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La Rage de l’expression, Francis Ponge : résumé et analyse

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Bac français 2024. L’année bat son plein et si tu es en classe de première cette année, tu vas forcément rencontrer l’œuvre de Francis Ponge, La rage de l’expression, que tu devras étudier pour les épreuves anticipées. Cet article qui prend la forme d’une fiche de révision te permettra de prendre connaissance des grands thèmes de cette œuvre et du parcours qui lui est associé.

Présentation de La Rage de l’expression

Parue en 1952, La Rage de l’expression succède au Parti pris des choses, écrit et publié en 1942. Il s’agit d’une œuvre importante, car elle propose une réflexion sur le travail poétique, l’emploi des mots et l’usage du langage. L’auteur s’interroge sur la poésie traditionnelle et les images, les représentations qu’elle véhicule. Il entreprend également un travail de déconstruction des objets poétiques et du processus d’écriture qui peut avoir tendance à effacer la beauté d’un objet en essayant de le retranscrire par le langage.

Les textes qui composent La Rage de l’expression sont plus anciens que leur date de publication. Les 7 poèmes ont en effet été rédigés entre 1938 et 1944 alors que Ponge est mobilisé, puis s’engage dans la Résistance. On en voit d’ailleurs la trace dans la dédicace du « Carnet du bois de pins » à un ami résistant disparu.

Pour mieux cerner les attendus liés à cette œuvre, nous te proposons de consulter la fiche Eduscol (le programme officiel) présentant cette dernière en trois pages.

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Qui était Francis Ponge ?

Le poète auteur de cet ouvrage est né à Montpellier, dans le sud de la France, en 1899. Il adhère au Parti communiste en 1937 et est résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est son recueil de poèmes Le Parti pris des choses qui lui assure un succès fulgurant et la reconnaissance de ses pairs. Il obtient alors le Grand Prix de poésie de l’Académie française en 1984.

Résumé et analyse de La Rage de l’expression

La Rage de l’expression est un recueil qui contient 7 sections différentes. À travers ces poèmes, son auteur explique sa démarche et ce vers quoi il tend. Ainsi, il souhaite « En revenir toujours à l’objet lui-même, à ce qu’il a de brut, de différent », comme il l’explique dans « Berges de la Loire ». Pour lui, les objets qu’il étudie sont donc à considérer comme un matériau brut, central, avant qu’il ne soit traité verbalement et/ou poétiquement.

Cette démarche introduit une forte complémentarité avec d’autres formes d’art : la peinture, visuelle, colorée, les représentations picturales colorées ou les sons. Le risque pour Francis Ponge est de dénaturer l’objet, en lui accolant des idées qui n’existaient pas à l’origine. En cela, le poète lui confère une certaine autonomie, au sens premier du terme : l’objet a la faculté de vivre par lui-même, selon ses propres lois.

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La revendication d’une expression poétique

Ponge revendique une expression qui n’est pas seulement descriptive, ni déformante de la réalité. Il veut retranscrire la réalité dans tout ce qu’elle a de plus vrai, de plus cru, le plus justement possible.

Cette œuvre est dominée par le thème de la nature, de la faune et de la flore, qui sont des éléments au cœur de son projet poétique. Sa quête est la recherche de l’équivalence de l’objet au mot et inversement.

Les mots sont aussi importants que les choses et Ponge crée ainsi de nombreux néologismes et des innovations lexicales qui accordent les mots aux choses dans un rapport nouveau, inédit. L’écriture se fait exploration. Par exemple, on peut noter le néologisme : « objeu », qui accole « objet » et « jeu » pour dire l’exploration du langage. Les grands thèmes de La rage de l’expression

Structure du recueil La Rage de l’expression

Premières parties

Dans la première section du recueil intitulée « Berge de la Loire », Ponge y indique en quelque sorte son manifeste poétique, celui d’une « rectification continuelle de [s]on expression […] en faveur de l’objet brut ». Son objectif est donc de mettre son regard, ses émotions et son écriture au service de l’objet.

La deuxième partie de La rage de l’expression est constituée de « La guêpe », qui est avant tout une description qui mêle regard humoristique et approche scientifique.

