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Histoire : la révolution islamique en Iran et le rejet du modèle occidental

Au sommaire de cet article 👀

En 1979, la chute du Mohammad Reza Pahlavi, dit le Chah (s’écrit aussi Shah) fait basculer l’Iran sous la domination des ayatollah (ecclésiastiques musulmans de haut-rang). Le pays, à l’époque l’un des plus modernes et développé du Moyen-Orient, entre alors dans une phase de rétractation inédite, et prend le nom de République islamique d’Iran. D’un pays laïc et occidentalisé, il passe en quelques jours sous la domination d’ecclésiastiques ultra-conservateurs qui considèrent la Charia (loi islamique) comme fondement de toutes les lois légitimes du pays. Ce violent rejet du modèle occidental, prôné ouvertement par le régime du Chah, mérite d’être interrogé. En effet, l’Iran apparaît comme un État témoin de cet affrontement frontal entre deux modes de vie et même deux idéologies antithétiques.

Tout d’abord, nous nous pencherons sur l’état du pays durant la fin de règne du Chah. Nous étudierons ensuite le déroulé de la révolution, avant d’en observer les conséquences sur l’avenir de l’Iran.

 

I. L’Iran dans les années 1970

A. Un rapport ambivalent à l’Occident

Le Chah d’Iran, qui gouverne le pays avec autorité, est face à un dilemme. D’un côté, il épouse le mode de vie occidental et tente de le propager à sa population. De l’autre, il refuse de se laisser dicter en politique par l’Angleterre, historiquement impliquée en Iran, ni l’un des deux grands (États Unis et URSS). Il joue notamment sur la décrue des tensions entre les deux blocs, la Détente, pour se rapprocher de l’URSS, du Pakistan et de la Chine sans se mettre Washington à dos. Surtout, depuis l’élection de Charles de Gaulle, une vieille connaissance du Chah, les liens renforcent entre France et Iran.

Depuis 1963 et la « Révolution Blanche », le pays a connu de nombreuses entreprises de modernisation à l’occidentale. On pense aux réformes agraires ou au programme de développement rapide de l’enseignement qui permet de vaincre l’analphabétisme. Les femmes obtiennent même le droit de vote, malgré la fervente opposition du clergé. Le référendum demandé par le Chah pour sa Révolution blanche valide les réformes à une écrasante majorité.

Le règne du Chah est d’ailleurs considéré avec respect et souvent admiration hors de son pays. On pense par exemple au vice-président des États-Unis Rockefeller, qui déclara en 1975 : « Nous devrions accueillir Sa Majesté Impériale aux États-Unis pour quelques années afin qu’il nous apprenne à nous occuper d’un pays ».

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B. Un pays à deux vitesses

La modernisation que connaît l’Iran durant l’après-guerre est fulgurante. Elle est rendue possible par l’exploitation et l’exportation du pétrole, qui assurent à l’Etat iranien, depuis la nationalisation des puits, récupérés aux Britanniques, des revenus considérables.

Pourtant, si le Chah est respecté à l’international, il ne parvient pas à unifier son peuple en offrant aux plus pauvres de quoi vivre convenablement. « Je veux que le niveau de vie en Iran soit dans dix ans exactement au même niveau qu’en Europe d’aujourd’hui. » Cette déclaration à un journaliste égyptien en 1976 reste un vœu pieux. La plupart des Iraniens ne comprennent pas que les efforts du Chah passent dans la diplomatie plutôt que l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres.

Le choc pétrolier de 1973-1974 souligne l’économie de rente pétrolière dans laquelle s’engage l’Iran aux dépens du développement de l’économie locale. Surtout, à partir de 1975, la manne pétrolière dont jouit l’Iran diminue drastiquement en raison du déplafonnement des prix au sein de l’OPEP. Combinée aux travaux de développement pharaoniques voulus par le Chah, cette situation plonge l’Iran dans une crise sans précédent.

