L'allégorie de la caverne

Philosophie : L’allégorie de la caverne de Platon

À lire dans cet article :

L’allégorie de la caverne de Platon est un essentiel à connaître pour le baccalauréat de philosophie. Tu retrouveras dans cet article une analyse détaillée de ce grand classique pour mettre toutes les chances de ton côté et briller le jour de l’épreuve. 

 

L’allégorie de la caverne se trouve au début du livre VII de La République de Platon. L’ouvrage constitue une recherche sur la justice et répond aux questions « qu’est-ce qu’être juste pour un être humain ? » et « en quoi consiste la justice dans une cité ou un pays ? ». Dans les livres précédents, Platon, par l’intermédiaire du personnage de Socrate, a établi plusieurs thèses : la justice dans la cité consiste en l’harmonie entre les différentes catégories que sont la masse des citoyens, les gardiens de la cité et les philosophes, et la justice dans l’âme consiste en l’harmonie entre les différentes parties que sont le désir, l’indignation et l’intelligence. Pour que l’harmonie dans la cité perdure, il faut que les philosophes soient rois, afin d’organiser eux-mêmes la cité selon une norme qu’ils sont seuls capables de comprendre et d’appliquer, et qui correspond à l’idée du bien. Cette idée est étudiée dans le livre précédent : elle est à la fois la suprême réalité, dont toutes les autres réalités découlent, et la source de toute connaissance, et est en cela analogue au soleil, dont dérive l’existence des autres choses et dont la lumière nous permet de voir.

Lire aussi : L’homme et l’animal, option HLP

 

Description de la caverne

Platon fait intervenir l’allégorie de la caverne à la suite de cela. Il s’agit pour lui de résoudre le problème suivant : comment est-il possible de s’arracher aux réalités inférieures pour s’acheminer vers la contemplation de l’idée du bien ? En effet, personne n’est philosophe de naissance, et la philosophie est un apprentissage. Seulement, ce n’est pas n’importe quel apprentissage : il ne s’agit rien de moins, pour Platon, que d’apprendre à connaître la réalité telle qu’elle est, et à sortir des mirages du monde perçu par les sens.

La vie avant la philosophie est ainsi dépeinte comme une vie dans une demeure souterraine, où les hommes vivent « les jambes et le cou enchaînés, […] la chaîne les empêchant de tourner la tête ». La seule lumière qui leur parvient vient d’un feu situé derrière eux, et les objets de leur perception, leur monde, se réduit à des ombres qui passent devant eux, et qui sont les silhouettes des objets que des hommes surélevés, situés entre le feu et les prisonniers, déplacent et portent. La réalité, pour ceux-ci, n’est rien d’autre que les ombres de ces objets ; mais eux n’ont aucune conscience qu’il ne s’agit que d’ombre : ils constituent, jusqu’ici, la seule et concrète réalité. Cette vie est comparable, pour Platon, à la vie que mène celui qui n’a pas été initié à la philosophie : le monde de couleurs, de sons et de sensations dont il fait l’expérience lui paraît être la réalité, car il n’a encore rien connu d’autre.

 

La sortie de la caverne

Cette expérience change dès lors que quelqu’un « les délivre de leurs chaînes », et les conduit jusqu’à la lumière située à la sortie du tunnel. Platon fait remarquer que le prisonnier libéré souffrira, et l’empêchera dans un premier temps de voir, de même que l’on est ébloui après avoir passé trop de temps dans l’obscurité. Là est aussi un aspect de la philosophie : elle ne semble pas donner à voir la réalité, mais au contraire elle semble nous mettre face à quelque chose d’obscur, d’abstrait, d’inutilement complexe ; de sorte que, si on demande au prisonnier de décrire les nouveaux objets présentés en pleine lumière, il sera « embarrassé », et trouvera les ombres des objets plus vraies et plus distinctes que les objets eux-mêmes. Bien pire, le prisonnier ainsi arraché à sa caverne se plaindra qu’on le prive ainsi du monde dans lequel il aura toujours vécu, et pourra même éprouver, non seulement de l’incompréhension, mais de la haine face à la philosophie et aux objets qu’elle présente.

