Pour vous aider à réviser votre bac de la spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, voici une fiche sur le chapitre “Tracer des frontières”. Il constitue le premier axe d’étude du thème ““Étudier les divisions politiques du monde : les frontières” en première, spécialité HGGSP !
Les frontières ont beaucoup évolué au cours du temps et aucune n’est restée fixe. Au même titre que leurs tracés évoluent, leurs fonctions changent également. Qu’elles soient militaires, politiques ou économiques, leur usage et leur forme ont suivi le contexte historique dans lequel elles ont été créées. Les trois exemples ci-dessous s’inscrivent dans des contextes particuliers. Elles ont été façonnées par des choix politiques attenants aux enjeux sous-tendants ces décisions.
Quels sont les finalités et les usages des frontières politiques ?
Tracer des frontières : le concept dans l’histoire des idées
Pour se protéger : le limes rhénan
Comment fonctionne le limes rhénan, coupure géopolitique décidée et construite par Rome pour protéger le monde romain des peuples non-romanisés ?
Le limes est le nom donné au système défensif établi par l’Empire romain le long de ses frontières. Le limes rhénan est celui situé en Germanie supérieure. Il a été utilisé entre le Ier siècle avant J.C et le IIIème siècle après J.C, en l’an 260. C’est la date à laquelle les Romains ont été chassés par les Germains de l’autre côté du Rhin.
Cette frontière a avant tout un rôle défensif. Elle a été décidée par Rome pour protéger le territoire de l’Empire romain de toutes tentatives d’invasion barbare. Cette frontière est une ligne discontinue de plus de 550 km organisée en un réseau de forts militaires. À son apogée, celle-ci comptait 60 camps et 900 tours de guets répartis sur l’ensemble du limes. Le Rhin, lui, n’était pas utilisé comme une ligne de défense mais comme voie de circulation entre le Nord et le Sud.
Au-delà de son rôle purement défensif, le limes avait également un rôle politique, constitué de palissades, fossés, talus, tours de guets, etc. Tracer des frontières est un symbole visuel fort pour les ennemis barbares. Elle montre à la fois aux envahisseurs que Rome protège son territoire mais aussi aux citoyens romains jusqu’où s’étend la protection de l’Empire en séparant les Romains des non-Romains.
Mais il ne faut pas oublier que le limes servait également de point de départ pour les troupes romaines lors de leurs conquêtes de nouveaux territoires. Rome avait pour projet une domination universelle et les limes étaient donc des “lignes nomades” servant au contrôle militaire et comme instruments de contrôle lors des conquêtes.
Pour se partager des territoires : la conférence de Berlin et le partage de l’Afrique
Comment, dans le contexte de la conquête coloniale en Afrique, le tracé des frontières a-t-il précédé la construction d’entités territoriales et politiques effectives et concurrentes ?
La conférence de Berlin s’est tenue du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Si cette conférence est connue comme le symbole du “partage de l’Afrique”, son objectif premier était en réalité d’encadrer la présence européenne sur le continent africain. Afin d’éviter tout conflit lors de la prise de possession des nouveaux territoires des pays européens mais aussi pour définir les zones d’intervention militaire de chacun, des accords bilatéraux ont été signés entre les différents pays concernés.
Cette conférence fût déterminante dans les rapports de force qui se jouaient alors entre les pays européens. La création des frontières de ces nouveaux territoires a permis de déterminer les nouvelles sphères d’influence que les empires coloniaux allaient exercer.
Contrairement à ce qui était diffusé par la presse de l’époque, les puissances coloniales ne se “partagaient” pas l’Afrique à proprement parlé mais elles négociaient leurs intérêts politiques, économiques et géopolitiques via des rapports de force afin d’avoir une influence sur des zones stratégiques. De ces négociations sont ressorties deux grands “traceurs de frontières”, la France et le Royaume-Uni, puisqu’entre 1882 et 1905 ils ont signé 249 traités frontaliers. Comme on peut le voir sur la carte ci-dessous, ces deux pays sont les plus présents sur le continent africain.
Tracer des frontières n’est donc pas dû à une volonté de défendre des territoires ou autre mais bien le fruit de rapports de force entre les pays colonisateurs européens.
Pour séparer deux systèmes politiques : la frontière entre les deux Corées
Comment fonctionne et se matérialise la frontière intercoréenne dont l’enjeu est de séparer physiquement et idéologiquement deux entités politiques totalement antagonistes ?
Une division historique
Si aujourd’hui la Corée du Nord et la Corée du Sud sont deux pays distincts que tout oppose, cela n’a pas toujours été le cas. En 1945, à la suite de la défaite japonaise, Américains et Soviétiques ont trouvé un accord (conférence de Yalta) pour occuper militairement la péninsule Coréenne, la frontière intercoréenne était alors créée. La séparation qui aboutit à la création de deux États est alors officiellement déclarée en 1948 : le monde assiste alors à la naissance de la République de Corée au sud et la République populaire démocratie de Corée au nord.
