L’alphabet arabe : lettres, sons et formes selon leur position

L’alphabet arabe : lettres, sons et formes selon leur position

Au sommaire de cet article 👀

Tu t’es déjà demandé pourquoi une même lettre arabe peut avoir plusieurs formes différentes selon sa place dans un mot ? Tu es au bon endroit. L’écriture arabe, utilisée par plus de 400 millions de personnes, est à la fois esthétique, logique et phonétique. Elle repose sur un principe essentiel : la forme d’une lettre change selon sa position tout en gardant le même son. Maîtriser cet alphabet est une étape clé vers l’acquisition d’un niveau A1 en arabe !

Alphabet arabe : lettres et sons

LettreNom de la lettreSon approximatif en françaisTranslittération
اalif/a/ long ou support de voyelleʾ / ā
بbāʾcomme « b »b
تtāʾcomme « t »t
ثthāʾcomme « th » anglais dans thinkth
جjīmcomme « j » doux ou dgj
حḥāʾh fort, aspiré profond
خkhāʾ« r » grasseyé ou j espagnolkh
دdālcomme « d »d
ذdhālcomme « th » anglais dans thisdh
رrāʾroulé, entre « r » français et espagnolr
زzāycomme « z »z
سsīncomme « s »s
شshīncomme « ch » dans chatsh
صṣād« s » emphatique, profond
ضḍād« d » emphatique, très fort
طṭāʾ« t » emphatique
ظẓāʾcomme « z »/« dh » emphatique
عʿaynson guttural (lettre muette ou glottale)ʿ
غghayncomme « r » uvulaire ou ghgh
فfāʾcomme « f »f
قqāf« k » très guttural, arrière-gorgeq
كkāfcomme « k »k
لlāmcomme « l »l
مmīmcomme « m »m
نnūncomme « n »n
هhāʾcomme « h » souffléh
وwāwcomme « w » ou voyelle longue /ū/w / ū
يyāʾcomme « y » ou voyelle longue /ī/y / ī

Remarques :

  • Les lettres peuvent avoir plusieurs formes selon leur position dans un mot (initiale, médiane, finale, isolée).
  • Les voyelles courtes (a, i, u) ne sont pas représentées par des lettres dans les textes ordinaires, mais par de petits signes (fatha, kasra, damma).

Les voyelles courtes et longues en arabe

En arabe, les voyelles courtes (a, i, u) ne sont pas écrites avec des lettres mais avec des signes placés au-dessus ou au-dessous des consonnes :

  • َ (fatha) = /a/
  • ِ (kasra) = /i/
  • ُ (damma) = /u/

Ces signes sont souvent omis dans les textes courants, sauf dans les manuels scolaires ou le Coran.

Les voyelles longues, elles, sont écrites avec des lettres spécifiques :

Voyelle longueSonLettre utilisée
ācomme « aah »ا (alif)
īcomme « ii »ي (yāʾ)
ūcomme « ouh »و (wāw)

Exemple :

  • كَتَبَ (kataba) = il a écrit (voyelles courtes)
  • كَاتِب (kātib) = écrivain (voyelle longue « ā »)

Le système distingue donc clairement durée et sens, ce qui rend les voyelles longues importantes pour le vocabulaire.

Un système d’écriture cursif en arabe

Contrairement au français, l’écriture arabe est cursive par nature. Cela signifie que les lettres sont toujours liées entre elles dans un mot, un peu comme en écriture manuscrite en français.

Mais ce système implique que chaque lettre possède plusieurs formes selon sa position :

Position de la lettreForme graphique
Isoléeforme indépendante
Initialeforme liée à droite
Médianeforme liée des deux côtés
Finaleforme liée à gauche

Prenons un exemple avec la lettre ʿayn (ع) :

  • Isolée : ع
  • Initiale : عـ
  • Médiane : ـعـ
  • Finale : ـع

Ces quatre variantes correspondent à la même lettre et au même son (/ʿ/), mais leur forme change en fonction de leur place dans le mot.

Des lettres qui ne se lient pas toujours

Certaines lettres ne se lient pas à gauche (donc ne permettent pas la connexion avec la lettre suivante). Cela influence la forme des mots écrits et impose des coupures graphiques.

