Pour intégrer une école de commerce ou d’ingénieurs, tu as le choix entre faire une prépa (CPGE) ou bien passer par une AST (admission sur titre). Afin de développer le concept d‘AST, AuFutur est allé à la rencontre d’Arnaud Sévigné, co-directeur d‘Hello Prépa, pour répondre à nos questions concernant les AST.
L’AST, un parcours qui se prépare à l’avance
Pourriez-vous expliquer ce qu’est l’admission sur titre (AST) et son importance dans les parcours académiques ?
Une AST, ou aussi appelée admission parallèle, c’est l’appellation pour toutes les admissions après un premier diplôme de l’enseignement supérieur ou en cours d’obtention pour intégrer une Grande École. Ces personnes peuvent passer les concours pour intégrer différents diplômes : Programme Grande École, MSc (Master of Science), Mastère spécialisé.
Quels sont les principaux défis rencontrés par les étudiants qui préparent une AST ?
Le premier défi est celui de la gestion de l’emploi du temps au quotidien avec la préparation aux concours. Les candidat(e)s ont déjà entre 15h et 20h de cours, ça dépend de leurs formations. Ils ont aussi des jobs étudiants qui leur prennent du temps et des activités extra-académiques qui sont importantes pour leur dossier.
Ils ont moins d’épreuves, mais ils doivent se préparer à raison de 6 et 15h par semaine pour des épreuves spécifiques : un test de logique (TAGE MAGE), un test d’anglais (TOEIC ou TOEFL) et le dossier, c’est-à-dire préparer son CV, faire une épreuve de rédaction de synthèse et les oraux (entretien de motivation et oral d’anglais). Cette charge de travail de 6 à 15h est mensuelle.
Le second défi, c’est la préparation. Plus un élève prépare ses AST dès l’obtention du bac, il va arriver avec un dossier plus fourni et diversifié. Tu dois faire 10 à 15 expériences pour établir un meilleur dossier, ce qui est impossible en peu de temps. Tu peux commencer à le faire sous 3 ans. Un élève qui prépare ses concours sur 2 ans aura aussi le temps de bien préparer les épreuves qu’il doit préparer. Un autre qui prépare son AST sous un an va devoir le faire et cumuler toutes les préparations des épreuves, et ils ne sont jamais à 100% de leurs capacités.
Comment les cours de soutien spécifiques à l’AST aident-ils les étudiants à surmonter ces défis ?
Une préparation au concours est un gain de temps énorme, car on te dit d’apprendre en priorité sur ce qui tombe le plus souvent. Un livre te donne tout le programme plus fréquent, mais tu restes bloqué(e). Avec les cours, tu es cadré(e). Il y a aussi un accompagnement pédagogique pour la partie administrative, le soutien psychologique et émotionnel sur le côté esprit grâce à la promo. Pour les oraux, pour la construction d’un projet professionnel, il faut le concrétiser grâce à la présence de spécialistes du domaine.
« Plus la formation est longue, plus elle est réussie »
Quels types de cours ou d’ateliers sont généralement proposés dans un programme de soutien pour l’AST ?
Nos cours sont les mêmes. Il y a du présentiel et du distanciel. Les centres d’enseignement sont à Paris ; ensuite, tous les autres le font avec le distanciel en cas de déplacement, Erasmus, ou élèves étrangers qui veulent intégrer les écoles françaises. Ce sont les mêmes professeur(e)s qui donnent les cours.
Il y a la durée de préparation avec le taux horaire pur et dur. Quand un élève souhaite faire une formation de 2 an, cela représente 4 à 5h par semaine ; pour une formation en 1 an, 8 à 10 h par semaine ; pour une formation en 1 semestre, ça représente 10 à 15h par semaine.
Que pouvez-vous à propos du temps de la formation ?
Plus la formation est longue, plus elle est réussie. On leur dit toujours d’avoir un plan A et B. Le plan A, c’est soit le top 3 ou le top 5. Le plan B, ça peut être un top 6-10, ou on peut très bien leur dire que c’est mieux de faire son M1, puis tenter d’intégrer à cette période.
