Depuis les dernières années, les frontières de l’Union européenne sont au cœur du débat européen. Comment gérer les frontières d’une union de pays en conciliant impérialisme, nationalisme et coopération. La politique migratoire est un sujet épineux pour l’Union, qui éprouve des difficultés à trouver un terrain d’entente. Qui les gère ? Comment ? AuFutur te propose une fiche de révision sur le sujet.
Les frontières de l’Union européenne
Une multiplicité de frontières dans l’Union européenne
L’Union européenne connait un grand nombre de frontières terrestres, maritimes et aériennes. Quand on parle des frontières de l’UE, on fait référence aux frontières des pays membres avec les frontières des pays non membres. C’est ce que Michel Foucher nomme anadyade, en opposition aux dyades (les frontières communes entre deux États). La particularité des frontières de l’UE est que, quand on rentre dans un pays de l’UE, l’espace Schengen permet l’accès sans contrôle aux frontières et sans visa, dans les autres pays de l’UE. En effet, depuis 70 ans, l’Union européenne a démoli les frontières : commerciales avec la mise en place de la CEE (communauté européenne économique, 1957), physiques avec l’espace Schengen (1995), et monétaires avec l’euro (1999). Ainsi, une décision unilatérale d’accueil de migrants par un pays membre peut avoir des conséquences sur les autres pays de l’Union. D’où le besoin d’un dialogue autour de la question migratoire entre les pays membres. Une seconde particularité est l’espace Schengen, espace pour lequel il n’est pas nécessaire d’appartenir à l’UE afin d’en faire partie (par exemple la Suisse). En effet, l’espace Schengen est un ensemble de pays qui ont décidé d’un commun accord d’ouvrir leurs frontières internes, soit les frontières limitrophes aux autres pays membres.
Le changement de donne engendré par les migrations
Face à l’accroissement quantitatif des migrations internationales, les pays membres de l’UE ont dû mettre en place des politiques d’accueil communes. L’UE est une des premières régions d’immigration du monde, 34 millions d’étrangers y vivaient en 2019. Depuis le choc pétrolier de 1973, une politique d’immigration zéro a été mise en place ainsi qu’une harmonisation des politiques migratoires entre les États membres. Des dispositifs de contrôle et de gestion des flux ont vu le jour, ainsi qu’un système d’information Schengen (SIS). Depuis lors, la gestion migratoire est devenue un sujet multilatéral entre les pays membres, dont la matérialisation passe par la gestion des frontières extérieures de l’UE. Le défi pour l’UE est d’assurer sa sécurité et de repérer tout acte de criminalité sans entraîner de retard pour les voyageurs ni entraver leurs déplacements.
Si chaque membre est encore souverain sur ses frontières (comme on a pu le vérifier lors de la fermeture unilatérale des frontières pendant le Covid, les politiques nationales s’arrêtent aux frontières de chaque État, et certains connaissent des exemptions, par exemple le Luxemburg, la Belgique et l’Irlande ont des politiques fiscales différentes), les frontières extérieures de l’UE et de l’espace Schengen sont à gérer en coopération avec l’UE.
Tout savoir sur l’agence Frontex
Qu’est-ce que l’agence Frontex ?
En 2004 a été créé un organisme afin d’aider les pays de l’UE et de l’espace Shenghen à gérer les frontières extérieures de l’Union et à « lutter contre les criminalités transfrontières ».
L’agence a changé de nom en 2016 pour devenir l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes suite à la crise migratoire de 2015 qui a submergé l’UE. « L’agence partage informations et connaissances avec tous les pays de l’UE, ainsi qu’avec les pays hors UE voisins concernés par les migrations et la criminalité transfrontalière. »
Enfin, en 2023, Frontex compte plus de 2100 membres et a un budget de 845,4 millions d’euros, un règlement en 2019 va augmenter ces nombres en passant à 10 000 membres en 2027 et à 900 millions d’euros, ainsi que la création d’une capacité d’intervention en cas de défaillance dans le contrôle des frontières. Son siège se situe à Varsovie, en Pologne. L’agence réalise tout un tas d’actions dont le but est d’aider les pays à la gestion des frontières extérieures de l’UE, qu’il s’agisse de collecte d’informations (qu’elle envoie à l’agence de police européenne Europol), d’aide aux procédures d’accueil et de refus d’immigrés, de surveillance (veille permanente sur les frontières extérieures de l’UE) etc. C’est le premier service répressif de l’UE, puisque l’UE n’a pas d’armée en tant que telle. C’est ainsi la plus importante agence de l’UE, puisqu’elle assure une partie de sa sécurité. De ce fait, elle croît très rapidement.
Frontex est dirigé par le Néerlandais Hans Leijtens depuis le 1er mars 2023.
Le fonctionnement de Frontex
Frontex a à disposition des voitures, des avions et des bateaux afin de réaliser des patrouilles sur tout le continent, en coopération avec les forces locales de chaque pays. L’agence réalise également des missions hors UE, notamment dans les Balkans (Moldavie, Albanie, Serbie et Monténégro). Récemment, un nouveau système a été créé : ETIAS. Il permet de délivrer une autorisation pour les voyages des ressortissants exemptés de l’obligation de visa. Les opérations maritimes sont réalisés par des agents de l’État dans lequel se passe l’opération, en coopération avec des gardes-frontières mis à disposition par des États membres de l’agence. Ils sont identifiables par leur brassard bleu.
Pour en savoir plus, je te conseille le site touteleurope.eu.
Pourquoi Frontex est-elle fondamentale?
Toute la difficulté de la gestion des frontières européennes réside dans le fait que tous les pays de l’union n’ont pas les mêmes besoins et ont donc des difficultés à s’entendre sur certains sujets. De nombreux pays de l’Europe ont besoin de main-d’oeuvre, ce fut le cas de l’Allemagne de Merkel, qui a accueilli près de 1,7 million de personnes en 2015. Cependant, d’autres s’opposent fermement à cette entrée migratoire (notamment les pays ayant pris un tournant vers l’extrême droite, à l’instar de la Pologne ou de l’Italie). L’agence Frontex permet donc à l’Union européenne d’avoir un organisme qui permette de coordonner toutes les actions frontalières, et qui ne soit pas affilié à un pays. Cela donne à l’Union européenne, d’une part, un moyen de pression sur un pays qui serait récalcitrant à une manœuvre et, d’autre part, une force opératoire concrète.
Cependant, l’agence connait également des critiques, notamment au niveau de son mode opératoire, qui serait inefficace par rapport aux droits humains et laisserait se produire des abus contre des migrants. Cet article d’Human Right Watch te permettra d’en découvrir plus à ce sujet.







