Sais-tu ce qu’est un incipit ? Un mot qu’il faut que tu gardes en mémoire pour l’épreuve de français. Dans cet article, nous faisons le point avec toi sur l’incipit. Quels sont les différents types d’incipit ? Quels sont les incipit à connaître ? À quoi sert un incipit dans un roman ou un texte littéraire ? Nous répondons à toutes les questions que tu te poses.
Pour rappel, l’épreuve écrite de français du bac 2025 se tiendra le vendredi 13 juin 2025 pour tous les candidats en classe de première générale et technologique. L’épreuve orale, de son côté, se déroulera entre le lundi 23 juin et le vendredi 4 juillet 2025. Une convocation te sera envoyée dans le courant de l’année avec ta date et ton horaire de passage.
Pour l’heure, laisse-nous te parler en long en large et en travers de l’incipit ⬇️
Qu’est-ce qu’un incipit ?
L’incipit désigne le début d’un roman ou d’un texte littéraire. Il s’agit des toutes premières phrases qui introduisent l’histoire, présentent l’univers de l’auteur et donnent le ton général de l’œuvre. C’est aussi souvent dans cet espace que le lecteur découvre les premiers éléments du récit : les personnages, le temps de l’action.
Le savais-tu ? Incipit vient du latin incipere qui signifie « commencer ». Ça explique tout…
Par exemple, l’incipit de l’Étranger est très célèbre. Albert Camus commence son récit par une phrase simple, mais percutante : « Aujourd’hui, maman est morte. » Cette phrase installe immédiatement une atmosphère particulière et met en avant la singularité du protagoniste.
L’incipit joue donc un rôle essentiel dans l’économie du roman. Il capte l’attention et suscite l’envie du lecteur de poursuivre sa lecture.
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Quels sont les différents styles d’incipit ?
Maintenant que tu en sais un peu plus sur l’incipit, nous pouvons rentrer dans le vif du sujet. Retiens bien qu’il existe plusieurs types d’incipit :
- Incipit statique : il présente de manière descriptive les lieux, les personnages ou l’atmosphère. Il prend le temps d’installer le cadre du récit avant que l’action ne commence. Un exemple classique est celui de Madame Bovary de Flaubert, où l’on découvre progressivement la vie quotidienne du personnage principal.
- Incipit progressif : ce type d’incipit introduit petit à petit les éléments de l’histoire, dévoilant les informations au fur et à mesure. Cela permet au lecteur de découvrir le monde du roman de manière plus immersive, comme dans Bel-Ami de Maupassant, où l’histoire de Georges Duroy prend forme progressivement.
- Incipit suspensif : l’auteur laisse volontairement des zones d’ombre, retardant certaines informations cruciales pour maintenir le suspense. Ça permet de créer une tension dès le début du récit, comme dans La Métamorphose de Kafka, où l’on découvre peu à peu la situation étrange du protagoniste.
- Incipit in medias res : l’histoire commence directement au cœur de l’action, sans préambule. Un exemple célèbre est le début des Misérables de Victor Hugo, où l’on rencontre immédiatement Jean Valjean en pleine action, créant ainsi un effet de choc pour le lecteur.
Ces différents types d’incipit permettent à l’auteur de capter l’attention de son lecteur de plusieurs manières et de lui donner envie d’aller plus loin.
Pourquoi l’incipit est-il important ?
Tu t’en doutes, l’incipit joue un rôle crucial dans un roman (ou dans un texte littéraire en général : théâtre, essai, etc.), car il s’agit de la première impression que l’auteur donne à son lecteur. Un incipit bien rédigé permet au lecteur de saisir les bases de l’histoire, d’introduire les personnages, le temps et l’espace dans lequel le récit va évoluer.
Par exemple, dans Germinal d’Émile Zola, l’incipit plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère sombre qui pointe du doigt les conditions de vie dures de la classe ouvrière :
« Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, un homme cheminait seul, le long de la route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit à travers les champs de betteraves. »
Quelle est la différence entre incipit et excipit ?