Pour que cette initiation à la philosophie ne dégénère pas en une haine de la philosophie, et, pire, en sophistique, c’est-à-dire en un maniement d’arguments apparemment philosophiques simplement pour acquérir le pouvoir et accroître sa domination, il faut que le cheminement du prisonnier libéré soit progressif : qu’après les ombres des images, il contemple les images elles-mêmes, et, après les images, les réalités dont celles-ci sont images. Il s’agit d’une progression de l’imagination à l’opinion, et de l’opinion à la connaissance, notamment mathématique. Cependant, ce n’est pas là la dernière étape : les réalités, qui sont mathématiques, ne sont pas la suprême réalité, qui est celle de la « clarté des astres et de la lune » et du « soleil et de sa lumière », qui est lui-même analogue à l’idée du bien, et est l’origine même de la lumière par laquelle les autres réalités sont vues. C’est en cela que consiste la philosophie : non seulement étudier les objets réels, qui sont mathématiques, mais remonter à la condition même de la connaissance mathématique, qui est la philosophie, et qui est elle-même sans condition. En effet, là où les mathématiques posent leurs hypothèses – axiomes et postulats – et bâtissent leur connaissance sans les remettre en question, la philosophie, par le dialogue – la dialectique –, cherche à découvrir des principes absolus, qui ne puissent pas être remis en question, et sont appelés pour cette raison « anhypothétiques », en tant qu’ils fondent une connaissance sûre et indépassable, de même que le soleil garantit l’existence des autres choses sans dépendre lui-même de quelque chose d’autre.

 

Le rapport du rescapé à la caverne

Parvenu à la contemplation de la réalité première, l’ancien prisonnier ne cherchera plus à retourner dans la caverne, où les prisonniers continuent de flatter et d’admirer « celui qui saisi[t] de l’œil le plus vif le passage des ombres », comme s’il s’agissait d’une connaissance véritable et pas d’un simulacre de connaissance. La caverne, qui est le monde politique tel que le connaît Platon, est ainsi le lieu de la flatteire, de la compromission et de l’incompétence, en raison de l’ignorance de ceux qui y vivent. L’ancien prisonnier, lui, est guéri de ces illusions, car il est enraciné dans la connaissance vraie. C’est pour cette raison que Platon estime que seul le philosophe peut et doit gouverner : d’une part, parce qu’il est seul à être immunisé à la flatterie et à la cécité qui va bon train dans la caverne ; d’autre part, parce qu’il est le seul à détenir la compétence pour faire en sorte que les hommes vivant encore dans la caverne ne subissent pas et ne commettent pas l’injustice. Le problème, qui clôt l’allégorie, est le suivant : comme le philosophe est le seul à avoir vu la réalité, les hommes restés dans la caverne se moqueront de lui s’il vient à leur exposer ce qu’il a contemplé, et, s’il cherche à leur faire voir ce qu’il a vu, ils résisteront certainement, et même, le prenant pour un fou ou un danger pour la communauté ayant jusqu’ici vécu dans la caverne, « ne le tueront-ils pas ? ». Cette conclusion n’est pas exagérée, car il s’agit de l’histoire de Socrate lui-même, qui mourut exécuté suite à son procès pour impiété, procès en fait dû à l’influence philosophique que Socrate avait sur les Athéniens, et qui remettait en question l’ordre même de la cité, c’est-à-dire de la caverne dans laquelle les Athéniens avaient vécu jusqu’ici.

Lire aussi : La parole, option HLP

 

Ce que tu dois retenir

  • L’allégorie de la caverne est une image qui fonctionne par analogie : les prisonniers et anciens prisonniers sont à la caverne ce que les hommes du commun et les philosophes sont à la cité et au monde
  • La réalité est étagée, et chaque étage conditionne le suivant : les ombres sont moins réelles que les images et conditionnées par elles, jusqu’au soleil qui conditionne tout le reste, et est analogue à l’idée du bien, qui est la suprême réalité.
  • L’étagement de la réalité correspond à un étagement de la connaissance : les ombres et les images ne sont l’objet que d’une opinion, les choses en-dehors de la caverne et les astres, analogues aux objets mathématiques et aux idées, sont l’objet d’une connaissance ferme.
  • Le philosophe est victime d’un paradoxe : il est le seul compétent pour diriger la cité, mais est, du fait de sa compétence, haï et rejeté des citoyens encore ignorants et prisonniers de la caverne.

Tu veux plus d’informations et de conseils pour réussir tes examens et trouver ton orientation ? Rejoins-nous sur Instagram et TikTok !

À la une