Commentaire composé de l’incipit de L’Étranger d’Albert Camus

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Au sommaire de cet article 👀

L’incipit de L’Étranger d’Albert Camus compte parmi les débuts de roman les plus célèbres de la littérature française. En quelques phrases d’une simplicité déroutante, Meursault annonce la mort de sa mère avec une distance qui déstabilise immédiatement le lecteur. Ce style dépouillé, presque neutre, marque l’entrée dans un récit moderne où le rapport au monde, aux émotions et aux normes sociales devient un enjeu essentiel.

Dans cet article, tu trouveras le commentaire composé complet de cet extrait, rédigé de manière structurée et conforme aux attentes du bac de français. L’analyse t’aidera à comprendre la construction du personnage de Meursault, le contraste entre la forme et la gravité du sujet, ainsi que le rôle particulier de cet incipit dans l’économie du roman. Un support solide pour réviser et apprendre à analyser un début de roman au programme.

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L’extrait choisi est tiré du roman d’Albert Camus, L’Étranger, paru 1942. Il s’agit de l’incipit (début) du roman. Cet exemple est particulièrement intéressant : d’une part, il s’agit d’un incipit. D’autre part, il met en scène une situation déroutante où la platitude d’un texte tranche avec la violence de l’histoire, dissociant fond et forme.

Commentaire composé L’Étranger, Albert Camus

Introduction

Dans le cas présent, l’extrait est tiré d’un roman d’Albert Camus, L’Étranger (1942). C’est l’incipit de l’œuvre. C’est un texte narratif dont le narrateur est personnage. Le style y est plat avec une apparence d’objectivité malgré la gravité des faits énoncés. C’est un registre du quotidien. Le texte se structure en deux parties, tout d’abord l’énonciation d’un fait « Aujourd’hui, maman est morte ») puis le récit des actions du fils en réaction à ce fait. Ensuite, nous étudierons la figure du personnage principal, les différents points de vue sur le fait relaté puis le rôle de l’incipit.Dans quelle mesure cet extrait au style plat et énonciatif, ce récit apparemment sans émotion qui contraste avec la dureté du fait énoncé, met en lumière le caractère résolument tragique et moderne de l’oeuvre ?

I. Le personnage principal

I.1. Un jeune homme

Nous ne savons que peu de choses du narrateur.

Premier élément : nous savons qu’il travaille (« J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. » l 4-5), qu’il mange tous les jours au même restaurant, qu’il n’a pas de vêtements appropriés pour un enterrement (« il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. » l 16-17)Maus qu’il a peu de moyens ; ainsi et que sa mère vivait depuis trois ans dans un asile et vient de mourir (« Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » (…) « Vous n’avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. » sont les mots du directeur de l’asile de la ligne 28 à 32)Enfin, nous pouvons remarquer qu’il est jeune (« Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d’un autre temps. Vous êtes jeune et elle devait s’ennuyer avec vous. » l 33-35). Cette description de sa vie, faite en filigrane à travers ses paroles et celles des autres personnages du roman, est assez peu développée.

I.2. Une relation difficile au monde

Toutefois, nous connaissons une particularité du caractère de ce personnage : il a une relation plutôt distante et conflictuelle au monde.Nous le voyons tout d’abord à son rapport avec son patron (« il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : Ce n’est pas de ma faute. II n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. » l 7-10).De même avec son entourage, des amis avec qui il garde ses distances malgré ce qui lui arrive (« J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : On n’a qu’une mère. Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. » l 13-17).Quant à son rapport aux inconnus, nous le connaissons par le biais de son attitude avec le militaire qu’il rencontre dans le bus (« J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit oui pour n’avoir plus à parler. » l 20-22). De même, lorsque le directeur de l’asile s’adresse à lui, il croit tout de suite qu’il lui reproche de ne pas avoir assez été là pour sa mère. Ainsi, le personnage principal garde ses distances avec le monde extérieur et ne s’en rapproche que lorsqu’il n’a pas le choix, à reculons.

II. Les points de vue sur le fait relaté

II.1. Le point de vue du protagoniste

Le point de vue du protagoniste sur la mort de sa mère est très déstabilisant pour le lecteur. Il prend une distance considérable avec ce fait et en parle avec détachement, apparement sans émotions. Par exemple : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. » (l 1-3). Il évoque son voyage et l’enterrement de sa mère de manière très formelle, toujours sans émotion apparente : « Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. » (l 4-5), « Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle. » (l 10-12).De même, lorsqu’il entre dans l’asile où sa mère est décédée, le passage obligé par l’attente et la rencontre avec le directeur ne sont pas évoqués avec sentimentalisme de la part du personnage. Le fait relaté prend ainsi parfaitement l’allure d’un fait plutôt que de la perte d’un être cher.

