Pendant 20 ans après la Seconde Guerre mondiale, les pays se sont rebâtis sur des modèles économiques et politiques qui dépendaient de leur modèle (États-Unis, URSS, indépendance). Pourtant, les limites se font déjà ressentir en 1970. Il faut que tu t’intéresses aux deux décennies qui suivent, qui sont absolument fondamentales pour comprendre le monde tel qu’il est aujourd’hui.
Un contexte économique difficile au début des années 1970
En 1971, les États-Unis étaient pour la première fois du XXe siècle en déficit commercial, c’est-à-dire qu’ils importaient plus qu’ils n’exportaient. Cela donne alors lieu au « Nixon Shock », quand le président américain va suspendre la convertibilité or-dollar. On va entrer dans une période d’instabilité due aux fluctuations face au dollar, ce qui n’encourage pas les investissements et limite donc la croissance.
Les deux chocs pétroliers (en 1973 et 1979) vont exacerber ce mauvais contexte économique et profondément marquer les économies, notamment occidentales. Elles connaissent un retour du chômage et de l’inflation, les années 70 mettent en fait fin à la période dorée des 30 Glorieuses.
Lire aussi : Histoire : la France, une nouvelle place dans le monde
Les logiques économiques s’essoufflent dans les années 70 ouvrant la voie à de nouveaux modèles
Dans le camp occidental, la logique fordiste s’essouffle. Le fait de travailler plus pour produire à grande échelle n’attire plus. Les ménages sont déjà équipés de biens de consommation, l’économie se fonde désormais plus sur le tertiaire et les gains de productivité deviennent moindres. Les États-Unis de Reagan et le Royaume-Uni de Thatcher vont alors passer à une logique dite néolibérale. L’objectif est de rompre avec les politiques keynésiennes qui consistaient à donner une place importante à l’État dans l’économie. Désormais, l’État doit se retirer au maximum de l’économie. Reagan disait d’ailleurs : « L’État n’est pas la solution, l’État est le problème ». On réduit alors au maximum la fiscalité, les aides et la présence générale de l’État en privatisant les entreprises comme British Airways en 1987.
Dans le camp communiste, c’est surtout la Chine qui change. Mao meurt en 1976 et laisse la Chine dans un État déplorable. Deng Xiaoping va alors profondément changer le système économique en place. Il va initier ce qu’il a appelé le « socialisme de marché », terme que tu dois connaître et comprendre. La Chine doit sortir de l’autarcie maoïste sans perdre le contrôle de l’économie. Il veut alors s’ouvrir à une forme d’économie de marché, normalement libérale, tout en gardant une emprise forte du gouvernement. Pour cela, il va progressivement ouvrir la Chine aux investissements extérieurs dans les fameuses ZES (zones économiques spéciales). Ce sont des zones dans lesquelles il n’y a pas de fiscalité pour inciter les entreprises à investir. Shenzhen fait partie des 4 premières et est passée d’un petit village de pécheurs en 1981 à une des villes les plus importantes du monde aujourd’hui. Il va aussi mettre en place les célèbres « 4 modernisations », dans la défense, l’industrie, l’agriculture et la technologie. L’objectif est de moderniser le pays et de s’ouvrir aux échanges internationaux pour devenir à terme une puissance majeure.
Lire aussi : Histoire : La Seconde Guerre mondiale
La mondialisation s’intensifie sous l’influence occidentale
Entre les années 1970 et 1990, les échanges vont alors encore augmenter au fur et à mesure que les économies s’ouvrent. Tout d’abord, idéologiquement, le libre-échange est perçu comme un système gagnant-gagnant pour les pays. Les États-Unis vont d’ailleurs propager cette politique via le « consensus de Washington », un concept absolument central. En effet, dans les années 1980, de nombreux pays en développement font face à une crise de la dette (comme le Mexique en 1982). Le Fonds Monétaire International (FMI) va alors proposer les PAS, programmes d’ajustement structurels. Des prêts aux pays en difficulté sont accordés s’ils s’engagent à suivre des conditions strictes. Les économies doivent s’ouvrir, accepter les investissements étrangers, un système fiscal faible pour inciter à l’innovation. Cela va largement augmenter les échanges internationaux et ainsi la mondialisation.
L’Europe joue aussi son rôle de diffuseur du libre-échange. D’abord en son sein, en s’élargissant en 1973, 1981 et 1986 donnant lieu à des changements économiques majeurs notamment en Espagne et au Portugal. En 1986, elle proclame l’Acte unique qui décrète la libre-circulation des biens, des personnes, des capitaux et de l’information. Et elle conclut des accords avec des pays en développement pour les encourager à s’intégrer à la mondialisation notamment via la Convention de Lomé en 1975. L’objectif est d’assurer aux producteurs agricoles de ces pays des subventions pour les inciter à exporter leur production sans perdre d’argent pour que tout le monde profite de cette ouverture.
Lire aussi : Histoire : la République française
Une fin de Guerre froide agitée qui débouche sur de nouvelles logiques politiques mondiales
L’élargissement de la CEE et le libre-échange attirent de nombreux pays en Europe, notamment les dernières dictatures. Or, pour rentrer dans la CEE, il faut être une démocratie. C’est en partie pour cela que chutent les dictatures espagnoles, portugaises et grecques dans la deuxième moitié des années 70.
Ailleurs dans le monde, les équilibres politiques sont aussi chamboulés, notamment au Moyen-Orient, grand théâtre de la Guerre froide. En 1979, l’ayatollah Khomeini prend le pouvoir en Iran à travers la Révolution islamique. L’Iran cesse dès lors d’être un allié américain pour devenir son ennemi, les États-Unis étant appelés « Grand Satan ». L’Iran est donc désormais une théocratie, un gouvernement où une autorité suprême est reconnue, c’est inédit. A cette même époque, le terrorisme islamiste naît, c’est-à-dire l’utilisation de la terreur pour prôner l’expansion de l’islam. On observe cela par la prise d’otage de la Mecque en 1979 et surtout la guerre d’Afghanistan face à l’URSS de 1979 à 1989. Les États-Unis, pour contrer le communisme et l’Arabie Saoudite, pour étendre le wahhabisme, une forme radicale d’islam vont largement encourager les moudjahidines, des combattants afghans à combattre l’URSS.
On surnomme cette guerre opposant l’URSS à l’Afghanistan le « Vietnam soviétique » dans le sens où elle a été longue, coûteuse et peu efficace, comme l’intervention étasunienne au Vietnam. Elle est une des raisons qui explique la chute de l’URSS à la fin des années 80 et qui aboutiront à la dissolution de l’URSS en 1991, marquant la fin de la Guerre froide et du communisme, en Europe notamment.
Finalement, entre les années 70 et 90, tu dois retenir que le monde a été complètement bouleversé, tant politiquement qu’économiquement. Le monde bipolaire n’est plus et les économies sont toutes désormais plus ou moins reliées et interdépendantes.