Étudiant en master de finance à l’IÉSEG et joueur professionnel de football américain, il jongle entre entraînements intensifs, compétitions internationales et études exigeantes. Entre ambitions sportives, organisation millimétrée et lucidité sur l’avenir, Armand raconte son quotidien et les choix qui l’ont mené à construire cette double trajectoire.
Parcours et vie étudiante d’Armand, joueur de football américain
Tu es en école de commerce, pourquoi ce choix et sert-elle tes ambitions en tant que joueur de football ?
Je suis en master de finance à l’IÉSEG et joueur professionnel. J’ai choisi une école de commerce parce que je voulais un diplôme polyvalent, avec une vraie ouverture à l’international. J’ai choisi la finance, parce que c’est un domaine qui m’intéresse et qui offre beaucoup de perspectives de carrière. Je souhaite m’assurer un avenir si je n’arrive pas à vivre du sport, mais j’aimerais quand même construire une carrière qui reste liée à cet univers.
Faire une école de commerce apporte plein de compétences, et j’ai choisi l’IÉSEG parce qu’elle est triplement accréditée et très tournée vers l’international, ce qui est très important pour mon avenir.
Quel type d’élève étais-tu, te prédestinais-tu à faire de longues études ?
J’ai toujours été un élève sérieux avec de bons résultats. J’étais dans un lycée privé très exigeant, qui m’a imposé beaucoup de rigueur dans mon travail. J’avais de bons résultats, donc faire de longues études ne me faisait pas peur. Au contraire, c’est un moyen de se construire un vrai pilier pour l’avenir, que ce soit dans le sport ou dans un autre domaine. Mes parents ont fait de grandes études, mais ils n’ont jamais mis la pression pour suivre leurs traces. J’étais aussi dans un milieu où tout le monde parlait beaucoup de prépa ou d’école d’ingénieurs, et notre lycée organisait de nombreuses présentations d’orientation pour nous faire découvrir ces parcours.
Comment arrives-tu à combiner ta passion et tes études ? Bénéficies-tu d’un aménagement spécifique ?
C’est un équilibre compliqué et très intense. D’un côté, j’ai les cours, et, de l’autre, je dois gérer des entraînements deux fois par jour. J’ai peu de temps libre, mais je m’y suis habitué. Mon école m’accompagne grâce au statut de sportif de haut niveau. J’ai une plus grande flexibilité sur les absences. Par exemple, pour ma prochaine saison, je vais jouer dans l’équipe espagnole Madrid Bravos d’avril à septembre. Comme je serai sur place, je vais rater quasiment 2 mois de cours au 2e semestre. Pour pouvoir valider mon année, on met en place des solutions, comme les cours à distance. J’ai obtenu ce statut il y a un an et demi, lorsque j’ai intégré les listes ministérielles après une tournée avec l’équipe de France en octobre 2024. J’étais d’ailleurs le plus jeune joueur sélectionné, à 21 ans.
Sa vie en tant que joueur de football professionnel
Comment t’es-tu lancé dans cette aventure, d’où te vient cette passion ?
J’ai commencé avec le rugby à 15 ans, parce que mon père a pratiqué ce sport pendant plus de 20 ans. Mais c’est après un voyage aux États-Unis que j’ai découvert le football américain. J’ai eu envie de le tenter, et je me suis inscrit dans un club près de chez moi, les Dragons de Paris. J’ai tout de suite accroché. Avant ça, je n’avais pas forcément envie d’être un sportif professionnel, d’autant plus que personne ne l’est dans ma famille. Le football américain est un petit milieu, et ce sont des personnes de mon club qui m’ont vraiment encouragé à aller plus loin.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans cette discipline ?
Ça peut ressembler à un sport brouillon et compliqué, mais c’est en réalité très stratégique, avec un rôle très précis pour chaque joueur. Si chacun fait sa part, on peut amener le collectif très haut. Ce qui me plaît, c’est la combinaison du sport intense et physique mais aussi stratégique avec une certaine intelligence. Il existe de nombreuses stratégies et combinaisons, tout est vraiment très scripté. C’est passionnant et très complet.