La différence entre un incipit et un excipit, c’est avant toute chose leur position dans une œuvre. L’incipit correspond au début du roman. Comme nous l’avons dit, il introduit l’histoire, présente les personnages, le temps, le lieu et parfois la problématique principale.
A contrario, l’excipit correspond à la fin du roman. C’est la conclusion, les toutes dernières phrases de l’histoire. L’excipit permet de clore le récit de manière satisfaisante (ou non, selon l’envie de l’auteur) et souvent, il laisse une dernière impression durable sur le lecteur.
Par exemple, dans Les Misérables de Victor Hugo, l’excipit montre la mort de Jean Valjean et apporte une conclusion émotive et morale à l’œuvre :
« Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
Il vivait. Il mourut quand il n’eut plus son ange ;
La chose simplement d’elle-même arriva,
Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va. »
Exemples d’incipit : les meilleurs de la littérature française
Laisse-nous te présenter les incipit les plus populaires de la littérature française.
L’incipit de Le Rouge et le Noir (1830) de Stendhal
« La petite ville de Verrières peut passer pour une des plus jolies de la Franche-Comté. »
Cet incipit introduit immédiatement le cadre provincial où se déroule l’ascension et la chute de Julien Sorel (le protagoniste du Rouge et le Noir) un ambitieux jeune homme tiraillé entre ses aspirations personnelles et les contraintes sociales.
L’incipit de À la recherche du temps perdu – Du côté de chez Swann (1913) de Marcel Proust
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. »
Une phrase courte et simple qui annonce le thème majeur de l’œuvre : la mémoire et le passage du temps. Cet incipit est devenu l’un des plus célèbres de la littérature mondiale, symbolisant le début d’une vaste introspection.
L’incipit de L’Éducation sentimentale (1869) de Gustave Flaubert
« Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, sur le point de partir, faisait de la vapeur devant le quai Saint-Bernard. »
Flaubert commence ici par une description minutieuse d’un moment précis, qui annonce le récit de la jeunesse de Frédéric Moreau, entre rêves amoureux et désillusions politiques.
L’incipit de Les Choses (1965) de Georges Perec
« Ce serait un beau roman. On y verrait un jeune couple, disons deux enfants du siècle, beaux, jeunes, intelligents, aimant la vie, avides de plaisirs et de découvertes. »
Perec commence par un ton quasi détaché, annonçant son exploration de la société de consommation et la quête de sens des jeunes adultes des années 60.
L’incipit de Candide (1759) de Voltaire
« Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-Tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces. »
Voltaire ouvre ici avec une description satirique et légère qui introduit son conte philosophique, en abordant les thèmes de l’innocence, de l’éducation et de la quête de bonheur dans un monde marqué par la violence et l’injustice.
Comment réussir l’écriture d’un incipit ?
D’un autre point de vue maintenant, si c’est toi qui veux rédiger un incipit et pas seulement le lire, il y a quelques petites choses que tu dois savoir.
- Accroche dès le début : l’incipit, c’est ta première occasion de capter l’attention de ton lecteur. Choisis une phrase qui interpelle ou intrigue, soit par sa formulation, soit par le sujet abordé. Et n’hésite pas à jouer avec des questions, des révélations soudaines ou une scène marquante.
- Définis l’atmosphère et le contexte : en quelques lignes, essaie d’immerger ton lecteur dans l’univers de ton récit. Que ton roman se déroule dans une petite ville française ou au cœur de la jungle urbaine, tu dois donner des éléments visuels et sensoriels qui permettront à ton lecteur de se situer et (peut-être) de s’identifier.
- Présente un personnage ou une situation : c’est souvent efficace de démarrer en présentant directement un personnage clé ou une situation marquante. Ça permet de susciter l’intérêt et de créer un lien entre le lecteur et l’intrigue dès le début de ton histoire. Par exemple, l’incipit de Bel-Ami de Maupassant nous introduit immédiatement Georges Duroy. Alors, n’hésite pas à faire pareil.