 

C. Les ayatollahs, véritable contre-pouvoir semi clandestin

Tout au long de son règle, le Chah a subi des tentatives d’assassinat commanditées par les ayatollahs, qui s’opposent à son pouvoir, jugé pas assez religieux. La revendication de l’héritage perse, qu’illustre les grandioses fêtes en l’honneur des 2 500 ans de l’empire en 1971, exaspère l’opposition islamique.

Un exemple frappant est aussi le remplacement du calendrier solaire islamique par un calendrier solaire impérial en 1976. Non seulement, ce changement attira les foudres des religieux, mais il déconcerta aussi une grande partie des Iraniens.

La mort suspecte du fils de l’ayatollah Khomeini, principal opposant au régime exilé en Irak puis en France, fait croître la colère de la rue. Le chah commande un article à charge contre Khomeini, dans lequel il est notamment accusé d’homosexualité, qui met le feu aux poudres. Les manifestations de rue, qui se multiplient, font plusieurs morts pendant l’été 1978.

 

II. La révolution islamique et la fin de l’empire iranien

A. Les manifestations et le “vendredi noir”

Depuis 1977, sous la pression des États-Unis, le Chah a été obligé de libéraliser l’Iran. Le rétablissement des libertés d’expression et d’associations permettent aux mouvements d’opposition de se fédérer. Les premières oppositions sont menées par trois grandes mouvances : les libéraux, les marxistes et les islamistes. Tous dénoncent entre autres la corruption massive du régime. Si la classe moyenne est la première à se révolter, réclamant notamment une monarchie constitutionnelle, c’est derrière les islamistes que se mettent en place les premières manifestations massives.

Les manifestations, violemment réprimées, conduisent aussi à l’annulation de nombreux projets de construction publiques et à l’augmentation du chômage. La population s’oppose de plus en plus frontalement à un Chah dont un cancer qu’il tente de cacher limite les apparitions publiques.

Le vendredi 8 septembre, une manifestation d’une ampleur sans précédent tourne au drame. En effet, la police iranienne ne dispose pas d’équipements adaptés pour contenir une manifestation massive (lacrymogènes, lances à eau…) et est obligée de tirer dans la foule. Elle utilise des hélicoptères et des chars. Le bilan est lourd pour ce « Vendredi Noir » : plus de 4 000 morts selon l’opposition.

 

B. Départ du chah et prise de pouvoir islamique

À la mi-décembre, plus de deux millions d’Iraniens descendent dans la rue pour manifester contre le régime. Le Chah, malade, ne sort plus de son palais impérial. Sur les conseils de son premier ministre, il est même contraint de fuir l’Iran le 16 janvier 1979.

Son exil est un vagabondage, qui s’achève le 27 juillet 1980 par sa mort au Caire. Son passage par les États-Unis, couplé à des soupçons d’espionnage américain sur le sol iranien, sert alors de prétexte à la prise d’otage de l’ambassade américaine à Téhéran. Les Gardiens de la Révolution exigent des États-Unis qu’ils livrent le Chah pour qu’il soit jugé en Iran, en échange de la libération des otages. Le 4 novembre 1979, l’assaut de l’ambassade entraine la prise d’otage de 53 ressortissants américains, dont les derniers ne sont libérés que 444 jours plus tard.

Dès le 1er février 1979, l’ayatollah Khomeini, qui a continué de prêcher depuis l’Irak puis la France, rentre en Iran après 15 ans d’exil. Des milliers de personnes l’attendent à l’aéroport de Téhéran. Dès son retour, la révolution s’accélère. Dix jours plus tard, l’armée se déclare neutre et est, de facto, dissoute. Les partisans de Khomeini prennent alors possession des points stratégiques de Téhéran et des alentours. Le régime du Chah a passé, mais il reste encore pour Khomeini à faire triompher des autres mouvements révolutionnaires la République islamique que ses années d’exil lui ont permis d’imaginer.