Quels sont tes objectifs à long terme, quel serait ton but ultime ?
Mes objectifs, à terme, seraient d’intégrer la NFL via le programme IPP (International Player Pathway). C’est la porte d’entrée pour rejoindre la NFL quand on vient d’Europe. J’aimerais devenir, pourquoi pas, le 1er Français formé en France qui s’impose vraiment. La NFL voit la ligue européenne comme un bassin de talents, donc j’ai la plateforme et l’opportunité.
As-tu un rituel avant chaque match pour contrer le stress ?
Avoir un rituel, c’est très commun quand on atteint le haut niveau, je le vois beaucoup autour de moi. Personnellement, je n’ai pas de rituel strict. J’aime écouter de la musique, faire des étirements. Quand on joue devant 15 000 personnes, ça peut sembler très impressionnant, mais je suis préparé. Ça a toujours été un bon stress, plutôt un moteur qu’un poids. Bien sûr, on joue en équipe, donc nos coéquipiers nous aident à évacuer la pression. Sur le terrain, ça aide à se sentir en confiance.
Souhaites-tu en faire ton métier ?
C’est mon objectif, oui, mais pour ça, il faut vivre en Amérique du nord et jouer en NFL (National Football League) ou CFL (Canadian Football League). En Europe, les championnats se professionnalisent mais c’est toujours dur d’en vivre. Pour l’instant, je n’ai pas vraiment réfléchi à une autre idée de carrière parce que je suis très dédié au football américain. Peut être dans la finance, mais j’ai pas d’idée précise du métier, même si j’aimerais que ce soit dans le milieu de ma passion. Je reste lucide, parce que je connais les probabilités.
Avec la préparation nécessaire et tous les entraînements, trouves-tu le temps d’avoir une vraie vie sociale et étudiante ?
Je m’entraîne entre 8 et 12 fois par semaine. D’abord sur le terrain le matin pendant 1h30, puis à la salle de sport pendant 1h30 aussi. J’ai un préparateur physique dans ma nouvelle équipe qui me fait un programme de musculation, mais c’est vrai que je m’entraîne beaucoup seul. Ça ne me dérange pas trop, parce que ça me permet de gérer mes entraînements et m’organiser comme je veux. Je n’ai pas vraiment de vie étudiante, parce que ma priorité reste le sport et que tout mon temps libre tourne autour de ça. En vérité, ça ne m’intéresse pas vraiment, parce que j’ai gardé mes amis d’enfance que je vois assez souvent et je ne cherche pas à rencontrer d’autres personnes. Mes amis et ma famille me soutiennent énormément, et on a un lien spécial, surtout quand ils viennent me voir jouer à l’étranger. J’ai un emploi du temps différent, mais ça ne m’empêche pas d’avoir une vraie vie sociale.
As tu une anecdote à nous raconter sur cette double vie que tu mènes ?
Ça m’est déjà arrivé d’être en déplacement à l’étranger la veille d’un examen. Je révisais dans l’aéroport et dans l’avion, j’atterrissais à minuit trente et le lendemain matin, à 8 h, j’étais en salle d’examen. C’est dans ces moments-là qu’on réalise que ces deux mondes sont à la fois très proches et très éloignés.
Quelles sont les qualités nécessaires pour devenir joueur professionnel ?
Il faut avant tout prendre du plaisir, que vous soyez bons ou pas, ça n’a pas d’importance. Cependant, s’il y a une perspective de haut niveau ou de carrière, il faut être prêt à faire des sacrifices et arrêter les mauvaises habitudes ou influences. Si tu as confiance en toi et en tes capacités, il faut t’en donner les moyens. Par contre, il faut également être ouvert aux critiques négatives si elles sont constructives. Dans tous les cas, c’est une expérience super valorisante qui te sera toujours bénéfique, peu importe que tu finisses pro ou pas.
Dans les sports physiques, beaucoup de joueurs ont besoin d’un déclic, de se mettre dans un état second pour performer. Personnellement, je puise ma force dans autre chose que la violence ou la colère, ce qui m’aide à rester stable et calme avant de jouer. C’est surtout le plaisir que je prends dans ce sport qui me porte.
