Terrorisme, guerre, sécurité

Le terrorisme : définitions et explications

À lire dans cet article :

Qu’est-ce que le terrorisme ? Quels ont été ses principaux changements ? Et quand ont-ils eu lieu ? Le terrorisme concerne-t-il les pays du monde entier de façon égale ? Ou bien existe-il des régions bien plus touchées que d’autres ? Dans cet article nous faisons le point avec toi sur le terrorisme, notion clé à connaître pour le programme de HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques) en classe de terminale.

Qu’est-ce que le terrorisme ?

Selon la définition du Larousse, le terrorisme désigne un ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système.

Ainsi, tous les attentats ne sont pas des actes terroristes (dont l’Amérique latine semble donc épargnée, selon cette définition). Le terrorisme se caractérise par trois points majeurs. Premièrement, le terrorisme pratique une indiscrimination des cibles (d’où le fait que de nombreux civils en soient victimes). Deuxièmement, les terroristes recherchent un effet médiatique, qui est une arme du faible face au fort (un groupe ou un individu terroriste étant plus faible que l’État dont il viole les lois en commettant l’acte terroriste). La médiatisation des attentats du 11 septembre 2001 est l’exemple le plus significatif. Troisièmement, les terroristes cherchent à semer le trouble dans l’ordre social, en divisant la population du pays dans lequel ils commettent l’attaque. Les attentats de Paris en 2015 (en janvier et novembre) sont emblématiques de cette volonté, avec le déclenchement de l’État d’urgence en France en 2015, qui restreint les libertés, objectif recherché par les terroristes. Sur ce plan du trouble de l’ordre social également, les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sont d’un côté un échec, ils n’ont pas réussi à mettre l’économie des USA à genoux, de l’autre un succès, avec la restriction des libertés (Patriot Act de 2001, autorisant le gouvernement des USA à détenir sans limite et sans inculpation toute personne soupçonnée de projet terroriste).

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Les mutations du terrorisme depuis les années 1970

Au-delà de cette définition générale, on peut distinguer quatre phases majeures de l’évolution du terrorisme.

Premièrement, les années 1970 sont celles d’une internationalisation du terrorisme, alors que le terrorisme était un problème national avant. La médiatisation est alors utilisée pour intéresser le monde à une injustice à l’aide d’une autre injustice, l’acte terroriste. C’est notamment ce que recherche l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine, crée en 1964 contre l’occupation des territoires palestiniens par Israël, au-delà des frontières du plan de partage en deux états de 1947, par l’ONU) en détournant des avions. La prise d’otage des Jeux olympiques de Munich le 5 septembre 1972 contre des athlètes israéliens, dont onze ont été assassinés par des membres de l’organisation palestinienne Septembre noir, est à ce titre extrêmement marquante internationalement. Des liens entre des causes indépendantes peuvent même voir le jour : des terroristes irlandais de l’IRA (Irish Republican Army, contestant eux la dépendance de l’Irlande du Nord à l’Angleterre au sein du Royaume-Uni) et de l’OLP s’entraînaient ensemble en Libye par exemple.

Deuxième étape majeure : l’arrivée d’un terrorisme islamiste dans les années 1990 notamment (attention aux raccourcis : tous les attentats terroristes n’ont pas de revendications islamistes). Ce mouvement vient d’une politisation de l’Islam (avant pouvoir religieux et pouvoir politique étaient systématiquement séparés). 1979 est à ce titre une date cruciale. D’une part par l’arrivée pour la première fois d’islamistes au pouvoir, avec la révolution en Iran, après la déception du Panarabisme (Nasser en Egypte principalement) et du socialisme (en Algérie notamment). D’autre part avec les combats des Moudjahidins en Afghanistan contre l’invasion de l’URSS. Enfin avec les attentats par l’Armée Islamique du Salut (AIS) et du Groupe armé islamique (GIA) qui marquent la décennie noire de la guerre civile algérienne.

