Kant

Philosophie : Repères sur la Critique de la raison pure

À lire dans cet article :

L’empreinte de la Critique de la raison pure de Kant sur la pensée contemporaine est indélébile. Après lui, tous durent se positionner à l’intérieur du cadre qu’il avait établi. Quels sont donc les apports de cette philosophie nouvelle ?

 

La vie de Kant

Né en 1724 à Königsberg, en Prusse, aujourd’hui Kaliningrad en Russie, mort en 1804 dans la même ville, Kant fut un penseur sédentaire. Sa vie bien réglée contraste avec la profonde audace de son système philosophique, et le paysage nouveau qu’elle offre à la pensée occidentale. Son œuvre est structurée autour de ses trois Critiques : la Critique de la raison pure, en 1781, la Critique de la raison pratique, en 1788, et la Critique de la faculté de juger, en 1790. Cet article est consacré à la première.

 

La Critique de la raison pure de Kant

Le projet critique

Ce livre fonde le criticisme, doctrine qui synthétise les deux voies contraires du dogmatisme et de l’empirisme, dont le conflit caractérise la philosophie après Descartes. D’un côté, les rationalistes comme Leibniz affirment que la raison humaine peut connaître des vérités nécessaires portant sur l’essence profonde des choses. De l’autre, les empiristes comme Hume affirment que les catégories de la raison humaine, comme la causalité, sont de simples habitudes de l’esprit, et que toute connaissance est en définitive empirique, et ne fait que recueillir des informations de l’expérience, sans jamais pouvoir atteindre de vérité certaine et nécessaire.

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Frappé par cette remise en question des pouvoirs de la raison, Kant met en place le projet critique comme projet visant à délimiter précisément l’étendue de la connaissance accessible à l’esprit humain, et à déterminer les conditions de possibilité de cette connaissance. Ce qui s’y rapporte est appelé par Kant transcendantal. Kant admet avec Hume que rien n’est donné à connaître sinon les objets de l’expérience, connus a posteriori, mais montre que cette connaissance n’est possible qu’en fonction de formes et catégories a priori. Cela signifie qu’ils ne sont pas donnés par l’expérience, mais la structurent préalablement.

 

L’Esthétique transcendantale

La Critique de la raison pure débute par l’Esthétique transcendantale, dont le nom renvoie à la sensibilité comme condition de possibilité de la connaissance. La faculté en jeu ici est l’intuition, qui est la faculté de réception du divers sensible. Le cadre de cette réception n’est rien d’autre que l’espace et le temps, qui sont les formes a priori de la sensibilité. Ainsi, l’espace et le temps ne sont rien en-dehors de l’esprit humain. Ils ne sont pas des illusions pour autant, car ils ont justement un rôle transcendantal dans la constitution d’une science objective et assurée.

 

Phénomène et noumène

Les objets de la science sont ainsi uniquement les phénomènes, c’est-à-dire l’apparition des choses dans l’espace et le temps, pour notre esprit. Les choses telles qu’elles sont en soi, elles, sont inconnaissables. Kant les appelle noumènes : l’esprit doit les admettre, mais ne peut les connaître.

 

La Logique transcendantale

L’Analytique transcendantale

Cette section concerne la faculté de l’entendement. L’entendement a pour fonction de penser, et cette pensée se fait dans des jugements, dont Kant isole les différentes formes. Le tableau des différents jugements permet de mettre au jour les concepts a priori de l’entendement, ceux qui structurent toute perception et toute connaissance. Parmi eux, on trouve la causalité : celle-ci n’est donc pas une habitude de l’esprit, mais doit être admise pour rendre compte du fait même qu’il y ait de l’expérience.

Le lien entre les concepts et les formes a priori de la sensibilité se fait par les schèmes, qui sont des méthodes produites par l’imagination pour accorder un concept au temps. Le nombre, par exemple, est le schème de la quantité.

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La Dialectique transcendantale

Cette section concerne la faculté de la raison. La raison a aussi pour fonction de penser, mais, là où l’entendement unit le divers sensible en fonction de concepts, la raison unit les concepts mêmes de la raison, au-delà des limites imposées par l’espace et par le temps. Les concepts de la raison sont appelés Idées : ce sont des unifications de concepts servant à guider la marche de la connaissance. Elles ont, en cela, un rôle régulateur, et non pas constitutif, c’est-à-dire qu’elles ne donnent rien à connaître. Faire un usage transcendantal de la raison, c’est croire que ses Idées peuvent êtres connues scientifiquement : c’est là l’erreur des métaphysiques classiques. Les Idées en question sont les Idées d’âme, de monde et de Dieu. Les paralogismes conduisent à affirmer que l’âme est quelque chose de connaissable a priori, alors que le moi se réduit, pour la connaissance a priori, à une fonction logique de liaison des concepts entre eux. Les antinomies conduisent à affirmer des énoncés contradictoires et invérifiables à propos du monde.

 

L’idéal de la raison pure

L’idéal est une Idée représentée sous la forme d’une personne : il s’agit de Dieu, dont la métaphysique a cherché à prouver l’existence. Cependant, toutes ces tentatives ont échoué. Toutes ces preuves se réduisent en effet à une preuve ontologique. Cette preuve consiste, à partir d’une définition de Dieu, de déduire qu’il existe. Or, l’existence n’est pas un prédicat réel ; autrement dit, elle n’ajoute rien à la définition de quelque chose. Par conséquent, l’on ne peut pas inclure l’existence dans la définition de Dieu. On ne peut donc pas, à partir d’une définition de Dieu selon laquelle il existe, déduire que Dieu existe.

 

Conclusion

La Critique de la raison pure vise à montrer une fois pour toutes que, d’un côté, l’esprit peut connaître avec certitude ce qui se manifeste dans l’espace et le temps, en raison du statut a priori de ceux-ci et des concepts qui s’y appliquent, et que, de l’autre, il ne sera jamais capable de connaître ce qui relève de l’âme, du monde dans son intégralité ou de Dieu. Elle consacre la centralité du sujet connaissant, qui dicte ses règles à l’ensemble de la nature. En effet, pour Kant, la nature, comme lois conformes aux concepts de l’entendement, n’existe que dans l’esprit humain. Elle n’est pas une illusion pour autant. Seulement, tout ce dont nous faisons l’expérience est structuré par les facultés du sujet, et n’est rien sans elles.

 

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