II.2. Le point de vue de son entourage

Le point de vue de l’entourage du protagoniste est bien différent de celui du personnage principal. Céleste, ainsi que les autres personnages présents dans le restaurant avec le personnage principal, donnent beaucoup d’importance à ce décès. (« Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : On n’a qu’une mère. Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. » l 14-15). En effet, un autre ami lui prête même une cravate noire et un brassard pour qu’il puisse aller dignement à l’enterrement de sa mère. L’entourage du protagoniste est donc très concerné par cette mort et exprime des sentiments forts à ce sujet.

II.3. Le point de vue du directeur de l’asile

Enfin, le directeur de l’asile propose un point de vue consolateur et pragmatique sur la mort de sa patiente. Il revient tout d’abord sur la relation entre la mère et son fils (« Vous étiez son seul soutien. » l 29). Il est ensuite conciliant et compréhensif avec le fils (« Vous n’avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici. » l 30-33). On sent ici le désir de rassurer et d’apaiser le personnage principal. Une note de joie est même présente dans son discours (« Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d’un autre temps. » l 33-35). En réalité, ce qui est intéressant dans ce point de vue est la disparition (hormis en ce qui concerne le recours aux temps du passé) de la mort de la mère face à l’évocation de la fin de sa vie. C’est un point de vue plus conciliant et apaisant sur le décès de la mère du protagoniste.

III. Le rôle de l’incipit

III.1. La présentation du personnage principal

Un incipit a pour fonction initiale la présentation introductive du ou des personnages principaux. Toutefois, cet incipit est assez particulier, car, comme nous l’avons vu en première partie, nous avons peu d’informations sur le personnage principal du roman. Nous ne savons rien de son apparence physique. Ce que nous savons concerne son niveau de vie, sa mère et sa relation au monde. En ce sens, cet incipit ne remplit pas tout à fait sa fonction. Ceci annonce la particularité stylistique et la modernité du roman qui est centré sur un inconnu, tant pour les autres personnages du roman que pour le lecteur.

III.2. La présentation du cadre spatio-temporel

L’incipit a pour deuxième fonction essentielle la présentation du cadre spatio-temporel du récit. En ce qui concerne le temps, nous n’avons que très peu d’informations. Les termes « aujourd’hui », « hier » ou « dans deux jours » ne nous situent pas précisément dans le temps. En revanche, nous savons que le protagoniste évolue dans un cadre spatial plutôt restreint et voyage peu. Il va tous les jours dans le même restaurant et travaille habituellement tous les jours (ses jours de repos sont exceptionnels). Nous avons peu d’informations sur les espaces qu’il fréquente, mais nous connaissons les éléments essentiels de sa vie à l’extérieur.

III.3. Le ton froid, l’annonce du style moderne de l’œuvre

Le ton plat, froid et apparemment sans émotions qu’adopte le narrateur personnage est très particulier, unique dans la littérature française. C’est un élément certain de modernité. Prenons un exemple : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » (l 1-2). Ces phrases basiques sans intonation particulière sont caractéristiques de l’écriture résolument moderne de ce roman qui ressemble presque à un journal de bord. Cependant, il nous faut préciser que ce style en apparence sans émotion cache le caractère tragique de la scène : cette prise de distance de la part du narrateur par rapport à la mort de sa mère est sa manière de faire face à la situation. En effet, des indices montrent qu’il a des émotions qu’il n’exprime pas (son empressement à prendre le bus ou sa hâte au moment de voir sa mère par exemple).

Méthodologie du commentaire composé

Pour réussir ton commentaire composé au bac de français, il est essentiel de suivre une démarche claire et structurée. Voici les étapes indispensables pour analyser efficacement un texte littéraire.

  • Lire le texte plusieurs fois pour en comprendre le sens global et repérer ses enjeux.
  • Identifier sa nature : genre, registre, structure, voix, tonalités dominantes.
  • Formuler une problématique qui englobe tout l’extrait et guide ton analyse.
  • Construire un plan en deux ou trois axes, fondé sur des idées et non sur l’ordre des lignes.
  • Analyser précisément les procédés (lexique, syntaxe, figures, effets) en les reliant toujours à ton interprétation.
  • Intégrer des citations courtes, correctement introduites et commentées.
  • Rédiger une conclusion brève qui récapitule les idées et ouvre, si possible, sur l’œuvre ou le mouvement littéraire.

Un bon commentaire est avant tout un texte organisé, fluide et démonstratif. Ta mission : expliquer comment le texte fonctionne et ce qu’il fait au lecteur.

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