L‘accumulation fait partie des figures de style les plus simples à comprendre. Pourtant, elle reste très similaire à plusieurs figures d’insistance et elle peut facilement être confondue avec une autre. Pour éviter ça, AuFutur te propose de revoir ce qu‘est une accumulation.
Quelques exemples d’accumulation
L’accumulation est une figure de style d’insistance qui consiste à énumérer des éléments qui appartiennent à la même catégorie pour créer un effet d’amplification. En tant que figure d‘insistance, l’accumulation est de fait longue et insiste sur le sujet ainsi « accumulé ».
👉 « Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée », Jean de La Fontaine
👉 « Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les couleurs », Guy de Maupassant
👉 « Cela tintait, grinçait, cognait, cela grondait, haletait, soufflait, et stridait, et hoquetait, et trépidait, à croire que les murs de la grange allaient se fendre et s’écrouler », Maurice Genevoix
Comme tu peux le remarquer, dans chacun des extraits, les auteurs décident de trouver un sujet commun et l’accumule (la ferme chez La Fontaine, les couleurs chez Maupassant, les verbes d’action chez Genevoix). Alors, l’accumulation permet de mettre en avant le sujet choisi.
Qu‘est-ce qu‘une accumulation ?
Petit point historique sur l’origine du mot : comme beaucoup de figures de style (et de mots dans la langue française), on doit l’étymologie du mot au latin, « accumulatio », qui signifie « accumulation ».
L‘accumulation est un procédé stylistique qui consiste à énumérer des éléments de même nature (lexicale ou/et grammaticale) pour créer un effet d‘importance et d’amplification.
Pour mieux saisir ce qu’est une accumulation, nous allons te donner trois exemples d‘accumulation littéraire :
👉 « Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume, / Le sinistre océan jette son noir sanglot », Victor Hugo
👉 « Quel programme d’occupations intellectuelles pouvait simultanément se réaliser ? La photographie instantanée, l’étude comparative des religions, le folklore relatif à un certain nombre de pratique amoureuses et superstitieuses, et l’observation des corps célestes », James Joyce
👉 « Je n’ai plus que les os, un squelette je semble, / Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé », Pierre de Ronsard
Ici, les trois exemples proposent une accumulation de type grammatical avec l‘extrait de Pierre de Ronsard et deux accumulations de type lexical avec les extraits de Victor Hugo et James Joyce.
Quel est l‘effet de l‘accumulation ?
L’effet de l’accumulation est de créer un sentiment de confusion et de pesanteur. En effet, l’accumulation cherche à amplifier un sujet ou une situation, les rendant plus importants. Cette disproportion souligne un effet pouvant être aussi tragique que burlesque dans le texte.
Quelle est la différence entre l‘énumération et l’accumulation ?
La définition de l‘énumération
L’énumération est une figure de style d’amplification qui consiste à lister des mots, des groupes de mots ou des expressions. Elle est donc très similaire à l’accumulation. Cependant, il existe une différence entre les deux procédés.
La différence entre énumération et accumulation
Afin de comprendre la différence entre les deux figures de style, nous allons les comparer à l’aide de deux exemples :
Exemple d’énumération 👉 « Je me souviens / d’avoir eu un nom / un visage / un regard / une route / une voix / un poème / un cri », Natasha Kanapé Fontaine
Exemple d’accumulation 👉 « Fuyards, blessés, mourants, caissons, brancards, civières, / On s’écrasait aux ponts pour passer les rivières », Victor Hugo
Ici, dans l‘extrait de Natasha Kanapé Fontaine, on voit qu’il y a bel et bien un effet de liste présent dans ce poème. Pourtant, l’énumération ne conserve pas une seule et même thématique. On passe ainsi du visage à la voix sans réelle connexion.
A contrario, l‘exemple de Victor Hugo illustre bien une thématique commune qui unit la juxtaposition des mots : celle des hommes meurtris. Contrairement à l‘énumération qui se contente d’édifier une liste, l’accumulation cherche à amplifier un sujet dans une logique tantôt lexicale, tantôt grammaticale.
Quelle est la différence entre la gradation et l‘accumulation ?
La définition de la gradation
La gradation est une figure de style qui consiste à lister des éléments, mais à partir d’un effet d’évolution graduelle. Elle est similaire à l’accumulation à quelques exceptions.
La différence entre gradation et accumulation
Pour différencier les deux figures de style, nous allons les comparer grâce à un exemple pour chacune d’entre elles :
Exemple de gradation 👉 « Sous son épiderme hâlé, camouflage naturel en cas d’émotions fortes, Dolorès était rouge d’humiliation, empourprée de honte, cramoisie de déshonneur », David Goudreault
Exemple d’accumulation 👉 « Quatre-vingt-six départements qui ont des pointes, des épines, des crêtes, des lames, des tenons, des crochets, des griffes, des ongles, et qui ont aussi des fentes, des fissures, des crevasses, des trous », Jules Romains.
L’exemple de la gradation de David Goudreault utilise des nuances de rouge de plus en plus foncées afin de signifier la montée des émotions et d‘une honte qui est graduelle. Alors que l’accumulation, avec l’exemple de Jules Romains, nous montre une accumulation thématique logique et lexicale. En effet, l’accumulation n’est pas de nature graduelle, elle permet de donner un panorama sur le sujet de la figure de style.
Quelle est la différence entre l’anaphore et l’accumulation ?
La définition de l‘anaphore
L’anaphore est une figure de style qui consiste à répéter un mot ou un groupe de mots au début de chaque segment de phrase, vers ou paragraphe. Elle est également une figure d’amplification au même titre que l’accumulation, mais elles restent distinctes.
La différence entre anaphore et accumulation
Afin de différencier les deux procédés, nous allons les comparer à l’aide de deux exemples littéraires :
Exemple d’anaphore 👉 « Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire, / Mon bras qui tant de fois a sauvé cet empire », Pierre Corneille
Exemple d‘accumulation 👉 « aux uns écrabouillait la cervelle, aux autres rompait bras et jambes, aux autres délochait les spondyles du cou, aux autres démoulait les reins, avalait le nez, pochait les yeux, fendait les mandibules, enfonçait les dents en la gueule, décroulait les omoplates, sphacelait les grèves, dégondait les ischies, débesillait les faucilles… », François Rabelais
Comme tu peux le constater, l’anaphore de Corneille réside dans la répétition de « mon bras ». Il ne cherche pas à accumuler la figure du bras, mais plutôt à la rendre plus importante grâce à un effet de répétition.
L’exemple de François Rabelais se distingue par une description saugrenue d’un prêtre attaquant des soldats. Cette accumulation illustre ainsi les agissements du prêtre face aux soldats avec l’usage de plusieurs verbes descriptifs et d’une partie du corps.
Exemples d’accumulation
Consigne : Rédigez une phrase d’une à deux lignes en utilisant la figure de style de l’accumulation. Vous devez l’utiliser pour décrire une scène de nature (par exemple, un coucher de soleil ou une forêt). Prends soin de choisir au moins quatre éléments distincts et d’utiliser des connecteurs pour structurer la phrase (par exemple, des virgules ou des conjonctions comme “et“).
Ne triche pas ! 🤓
Correction de l’exercice : Dans la forêt, on entendait le bruissement des feuilles, le chant mélodieux des oiseaux, les craquements des branches sous le pas des randonneurs et le doux murmure du vent entre les arbres.