Depuis les années 1980, la Chine s’est hissée au rang des grandes puissances mondiales, bouleversant les équilibres géopolitiques. Longtemps marginalisée après les guerres de l’opium et les humiliations coloniales, elle revendique aujourd’hui un statut de superpuissance du XXIe siècle. Cette ascension spectaculaire repose sur une stratégie économique, politique, militaire et diplomatique finement élaborée, faisant de la Chine un acteur incontournable dans le nouvel ordre mondial.
La Chine : un géant économique intégré à la mondialisation
La Chine est aujourd’hui la deuxième puissance économique mondiale en termes de PIB nominal, juste derrière les États-Unis. Cette performance est le fruit d’une transformation radicale amorcée par les réformes de Deng Xiaoping dès 1978 : ouverture aux investissements étrangers, création de zones économiques spéciales (ZES), montée en gamme industrielle.
Parmi les symboles de cette intégration mondiale figure la route ferroviaire Kunming-Vientiane-Bangkok, qui incarne l’extension de l’influence économique chinoise jusqu’au cœur de l’Asie du Sud-Est. Autre exemple parlant : l’entreprise Foxconn, géant taïwanais sous-traitant d’Apple, installe ses chaînes de production en Chine, témoignant de l’attractivité de son territoire.
Mais ce modèle arrive à un tournant. Pékin parle désormais de « nouvelle normalité », marquant un ralentissement volontaire pour privilégier la qualité de la croissance : innovation technologique, transition énergétique, montée du secteur tertiaire, etc.
Une stratégie d’influence à l’échelle mondiale
L’ambition chinoise se manifeste par des projets à l’échelle planétaire, notamment l’initiative « One Belt, One Road » (OBOR) lancée en 2013. Ce programme titanesque vise à créer un vaste réseau d’infrastructures reliant la Chine à l’Europe, l’Afrique et le reste de l’Asie, en suivant les anciennes routes de la soie.
Les investissements dans des ports (Gwadar au Pakistan, Sittwe en Birmanie), des autoroutes ou encore des chemins de fer (LGV Vientiane-Bangkok) sont autant de leviers pour renforcer son influence commerciale et diplomatique. À cela s’ajoutent des accords de libre-échange avec l’ASEAN et une présence grandissante dans les institutions internationales, comme l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Une puissance technologique et numérique émergente
La Chine mise résolument sur l’innovation pour asseoir sa domination. Son programme « Made in China 2025 » ambitionne de faire du pays un leader mondial dans des secteurs clés comme l’intelligence artificielle, la robotique, les biotechnologies ou les semi-conducteurs.
Des entreprises comme Huawei, Tencent ou Alibaba incarnent cette réussite. Par exemple, Huawei concurrence les géants américains dans la 5G, tandis qu’Alibaba domine l’e-commerce asiatique. En 2020, la Chine est même devenue le premier marché mondial pour les voitures électriques.
Autre exemple marquant : la Chine a détrôné Hollywood au box-office mondial en 2020, un symbole fort de soft power culturel.
Une puissance militaire en expansion
La Chine modernise rapidement ses forces armées. Son budget de défense est le deuxième au monde. Elle investit massivement dans sa marine, avec un objectif clair : affirmer sa souveraineté en mer de Chine méridionale, espace stratégique traversé par un tiers du commerce mondial.
L’aménagement de bases militaires sur des îlots artificiels, comme les îles Spratleys, illustre cette volonté de contrôle. Par ailleurs, Pékin développe une dissuasion nucléaire crédible et renforce ses capacités cyber et spatiales.
Pour plus d’informations, vous pouvez lire l’article sur la Chine à la conquête des mers et des océans.
Une diplomatie active et assumée
La diplomatie chinoise se veut plus assertive. Ce changement est incarné par la stratégie du « loup guerrier », une communication musclée sur les réseaux sociaux et dans les instances internationales. Pékin n’hésite plus à répondre aux critiques occidentales (sur le Xinjiang, Hong Kong, etc.) et à défendre son modèle de gouvernance.
Au-delà des discours, la Chine agit : participation à des missions de maintien de la paix, aides sanitaires durant la pandémie de Covid-19, ou encore arbitrage dans les conflits régionaux.
Des limites et des défis persistants
Malgré cette montée en puissance, la Chine reste confrontée à des défis majeurs. Sur le plan intérieur, le ralentissement économique, les inégalités sociales croissantes, le vieillissement de la population et la crise environnementale pèsent sur le modèle chinois.
Sur le plan extérieur, la méfiance croissante des puissances occidentales, la rivalité stratégique avec les États-Unis, les tensions en mer de Chine, ou encore les critiques sur les droits humains freinent son affirmation. Le retrait de certains pays de projets OBOR, comme la Malaisie ou le Sri Lanka, montre que l’influence chinoise peut aussi susciter des résistances.