Écrire la nature : entre contemplation poétique et alerte écologique

Une fiche sur la nature en littérature

Au sommaire de cet article 👀

La nature et l’environnement sont au cœur d’œuvres littéraires qui les louent autant qu’elles alertent sur leur destruction. Cet article t’explique les principaux mouvements qui ont traité ces thèmes et les auteurs majeurs qui y ont pris part.

La nature en poésie

La nature désigne ici la faune et la flore, qui obéissent à des règles propres et semblent avoir une force exceptionnelle, contre laquelle la volonté humaine ne peut pas lutter. C’est pourquoi la poésie, et en particulier les poètes romantiques, ont choisi de traiter la nature non pas comme un décor, mais en tant qu’élément déterminant des œuvres

  • Dans Sensation (1870), Arthur Rimbaud se projette dans une promenade solitaire, en harmonie avec la nature : 

« Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.» 

Dans ce poème, il insiste sur la beauté de la campagne en posant son regard sur tous les éléments qui l’entourent: l’herbe, le blé, le vent. 

  • Avec l’Hymne au soleil (1820), Edmond Rostand s’adresse directement à l’astre, qu’il considère comme une puissance créatrice :

« Je t’adore, Soleil ! Tu mets dans l’air des roses

Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson ! » 

À nouveau, il pousse le lecteur à s’intéresser à chaque détail: les différentes fleurs, les plantations, les animaux qui composent son environnement. 

  • Dans A Aurore (1873), George Sand s’adresse à sa petite-fille pour l’inviter à admirer la nature :  

« La nature est tout ce qu’on voit 

Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime. » 

Elle loue la beauté de la nature pour créer un lien, une admiration qu’elle souhaite transmettre. En effet, écrire sur la nature permettait aussi à ces auteurs de mettre en avant leurs propres sentiments et leur individualité

Figures emblématiques de l’écriture de la nature 

Certains auteurs de romans, qui sont aussi des figures majeures du mouvement romantique, ont consacré une grande place à la nature dans leurs œuvres. C’est le cas de François-René de Chateaubriand, qui associe la nature à un refuge hors du monde. Après un voyage en Amérique du Nord, il décrit dans Atala (1801) un réveil sous  

« la vaste coupole d’un ciel bleu où volaient quelques oiseaux, et la cime des tulipiers qui frémissaient au souffle des brises du matin. » 

Tout comme les poètes, il s’attache à observer la nature et à en faire ressortir la beauté, dans une démarche contemplative. Dans le même livre, il en parle même comme d’une création divine

« Une multitude d’animaux placés dans ces retraites par la main du Créateur, y répandent l’enchantement et la vie. De l’extrémité des avenues, on aperçoit des ours enivrés de raisins, qui chancellent sur les branches des ormeaux ; des caribous se baignent dans un lac (…). »

Il dépeint ces espaces comme des jardins paradisiaques, des lieux où l’activité humaine n’a pas sa place. 

Le romancier et poète Alphonse de Lamartine a lui aussi entretenu une passion pour la nature tout au long de sa vie. Il lui fait toute confiance, comme le montrent ces vers extraits du poème Le Vallon (1820) : 

« Quand tout change pour toi, la nature est la même,

Et le même soleil se lève sur tes jours. »

Il souligne que la nature est à la fois harmonieuse, permanente, protectrice, au contraire de l’homme qui change constamment. 

Le mouvement Nature Writing : l’écriture des grands espaces

Le mouvement de Nature Writing, ou « écriture de la nature », est né en Amérique du Nord à la fin du XVIIIe siècle. Le premier ouvrage de ce mouvement est Walden (1854), d’Henry David Thoreau. Il raconte ses deux années passées dans une cabane en pleine forêt, pendant lesquelles il étudie la nature et philosophe sur sa propre vie. Le livre a donc à la fois une dimension contemplative et philosophique.

De nombreux autres romans se rattachent à ce mouvement littéraire, comme ceux de l’auteur américain Pete Fromm qui raconte des aventures dans les grands espaces nord-américains, ou ceux de l’écrivaine française Gabrielle Filteau-Chiba qui raconte la vie d’une garde-forestière au Québec. 

Dans ces récits, l’écrivain laisse une place de premier plan aux grands espaces et à des territoires qui semblent loin du monde urbanisé. La nature peut alors être l’occasion d’un voyage initiatique, d’un repli loin du monde, ou encore d’un récit de survie.

Ce type de récit présente quatre caractéristiques :  

  • la nature est un véritable acteur du récit ; 
  • les préoccupations environnementales ont une place importante ;
  • l’idée que les humains doivent prendre leur part de responsabilité dans l’état actuel de l’environnement ;
  • l’idée que la nature n’est pas un cadre figé mais plutôt en constante évolution. 

Un contexte d’urgence écologique

En 1972, un groupe d’écologues a publié le rapport Meadows, dans lequel ils démontrent que la croissance économique et démographique va nécessiter toujours plus de terres à cultiver et générer une forte pollution. Ils expliquent qu’à long terme, les modes de vie habituels des populations devront être modifiés en conséquence. 

Pour déclencher la prise de conscience nécessaire à ces changements de mode de vie, des scientifiques se sont servis de la littérature. Cela leur permet d’expliquer comment l’activité humaine a un impact sur les écosystèmes. 

La littérature pour alerter 

En 1962, la biologiste Rachel Carson publie Le Printemps Silencieux. Pour alerter sur les ravages causés par le DTT (ou dichloro-diphényle-trichloro-éthane), un insecticide massivement utilisé qui s’accumulait dans les chaînes alimentaires et mettait des années à disparaître de l’environnement où il était utilisé. Rachel Carson annonce donc un « printemps silencieux » car tous les oiseaux auraient été tués par la propagation du DTT : 

« Sur des portions de plus en plus nombreuses du territoire américain, le retour des oiseaux n’annonce plus le printemps, et le lever du soleil, naguère empli de la beauté de leur chant, est étrangement silencieux. »

Ce livre a provoqué une grande réflexion dans la société états-unienne et a mené à l’interdiction du DTT en 1972. Il est souvent cité comme celui qui a lancé un mouvement écologiste dans une partie du monde. Depuis, de nombreux ouvrages traitent de l’importance des enjeux environnementaux: 

  • L’Arbre-monde (2018) de Richard Powells montre comment une série de personnages prend conscience de son lien avec le monde végétal.
  • Climax (2021) de Thomas B. Reverdy dévoile le difficile monde de l’exploitation du pétrole en mer et les dangers qui y sont liés.

Les romans d’anticipation ont également cherché à prendre en compte la situation écologique en dépeignant de nouveaux mondes possibles.

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