Troisième étape majeure : le terrorisme devient global, ce dont le monde prend conscience avec les attentats du 11 septembre 2001. Il s’agit d’une rupture majeure, qui est très différente de l’internationalisation des années 1970, qui correspondait à une médiatisation à l’international pour une cause nationale. En effet, les revendications ne sont plus nationales, mais de destruction d’un projet global (la mondialisation, la démocratie, le multilatéralisme entre autres) : le terrorisme est supposé répondre à des problèmes mondialisés vécus comme des injustices (et non des injustices locales donc). C’est notamment le cas avec les attentats du 11 septembre par Al Qaïda, organisation terroriste qui n’est pas localisable sur un territoire précis. Cette globalisation et perte d’ancrage local est également supportée par l’essor des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) qui permettent un recrutement mondial : tout en la dénonçant, le terrorisme utilise les ressources de la mondialisation.

L’essentiel des victimes se trouvant dans le monde musulman, Al Qaïda avait du mal à recruter localement. Mais les interventions des USA en Afghanistan en 2001 (intervention conjointe avec l’ONU et l’OTAN, il s’agit de la première mobilisation de l’article 5 de l’OTAN[1] et de la première intervention de l’OTAN hors d’Europe[2], contre le soutien des talibans à Ben Laden, chef d’Al Qaïda), en Irak en 2003 (intervention sans accord de l’ONU cette fois, en accusant l’Irak d’avoir des armes de destruction massive alors que cela était faux) nourrissent la rancœur par une occupation très dure. Aujourd’hui les institutions irakiennes sont démocratiques, mais fragiles et l’Irak subit une grande violence de plus en plus par les djihadistes, et ce après les exactions des USA, qui ont tué les djihadistes non morts au combat, ont délégué la gestion de la sécurité à une compagnie privée, Blackwater, et ont enfermé des suspects non condamnés à Guatanamo. Les USA ont violé le droit international en Irak, et n’ont pas réussi dans leur projet de construire un « Grand Moyen-Orient démocratique », l’État Islamique se déployant même en premier en Irak.

La dernière phase majeure a commencé en 2015, et fait référence à la prise de conscience européenne de la menace terroriste (au même moment que le retour des volontés d’affirmation de la Russie en Europe avec l’annexion non reconnue de la Crimée en 2014) . Ainsi, après une baisse d’un quart des dépenses militaires de l’Union européenne au début du XXIe siècle, les pays européens s’engagent à les remonter, l’Allemagne s’engageant même en 2022 à dépenser 100 milliards d’euros en cinq ans pour son armement.

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Un « arc de crise » ?

Z. Brzezinski, conseiller aux affaires étrangères des ex-présidents J.Carter et B.Obama avait élaboré le concept d’un « arc de crise » s’étendant des Balkans au Pakistan, caractérisé par une concentration des crises potentielles et déclarées. En effet, cette région regroupe des tensions sur le pétrole (attaque du détroit d’Ormuz), la présence du terrorisme islamiste (notamment au Pakistan), de l’islamisme politique (Iran et poches restantes de État Islamique), conflit Indo-Pakistanais entre deux puissances nucléaires et retour de la Russie dans le jeu diplomatique, avec des interventions en Ukraine, Syrie et Afrique notamment. Les USA veulent se retirer de l’arc de crises (Obama annonçait le retrait des troupes d’Afghanistan, J.Biden à nouveau) ce qui se fait très lentement et dans la douleur pour les populations locales, entre autres avec le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan depuis août 2021.

Cet arc de crise est donc loin d’être pacifié ou même stabilisé et concentre donc de nombreux risques de chaos (bien que ce ne soit pas la seule région du monde concernée, elle concentre les risques) qui font le terreau du terrorisme.

[1] Selon cet article, toute attaque sur un pays de l’OTAN entraîne une défense de la part de l’ensemble des membres de l’ensemble des membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord.

[2] Pendant la guerre froide, l’OTAN ne sert que pour la dissuasion, elle est utilisée pour la première fois en 1994-95 en Ex-Yougoslavie, puis en 1999 au Kosovo. Et plus tard en Libye en 2011.

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