À partir de cette logique, le top 5 est obtenu à 80 et 90%. Pour ceux qui prennent à 1 an, c’est 60 et 70% dans le top 5. En valeur absolue, l’année dernière, ça représente 250 admis l’année dernière et 90 dans le top 3.
Qui enseigne dans ces programmes de soutien ? S’agit-il d’anciens étudiants ayant réussi l’AST ou de professeurs expérimentés ?
Pour les épreuves écrites, la quasi-totalité des professeurs sont des auteurs d’ouvrages de préparation au concours. Ils ont une meilleure expérience, mais également de meilleurs retours des élèves qui permettent de le développer dans le livre. Ça se transmet en classe, car ils sont à la pointe des épreuves.
Pour les épreuves orales, c’est des jeunes diplômés qui ont la triple casquette. Ils étaient dans l’école visée, ils ont une expertise professionnelle dans un secteur pendant 4-5 ans et ils sont jurys officiels. Ça permet d’avoir des experts pour le projet professionnel de l’élève. Il y a aussi une préparation avec des jurys qui sont très pointus et une autre avec des jurys qui ne s’y connaissent pas.
Pour les épreuves d’anglais, ce sont des professeurs d’anglais qui sont également des concepteurs et des évaluateurs officiels.
Quelles méthodes pédagogiques sont les plus efficaces pour préparer les étudiants à l’AST ?
Pour les épreuves écrites, il y en a plusieurs : la première, c’est d’organiser les plannings de révision et la deuxième, c’est celle de la répétition. Nos cours se basent sur cette dynamique. Toutes les 2 à 3 semaines, on leur pose les questions pour varier et augmenter le taux de réussite. Vu que l’on a des QCM, il faut que les élèves apprennent le méthode de résolution et de l’acter.
Pour les épreuves orales, on souhaite réduire l’incertitude à néant. On les habitue à avoir des questions auxquelles ils ne seraient pas habitués pour les permettre de s’adapter. On cherche à les préparer au plus à toutes les possibilités grâce à une grille d’analyse qu’ils auront obtenu grâce aux différents type de question.
J’aimerais aussi ajouter que l’on suit les élèves jusqu’au choix de leur école, soit pour l’orientation finale.
Comment les cours de soutien personnalisent-ils leur approche pour répondre aux besoins de chaque étudiant ?
90% de nos cours suivent le rythme : « exercices, correction » ; à la suite, l’élève doit ensuite apprendre la théorie. Le professeur passe d’élève en élève pour les guider avant de passer à la correction générale. Pour les oraux, on a un coach center, organisés sous forme de bootcamps les samedis et dimanches. Chaque tranche horaire, matin et après-midi, ils font un entretien d’embauche, ils suivent un autre entretien d’un camarade qui doit se préparer au même oral. Une fois faits, ils viennent au coach center avec une grille d’évaluation et ils vont travailler avec des coachs pour vérifier leurs points fort et faible.
L’AST, un coût pour un meilleur avenir
Combien coûtent généralement les cours de soutien pour l’AST ?
Les formations les plus courtes coûtent 400€ uniquement les oraux. Pour une préparation sur 2 ans, soit entre 20 et 24 mois, on arrive vers 3 500-3 600 €. Il faut voir ça comme un retour sur investissement. Une prépa finit par être rentabilisée dès la première année de travail. Pour une école de commerce, le coût est de 10 000 € jusqu’à 24 000 € par an.
Y a-t-il des options de financement ou de bourses pour les étudiants ayant des difficultés financières ?
Il y a l’étalement des paiements. Selon la préparation, on peut payer en 3 à 6 fois, en divisant par 3 ou par 4. Nous suivons aussi la même logistique que les écoles de commerce, c’est-à-dire que tout étudiant boursier a une réduction. Avec nos cours, plus l’échelon est élevé, plus la réduction est importante.
Que conseillez-vous à un étudiant qui ne peut pas se permettre ces cours, mais souhaite tout de même réussir son AST ?
La première étape, c’est d’acheter un livre avec la préparation en amont du concours. La deuxième étape, c’est de ne pas s’entraîner via des ressources gratuites en ligne, car la qualité de ses ressources est décevante à l’image de leur résultat.