- Pose les bases des thèmes du récit : un bon incipit donne aussi des indices sur les thématiques du livre. Que ce soit une réflexion sur la vie, le temps, ou des sujets plus personnels, ces éléments peuvent déjà transparaître à travers les premières lignes.
- Reste fidèle à ton style : ne force pas un style qui n’est pas le tien. Ton incipit doit refléter le ton général de ton œuvre, que ce soit lyrique, réaliste, humoristique ou tragique. Comme dans L’Étranger d’Albert Camus, où le style dépouillé et froid reflète le ton général du roman dès la première phrase : « Aujourd’hui, maman est morte. »
- Ne cherche pas à tout dire : l’incipit n’a pas besoin d’exposer tous les détails de ton histoire. Laisse de la place au mystère et à la découverte. C’est l’ouverture, pas le résumé !
L’exemple de l’incipit long
Un incipit long se distingue par sa capacité à immerger le lecteur en prenant le temps de décrire l’univers du roman, d’introduire plusieurs éléments de l’intrigue et de poser les bases des principales thématiques.
Les avantages d’un incipit long
Si tu le rédiges correctement, un incipit long peut avoir plusieurs avantages non négligeables :
- Créer un univers immersif : l’auteur peut installer une atmosphère détaillée et riche, permettant au lecteur de s’immerger totalement dans le monde du roman.
- Introduire les thématiques principales : l’incipit long permet aussi de poser clairement les enjeux et les thèmes de l’histoire, préparant le lecteur à la suite du récit.
- Développer les personnages : il te donne le temps de présenter et d’approfondir plusieurs personnages, leur psychologie et leurs motivations.
- Mettre en avant le style d’écriture : un incipit long, c’est aussi un peu comme une vitrine de ta plume, il te permet de mettre en lumière la subtilité de ton langage et des procédés littéraires que tu utilises.
Les inconvénients d’un incipit long
Attention, si tu décides de partir pour un incipit long, garde en tête quelques petites choses. Eh oui, il a son lot d’inconvénients aussi.
- Risque de perdre l’attention du lecteur : un début trop détaillé peut paraître lent et décourager les lecteurs qui préfèrent entrer rapidement dans l’action ou l’intrigue.
- Manque de suspense immédiat : en prenant le temps de poser l’univers et les personnages, l’incipit long peut retarder l’apparition d’un élément captivant ou d’un événement marquant.
- Complexité excessive : trop de détails ou de réflexions dès le début peuvent compliquer la lecture et rendre le texte moins accessible, notamment pour les jeunes lecteurs ou ceux qui ne sont pas encore très familiers avec les styles littéraires denses.
- Moins d’impact immédiat : comparé à un incipit plus concis, il peut manquer de dynamisme et d’effet de choc, ce qui réduit la capacité d’accrocher rapidement le lecteur.
Bien rédiger un incipit court et percutant
Si, au contraire, tu choisis de partir sur un incipit court et plus percutant, laisse-nous te donner quelques conseils pour que tout se passe au mieux.
- Accroche immédiate : choisis une première phrase marquante qui pose directement une question, un mystère, ou une scène surprenante. L’objectif, c’est de capter l’attention du lecteur dès le premier mot.
- Limiter les descriptions : laisse de côté les longues descriptions d’atmosphère ou de personnages. Privilégie des éléments concis, mais évocateurs qui donnent juste assez de détails pour situer l’action ou l’intrigue.
- Placer le lecteur dans le vif du sujet : amène directement dans le cœur de l’histoire ou du conflit sans détour. Un incipit court doit donner l’impression que l’action a déjà commencé.
Miser sur l’émotion : utilise des mots forts ou des situations qui déclenchent une réaction immédiate : surprise, suspense, curiosité ou empathie pour un personnage ou un problème posé dès le début.