 

III. L’installation durable d’un régime islamique

A. La figure tutélaire de l’ayatollah Khomeini et la nouvelle Constitution

Le lendemain de la fin de l’empire du Chah, Khomeini forme un premier gouvernement provisoire. Ses partisans prennent aussi le contrôle des médias, télévision et radio.  Dans les premiers mois qui suivent la chute du Chah, les différents groupes révolutionnaires essaient tant bien que mal de cohabiter, mais les ecclésiastiques disposent de nombreux relais locaux, ce qui leur donne une assise que les libéraux ou marxistes, plus urbains, n’ont pas. Certains soutiens de Khomeini se regroupent au sein du Corps de la Révolution islamique, à partir d’avril 1979, et prennent localement le contrôle de comités politiques. Ce sont les Gardiens de la Révolution.

Sous le contrôle de Khomeini, qui souhaite que l’Islam soit le fondement de toutes les lois, une nouvelle constitution est rédigée. Elle définit notamment le poste de « Guide Suprême », capable de d’imposer sa vision au président de la République. Khomeini revêt ce rôle et prend le titre de « Guide de la Révolution ». Khomeini est alors le personnage le plus puissant d’Iran. Le Times le désigne comme « Personnalité de l’année 1979 ». Désormais, l’Iran apparaît comme une véritable théocratie.

 

B. La mise en place de la République islamique d’Iran

À la suite de la promulgation de la Constitution, l’Iran devient une république islamique ultraconservatrice. Cela s’observe d’abord sur le plan international, avec notamment la rupture des relations diplomatiques avec Israël et la désignation des États-Unis comme « le Grand Satan ». La multiplication des fatwas inquisitrices (condamnation envers des personnes jugées hérétiques) apparaît comme l’illustration flagrante d’un retour à une justice archaïque. La plus connue, lancée dix ans après la révolution contre l’écrivain Salman Rushdie, à la suite de la publication de son livre Les Versets Sataniques, court encore aujourd’hui.

Ce conservatisme s’observe aussi d’un point de vue social. Les femmes sont par exemple contraintes à porter le tchador, forme iranienne du voile, et leurs vies sont considérées, selon la constitution, comme valant la moitié de celles des hommes. Elles ne peuvent pas témoigner dans un procès sans que deux homme s’en portent garants.

D’un point de vue économique, la majorité des banques, compagnies d’assurances et industries modernes sont nationalisées, alors que la censure surveille la presse. Enfin, l’Iran est soupçonnée dès le début des années 1980 de chercher à développer l’énergie nucléaire avec une visée militaire.

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Conclusion

Ainsi, alors que le régime du Chah avait créé un pays à deux vitesses, d’un côté très riche et occidentalisé et de l’autre pauvre et oublié, la Révolution est apparue comme un motif d’espoir pour une majorité silencieuse qui se réveillait. Pourtant, sur la douzaine de mouvements qui portèrent la révolution, ce fut sans doute le plus radical qui l’emporta.

Alors qu’ils voulaient se débarrasser d’un pouvoir occidentalisé qui en oubliait son propre peuple, les Iraniens se retrouvèrent avec un pouvoir religieux ultraconservateur qui clivait davantage. En quelques sortes, alors que la fracture réelle qui existait du temps de l’empire était verticale, entre les classes supérieures et le reste de la population, celle qui lui succéda divisa tout autant, si ce n’est plus le pays, mais cette fois-ci à l’horizontal. En effet, le critère religieux, auquel s’ajouta celui du sexe, devinrent les conditions d’intégration ou non dans la nouvelle société prônée par les Gardiens de la Révolution. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la loi qui oblige depuis 30 ans les Iraniens à faire mention de leur religion sur leur carte d’identité.

Nous espérons que cet article t’aura permis d’y voir un peu plus clair au sujet de la révolution islamique en Iran et du rejet du modèle occidental.

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