Comment les actions individuelles constituent-elles des phénomènes collectifs ?

Comment les actions individuelles constituent-elles des phénomènes collectifs ?

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La tradition de l’individualisme méthodologique estime que les actions individuelles constituent des phénomènes collectifs par agrégation. En effet, un phénomène social doit, pour être compris, être conçu comme le produit de l’agrégation d’actions individuelles. Ce courant va se consacrer en particulier à l’étude de l’évolution singulière de l’occident par rapport au reste du monde, notamment à travers le processus de rationalisation dont il essaye d’analyser les origines culturelles.

La perception des phénomènes collectifs

La principale tâche du sociologue est de « montrer comment des actions individuelles se combinent pour donner un produit social », selon Coleman. Une analyse très connue s’inscrivant dans ce courant est celle d’Olson sur les paradoxes de l’action collective : une personne propose de l’adhésion à des syndicats, de l’engagement dans des conflits sociaux (faire grève), défiler dans une manifestation, etc.

La question de la participation ou la non-participation s’établirait en fonction d’un calcul rationnel et individuel coûts-avantages. Dans cette configuration, l’individu rationnel, étant donné les risques et les coûts de l’action collective, préfère a priori ne pas s’engager, comptant néanmoins sur les avantages apportés par celle-ci si elle réussit.

L’agrégation des comportements individuels devrait aboutir à l’absence d’action collective. Pourtant, le sociologue Olson convient que celle-ci existe de façon paradoxale (les paradoxes de l’action collective) à cause de mécanismes d’incitations. Par exemple, les syndicats, pour encourager l’adhésion, développent des services réservés aux adhérents.

De cette manière, les actions individuelles, bien qu’elles soient motivées par des choix rationnels au niveau individuel, peuvent s’accumuler et s’influencer mutuellement pour produire des résultats collectifs qui peuvent ne pas être anticipés ou voulus par les individus eux-mêmes. Ces phénomènes collectifs peuvent à leur tour influencer les choix des personnes, créant une interaction dynamique et réciproque entre les niveaux individuel et collectif.

Les effets de composition de Boudon

Les actions individuelles par agrégation constituent des phénomènes collectifs. Ainsi, Boudon décrit la notion d’effets de composition, ceux-ci peuvent être des effets pervers s’ils sont non désirés et/ou contraires aux objectifs individuels des acteurs. Le changement social (ou la reproduction) est le produit de ces effets de composition.

Il analyse dans cette perspective les conséquences de l’allongement des études sur la dévaluation des diplômes. La démocratisation scolaire se traduit par l’allongement des études. Le pourcentage d’accroissement du nombre de bacheliers et d’étudiants n’influence guère l’égalité des chances sociales : « le fait que chaque famille manifeste une demande scolaire supérieure à celle qu’une famille comparable aurait manifestée à une période antérieure a pour effet que chacun acquiert son statut social à un coût supérieur ». La barre de la réussite sociale s’élève pour tous, ce qui fait que la valeur des diplômes s’effrite, un individu ayant le même diplôme que son père est quasiment certain d’obtenir une position sociale inférieure. Celui qui a un meilleur diplôme peut n’obtenir qu’une position équivalente, voire moins favorable. C’est le mécanisme que décrit Anderson, le « paradoxe d’Anderson ». Ce dernier peut être une source d’explication de la consécration des actions individuelles en phénomènes collectifs.

Les effets de composition sont également utilisés pour analyser la ségrégation spatiale. Dans les quartiers populaires, les stratégies individuelles des ménages des classes favorisées ou moyennes (pour obtenir une meilleure école pour leurs enfants, vivre dans un quartier plus huppé, etc.) conduisent par effet de composition à des départs de plus en plus nombreux des quartiers défavorisés et des établissements scolaires qui ont une mauvaise image de marque. Plus les départs sont nombreux, plus l’image du quartier se dégrade encore, c’est un effet cumulatif qui implique une polarisation spatiale de plus en plus marquée. Cet effet de ségrégation n’est pas un objectif en soi d’acteurs, mais résulte de leurs choix individuels.

La théorie des effets de composition, développée par Raymond Boudon, explore comment les actions individuelles conduisent à des phénomènes collectifs. Selon cette théorie, les décisions et les actions individuelles sont souvent motivées par des raisons spécifiques et rationnelles à l’échelle personnelle. Ces décisions peuvent sembler raisonnables pour l’individu pris isolément, mais lorsqu’elles sont répétées à grande échelle par de nombreux individus, elles peuvent produire des résultats inattendus ou contre-intuitifs à l’échelle collective.

Il y a plusieurs mécanismes par lesquels les actions individuelles peuvent se traduire en phénomènes collectifs. Les actions individuelles s’additionnent et finissent par constituer un phénomène global. Par exemple, chaque personne prenant une décision économique rationnelle pour elle-même peut entraîner des effets cumulés à l’échelle de l’économie, comme l’inflation ou des bulles financières. De plus, la décision d’un individu peut être influencée par les actions d’autres personnes, créant ainsi une sorte d’effet de réseau où les choix individuels sont interdépendants. Les actions individuelles peuvent créer des situations qui, à leur tour, influencent les choix futurs des mêmes individus ou d’autres. Les actions individuelles peuvent provoquer des réactions de la part d’autres acteurs ou du système en place, ce qui peut à son tour influencer de nouvelles décisions individuelles.

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