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Le Learning Planet Institute, une « université des enjeux planétaires » selon F. Taddei, son fondateur

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Depuis sa création en 2006, le Learning Planet Institute explore de nouvelles manières d’apprendre afin de répondre aux besoins de la jeunesse et de notre planète. Agentivité, planetism, université interplanétaire, biens communs, etc. François Taddei, président et fondateur de l’Institut, répond à nos questions sur les objectifs fixés par le Learning Planet Institute et les enjeux de durabilité auxquels doit faire face l’enseignement supérieur français.

Learning Planet Institute, un lieu d’apprentissage et de recherche hors du commun

Bonjour François Taddei. Vous avez fondé et présidez le Learning Planet Institute. Quels sont ses objectifs ? 

Le Learning Planet Institute est un lieu de recherche et d’enseignement. Nous souhaitons réinventer les manières d’apprendre à l’heure des différentes transitions qui secouent notre société. Nous parlons beaucoup de la transition écologique et climatique, mais il ne faut pas oublier la transition sociale et la transition technologique, également au cœur des mutations de notre société.

Notre mission, grâce au Learning Planet Institute, est de construire l’avenir main dans la main avec la jeunesse. La déclaration du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, m’a beaucoup marqué. « Les jeunes sont le fer de lance des efforts visant à édifier un avenir meilleur pour l’humanité », a-t-il dit. Le Learning Planet Institute est un lieu d’apprentissage et nous plaçons la jeunesse au cœur de nos priorités. Nous souhaitons co-construire l’avenir avec eux.

À quels métiers sont formés vos étudiants ? 

Nous délivrons des diplômes de Master et de Doctorat orientés vers la question des transitions climatique, sociale et technologique, et également de l’intelligence collective. Les métiers auxquels nous formons sont alors très divers, que ce soit dans la recherche ou bien dans l’entrepreneuriat.

Toutefois, la grande majorité de nos étudiants sont déjà dans la vie active et désirent être accompagnés à travers ces fameuses transitions. Ils se sentent parfois perdus. Nous les aidons à y voir plus clair et à prendre conscience du rôle qu’ils peuvent endosser dans la société de demain.

Quelles sont vos méthodes d’enseignement et de quelles manières se différencient-elles d’une formation traditionnelle ? 

Au Learning Planet Institute, nous invitons nos étudiants à coopérer sur les défis d’aujourd’hui et de demain, plutôt que de les mettre en compétition sur les savoirs d’hier. Nous considérons l’étudiant comme acteur du monde de demain et leur apportons cette notion « agentivié » (une adaptation du terme « agency », très usité en anglais, désignant la faculté d’agir sur le monde et sur autrui, ndlr.). Nous explorons les frontières de la connaissance et apportons des solutions originales aux défis liés aux différentes transitions. Et à cela nous ajoutons une grande dose d’intelligence collective, de travailler ensemble, afin de mener à bien des projets de groupe.

Nous portons l’idée d’une université interplanétaire inclusive et respectueuse de l’environnement que nous co-construisons avec les étudiants. Nous les faisons alors réfléchir sur ce thème et travaillons ensemble à l’élaboration de projets en lien. Nous avons déjà reçu plus de 70 projets étudiants sur cette université interplanétaire.

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« Les universités françaises font beaucoup de recherches, mais très rarement sur elles-mêmes »

Le classement Sustainability 2024 de QS place la France très en retard sur la question du développement durable. Que pourriez-vous reprocher à l’enseignement supérieur actuel ? 

La mission de l’enseignement supérieur est d’accompagner vers les transitions. La ministre souhaite ainsi placer du développement durable dans chacun des programmes du supérieur. Le problème ? Un manque de moyens sur plusieurs plans. L’enseignement supérieur français manque de ressources pour y parvenir. Il fait également preuve d’une faible capacité à faire évoluer des entités relativement complexes et également à co-construire avec les étudiants. ce qui crée un décalage entre les besoins de la jeunesse et ce qui est mis à la disposition des étudiants.

Nous travaillons conjointement avec l’Université de Paris et également l’Université de Cergy sur différents projets. Nous portons par exemple un projet sur l’Ikigai (une méthode consistant à donner un sens à sa vie en trouvant un équilibre entre ce que l’on aime, ce dont on a besoin et ce qui est utile au monde, ndlr.) avec l’Université de Cergy. Nous interrogeons les étudiants sur leurs besoins et les ressources planétaires nécessaires.

Les universités françaises font beaucoup de recherches, mais très rarement sur elles-mêmes. D’où ce principe que nous affectionnons tout particulièrement au Learning Planet Institute, l’agentivité. Nous voulons donner le pouvoir aux étudiants d’agir pour leur avenir.

Que pensez-vous du rapport Jouzel qui traite de la question du développement durable au sein des programmes de l’enseignement supérieur ? 

Je pense que le rapport Jouzel a inspiré la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle a d’ailleurs dit que cette inclusion du développement durable deviendrait la norme pour les formations… en théorie, mais en pratique je me demande quelle forme cette intégration prendra ? Et quelle sera la liberté accordée aux étudiants ? Je pense que le rapport Jouzel est inspirant, mais que sa mise en pratique est limitée. Je m’interroge également sur le rôle que la jeunesse endossera dans ce projet. Sera-t-elle mise au cœur du projet ? Rendra-t-on les jeunes acteurs de leur avenir ? Il manque pour le moment cette idée agentivité.

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« Nous avons besoin d’apprendre à gérer nos biens communs »

Quelles seraient alors vos préconisations pour un enseignement supérieur plus durable et inclusif ? 

Je pense qu’il existe des biens communs planétaires (la biodiversité, le climat, la qualité de l’air), des biens communs intellectuels et des biens communs digitaux, et que si nous ne les protégeons pas, alors ils pourraient s’effondrer. Il faut alors donner des règles communes pour éviter cette tragédie du commun.

L’université des enjeux planétaires, c’est justement une université des enjeux communs. Il faut alors respecter, nourrir et protéger ces biens plutôt que d’être en compétition sur les biens d’hier. Nous avons besoin d’apprendre à gérer nos biens communs. Si je ne pense qu’à ma petite personne, alors je vais surexploiter les biens communs et les amener à effondrement.

On comprend bien que les valeurs changent au fil des études. Les étudiants sont bien plus emphatiques au début de leurs études de médecine qu’à la fin, bien plus éthiques au début de leurs études d’ingénieurs qu’à la fin… Il y a un véritable risque d’effondrement de la civilisation.

Quels sont vos projets pour le Learning Planet Institute ? 

Dans les prochains mois, nous allons incuber les projets de nos étudiants et continuer de travailler sur la notion de planetizen. Le planetizen est à la planète ce que le citoyen est à la citoyenneté. Quand on dit « aux armes citoyens » dans la Marseillaise, la femme n’est pas incluse et la biodiversité non plus, puisqu’elle se trouve en dehors des murs de la cité, la cité n’est donc pas inclusive. La planète, oui.  Le planetizenship prend en compte les biens communs planétaires dans l’intérêt des générations futures.

Nous avons alors invité les jeunes qui le souhaitaient à nous soumettre des projets pour co-construire le bien commun. L’ensemble des étudiants et des citoyens étaient invités à y contribuer. Le projet est de co-construire cette université interplanétaire avec les étudiants et les institutions internationales. Confucius disait : « on a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une ». Nous avons passé beaucoup de temps à inventer des manières de se tirer une balle dans le pied, nous devons désormais prendre conscience de notre vulnérabilité collective et apprendre à prendre soin de nous, des autres et de la planète.

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