Gargantua : résumé et analyse de l’épilogue

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Au sommaire de cet article 👀

Après le prologue que nous avions étudié ici, voici dans cet article un commentaire de la scène finale de Gargantua, œuvre majeure de François Rabelais publiée en 1534, marque un tournant fondamental dans le récit. Après les aventures guerrières et burlesques du géant Gargantua, l’ouvrage se clôt sur un épisode emblématique : la fondation de l’abbaye de Thélème. Contrairement aux monastères traditionnels de l’époque, cette abbaye incarne un idéal de liberté, d’éducation et de joie de vivre, en rupture avec les dogmes religieux et sociaux du XVIᵉ siècle. L’objectif de cet article est d’analyser en profondeur cette scène finale en explorant son contexte, sa symbolique et sa portée critique.

Le contexte de la fondation de l’abbaye de Thélème

Après avoir vaincu Picrochole, roi belliqueux qui avait tenté d’envahir son royaume, Gargantua entreprend de récompenser son fidèle compagnon d’armes, Frère Jean des Entommeures. Ce moine truculent et vigoureux s’est illustré par sa bravoure au combat et son rejet des valeurs monastiques traditionnelles. Plutôt que d’accepter un honneur ou une charge ecclésiastique, Frère Jean exprime un souhait inédit : il rêve d’une abbaye qui rompt avec les règles strictes des institutions religieuses de son temps.

Gargantua, dans son immense générosité et son esprit éclairé, exauce ce vœu en fondant l’abbaye de Thélème. Ce lieu n’a rien en commun avec les monastères austères de l’époque : il est conçu comme un espace de liberté totale, où hommes et femmes vivent ensemble sans contraintes, où l’on ne prie pas à heures fixes, et où la seule règle est « Fay ce que vouldras ».

L’épilogue de Gargantua : une abbaye révolutionnaire

L’abbaye de Thélème est décrite avec une minutie qui tranche avec le ton burlesque du reste du roman. François Rabelais prend soin de détailler les dimensions de l’édifice, son agencement et sa splendeur. Contrairement aux monastères traditionnels, qui sont souvent enfermés derrière des murs d’enceinte, Thélème est entièrement ouverte sur le monde extérieur. Ce choix architectural symbolise une vision nouvelle de la vie en communauté : un espace sans oppression, où règne une harmonie spontanée.

Dans cette abbaye, hommes et femmes vivent ensemble, ce qui rompt radicalement avec la séparation stricte imposée par l’Église. Loin des règles monastiques austères qui prônent la pauvreté, le silence et l’obéissance, les Thélémites jouissent de confort matériel, de beaux vêtements et d’une vie intellectuelle et physique équilibrée. Ils pratiquent des activités variées, allant de la musique à l’équitation, en passant par la lecture et l’escrime.

« Fay ce que vouldras » : un principe de liberté absolue ? – Épilogue de Gargantua

La devise de l’abbaye, « Fay ce que vouldras », est sans doute l’élément le plus marquant de cette scène finale. À première vue, cette règle unique peut sembler être un appel à l’anarchie ou à la débauche. Pourtant, Rabelais précise que les Thélémites sont naturellement enclins à bien agir :

« Car les gens liberes, bien nayz, bien instruictz, conversans en honneste compagnie, ont par nature un instinct et aguillon qui toujours les poulse à faictz vertueux et retire de vice : lequel ils nommoient honneur. »

Autrement dit, la liberté totale ne mène pas au chaos, mais à un équilibre fondé sur l’éducation et l’honneur. Ce principe s’inscrit dans la philosophie humaniste de la Renaissance, qui valorise la raison et la capacité des hommes à s’élever moralement par le savoir et la réflexion. Loin d’être une simple utopie hédoniste, l’abbaye de Thélème reflète donc une vision optimiste de l’humanité : celle d’êtres éclairés, capables de s’autogouverner sans coercition.

Une critique des institutions monastiques et religieuses – Épilogue de Gargantua

À travers la fondation de Thélème, Rabelais émet une critique virulente des institutions religieuses de son époque. Il dénonce implicitement la corruption, l’hypocrisie et l’absurdité des règles monastiques, qui briment les désirs naturels des hommes sous prétexte de piété.

Dans Gargantua, les moines traditionnels sont souvent présentés sous un jour ridicule : paresseux, ignorants ou plus soucieux de leur ventre que de leur âme. À l’inverse, Frère Jean, malgré son appartenance au clergé, incarne une foi joyeuse et active, bien éloignée de l’ascétisme forcé. En créant une abbaye fondée sur des principes opposés à ceux des monastères classiques, Rabelais suggère qu’une autre forme de spiritualité et de vie communautaire est possible.

L’abbaye de Thélème : un idéal humaniste – Épilogue de Gargantua

Au-delà de sa critique des institutions religieuses, la scène finale de Gargantua s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’éducation et l’épanouissement humain. L’idéal de Thélème repose sur plusieurs piliers chers aux humanistes de la Renaissance :

  • L’éducation : Les Thélémites sont cultivés, maîtrisent plusieurs langues, pratiquent les arts et les sciences. Loin d’être oisifs, ils développent leur intelligence et leur esprit critique.
  • La liberté individuelle : Chaque individu est responsable de ses choix et de son propre perfectionnement. Contrairement aux conceptions médiévales qui prônent la soumission à un ordre établi, Rabelais défend ici un modèle où la liberté est la condition du progrès moral.
  • L’équilibre entre corps et esprit : Loin de mépriser le plaisir et le bien-être physique, l’abbaye valorise une harmonie entre le développement intellectuel et les activités corporelles (sports, festins, jeux).

Dans ce sens, Thélème préfigure certaines idées modernes sur l’éducation et la société idéale. Elle pose la question, toujours d’actualité, de savoir si l’homme est naturellement bon et capable de vivre sans contraintes, ou si une autorité extérieure est nécessaire pour garantir l’ordre.

L’épilogue de Gargantua : une utopie ou une satire ?

L’abbaye de Thélème a souvent été interprétée comme une utopie, un modèle de société idéale. Cependant, certains critiques y voient plutôt une satire ironique : en poussant l’idéal de liberté à l’extrême, Rabelais montrerait en creux ses limites et ses contradictions.

Par ailleurs, si Thélème se veut un espace ouvert, il reste réservé à une élite bien née et bien éduquée, ce qui soulève la question de l’accessibilité de cet idéal. De plus, la règle « Fay ce que vouldras » peut être perçue comme une provocation : est-il réellement possible de vivre sans contraintes ni obligations ?

La conclusion de l’épilogue de Gargantua

La scène finale de Gargantua, avec la fondation de l’abbaye de Thélème, constitue un véritable manifeste humaniste. À travers cette utopie libertaire, Rabelais exprime ses idéaux de liberté, d’éducation et d’épanouissement personnel, tout en critiquant les rigidités des institutions de son époque.

Cette scène continue de fasciner, car elle interroge des notions fondamentales toujours d’actualité : la place de l’éducation, la possibilité d’une société sans contraintes, et le rôle de la liberté dans la construction d’un individu éclairé. Utopie inatteignable ou modèle inspirant, l’abbaye de Thélème demeure une des plus belles expressions de l’esprit humaniste de la Renaissance.

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