Avez-vous des exemples d’étudiants qui ont vu leur admission facilitée grâce aux cours de soutien ?
Je me souviens d’un élève, Bassi. Il était boursier et il est passé de l’UVSQ à HEC Paris. Je pense aussi à Nathan Deli, qui, de mémoire, venait du 93 et ne venait pas d’un milieu familial qui connaissait les prépas et les Grandes Écoles. Il a fini par rejoindre l’ESSEC grâce à son travail acharné. Michael a été admis à emlyon, puis a été repéré à l’organisation Association Florence qui met en lien les étudiants issus de quartiers populaires et qui sont entrés dans les Grandes Écoles, pour les aider à intégrer les meilleurs entreprises. Désormais, il a signé son stage chez Rothschild.
Quelles sont les erreurs les plus fréquentes des candidats à l’AST ?
L’erreur la plus fréquente est de s’y prendre à la dernière minute. 90% des candidats font ça, donc les élèves qui préparent leur AST ne prennent pas d’avance. Plus tu te prépares en amont, plus tu es mieux acceptée. Le dossier est primordial, surtout pour les expériences hors-fac, hors lieu d’éducation. Avec de l’avance, il peut mieux s’organiser et aura un meilleur dossier.
Une autre erreur, c’est de manquer de rigueur. Il faut comprendre qu’il faut être le meilleur possible, le plus rapide et le plus rigoureux pour réussir un concours. Il faut être à 100% du potentiel. J’ajouterais aussi que les élèves ne collectent pas assez d’informations vis-à-vis des écoles.
Réussir son AST avec des astuces simples
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui hésite encore à s’inscrire à un programme de soutien ?
Je lui dirais qu’en s’inscrivant, selon la formule, le candidat a 2 à 4 fois plus de chances de rejoindre l’école de son choix. Plus tu montes dans le classement, plus la part des candidats qui ont fait des cours de soutien est importante. C’est maintenant qu’il faut être à 120%, donc il faut investir pour leur réussite. On peut tripler ou quadrupler les chances pour un coût qui représente 10% d’une année de scolarité.
Pensez-vous que la popularité des cours de soutien pour l’AST va augmenter dans les prochaines années ?
Le marché est stable, il n’est pas en croissance. Il y a une notion de sélectivité, donc on a atteint un plafond. Depuis 2020, c’est pas plus de monde qui font une prépa, et il y a une notion de barrière psychologique et d’autocensure qui fait que 20-25% du marché des candidats qu’ils font une AST.
Les nouvelles technologies (comme l’IA ou les plateformes en ligne) jouent-elles un rôle dans la modernisation de ces cours ?
L’e-learning joue sur les questions sur lesquelles tu t’entraînes avec une notion derrière. Il y a l’automatisation avec des algorithmes et qui proposent des questions sur les points faibles. Le distanciel a bouleversé le marché ; car, peu importe où tu te trouves, tu as le même niveau de préparation.
Avec ChatGPT, il y a des détecteurs de son usage pour la partie rédactionnelle. Des élèves ont été refusés, car ils ont utilisé ChatGPT. Il peut être utile pour la collecte d’information et de différents secteurs. Par contre, il faut vérifier les informations même s’il reste davantage un gain de temps.
Y a-t-il des évolutions prévues dans les programmes de soutien pour mieux accompagner les étudiants à l’avenir ?
Je dirais qu’il y aurait des évolutions à faire sur l’aspect du soutien émotionnel et de la préparation mentale. On essaie d’intégrer des coachs de gestion du stress, des coachs d’introspection et de développement personnel, car une partie du score non négligeable provient de la gestion des émotions et du stress.
Souhaiteriez-vous ajouter des informations pour nos lecteurs ?
Si on compare les cours de soutien pour les AST, il faut avoir des critères essentiels : qui sont les professeurs ? La qualité d’une prépa, c’est l’équipe pédagogique. À ceci s’ajoutent les locaux. Il faut aussi que la prépa soit multitâche et multi-mission. Elle n’est pas là que pour préparer les épreuves, mais aussi d’être en contact avec les différentes écoles. Ce surplus d’information fait la différence.