Les animaux pensent-ils ? Entre éthologie, philosophie et fiction

Les animaux pensent-ils ? Entre éthologie, philosophie et fiction

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Les animaux nous fascinent, nous attendrissent, nous déroutent. Depuis toujours, l’être humain s’interroge : les animaux sont-ils doués de pensée ? Ont-ils une conscience, une mémoire, des émotions, ou ne sont-ils que des automates guidés par l’instinct ? Cette question, qui traverse la science, la philosophie et la littérature, soulève des enjeux aussi bien éthiques que métaphysiques. Car si les animaux pensent, alors que deviennent nos certitudes sur la supériorité humaine ? Ce voyage entre éthologie, réflexion philosophique et récits de fiction nous invite à redéfinir la frontière entre l’homme et l’animal.

L’éthologie : vers une redéfinition des capacités animales

L’éthologie, ou science du comportement animal, a profondément renouvelé notre regard sur les animaux, en montrant qu’ils sont capables de comportements complexes, parfois comparables à ceux des humains.

Intelligence animale : des faits troublants

Des expériences menées depuis les années 1970 ont montré que certaines espèces font preuve de raisonnement, de résolution de problèmes, voire de mémoire autobiographique.

  • Les corbeaux utilisent des outils et peuvent résoudre des problèmes en plusieurs étapes.
  • Les dauphins reconnaissent leur reflet dans un miroir, signe d’une conscience de soi.
  • Le chimpanzé Kanzi, élevé dans un environnement humain, a appris à utiliser des symboles pour communiquer avec des humains.

Ces résultats montrent que la pensée animale n’est pas une simple projection humaine, mais une réalité scientifique mesurable.

La critique de l’anthropocentrisme

L’éthologue Frans de Waal rappelle que l’homme a longtemps refusé de reconnaître l’intelligence animale par orgueil intellectuel. Il écrit :

« Ce n’est pas que les animaux sont stupides, c’est que nous refusons de les comprendre autrement qu’en les comparant à nous. »

➤ L’animal ne pense peut-être pas « comme nous », mais cela ne signifie pas qu’il ne pense pas du tout.

La philosophie : penser, c’est quoi ?

Mais qu’entend-on exactement par « penser » ? La question suppose d’abord une définition philosophique de la pensée, et donc de ce qui distingue, ou non, l’homme de l’animal.

Descartes : l’animal-machine

Au XVIIe siècle, René Descartes défend une thèse célèbre : les animaux sont des automates biologiques. Ils sont vivants, mais incapables de raisonner. Seul l’homme possède une âme pensante, une substance immatérielle qui lui permet de penser librement.

Dans cette perspective, le chien qui gémit n’exprime pas une douleur consciente : ce n’est qu’un mécanisme naturel, comme les rouages d’une horloge.

➤ Cette vision radicale a justifié pendant longtemps l’idée que l’on pouvait utiliser les animaux sans scrupule moral.

La pensée animale : une conscience différente ?

D’autres philosophes, comme David Hume ou Jeremy Bentham, refusent de nier la sensibilité animale. Bentham écrit :

« La question n’est pas : peuvent-ils raisonner ? peuvent-ils parler ? mais : peuvent-ils souffrir ? »

La question de la pensée se double ici d’un enjeu moral : si l’animal ressent et agit de façon intentionnelle, peut-on encore le considérer comme un simple objet ?

Aujourd’hui, la philosophie contemporaine, notamment avec Peter Singer ou Florence Burgat, défend l’idée que les animaux possèdent une forme de conscience, certes différente de la nôtre, mais suffisamment riche pour parler d’intelligence et même de subjectivité.

La fiction : et si les animaux parlaient ?

La littérature et la fiction ont toujours imaginé des animaux capables de penser, parler, rêver ou souffrir. Ce procédé anthropomorphique (donner des traits humains aux animaux) permet d’interroger le réel par le biais de l’imaginaire.

Les Fables de La Fontaine : des animaux plus humains que nature

Dans Les FablesJean de La Fontaine fait parler les animaux pour dénoncer les travers des hommes : hypocrisie, ambition, injustice… Le loup, le renard, le lion ou l’agneau deviennent des allégories de la société humaine.

➤ Les animaux pensent et agissent selon une logique rationnelle et morale, comme des hommes déguisés.

Mais ces récits ne disent pas que les animaux pensent réellement : ils les utilisent comme miroirs de l’humanité.

La Ferme des animaux de George Orwell : allégorie politique

Dans cette œuvre, Orwell met en scène des animaux qui se révoltent contre leurs maîtres humains pour établir une société égalitaire. Ils parlent, organisent une révolution, écrivent des lois.

➤ Ici encore, les animaux ne pensent pas comme des bêtes, mais comme des hommes qui symbolisent des idéologies.

Cependant, en attribuant la parole et la raison aux animaux, la fiction invite à remettre en cause notre position dominante, et à se demander : pourquoi refuserait-on aux animaux ce que l’on accorde à des personnages fictifs ?

L’homme, seul à penser ? Une frontière de plus en plus floue

Si la pensée désigne la capacité à ressentir, à se souvenir, à anticiper, à interagir avec autrui de manière souple et adaptée, alors de nombreux animaux pensent: peut-être pas avec des mots, mais avec des images, des émotions, des stratégies.

Les langages non verbaux

La pensée n’est pas toujours liée au langage articulé. Certains animaux communiquent par gestes, par sons, voire par séquences complexes de signaux. Les abeilles, par exemple, « dansent » pour indiquer à leurs congénères l’emplacement d’une source de nectar.

➤ Ne pas parler ne signifie pas ne pas penser.

Une pensée située et spécifique

La recherche actuelle propose une vision pluraliste de l’intelligence : chaque espèce développe des formes de pensée adaptées à son environnement. La pieuvre, le corbeau ou l’éléphant pensent sans avoir besoin de ressembler à l’homme.

Le biologiste Jakob von Uexküll parle de l’umwelt : le monde subjectif propre à chaque espèce, qui façonne sa perception et sa pensée. En français, le terme est parfois traduit par « monde propre ».

Conclusion

Les animaux pensent-ils ? La science, la philosophie et la littérature semblent converger vers une réponse nuancée : oui, les animaux pensent, mais autrement. Leur intelligence n’est pas inférieure, elle est différente, adaptée à leurs besoins, à leur perception du monde, à leur manière de vivre. Reconnaître cela ne signifie pas effacer la singularité humaine, mais admettre que la pensée n’est pas une exclusivité de l’homme.

Cette reconnaissance invite à repenser notre relation aux animaux : non comme des machines ou des objets, mais comme des êtres sensibles et conscients, qui méritent respect et attention.

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