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Études supérieures et situation de handicap : le témoignage de Louise

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Découvre le parcours inspirant de Louise, étudiante en situation de handicap en deuxième année de master à Sup de Pub. Dans cet article, nous te partageons son témoignage qui révèle la puissance de la persévérance et de l’espoir dans la poursuite des rêves académiques et professionnels.

Peux-tu nous parler de toi et de ton parcours académique ?

J’ai fait un bac ES (ancienne filière économique et sociale). Ensuite je ne savais pas quoi faire. J’ai fait une première année de DUT (actuel BUT, bachelor universitaire de technologie) GEA (gestion des entreprises et des administrations). Je me suis rendue compte que je n’aimais pas ça, ce qui m’a permis de découvrir que je voulais faire de la communication. J’ai enchainé après cette première année sur un BTS (brevet de technicien supérieur) et j’ai fait les deux ans de BTS communication. Après, je suis montée à Paris pour faire un bachelor de communication marketing à l’ESP (École supérieure de publicité). Pour finir, je suis allée à Sup de Pub pour faire un master communication et marketing du luxe. Mon master 1 était en français et là cette année je termine mon master 2 qui est en anglais. Depuis que je suis à Paris, je suis en alternance donc c‘est actuellement ma troisième année d’alternance. 

Les défis liés au handicap dans l’enseignement supérieur

Comment as-tu géré les défis liés à ton handicap lors de ta transition vers l’enseignement supérieur ?

Le défi principal pour moi, c’est que je pensais toujours à la distance entre le logement et mon école. J’évite les transports en commun pour ne pas être écrasée en raison de ma petite taille. Quand j’étais à Caen, j’étais en logement Crous, sur le campus situé à côté de l’école, c’était donc pratique. Ensuite pour mon BTS à St Lô, j’ai trouvé un appartement à côté de l’école et j’y allais à pied, car ce n’était vraiment pas loin. Lorsque je suis arrivée à Paris, je cherchais également un logement près de mon entreprise. 

Un autre défi important pour moi est celui du regard des gens sur moi et sur mon handicap. Au lycée, ça allait parce que c’est un endroit que l’on connaît donc on est habitué. Mais quand on arrive en première année d’études supérieures, il y a des milliers d’autres étudiant(e)s qu’on ne connaît pas et ils n’ont pas forcément vu une personne de petite taille de leur vie et portent parfois un regard déplacé. 

Y a-t-il des stéréotypes que tu aimerais démystifier concernant les étudiants en situation de handicap ?

Ce serait de ne pas assimiler la déficience physique à la déficience mentale. Je pense qu’il y a ce stéréotype que les élèves en situation de handicap qui ont un handicap physique ont aussi un handicap mental, que les personnes en situation de handicap n’aient pas leur place dans l’enseignement supérieur, qu’ils ne sont pas assez intelligents. J’ai toujours eu peur que les gens pensent que je sois en défiance intellectuelle, en plus de la taille. C’est faux, tout le monde a sa place dans le supérieur. Après les gens ne le pensent pas forcément, tout le monde ne le pense pas. 

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L’accompagnement des étudiants en situation de handicap

Peux-tu partager des exemples de soutien ou d’accommodements que tu as reçus de la part de ton établissement pour faciliter ton expérience d’études ?

De mon côté, à chaque fois que j’arrive dans un nouvel environnement, on m’a toujours demandé ce dont j’avais besoin. Pour moi, mes besoins sont que quand je suis assise, je ne touche pas par terre. Il me faut donc un marche pied ou un support. En général, je le demande ou j’amène le mien quand il ne peut pas être fourni. 

À Sup de Pub par exemple, il n’avait pas de supports à me fournir, je dois donc prendre mon marche pied avec moi, que je transporte pour mes cours depuis chez moi. Je le plie et le mets dans mon sac. C’est assez embêtant parce qu’avec mon ordinateur, ça fait lourd au final. 

Du côté des entreprises, c’est prévu par le code du travail de fournir ce genre de choses si besoin, donc comme j’ai la reconnaissance spécifique que je suis en situation de handicap, ils doivent faire les aménagements spécifiques pour moi, et ça a toujours été fait. 

Quelles ressources existent dans ton établissement pour favoriser l’inclusion et l’accessibilité des étudiants en situation de handicap ?

Il n’y a pas vraiment de ressources ou d’initiatives particulières. Il n’y a pas d’engagement de ce côté, même au sein des associations étudiantes, elles ne traitent pas de ce sujet. 

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Concilier études, projets professionnel et situation de handicap

Comment ton expérience d’étudiant en situation de handicap a-t-elle influencé ton développement personnel et professionnel ?

Alors, ça a clairement influencé mes perspectives professionnelles. Je me suis toujours dit que ma petite taille ne serait pas un handicap. C’est pour cela que je me suis toujours surpassée et que je suis allée à Paris par exemple. Je n’ai pas voulu m’arrêter au bachelor et j’ai fait un master dans le luxe, un domaine qui n’est pas souvent associé au handicap car c’est souvent lié à la perfection. C’est pour cela aussi que j’ai fait une alternance, même si c’est un rythme assez compliqué, pour prouver que je pouvais être en entreprise et à l’école en même temps. J’ai intégré l’entreprise Pernod Ricard, une grande entreprise du Cac 40. En tant que petit bout de femme, être dans une grande entreprise comme celle-ci est une belle porte pour d’autres opportunités futures. Je suis peut être petite par ma taille, mais grande par l’ambition !

Quels sont tes projets pour l’avenir après avoir terminé tes études supérieures ?

Après mon alternance, je pars en voyage au Japon puis aux Canaries et au Mexique. Ce n’est pas parce que je suis petite que je ne peux pas voyager. C’est pour cela que dès la fin de mon alternance, j’ai voulu enchaîner avec les voyages. Je me suis dis que c’était le moment où jamais. Ensuite, je pense revenir sur Paris car c’est la ville idéale pour entamer une carrière dans la communication. Après y avoir été déjà trois ans durant mes études, je n’ai plus peur d’être à Paris désormais.  

Quels conseils donnerais-tu aux lycéens en situation de handicap qui envisagent de poursuivre leurs études supérieures ?

Mon premier conseil serait de se créer des objectifs à chaque fois. De se dire : “À la fin de cette année, je vais faire telle chose”, se créer un objectif d’où on veut être. Mais il faut qu’il soit pour autant facile à atteindre, sinon on risque de se démoraliser et de perdre confiance en soi. 

Mon deuxième conseil est un conseil que j’applique souvent avec moi-même. C’est de se dire qu’il faut essayer de se détacher du regard des autres, de s’éloigner du regard qu’ils peuvent avoir sur ton handicap et de leurs préjugés.

Enfin, mon troisième conseil est lié à quelque chose que j’ai vécu. C’est de ne pas écouter les gens qui vont te dire que tu ne vas pas y arriver. Ma propre famille m’a dit ça quand j’ai annoncé que je partais à Paris, c’est assez démoralisant. Ils m’ont dit que je n’y arriverai pas, que les obstacles seraient énormes, que ça ne servait à rien de le faire pour suivre les copines. Alors qu’au final, j’y suis arrivée. Donc il ne faut pas écouter les gens pessimistes ou trop réalistes, même s’ils veulent nous protéger par rapport à notre handicap. Surtout les lycéen(ne)s qui ont un handicap peut-être assez important, leur famille peut avoir peur pour eux et avoir ce genre de réaction. 

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