développement durable

Économie du développement durable (SES)

À lire dans cet article :

Pour réviser efficacement son bac de SES, il faut maîtriser sur le bout des doigts les notions essentielles du programme ! Retrouvez à la fin de cet article deux questions de cours analysées sur le chapitre consacré à l’économie du développement durable.

Définitions autour de la notion d’économie du développement durable

Croissance et développement. Traditionnellement, on oppose le terme de croissance à celui de développement. François Perroux (1903-1987) affirme que la croissance est celle de quelque chose, d’une quantité, comme le PIB, le bien-être matériel et le développement celui de quelqu’un, la société ou l’homme, ” tout l’homme et tous les hommes ” .

Bien que l’on ne puisse pas réduire le développement à une dimension quantitative, il peut néanmoins être quantifié, ce dont l’indicateur de l’IDH tient compte en incluant le RNB par habitant dans son calcul. Par ailleurs, la croissance est aujourd’hui de plus en plus perçue comme n’étant pas une fin en soi. Dans son Rapport sur le développement humain de 1996, le PNUD définit cinq formes de ” mauvaise ” croissance à éviter : la croissance sans création d’emplois ; celle qui accroît les inégalités ; la croissance sans progrès vers la démocratie ; celle qui s’accompagne d’une perte de l’identité culturelle ; la croissance qui dilapide les ressources nécessaires aux générations futures.

Développement. Selon l’économiste français François Perroux (1903-1987), le développement est “la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global”. Le développement est un processus quantitatif d’augmentation des richesses produites dans une économie qui est conditionné par un processus qualitatif et multidimensionnels (“changements mentaux et sociaux”).

Le développement durable est une notion inventée en 1980 par l’Union internationale pour la conservation de la nature et popularisée par le rapport Bruntland (1987) de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement qui le présente comme ” celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins “. Le terme de développement durable renvoie principalement à trois dimensions : économique (augmenter la capacité de la société à satisfaire les besoins matériels de ses membres), environnementale (faire en sorte de limiter les effets négatifs de la croissance sur l’environnement et la biodiversité), et sociale (faire en sorte que tous puissent satisfaire leurs besoins fondamentaux et que l’enrichissement des uns ne s’accompagne pas de l’appauvrissement des autres).

Le paradoxe d’Easterlin : On appelle “paradoxe d’Easterlin” le fait que l’augmentation du revenu, à partir d’un certain seuil, n’entraîne pas nécessaire une hausse de bien-être dans une population donnée. Ce paradoxe prouve que l’appréciation subjective du bien-être d’une population ne dépend pas exclusivement de facteurs matériels car une fois les besoins essentiels satisfaits, il se produit un phénomène d’adaptation hédonique à mesure que les revenus s’accroissent. Aux États-Unis, bien que le revenu moyen ait doublé en trente ans, le nombre de personne qui se considèrent heureuses, a lui, diminué.

C’est pourquoi la croissance économique constitue une mesure imparfaite du bien-être d’une population : augmenter le niveau de revenu au-delà du seuil d’Easterlin n’entraîne pas une hausse du bien-être hédonique.

Capital naturel : Il s’agit de l’ensemble des ressources fournies par la nature, qu’elles soient renouvelables, comme l’air, les animaux ou les minéraux, ou non renouvelables, comme le pétrole de la biosphère terrestre. La notion de “capital naturel” signifie que l’on accorde une valeur économique mesurable à l’ensemble des ressources naturelles, qui servent alors de facteur de production.

Capital physique Il s’agit des moyens de production dont dispose une entreprise (bâtiments, machines, outillages, matériels de transport…) pour produire. On distingue deux types de capital physique :

  • le capital fixe, qui correspond aux moyens de production durables utilisés par l’entreprise durant plusieurs cycles productif (machines, bâtiments, etc.) ;
  • le capital circulant, qui sont les moyens de production détruits ou transformés lors d’un cycle de production et dont la durée d’utilisation est inférieure à une année (matières premières, etc).

Capital humain : Il s’agit de l’ensemble des aptitude, talents, qualifications, expériences accumulées par un individu (ou une collectivité) et qui déterminent en partie sa capacité à travailler ou à produire pour lui-même ou pour les autres. Il s’agit d’une notion développée par l’économiste américain Gary Becker, d’inspiration néoclassique, pour qui la force de travail est un capital dans lequel l’individu (ou la collectivité) peut investir pour améliorer son efficacité, notamment par des dépenses d’éducation.

