Oral espagnol bac : territoires

Territoire et mémoire – Oral du bac d’espagnol

À lire dans cet article :

A l’oral du BAC d’espagnol, certains élèves devront commenter le sujet “Territoire et Mémoire”. Ce sujet est très intéressant dans le cadre de l’étude du monde hispanique car ce sont des thématiques d’actualité. La mémoire et le territoire sont des enjeux majeurs actuellement, tant en Espagne qu’en Amérique latine.

Ainsi donc, voici une petite fiche récapitulative sur ce sujet afin de vous éclairer et de vous permettre de viser le 20/20 à l’oral ! Pour des raisons pratiques et pédagogiques, il est rédigé en français mais vous trouverez une liste de vocabulaire à la fin de l’article.

Oral espagnol BAC : Définition de la notion de territoire

Par définition, le territoire est une étendue spatiale occupée par une groupe d’humains. C’est une zone délimitée et gérée par un Etat, un gouvernement. Il s’agit donc de l’espace que nous occupons, dans lequel nous vivons et que nous pratiquons au quotidien.

De plus, le territoire peut avoir une valeur identitaire. Nous nous identifions à notre environnement et le modelons de manière culturelle. Nous y laissons des marques.

D’où le lien que l’on peut faire entre territoire et mémoire dans le sens où le territoire peut être un espace d’expression de notre culture, de notre identité et de notre passé.

Oral espagnol BAC : Définition de la notion de mémoire

La notion de mémoire a deux définitions principales.

C’est tout d’abord l’aptitude à conserver en tête des moments passés et à les rendre dans le temps présent. Dans ce cas là, la mémoire est une capacité individuelle et personnelle à se remémorer des éléments qui nous concernent ou ont été laissés par d’autres personnes et choses.

Ensuite, c’est un outil, un dispositif qui permet de conserver des informations et des éléments passés. Dans ce sens, les livres (d’histoire notamment), l’art, les monuments historiques et le territoire sont des supports de mémoire.

Oral espagnol BAC : Les thématiques du territoire et de la mémoire dans le monde hispanique

Tout d’abord, une petite circonscription du monde hispanique : il s’agit de l’Espagne et de l’Amérique latine.

De fait, les notions de territoire et de mémoire sont très importantes dans le monde hispanique. Et le plus intéressant est le fait qu’elles sont très souvent reliées l’une à l’autre.

Le territoire comme outil de conservation du passé

Nous allons tout d’abord étudier comment le territoire du monde hispanique a gardé la mémoire du passé.

Que ce soit en Espagne ou en Amérique latine, le territoire a gardé la mémoire de moments et d’événement passés.

En Espagne, plusieurs faits du passé sont représentés : la période de l’invasion arabe (entre 711 et 1492), la Reconquête du territoire espagnol par Isabelle la Catholique ainsi que des événements plus récents et traumatiques comme la Guerre civile (1933-1936), la Seconde Guerre Mondiale et la période de dictature franquiste (1936-1975).

En Amérique latine, le territoire a majoritairement conservé le processus de colonisation à partir de 1492. Les rapports inégalitaires, l’implantation des colons dans le territoire et leur prise de possession de celui-ci par divers moyens sont restés ancrés dans le territoire aujourd’hui. Il reste aussi des vestiges des grandes civilisations indigènes qui ont pratiquement disparu aujourd’hui (les mayas par exemple) ainsi que des marques du façonnement de la forêt amazonienne par les tribus indigènes qui les peuplent depuis des centaines d’années mais ces traces sont plutôt invisibles dans le territoire latino-américain en comparaison avec le colonialisme européen.

Le territoire comme outil de dépassement d’un passé douloureux

Nous allons ensuite voir comment le territoire peut permettre de dépasser un passé douloureux et de faire un réel travail sur la mémoire.

Tant en Espagne qu’en Amérique latine, le territoire ne fait pas que conserver un passé cristallisé. Il permet aussi de le dépasser et de faire un véritable travail de mémoire dans le sens où le territoire peut nous obliger à affronter un passé douloureux.

