Si tu veux comprendre pourquoi la France est considérée comme le pays de la liberté et des droits de l’Homme (comme en témoigne la présence du siège de l’UNESCO à Paris ou le parvis des droits de l’Homme au Trocadéro), alors tu dois remonter dans le temps et comprendre l’histoire de nos 5 Républiques.
La Ire République, une nouveauté politique peu stable (1792 – 1804)
En 1789, la France est pionnière. Le peuple se soulève pour réclamer plus de droits, de libertés et veut renverser la monarchie. Après 3 années chaotiques, la victoire à la bataille de Valmy est un symbole de résistance du peuple français face aux puissances étrangères royalistes. Le lendemain, 21 septembre 1792, la 1re République est proclamée.
Si elle devait être sous le signe de l’union, en réalité, les crises internes et externes ne lui permettront pas de se pérenniser. La convention nationale se charge de rédiger une constitution, mais pendant ce temps-là, la France est en guerre civile. En Vendée, les paysans et royalistes se soulèvent, donnant lieu à de nombreux massacres face aux armées républicaines. À Paris, la terreur règne pour assassiner tous ceux qui s’opposeraient à la révolution. En effet, de nombreux républicains sont guillotinés. Aujourd’hui encore, elle fait polémique entre volonté de défendre le modèle républicain et répression sanguinaire. Cela pose la question de l’équilibre entre sécurité nationale et droits de l’Homme.
En 1795, la Convention finit sa Constitution et le Directoire est alors mis en place. On place 5 directeurs pour éviter une tyrannie, mais le régime ne durera pas. Miné par la corruption et l’instabilité, Napoléon Bonaparte le renverse lors du coup d’État du 18 Brumaire pour instaurer le Consulat. Si la République existe officiellement encore jusqu’en 1804 et la proclamation de l’Empire, les pouvoirs sont pourtant déjà dans les mains de Napoléon, qui dirige seul, se faisant nommer Premier consul à vie par exemple.
Lire aussi : Histoire : la Guerre d’Algérie et ses mémoires
La IIe République, une illusion très courte (1848 – 1852)
En 1848, le peuple se soulève à nouveau, cette fois contre Louis-Philippe. Celui-ci abdique et Alphonse de Lamartine proclame la Deuxième République. Surfant sur la popularité de son nom et son programme promettant la stabilité, Louis-Napoléon Bonaparte est élu président.
Plusieurs réformes sociales d’envergure ont lieu. L’esclavage est aboli, le temps de travail est réduit à 10h et la liberté de réunion et de presse sont rétablies. Pourtant, des tensions subsistent notamment avec les monarchistes qui ne reconnaissent pas la légitimité de la République.
En 1851, Louis-Napoléon Bonaparte s’approche de la fin de son mandat et la Constitution l’empêche de se représenter. Échouant à la modifier, il fait un coup d’État. Il proclame alors le Second Empire le 2 décembre 1852, en hommage au Premier Empire. L’expérience de la IIe République fut très brève.
La IIIe République, un modèle de longévité, mais régulièrement frappé par les crises (1870 – 1940)
Pendant la guerre franco-prussienne, Napoléon III doit abdiquer, laissant la France assiégée. La République est proclamée dans ce contexte difficile. Après 1871 et le siège de Paris, des socialistes et radicaux mécontents s’installent à Paris et forcent le gouvernement à fuir à Versailles. C’est la Commune de Paris. S’ensuivent des combats sanglants dans la capitale avec des répressions faisant de nombreux dégâts matériels (incendie sur le Palais des Tuileries et l’hôtel de ville) et humains (20 000 communards tués).
Le tournant de la IIIe République est en 1877. Le président MacMahon, monarchiste, s’oppose aux figures républicaines comme Jules Ferry. Si le premier veut que le président soit au centre de la politique, les républicains veulent que ce soit le Parlement qui dirige le pays. MacMahon perd. Jules Grévy, son successeur, renonce aux prérogatives du président (droit de dissolution, droit de demander une seconde délibération des lois).
Finalement, tu dois te souvenir de la IIIe République comme la plus démocratique, car elle donne le pouvoir aux députés, mais aussi comme paralysante, car les gouvernements ont peu de moyens d’action et elle est donc impuissante en période de difficultés. Aujourd’hui, elle reste la plus longue République qui ait existé.
Lire aussi : HGGSP : la guerre au XXIe siècle
La IVe République, le retour de l’instabilité après la guerre (46 – 58)
Au sortir de la guerre, le premier vote des femmes se fait en octobre 1945. Par référendum, on demande à la population si elle veut le retour de la IIIe République ou l’instauration d’une nouvelle. Le résultat est sans appel, 96% veulent une nouvelle République.
Ce nouveau modèle ressemble finalement beaucoup à l’ancien et sera aussi caractérisé par une instabilité chronique. On qualifie parfois la IVe République de « régime de partis ». En 1951, les élections législatives donnent lieu à une « chambre hexagonale », c’est-à-dire 6 partis qui ont environ 100 sièges, rendant l’Assemblée ingouvernable. D’ailleurs, en 11 ans, le régime connaît 24 gouvernements différents et le plus long n’aura duré que 16 mois. Cela limite lourdement l’action possible du gouvernement pour répondre aux différentes et très nombreuses crises. En effet, les guerres de décolonisation en Indochine et en Algérie divisent en métropole et les gouvernements ne peuvent y répondre.
En mai 1958, le président du Conseil Pflimlin annonce négocier avec l’Algérie. Un pouvoir insurrectionnel dirigé par le général Massu se met alors en place en Algérie. Cela exemplifie l’extrême faiblesse du régime français. C’en est trop. On rappelle Charles de Gaulle. Il reçoit les pleins pouvoirs et le droit de rédiger une nouvelle Constitution amenant à la Ve République.
Lire aussi : Histoire : La Seconde Guerre mondiale
La Ve République, un modèle présidentiel plus stable (1958 – aujourd’hui)
Le 28 septembre 1958, 80% de la population approuve la Constitution. Charles de Gaulle fait modifier la Constitution pour faire élire le président au suffrage universel et non pas par un collège de 80 000 électeurs. La France est désormais sous un régime semi-présidentiel. Le président est élu au suffrage universel et le Premier ministre est responsable devant le Parlement.
Dans la Ve République, on diminue le rôle du Parlement pour renforcer celui du président. Le président nomme le Premier ministre, il peut prendre des décisions importantes, notamment de politique étrangère, c’est lui qui déclare la guerre, il peut organiser des référendums, dissoudre l’Assemblée nationale et même avoir les pleins pouvoirs via l’article 16 de la Constitution en cas de menace pour la sécurité du pays.
Le régime est plus centré sur le président, ce qui apporte des critiques sur l’aspect complètement démocratique (pouvoir du peuple selon l’étymologie), mais il est aussi bien plus stable.
Finalement, n’oublie pas que l’histoire de la République est ancienne en France et que sa mise en place dans sa forme actuelle n’a pas été de tout repos. Dans tes copies, pense toujours aux pouvoirs qu’ont les différentes instances et leur rôle plus ou moins central dans le pouvoir.