Capital social et institutionnel : Au sens strict, le capital institutionnel se définit comme l’ensemble des institutions, plus ou moins formelles, qui constituent le cadre des relations entre les individus (ou entre les organisations). Le capital social se définit quant à lui comme l’ensemble des réseaux, mais aussi des normes, des valeurs et des ententes qui facilitent la coopération au sein des groupes ou entre eux. L’importance du capital social dans les sociétés et l’accès des individus à ce capital sont souvent mesurés au moyen des taux de participation à divers types d’activités associatives ou encore des niveaux déclarés de confiance. Les deux sortes de capital sont donc en théorie distinctes mais beaucoup estiment qu’en raison des relations qui les unissent, le capital institutionnel peut être inclus dans le capital social.

Biens communs : Ce sont des biens rivaux (l’utilisation de cette ressource commune par un individu supplémentaire est coûteuse) mais non excluables (on ne peut pas empêcher un individu d’accéder à cette ressource commune). Le climat est un bien commun : l’utilisation de ressources naturelles, comme celle de l’eau, implique une diminution de leurs quantités disponibles et il est impossible d’empêcher un individu d’y avoir accès (cette ressource est accessible à tous).

En vertu de ces caractéristiques, Hardin illustre dans “La tragédie des biens communs” l’idée selon laquelle, à terme, les biens communs ne peuvent qu’être dégradés car surexploités. En suivant son intérêt individuel, celui d’exploiter la ressource commune, l’individu va à l’encontre de l’intérêt commun, qui est de la préserver.

Externalités : Conséquences positives ou négatives que l’activité d’un acteuréconomique entraîne pour au moins un autre acteur sans qu’il y ait eu entre eux d’échanges marchands ou d’une signature de contrat. Le prix du marché ne tient donc pas compte des “effets” de la production d’un acteur sur les autres acteurs, que ces effets soient positifs ou négatifs. C’est pourquoi l’État doit internaliser le bénéfice de l’externalité pour favoriser les acteurs à l’origine d’externalités positives et le coût de l’externalité pour sanctionner ceux dont les activités s’avèrent néfastes pour autrui.

Réglementation : Les normes, règles et réglementations correspondent à l‘ensemble des contraintes juridiques fixés par l’État qui s’appliquent uniformément à tous les agents économiques pollueurs. Il s’agit d’un des outils de politique environnementale les plus utilisés à travers le monde (rappelons que l’environnement est l’une des dimensions du développement durable). Il existe trois principales types de normes : les normes d’émission (quantité de CO2 maximale pouvant être émise), les normes de produit ou de procédé (interdiction d’utiliser certain type de matière première ou d’utiliser des procédés considérés comme trop polluant à l’instar des pots catalytiques) et les normes de qualité (sur l’air, l’eau, etc.)

Taxation Lorsque la taxation est utilisée comme un outil de politique climatique, on parle alors de taxe carbone. Il s’agit d’un prélèvement public proportionnel à la quantité rejetée de CO2, qui vise à modifier les structures de production des entreprises et de consommation des ménages en les incitant pour les premiers à modifier leurs techniques de production, et pour les seconds à acheter de préférence des biens et services peu émetteurs de gaz à effet de serre. Le prélèvement peut être de type fiscal, en augmentant la TVA pour certain produits polluants, mais il peut aussi s’effectuer par le biais de quotas d’émission payants.

Marché de quotas d’émission : Il s’agit d’un dispositif mis en place par les autorités publiques pour limiter une quantité d’émissions polluantes (comme les rejets de CO2 par exemple) en attribuant chaque année aux entreprises émettrices un montant d’émissions polluantes qu’elles peuvent utiliser librement.

L’objectif est d’inciter les entreprises polluantes à modifier leur combinaison productive : si elles décident de polluer davantage, elles doivent acheter à d’autres entreprises une part des permis qu’elles n’utilisent pas, ce qui va donc renchérir ses coûts de production ; si elles décident d’investir dans des procédés moins polluants, elles peuvent revendre leur part de permis à polluer et diminuer ainsi leur coût de production. C’est pourquoi on parle de “marché des quotas d’émission” car les firmes s’échangent leur permis de polluer à un prix qui est fixé par la loi de l’offre et de la demande.

Questions sur le cours d’économie du développement durable

En quoi les approches de la soutenabilité faible et de la soutenabilité forte proposent-elles des visions divergentes du développement durable ?

Le développement durable est le type de croissance qui ne menace pas la capacité des générations futures à pouvoir disposer des mêmes conditions de croissance que celles des générations présentes et antérieures. Un développement est donc soutenable si et seulement s’il maintient constante la capacité de la société à produire du bien-être dans le temps, cette capacité reposant sur plusieurs formes de capitaux : le capital physique, le capital humain, le capital social et institutionnel et le capital naturel. Bien qu’ils partagent le même objectif, celui d’un développement soutenable, il existe deux modèles de soutenabilité qui proposent une vision divergente de cette forme de développement.

