Le conflit israélo-palestinien reste souvent complexe à comprendre. Frontières disputées, origines historiques, enjeux politiques et territoriaux : AuFutur t’aide à décrypter les clés essentielles pour mieux saisir ce conflit qui structure durablement le Moyen-Orient.
Un conflit de longue date dû à la formation des frontières des deux Etats
Les origines de l’Etat d’Israël
Dans « l’État des Juifs », Theodor Herzl évoque la création d’un État juif comme seul moyen de leur permettre de vivre en sécurité : c’est le début du sionisme. En 1897 prend place le premier congrès sioniste à Bâle, l’objectif est de créer un foyer en Palestine. Ce qui marque le début de vagues successives de migrations vers la Palestine.1
La déclaration Balfour2 de 1917 marque un tournant : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine […] ». En parallèle, les Anglais promettent l’indépendance aux Arabes, dont les Palestiniens. Aucune promesse ne sera tenue par les Anglais après le traité de San Remo en 1920, et, finalement, la Palestine sera remise sous mandat britannique.3
Avec la montée de l’antisémitisme en Europe et la Seconde Guerre mondiale, les migrations juives vers la Palestine s’intensifient fortement. À l’issue du conflit, la population juive représente environ 33 % des habitants et près de 300 colonies sont implantées. Cette évolution suscite un fort ressentiment au sein des populations arabes, d’autant plus que les nouveaux arrivants disposent souvent de ressources économiques supérieures. La création de l’Agence juive en 1929, chargée de représenter les intérêts juifs, accentue encore les tensions. Celles-ci dégénèrent rapidement en une logique de représailles successives, marquée par des violences de part et d’autre, relevant de la loi du talion4.
La création de l’Etat d’Israël : première frontière
En 1937, le plan Peel préconise le partage de la Palestine en deux États (Jérusalem et les lieux saints étant toujours sous contrôle britannique) mais face à l’insurrection armée de la population palestinienne, les Britanniques rédigent un Livre blanc, dans lequel ils stipulent une limitation de l’immigration juive, une règlementation des transactions foncières entre Arabes et Juifs ainsi que la promesse d’une Palestine unitaire et indépendante. Le mandat britannique prend fin en 1947. Comme ils ne remettent le pouvoir à personne, c’est à l’ONU de trouver une solution. Elle propose un Etat juif sur 56,47% de la Palestine et un État arabe sur 43,53% du territoire, ainsi qu’une tutelle internationale sur les lieux saints. Les Palestiniens refusent. Le 14 mai 1948, à la veille du départ britannique, David Ben Gourion proclame l’indépendance d’Israël.
La question des frontières se pose alors, car pour gouverner, un État doit tout d’abord savoir où il s’arrête. Plusieurs États arabes entrent en guerre contre Israël, mais perdent en 1949 avec l’armistice de Rhodes5 . La bande de Gaza est donnée à l’Égypte, la Cisjordanie et la Transjordanie à la Jordanie, mais des tensions subsistent encore6 . Israël, vainqueur, interdit le retour des Palestiniens et établit une législation afin de récupérer leurs terres. Si l’ONU réfute la loi (résolution 194), Israël refuse la résolution. S’ouvre alors une succession de guerres entre Israéliens et Palestiniens, centrées sur la question de frontières toujours floues et contestées. Chacun refuse de reconnaître la légitimité d’un État concurrent sur le territoire qu’il revendique.
En 2002 débute la construction d’un mur de 8 mètres de haut et plus de 50 mètres de large entre Israël et la Cisjordanie. Les deux États se disputent encore la bande de Gaza ainsi que Jérusalem (en raison de ses symboles religieux, même si il est aujourd’hui sous le contrôle israélien). Aujourd’hui, les territoires Palestiniens sont composés d’enclaves disjointes. La Cisjordanie est presque entièrement contrôlée par les Israéliens et la bande de Gaza est entourée d’un mur infranchissable.
Les enjeux du conflit et de la possession des deux territoires
Si les Britanniques souhaitaient garder le contrôle sur la zone géographique, c’est en raison des enjeux que représente le territoire. À l’époque, il s’agissait de sécuriser la route des Indes (cf. colonies britanniques), puis de contrôler les productions de pétrole (notamment en Égypte).
Encore aujourd’hui, l’enjeu principal est le contrôle du territoire et la souveraineté sur celui-ci. Israël met aussi en avant sa sécurité et la sécurité des colonies israéliennes sur le territoire palestinien. Les frontières des deux États sont toujours au cœur du conflit.
Voici un tableau qui résume les particularités de chaque territoire convoité.
| Bande de Gaza | 5 610 hab/km2 (même densité qu’à Singapour) Urbaine à 92% |
| Cisjordanie | Climat méditerranéen, plus arrosé qu’Israël 2020 : 2 747 943 Palestiniens et 592 000 Israéliens |
| Jérusalem | Dimension politique et religieuse (mur des lamentations, tombeau du Christ, dôme du Rocher et mosquée al-Aqsa (la sécurité est assurée par l’armée et la police israélienne et administrée par la Jordanie). Les Juifs représentent 61% de la population à Jérusalem, les chrétiens 2% et les Arabes musulmans 38% en 2019. Depuis, il y a eu une croissance de la population juive. |
- début XXe siècle, il y a en Palestine 500 000 habitants, dont 30 000 juifs ↩︎
- Balfour est alors le ministre britannique des affaires étrangères ↩︎
- confirmé par le traité de Sèvres en 1920, puis le traité de Lausanne en 1923 ↩︎
- La loi du Talion suit ce principe: œil pour œil, dent pour dent ↩︎
- sous la houlette de l’ONU et de pays arabes- Égypte, Liban, Jordanie et Syrie ↩︎
- en raison du partage de l’eau et de l’exode de plus de 700 000 palestiniens en Jordanie, Égypte, Libye et Syrie ↩︎
Israël est l’allié historique des États-Unis, qui émettent un véto à l’ONU pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine, même si de plus en plus de pays le reconnaissent (Irlande, Norvège et Espagne en 2024). Pour en savoir plus sur ce conflit, je te conseille cet article très complet et illustré avec des cartes.
FAQ : Israël-Palestine : quelles frontières, quels enjeux ?
Pourquoi les frontières israélo-palestiniennes ne sont-elles toujours pas officiellement reconnues ?
Aucune frontière définitive n’a été validée par un accord de paix global accepté par les deux parties depuis 1948.
Quelle est la différence entre territoire occupé et État reconnu ?
Un État reconnu dispose d’une souveraineté internationale, tandis qu’un territoire occupé est contrôlé militairement sans reconnaissance politique pleine.
Pourquoi Jérusalem occupe-t-elle une place centrale dans le conflit ?
La ville concentre des enjeux religieux, politiques et symboliques majeurs pour les trois religions monothéistes.
Le conflit se limite-t-il à Israël et à la Palestine ?
Non, il implique aussi des acteurs régionaux et internationaux, qui influencent les équilibres diplomatiques et sécuritaires.
Existe-t-il encore des solutions envisagées par la communauté internationale ?
Plusieurs pistes sont régulièrement évoquées, comme la solution à deux États, mais aucune n’a abouti à un accord durable.







