professionnelles.
Il existe différents types de grève :
- La grève du zèle est une application stricte des procédures ou de la réglementation qui désorganise la production ou le service.
- La grève tournante affecte à tout de rôle les différents secteurs d’une entreprise.
- La grève perlée consiste à ralentir le rythme d’activité sans cesser officiellement le travail.
Exemple d’annale : Montrez que certains conflits sociaux peuvent exprimer une résistance au changement social. (3pts) Liban, 2019
Que ce soit à l’initiative des pouvoirs publics ou de la société civile, des propositions visant à modifier l’ordre social ne sont pas nécessairement reçues positivement par ceux qu’elles affectent. En effet, le changement social, que G. Rocher définit comme ” toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d’une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale d’une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire ” peut générer la formation de conflits sociaux. Lorsque cette transformation de l’organisation sociale affecte un groupe social en particulier, celui-ci peut s’associer pour former une action collective en vue de lutter contre ce changement : on parle alors de conflits sociaux. Ces conflits sociaux se forment pour s’opposer à un projet particulier, sans nécessairement proposer de projet de société global, sans quoi nous parlerions de mouvements sociaux.
Nous pourrions considérer qu’il existe deux principaux types de conflits sociaux qui s’opposent au changement social. D’une part, les conflits sociaux qui visent à conserver des acquis sociaux. Il s’agit souvent de conflits du travail ou d’intérêts catégoriels ; d’autre part, les conflits sociaux qui s’opposent à des changements que l’on pourrait considérer comme des “avancées”, qu’elles soient environnementale comme le développement durable, ou juridique comme le mariage homosexuel.
Les conflits sociaux qui résistent au changement social pour conserver des acquis sociaux peuvent indiquer soit une crainte du changement soit une volonté de défendre les instances d’intégration sociale.
Dans un premier cas, nous pourrions considérer que ce type de conflits indiquent une crainte du changement. Ces conflits sont défensifs, puisqu’ils se forment en réaction à des projets de lois, perçus comme une régression sociale. En effet, ces acteurs perçoivent ce changement comme néfaste pour leur conditions de travail ou allant à l’encontre de leurs intérêts catégoriels. Ces conflits peuvent ainsi indiquer une radicalisation des conflits dans le cadre du travail, notamment dans le secteur industriel, avec l’essor de nouvelles formes d’actions collectives comme les pratiques de blocages ou d’occupation des locaux, de séquestration des cadres dirigeants, etc. En juillet 2000, par exemple, la menace des salariés de l’usine Cellatex de faire exploser les locaux et de déverser des produits toxiques dans la Meuse avait fait grand scandale dans les médias. Ces conflits sociaux peuvent également émerger pour défendre des intérêts catégoriels, c’est le cas, par exemple, du conflit annuel des cheminots de la SNCF qui luttent pour conserver les avantages liés à leur statut.
Dans un second cas, nous pourrions considérer que ce type de conflit ne défendent pas simplement des intérêts particuliers, mais plus globalement les instances d’intégration sociale : l’ensemble des acquis sociaux qui garantissent la cohésion sociale. Ce sont essentiellement les classes moyennes, qui jouent un rôle centrale dans le processus d’intégration sociale, qui sont à l’origine de ce type de conflits sociaux : elles craignent que soit remis en cause les fondements de la cohésion sociale. La manifestation contre la loi LRU (Loi relative aux responsabilités des universités) de 2007 est un exemple de ce type de conflits sociaux qui visent à défendre le système éducatif supérieur.
Il existe aussi des conflits sociaux qui refusent d’accepter des changements sociaux qui pourraient être considérés comme un progrès pour l’ensemble de la population.
On qualifie ce type de mouvement de “NIMBY”, qui est un acronyme anglais signifiant “Not In My Back Yard”, c’est-à-dire “pas dans mon jardin”. Il désigne l’opposition d’une population locale à un projet susceptible de lui nuire ou de modifier son cadre de vie. On considère que ce type de mouvement a une dimension égoïste car les habitants ne sont pas opposés fondamentalement au projet, d’autant plus qu’il sert l’intérêt général à une échelle supérieure, mais ils s’opposent à ce qu’ils se réalisent sur leur territoire. Nous pouvons, par exemple, citer les mouvements anti-éolien qui défendent leur cadre de vie et s’opposent radicalement à la mise en place d’éolienne. L’argument esthétique est principalement déployé pour s’opposer à la mise d’éolien industriel qui gâcherait la beauté du paysage naturelle et menacerait le tourisme local. Ces mouvements d’associations de riverains apparaissent de plus en plus fréquemment dès qu’un nouveau projet de construction régional ou national est implanté sur leur territoire.
A lire également : notre article sur la structure sociale.