Ces deux types de modèle s’opposent, tout d’abord, sur le degré de substituabilité des différentes formes de capitaux, nécessaires pour qu’une société puisse produire du bien-être. Le degré de substituabilité entre deux ressources, le capital non naturel (capital physique, capital humain…) et le capital naturel, se mesure à l’aide de l’élasticité de substitution, qui exprime la facilité plus ou moins grandes de substitutions entre ces deux types de capitaux.

Pour les tenants du modèle de soutenabilité faible, les capitaux non naturels comme le capital physique et le capital humain sont considérés comme substituables au capital naturel. C’est la confiance dans le progrès technique qui détermine cette croyance en la capacité du capital non naturel à pouvoir remplacer le capital naturel. En effet, selon eux, les investissements dans le capital humain et le capital physique permettront de découvrir de nouvelles sources d’énergie qui remplaceront les ressources naturelles épuisées. Par conséquent, il suffit de maintenir constant l’ensemble des capitaux en augmentant les capitaux non naturels pour compenser la diminution du capital naturel. On parle alors de soutenabilité faible, dont les tenants considèrent qu’à long terme, on peut alors envisager un taux de croissance de l’économie positif.

Le modèle de soutenabilité forte s’oppose radicalement au premier modèle car l’on considère que les capitaux non naturels, comme le capital physique et humain, ne sont pas substituable au capital naturel. Le capital naturel est irremplaçable : il ne peut pas être réduit à son utilité économique et social, les êtres naturels et la biosphère ont une valeur intrinsèque. Ainsi, l’épuisement des ressources naturelles est considérée comme problématique en soi car l’augmentation des autres types de capitaux ne peut pas compenser la perte de capital naturel. Par conséquent, il faut maintenir constant le stock de ressources naturelles et envisager, à long terme, une stagnation de l’économie car l’exploitation des ressources, un des facteurs de production essentiel, ne peut pas dépasser une certaine limite.

C’est pourquoi nous pouvons affirmer que les modèles de soutenabilité s’opposent principalement sur les quatre critères suivants : le degré de substituabilité des ressources naturelles, la confiance dans le progrès technique, la nature du capital dont le volume doit rester constant et le taux de croissance de l’économie envisageable à long terme.

Présentez deux limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique. (3 points) Annale 2017, France métropolitaine.

La croissance économique se heurte à deux principales limites écologiques : l’épuisement des ressources naturelles et la pollution.

Trois facteurs de production sont essentiels pour la croissance économique : le facteur travail, le facteur capital et les ressources naturelles. La particularité de ce dernier facteur est qu’il est menacé d’épuisement en cas d’utilisation excessive, que ce soit pour les ressources renouvelables, comme les minerais et les végétaux ou les ressources non renouvelables, comme le pétrole. Par exemple, dans le cas des ressources halieutiques, l’industrialisation du secteur de la pêche entraîne une utilisation intensive des ressources, ce qui menace la pérennité des stocks de poisson disponibles en mer. À long terme, une pêche trop intensive entraîne la disparition de certaines espèces, comme celle du thon qui est en voie d’extinction, ce qui mènera ainsi à une diminution du volume de production. Par conséquent, l’utilisation excessive de ressources naturelles est une limite écologique à laquelle se heurte la croissance économique.

Quasiment toutes les énergies utilisées pour produire sont polluantes et émettent des gaz à effet de serre. C’est pourquoi on assiste, depuis la Révolution industrielle, à une montée du niveau de pollution mondial, responsable du réchauffement climatique. Ce phénomène a un coût très élevé pour les États qui en supportent les effets immédiats, d’après un rapport de l’ONU celui-ci aurait un coût annuel de 2000 milliards de dollars dans le monde. En effet, le réchauffement climatique nécessite d’importantes dépenses publiques pour soit se prémunir de ses effets, en construisant des infrastructures adaptées, soit pour pallier ses effets néfastes. Pour protéger les populations menacées, les États doivent allouer une part toujours plus importantes des dépenses publiques au financement d’infrastructures pour se protéger de la montée des eaux ou des tempêtes. Bien qu’il s’agisse d’un phénomène difficilement quantifiable, le réchauffement climatique entraîne une forte hausse du nombre de “migrants environnementaux”. Nous pouvons prendre l’exemple des quatre millions de Philippins qui ont dû être déplacés en 2013 suite au typhon Haiyan. Ces migrations environnementales constituent un coût très élevés pour les États qui doivent financer des infrastructures pour accueillir ces populations déplacées. Au total, le PNUD estime que ces investissements de prévention et d’adaptation au réchauffement climatique coûtent environ 35 milliards de dollars par an aux pays en voie de développement. Ce sont, donc, autant moins de ressources qui peuvent être allouées pour financer la croissance de ces pays, comme les dépenses d’éducation, de recherche et développement ou d’infrastructures publiques aux rendements croissants.

Pour élargir tes connaissances au delà de l’économie du développement durable, tu peux consulter notre article sur Les sources de la croissance économique (1).

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