Dernières parties

« Notes prises pour un oiseau » est la troisième partie du recueil, dans laquelle Ponge entend résumer tous les éléments communs à l’ensemble de cette catégorie animale. Seule cette partie peut être considérée comme présentant une écriture davantage traditionnelle que les autres poèmes, visible par l’alternance de décasyllabes (vers contenant dix syllabes) et d’alexandrins (vers à douze syllabes).

Les poèmes « L’œillet » et « Le Mimosa » sont quant à eux des descriptions aussi précises que fidèles de ces deux fleurs et correspondent à l’aboutissement du projet poétique de Ponge.

Enfin, « Le Carnet du bois de pins » est une recherche de ce qui fait l’essence (sans jeu de mots) du bois de pin, en tenant compte de sa complexité. « La Mounine » est un texte qui souhaite retranscrire le ciel de la Provence, entre Marseille et Aix, lors d’une matinée du mois d’avril.

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Comment ancrer ce recueil dans le parcours « Dans l’atelier du poète » ?

Littéralement, le terme de poète provient du grec « ποιεῖν » (poiein), qui signifie « produire », « créer ». De ce fait, ce parcours propose d’étudier la façon dont le faiseur de poèmes fabrique ces derniers, en s’attachant au processus de création. Par ailleurs, le choix de mot « atelier » est à la fois en lien avec la création picturale et poétique, faisant du poète un artisan des mots. Cette fonction ne se limite pas à assembler ces derniers, mais également à en élaborer de nouveaux afin de correspondre le plus au réel.

Le titre du recueil manifeste un mouvement de dépit et de colère. Il s’agit de la « rage » de s’exprimer par la parole. Conséquemment, l’écriture est revendiquée par l’écrivain alors que les dictatures sévissent en Europe. Le dessein de Ponge est entièrement tourné vers ce programme : « Écrire contre » et contredire « tout ce qui a été écrit avant. Par la même occasion, Ponge refuse de se dire poète. Le recueil rassemble les éléments de cette nouvelle rhétorique tournée contre les représentations traditionnelles de notre monde. Ces sept pièces s’apparentent ainsi à des expérimentations de laboratoire linguistique, d’une rigueur presque scientifique.

Le thème de la nature au centre du recueil

Les objets dans La Rage de l’expression ne sont plus les objets du quotidien du Parti pris des choses, mais le monde animal avec les oiseaux, la guêpe et le monde naturel avec l’œillet, le mimosa, le ciel de Provence, les berges du fleuve, le bois de pins. Ponge entend s’assurer de la primauté de l’objet sur toute chose.

La fabrique littéraire de Ponge est un atelier dont la métaphore théâtrale dans « Le Mimosa » avec le personnage de la commedia dell’arte fait de l’écriture un spectacle qui s’offre au lecteur. Ce cadre, qui permet la création poétique, désacralise la poésie et le poète. En effet, l’expression juste n’est pas subjective, mais une juste exploration par les mots pour dire les choses.

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L’écriture poétique de Francis Ponge

L’écriture de Ponge peut être qualifiée de moderne, car tout à fait novatrice. Cela est en partie dû à l’emploi de l’écriture en prose, qui est à contre-courant de la poésie romantique. Il ne s’agit pas non plus d’une poésie d’opinion, car elle n’est pas à proprement parler engagée. Il exprime également la nécessité de se soustraire aux conventions de la poésie (telles que la versification).

Pour le poète, sa mission n’est pas d’étaler ses sentiments. Au contraire, il est nécessaire de tendre vers l’objet en soi, brut, sans fioritures. C’est cet idéal qui le pousse à écrire sur des sujets les plus communs, des objets du quotidien, tels que le pain, une huître. En cela, les choses ont une existence propre et deviennent objets poétiques, dès lors qu’on les observe attentivement.

Conclusion

Francis Ponge, en portant un regard neuf sur « les choses », a renouvelé la poésie, notamment dans son recueil écrit en prose poétique, Le Parti pris des choses (1942). Il consacre son écriture aux objets familiers qui nous entourent (tels que le pain, le cageot, l’huître), et cherche à révéler la dimension secrète, le merveilleux du quotidien. Finalement, le travail de Ponge peut être défini par la formule : « C’est une conquête de mon mode d’expression », apparaissant dans « Le Mimosa ».

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