En 1950, dans un contexte de Guerre Froide, le conflit entre la Corée du Nord (alors RPDC et dirigée par Kim Il-Sung et sa philosophie nationale du juche, idéologie d’autocratie nationale) et la Corée du Sud (alors République de Corée et soutenue par les Occidentaux) éclata suite à des tensions grandissantes entre ces deux régimes antagonistes. Plusieurs pays dont la Chine et Les Etats-Unis et des institutions comme l’ONU, sont intervenus dans ce conflit.
Le 27 juillet 1953 l’armistice de Panmunjeom fut signée entre les deux régimes et la frontière s’établit au niveau de la ligne de front. Dès sa création, cette frontière était singulière car elle est établie sur un front de guerre dans laquelle de nombreux belligérants sont intervenus et qui résulte d’un cessez le feu.
Une division singulière : un face à face idéologique
Cette frontière est singulière par plusieurs aspects. Tout d’abord car la séparation des deux Corées et l’acte de tracer ces frontières sont dus au conflit idéologique des puissances étrangères lors de la Guerre Froide. Puis il y a la militarisation exceptionnelle de cette bande de 248 km de long et la volonté de rendre cette zone hermétique à tout échange physique ou idéologique. Enfin il y a la présence de l’ONU sur le site via ses bâtiments bleus et la présence politique de certains pays comme les Etats-Unis.
Mais des tensions persistent de chaque côté du mur et l’herméticité est parfois mise à mal. Par exemple la Corée du Nord diffuse des discours idéologiques par dessus le mur de manière continue. Il a également été relevé que des ondes radios interdites en Corée du Nord avaient été perçues par des postes radios. Des tunnels d’infiltration venant de Corée du Nord ont été découverts sous la frontière. Mais ces tensions sont aussi maritimes, les limites frontalières en mer n’ont pas été établies lors de l’armistice et régulièrement des bateaux nord-coréens font intrusions dans l’espace maritime sud-coréen au-delà de la Northen Limit Line (ligne maritime séparant les deux Corées en mer Jaune mais non reconnue par la Corée du Nord).
Enfin cette frontière est basée sur une armistice et non un traité de paix, cela signifie que les deux Corées sont toujours officiellement en guerre. Hors la possession de l’arme nucléaire par la Corée du Nord depuis 2006 et ses nombreux essais nucléaires et balistiques ne font que raviver les tensions bien que plusieurs pays aient une présence militaire dans cette zone géostratégique.
Une division complexe toujours présente
Aujourd’hui la frontière intercoréenne et la frontière la plus militarisée du monde. Elle s’étend sur 248 km et va de la mer Jaune à la mer du Japon. Cette zone tampon de 4 km de large a beaucoup évolué avec le temps, aujourd’hui elle est constituée de miradors, de champs de mines, d’un double murs de 3 à 4 mètres, de soldats, caméras, barbelés, etc. En plus de cette frontière, il y a une zone tampon de 5 à 20 km de large, dans laquelle toutes les activités et les civiles sont contrôlés. Cette zone supplémentaire a pour objectif de rendre la frontière totalement hermétique. Le seul point de contact et la zone “démilitarisée”. Dans celle-ci la présence humaine et fortement réduite et les armes lourdes sont interdites. On y retrouve les bâtiments bleus des Nations Unies, cette zone est extrêmement médiatisée car c’est le lieu de rencontre diplomatique et il est sous le contrôle de l’ONU.
Tracer des frontières : un exemple de sujet
Un exemple de sujet d’évaluation commune de première : A quoi servent les frontières ? Vous nourrirez votre réflexion à partir des différentes fonctions des frontières étudiées cette année : se protéger, partager des territoires, séparer des systèmes politiques.
Pour toute dissertation, il est très important de bien structurer sa pensée et ses arguments. Ceux-ci doivent être bien illustrés avec des exemples, des citations, voire même des références bibliographiques.
Commencez d’abord par une belle introduction pour montrer au correcteur que vous avez cerné les enjeux du sujet. Il faudra donc penser à bien définir les termes de “frontière” et la question de l’utilité de celles-ci (Pour quelles raisons? Pour qui? L’évolution de celles-ci au fil du temps etc.)
Pour le développement, vous retrouverez toutes les informations à retenir dans cet article ci-dessus. Veillez à écrire de manière lisible pour ne pas froissez votre correcteur et avec une orthographe irréprochable pour gagner des points !
Enfin pour la conclusion, il faudra penser à bien synthétiser votre pensée et à répondre à la problématique formulée en introduction de manière claire et concise. Vous avez maintenant toutes les clés pour réussir votre dissertation avec brio !
Conclusion
A l’origine l’objectif de tracer des frontières est purement militaire et défensif. Puis celles-ci sont devenues des symboles de puissance, notamment politique. Le tracé des frontières résulte de rapports de force entre différents États, ces tracés résultent du contexte géopolitique dans lequel ils ont été définis et sont un indicateur fort des relations entre les pays frontaliers.
Tu peux aussi retrouver une fiche sur le Moyen-Orient sur ce lien.