philosophie idéal réel

Philosophie : l’idéal et le réel

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On distingue souvent en philosophie l’idéal et le réel, mais que recouvrent ces deux notions ? Dans cet article, nous revenons avec toi sur ces concepts pour que tu y voies un peu plus clair.

L’idéal et le réel s’opposent déjà dans le langage courant, mais la philosophie leur donne un sens à la fois technique et ambigu, que l’on va explorer ici.

L’idéal dans le langage courant

Dans la langue courante, l’idéal est assimilé à un doux rêve ou à un vœu pieux. C’est ainsi qu’on taxe certains d’idéalistes, car ce qu’ils désirent est beau, mais irréaliste, c’est-à-dire est impossible dans les perspectives actuelles, ou bien impossible tout court, empêché par la nature humaine, les lois de la physique ou d’autres choses encore. Pourtant, un tel idéal a justement de la valeur en tant qu’il prétend à la réalisation, en tant qu’il prétend à devenir réel. Le véritable idéal n’est pas un rêve, cantonné à la contemplation de ce que l’on n’entreprendra jamais, mais quelque chose qui n’a de valeur qu’en tant que l’on prend la peine de le réaliser. L’idéal a ainsi pour application le réel, et, pour sa part, le réel n’a d’intérêt que dans la mesure où l’on y imprime un idéal.

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Idéalisme et réalisme

L’idéalisme de Berkeley

En philosophie, l’on distingue l’idéalisme du réalisme. Le premier revient en général à la thèse suivante : nous n’avons pas directement accès aux choses elles-mêmes, mais à des représentations. Cela signifie aussi qu’il n’y a des choses à proprement parler que pour un esprit. La philosophie de Berkeley est un tel idéalisme : pour lui, “être, c’est être perçu ou percevoir”, c’est-à-dire qu’il n’y a de l’être que dans un esprit. La table que je vois et que je touche n’a pas d’existence en dehors de la vision que j’ai d’elle ou du toucher dont je fais l’expérience. Autrement dit, elle n’existe que dans la mesure où elle existe pour mon esprit. Mais cela ne veut pas dire que rien n’existe, si ce n’est mon esprit : pour Berkeley, je ne suis pas seul à exister, mais tous les autres êtres capables de percevoir, dont les autres êtres humains, existent indépendamment de moi. En outre, Dieu existe, car il est le seul esprit capable de contenir en lui toutes les choses qui ne sont pas des esprits, comme les tables ou les molécules de carbone. Sans cela, Berkeley ne pourrait pas résoudre le problème du maintien des choses. En effet, si je ne regarde plus la table, et que personne d’autre ne la perçoit, cela signifie-t-il qu’elle n’existe plus ? Non, car Dieu continue de la percevoir : tout ce qui existe est maintenu continuellement dans son esprit.

L’idéalisme de Kant

Kant propose lui aussi un idéalisme, dit transcendantal : nous n’avons pas accès aux choses mêmes, mais à la manière dont les choses sont recueillies par nos facultés, qui sont les conditions de possibilité de toute expérience et de toute connaissance. Nous avons accès aux phénomènes, aux apparitions des choses, mais pas aux choses en soi.

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L’idéalisme de Schopenhauer

Schopenhauer radicalise la thèse kantienne en considérant que les phénomènes, auxquels nous avons accès, ne sont que des illusions : le monde est ma représentation. Ces phénomènes nous cachent la réalité du monde, qui est en fait une Volonté aveugle et identique en tous les êtres.

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Le réalisme de Bergson

On oppose ces idéalismes aux philosophies dites réalistes, qui considèrent que l’on peut avoir accès aux choses mêmes, telles qu’elles sont, indépendamment des pouvoirs de l’esprit ou de la conscience. La philosophie de Bergson est un tel réalisme : le philosophe considère ainsi que, par l’intuition, il est possible d’entrer en sympathie avec les choses telles qu’elles sont, de durer avec elles, et, par là, d’accéder à ce qu’elles sont.

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Le réalisme de Platon

En quelque sorte, on peut aussi lire la philosophie de Platon comme un réalisme, car Platon considère que les choses sensibles auxquelles nous avons un accès immédiat, et que nous prenons pour la réalité, ne sont en fait que des images des choses réelles, les idées. L’utilisation du terme “idée” peut ici nous tromper : Platon est réaliste justement parce qu’ils pensent que les idées sont les choses existant réellement, hors de nous. En cela, l’idée chez Platon n’a rien à voir avec ce que nous appelons couramment une idée : pour nous, l’idée est une représentation mentale, quelque chose qui dépend de l’esprit. Pour Platon au contraire, l’idée est la réalité intelligible de la chose que nous observons, elle est le modèle réel de la chose sensible, qui n’en est qu’une copie. Ce n’est pas l’idée qui est abstraite, et la chose sensible qui est concrète, mais l’inverse : l’idée est plus réelle, plus pleine, plus stable que le sensible, qui est déficient. Ainsi, pour Platon, nous avons la possibilité de nous détourner du sensible pour contempler l’intelligible, les choses telles qu’elles sont.

On distinguera ainsi entre l’idéel, qui a rapport aux idées (notamment chez Platon), et l’idéal, qui a rapport à la perfection que nous cherchons à introduire dans le monde.

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