C’est surtout le cas en Espagne. Le passé franquiste est un traumatisme que les espagnols ont des difficultés à surmonter comme nous avons pu le voir dans le paragraphe précédent. Mais des récents progrès ont été observés quant à l’affrontement, à l’acceptation et au dépassement de ce passé traumatique. Un des exemples majeurs de ceci est la loi sur la mémoire historique que nous étudierons dans la partie suivante.

Quant à l’Amérique latine, la mémoire douloureuse à affronter est souvent liée au passé colonial et aux violences qui y sont liées. Le territoire, par sa toponymie et son organisation, est resté marqué par la colonisation, la violence et la hiérarchie sociale qui y étaient liées. L’espace étant modelé par les sociétés, il porte les signes de ce passé douloureux. Nous le verrons dans la partie suivante.

Oral espagnol BAC : Les exemples possibles

Les exemples possibles en Espagne

Dans cette sous-partie, je vais me focaliser sur l’exemple le plus emblématique des enjeux de la mémoire et du territoire en Espagne : la loi sur la mémoire historique.

Cette loi est fondamentale lorsqu’on parle de mémoire et de territoire en Espagne. Elle a été promulguée et votée en 2007 par le gouvernement de Zapatero et s’intitule officiellement “Loi de reconnaissance et d’extension des droits et de rétablissement des moyens en faveur de ceux qui ont souffert de persécution ou de violence durant la Guerre civile et la dictature”. C’est donc une loi qui tend à identifier et reconnaître victimes du régime franquiste.

La première mesure proposée était de tenter de situer dans le pays, d’identifier et d’exhumer les victimes des violences franquistes qui n’auraient pas de tombe à leur nom. De fait, les fosses communes sont nombreuses encore à regorger de corps de victimes inconnues.

Mais ce qui nous intéresse le plus est l’élément suivant : cette loi ordonne de retirer les “insignes, plaques et autres objets ou mentions commémoratives qui exaltent le soulèvement militaire, la Guerre civile ou la répression de la dictature”. Cette mesure ne concerne pas les édifices qui auraient une valeur artistique, patrimoniale ou architecturale qui justifierait de passer outre les connotations du lieu en question. Cette mesure a donc permis de retirer de nombreuses plaques, statues et autres insignes territoriaux en hommage à ce passé franquiste. Il y a toujours aujourd’hui des polémiques à ce sujet car il semblerait qu’il reste des mentions commémoratives à des hommes ou à des événements franquistes (exemples). La démarche est toutefois louable et montre un grand pas en avant pour la république espagnole.

Pour plus d’informations à ce sujet

Cette loi prévoit aussi la dépolitisation de la Vallée de ceux qui sont tombés (Valle de los caídos). Ce monument historique date de la période franquiste et a été commandé par Franco afin d’honorer les “héros et martyrs de la croisade”. A l’époque, cela désignait les nationalistes morts pendant la guerre civile (1933-1936). Depuis 1958, il accueille aussi les corps des combattants républicains. Ce mausolée est un monument très visité, il accueille en moyenne 450 000 visiteurs par an. Le problème posé par le mausolée est le suivant : la nef centrale abrite les sépultures de Francisco Franco et de José Antonio Primo de Rivera, le chef du parti phalangiste. Or la cohabitation des corps de 35 000 hommes tombés durant la guerre civile et de celui du dictateur qui en est émergé pose des problèmes éthiques évidents. La loi sur la mémoire historique prévoit de dépolitiser le mausolée, d’en faire un lieu de recueil religieux et d’exhumer les dépouilles des deux personnalités franquistes.

Il reste toutefois des creux à combler et des actions à mener. Les débats sont nombreux quant au lieu de repos légitime des restes de Franco notamment. Le dossier est épineux. Aujourd’hui, l’exhumation de son corps est retardée pour plusieurs raisons : l’opposition politique du Parti Populaire (conservateur) et de la famille descendante du général Franco. Les recours en justice retardent la mise en place de l’exhumation et le gouvernement peine à faire appliquer cette décision. Cette loi pose ainsi des tensions internes qui montrent la complexité de la thématique de la mémoire et du territoire en Espagne.

