Espagne de Franco

L’Espagne de Franco

À lire dans cet article :

Francisco Franco a durablement marqué la vie espagnole du XXe siècle. Arrivé au pouvoir suite à un coup d’état en 1936 qui provoqua une guerre civile de trois ans, il resta à la tête de l’État jusqu’à sa mort en 1975. Que faut-il retenir de cette époque et quelles en furent les conséquences pour l’Espagne ? C’est ce que nous allons découvrir dans ce qui suit.

Le contexte historique de l’Espagne de Franco

14 avril 1931 : la République est proclamée en Espagne à la suite des élections municipales donnant la victoire à une coalition antimonarchique dans les villes. Bien que cette coalition n’obtienne pas la majorité dans tout le pays et bien qu’une élection municipale ne puisse pas, constitutionnellement, entraîner un changement de régime politique, la République fut proclamée et le roi Alfonso XIII préféra quitter sa fonction et s’exiler.

Cet élément est capital afin de comprendre le mécontentement de certains vis-à-vis de la République espagnole : pour ces personnes, la République était illégitime.

La République mit en place de nombreuses mesures sociales : nationalisations, alphabétisation, tentative d’introduction de la laïcité, suffrage universel aux femmes, etc.

Globalement, l’inspiration était socialiste, même si certains politiciens « de droite » étaient au pouvoir.

Il y a deux périodes : le bienio reformista jusqu’à 1933 ; puis le bienio conservador qui essaya de limiter les impacts des réformes entreprises par le gouvernement précédent.

En 1936, des élections donnèrent à nouveau la victoire à l’aile la plus à gauche des Républicains, le Front Populaire.

Cela était impensable pour certains, dont Francisco Franco, qui avait été « exilé » aux Îles Canaries par le Front Populaire. Franco était un militaire très brillant et connu pour avoir mené pendant la République la répression de la Révolution d’Asturies de 1934, une insurrection sur fond de conflit minier et de tentative de proclamation d’une République socialiste.

L’assassinat de José Calvo Sotelo, un monarchiste, le 13 juillet 1936, précipita la préparation d’un coup d’État de généraux de l’armée. Franco n’en est pas l’instigateur, dans les faits, il s’y est joint à la dernière minute. Franco fut nommé chef de l’état et generalísimo en septembre 1936. Puis, après avoir mis en œuvre ses talents de tacticien et de meneur d’hommes pendant la guerre civile et surtout après avoir éliminé ses concurrents et autres traitres potentiels, Franco devient le Caudillo en 1939 et instaura un régime autoritaire à sa gloire.

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Comment caractériser le régime franquiste ?

D’abord, entendons-nous bien. Oui, Franco était un dictateur. Non, il n’était pas nazi.

Franco n’avait pas d’idéologie précise et les bases de son pouvoir reposaient sur :

  • L’interdiction du pluripartisme et donc l’instauration d’un parti unique
  • Un état centralisé (donc contre l’autonomie des communautés autonomes)
  • Le retour en force de l’importance de l’armée et de la religion catholique
  • La censure
  • L’absence d’élections
  • Le culte de la personnalité (sa personnalité of course)
  • Une exaltation de la grandeur de l’Espagne

Non, il n’était pas nazi.

Il a certes soutenu les régimes mussolinien et nazi dans les premiers temps (régimes qui l’ont aussi aidé par exemple lors du bombardement de Guernica) et il y a lui-même eu recours, du moins au début de son régime, à une répression féroce contre les communistes, emprisonnés dans des espèces de camps de concentration. Mais ce n’était pas des camps d’extermination. De même, Franco n’a jamais promulgué de lois anti-juives, même si sa position sur les Juifs était assez ambigüe. Fortement imprégné d’une culture catholique radicale, parfois antijuive, Franco professait aussi publiquement un certain « philoséfardisme », c’est-à-dire une sympathie naturelle pour les Juifs dont les ancêtres avaient été expulsés d’Espagne en 1492. Des diplomates espagnols en poste pendant le franquisme ont, au nom de ce même principe, sauvé des Juifs, par exemple en Grèce, Hongrie et Bulgarie, mais aussi en Allemagne et en France. Beaucoup ont spéculé sur le nom de Franco, très populaire parmi les Juifs séfarades, mais aucune ascendance juive ne lui a jamais été connue, Franco étant, qui plus est, un nom de lieu très fréquent en Espagne.

Globalement, on peut distinguer trois étapes pendant le franquisme :

  • 1939-1946 = appui aux forces de l’Axe, quoique non officielle et répression féroce
  • 1946-1959 = période d’autarcie et d’isolement sur la scène internationale. Répression importante
  • 1959-1975 = adoption d’une politique libérale, participant au « miraculeux » redressement économique de l’Espagne. Répression moins importante

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Quelques aspects importants du régime franquisme

  • La femme était relayée à son rôle de fille, puis d’épouse. D’ailleurs, un manuel Guía de la buena esposa a été publié à leur intention en 1953 afin de leur donner des conseils sur la meilleure façon de rendre leur mari heureux.
  • La propagande, en faveur du régime, était importante, de même que l’éducation.
  • Le franquisme a fait le choix d’une neutralité pendant la Deuxième Guerre Mondiale, tout en apportant son soutien indirect aux forces de l’Axe. Mais certains membres du gouvernement de Franco étaient anglophiles. Après la Deuxième Guerre Mondiale, l’anticommunisme de Franco le conduit à un rapprochement avec les États-Unis. En 1950, l’ONU annule la résolution de condamnation du régime franquiste et, en 1953, sont signés les Accords de Madrid entre Espagne et États-Unis
  • À partir de là, Franco tenta de rendre l’image de l’Espagne la plus positive possible. En 1960, il favorisa, avec beaucoup de succès, l’ouverture du pays au tourisme avec le slogan Spain is different. Toutes les stations balnéaires de la côte sud du pays, dont Benidorm est l’exemple le plus éclatant, témoignent de l’urgence dans lesquelles elles ont été construites dans un contexte de tourisme de masse.
  • En 1959, fut adopté le Plan de Estabilización et Franco nomme des technocrates, souvent appartenant à l’Opus Dei, un courant très radical du catholicisme, pour le mettre en œuvre. L’économie automobile fut favorisée (le pays était très peu motorisé) : création de SEAT en 1953, implantation de Renault et Citroën à Valladolid et Vigo. En 1958, l’inflation était de 12,4 % ; en 1960, elle n’était plus que de 2,4 %.
  • Globalement, l’Espagne put accéder à un certain confort de vie pendant toute cette période, c’est ce que l’on appelle « le miracle économique espagnol ».
  • En 1969, Franco désigne Juan Carlos de Borbón, petit-fils d’Alfonso XIII, pour lui succéder.

Le 20 novembre 1975, Franco meurt et le roi Juan Carlos Ier lui succède, comme prévu. Ce dernier créera les conditions d’une transition souple vers la démocratie. Toutefois, les traces de la Guerre Civile et du franquisme n’ont pas disparu, étant donné les récents débats autour de la Loi sur la mémoire historique. Mais c’est déjà une autre histoire…

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