Ces lettres sont au nombre de 6 :

  • ا (alif)
  • د (dāl)
  • ذ (dhāl)
  • ر (rāʾ)
  • ز (zāy)
  • و (wāw)

Exemple :
Dans le mot ورد (« fleurs »), les lettres sont liées : و+ر+د → ورد
Mais dans زرع (« planter »), on obtient : ز + ر + ع → ز ر ع (avec des coupures).

La forme et la lisibilité des lettres sont donc fortement influencées par la typologie de liaison.

Quand la forme aide à la reconnaissance du mot

Le système graphique arabe permet une lecture fluide pour les lecteurs expérimentés, car :

  • Les lettres liées forment une silhouette reconnaissable du mot.
  • Le mot complet, plutôt que chaque lettre isolée, est perçu d’un seul coup d’œil.
  • Le lecteur utilise des repères visuels liés à la forme générale du mot, ce qu’on appelle parfois la « bouma shape ».

Cela explique pourquoi, même sans voyelles, les lecteurs natifs peuvent reconnaître rapidement les mots. Par exemple :

  • كتب peut être lu kataba (« il a écrit »), kutiba (« a été écrit »), kitāb (« livre ») selon le contexte.

Ici, le mot écrit est toujours ktb, la variation de sons vient de la vocalisation mentale.

La relation entre lettres et sons en arabe

Même si les lettres changent de forme selon la position, le son reste stable. Il n’y a aucune influence positionnelle sur la prononciation d’une lettre donnée. Par exemple :

  • م = /m/ peu importe la forme : ممــمــم

Cela distingue l’arabe d’autres langues (comme l’anglais) où des lettres changent de son selon leur place (ex. le « c » dans cat vs cereal).

Le système arabe favorise donc une relation stable entre son et graphie, ce qui est un atout pour l’apprentissage phonétique, bien que la variété graphique demande un apprentissage visuel plus poussé.

Impacts pédagogiques et cognitifs

Pour les débutants, la multiplicité des formes d’une même lettre peut représenter une difficulté. Il faut apprendre chaque forme graphique et son équivalent sonore, souvent sans l’appui des voyelles.

Des études en linguistique montrent que :

  • La reconnaissance des lettres médianes est souvent plus difficile que celle des lettres isolées ou initiales.
  • L’usage de voyelles brèves (fatha, kasra, damma) dans l’apprentissage facilite la reconnaissance sonore.
  • Les élèves arabophones bénéficient de cette stabilité graphie/son, mais doivent développer une mémoire visuelle des formes positionnelles.

Ainsi, le cerveau mobilise à la fois des compétences phonologiques (sons) et visuo-spatiales (formes et positions) dans la lecture en arabe.

La beauté de la variation : entre graphie et art

Ce système de lettres aux multiples formes a aussi donné naissance à un art visuel : la calligraphie arabe. Le changement de forme n’est pas seulement fonctionnel, il est devenu esthétique.

Dans les écritures cursives comme le naskh ou le diwani, la manière dont une lettre se lie aux autres crée un rythme graphique fluide, qui valorise l’harmonie des lignes, la symétrie et le mouvement.

Certains manuscrits du Coran, ou des poèmes mystiques (soufis), exploitent cette plasticité graphique pour donner au texte une dimension spirituelle et artistique.

Conclusion : Un alphabet en mouvement

L’alphabet arabe nous montre que les lettres ne sont pas figées : elles vivent à travers leur forme, leur position et leur son. Ce système cursif, cohérent et élégant, crée un lien fort entre la langue orale et la langue écrite, entre fonction et esthétique.

Pour celui qui apprend, il faut du temps pour maîtriser les variations, mais elles offrent aussi une richesse visuelle et phonétique unique. Et pour celui qui lit couramment, cette écriture devient un flux fluide, où la variation est synonyme de mouvement et de vie.

Tu veux plus d’informations et de conseils pour réussir tes examens et trouver ton orientation ? Rejoins-nous sur Instagram et TikTok !

Rejoins la communauté AuFutur !

Reçois directement dans ta boîte mail toutes les infos à connaître pour réussir  ton bac et préparer ton orientation !