Les exemples possibles en Amérique latine

En ce qui concerne l’Amérique latine, nous allons nous focaliser sur un exemple aux signes multiples. Vous pourrez donc l’utiliser de différentes manières et sélectionner ce que vous souhaitez développer dans votre oral.

Il s’agit des villes coloniales. Ce terme désigne les villes fondées par les colons pendant la période de la colonisation (à partir de 1492) en Amérique du Sud. Elles étaient des sièges coloniaux, des lieux d’implantation du pouvoir colonial en terre conquise. Les expéditions de découvertes de nouvelles terres étaient lancées à partir de ces villes coloniales, foyers des colons. Elles étaient très diversement peuplées : les colons blancs côtoyaient les indigènes (peuples qui vivaient déjà en Amérique du Sud et que les colons ont découvert puis asservis et parfois tués en masse) et les esclaves africains à partir de la mise en place de la traite des noirs (ils étaient transportés de l’Afrique jusqu’à l’Amérique latine et travaillaient principalement dans les plantations pour les hommes, en tant que servantes pour les femmes). Ce microcosme reflétait la situation politique et sociale en Amérique latine à l’époque coloniale et le territoire latino-américain actuel porte les traces de ce passé.

C’est tout d’abord visible dans la toponymie du territoire d’Amérique latine. La toponymie désigne l’ensemble des noms de lieux d’un espace (ville, région, pays…). Pour ce qui est des pays, l’exemple de la Colombie est tout trouvé. De fait, le toponyme “Colombie” est un hommage, une référence à l’explorateur Christophe Colomb. Les villes portant des toponymes à référence coloniale sont nombreuses, voici donc quelques exemples choisis de manière subjective : Grenade (ville coloniale du Nicaragua et capitale de la région éponyme) dont le nom est inspiré de la ville éponyme au sud de l’Espagne, Carthagène des Indes (une des plus grandes villes de Colombie, la capitale du département de Bolivar) inspirée de la ville éponyme en Espagne et de l’idée de Christophe Colomb selon laquelle il était arrivé aux Indes ; ou encore Rio de Janeiro (au Brésil), Santa Fe (Nouveau-Mexique) et Santa Cruz (Bolivie) nés de l’imagination, des préjugés et de l’apport religieux des colons. Aujourd’hui encore, la toponymie du territoire latino-américain reflète la démarche colonisatrice, la volonté de convertir au christianisme et l’imagination des colons espagnols et portugais qui ont conquis l’Amérique latine.

C’est ensuite visible dans l’organisation spatiale des maisons et des villes coloniales. L’espace étant social, il reflète les dynamiques sociales. La structure de la maison coloniale est intéressante car la famille du colon blanc vivait dans un espace bien différencié du personnel à son service. Les servantes vivaient dans une dépendance de la maison. De même, les villes coloniales étaient (et sont !) organisées à la manière des villes espagnoles. Toutes les villes coloniales ont une place centrale inspirée de la “plaza mayor” espagnole, les pouvoirs sont concentrés dans le centre et les rues sont quadrillées. Pour finir, les différentes ethnies sont localisées dans la ville de manière différenciée. La hiérarchie sociale héritée de la période coloniale se reflète dans l’espace.

Oral espagnol BAC : Vocabulaire spécifique aux notions

Le territoire : El territorio

L’espace : El espacio

La topographie : La topografía

La mémoire : La memoria

L’hommage : El homenaje

L’oubli : El olvido

La mémoire individuelle : La memoria individual

La mémoire collective : La memoria colectiva

Les traces du passé : Las huellas del pasado

La politique : La política

Le traumatisme : El trauma

La dictature : La dictadura

La colonisation : La colonización

L’esclavage : La esclavitud

Lé génocide : El genocidio

La violence : La violencia

Le changement dans le temps présent : El cambio en el presente

La loi sur la mémoire historique : La ley sobre la memoria histórica

Conclusion

Pour conclure, les thématiques du territoire et de la mémoire sont d’une actualité brûlante dans le monde hispanique. Que ce soit en Espagne ou en Amérique latine, les enjeux de ces notions sont très importants.

N’ayez pas peur de la richesse de ce sujet, l’actualité de ces thèmes rendra votre oral d’autant plus intéressant !

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