Arme nucléaire, définition, type

L’arme nucléaire : définition, types d’arme et stratégies nucléaires

À lire dans cet article :

Qu’est-ce que l’arme nucléaire ? Pourquoi est-elle qualifiée d’arme de dissuasion ? Existe-t-il une ou des armes nucléaires ? Son utilisation est-elle encadrée ? Et quels pays la possèdent ? Nous allons essayer de répondre à ces multiples questions que soulève l’arme nucléaire en deux articles, en commençant par celui ci-dessous.

Les deux grands types d’armes nucléaires

Les bombardements des villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 par les États-Unis à la fin de la Seconde Guerre mondiale marquent la première utilisation de l’arme nucléaire d’un pays sur le territoire d’un autre pays. L’arme nucléaire utilisée alors est une bombe atomique (qui utilise la fission nucléaire : des atomes (d’uranium ou de plutonium) sont cassés lors de l’explosion lors d’une réaction en chaîne) qui se distingue de toutes les armes précédentes par l’ampleur des dégâts : avec seulement deux bombes (une sur chaque ville), 70 000 personnes sont tuées sur le coup à Hiroshima et 40 000 personnes à Nagasaki. Et les effets secondaires (par la radioactivité notamment, les noyaux des atomes du corps humain des victimes étant très perturbés à long terme. On parle de personnes irradiées) pour les survivants font estimer le bilan total à 140 000 morts pour Hiroshima et 80 000 pour Nagasaki. Sur le plan matériel, les villes sont complètement rasées en quelques minutes. L’URSS acquiert la bombe A en 1949, quatre ans après les États-Unis (la France en 1964, la Chine en 1968, l’Inde en 1974, le Pakistan en 1998 et la Corée du Nord en 2009 a priori).

Mais la course à la puissance nucléaire ne s’arrête pas avec la possession de la bombe A. Dès 1952, les USA mettent au point la bombe à hydrogène, ou bombe H, qui utilise la fusion nucléaire, ou l’assemblage d’atomes d’hydrogène, également dans une réaction en chaîne. Dans les deux cas, il s’agit d’une arme nucléaire, car la réaction se produit au niveau des noyaux des atomes. Et dans les deux cas, l’ampleur s’explique par la réaction en chaîne (la fission ou fusion d’un atome entraîne celle d’un autre, qui entraîne celle d’un autre…). Et la puissance de l’arme nucléaire est démultipliée par le passage à la bombe H, d’une puissance moyenne équivalente à l’explosion d’un million de tonnes de TNT, contre « seulement » 1000 tonnes de TNT pour la bombe A à la création de la bombe H (1000 fois plus puissante donc). De quoi détruire plusieurs fois la Terre, d’où le caractère dissuasif de l’arme nucléaire : qui oserait attaquer un pays qui possède une arme si puissante ? L’URSS obtient la bombe H en 1953, la Chine en 1967 et la France en 1968.

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Les différents vecteurs nucléaires, armes stratégiques et tactiques

Schématiquement, une arme nucléaire se compose de deux grandes parties : une tête nucléaire (la bombe, A ou H) et un vecteur nucléaire, chargé d’amener la bombe sur la cible (par exemple l’avion, au départ seul vecteur, qui lâche les bombes A sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki en 1945).

On distingue deux grandes catégories dans l’armement nucléaire d’un pays : l’arme nucléaire stratégique(de très grande puissance, délivrée par un vecteur à moyenne ou longue portée et qui fait partie de la dissuasion nucléaire) et l’arme nucléaire tactique (conçue pour être utilisée pendant la guerre, est d’une puissance plus modérée).

Malgré l’appel de Stockholm en 1950 pour interdire la possession de bombes nucléaires dans le monde, l’arsenal atomique des puissances nucléaire s’est considérablement développé au cours de la guerre froide (1947-1991). Ainsi, dans les années 1960 sont mis au point les MIRV (Multiple Independently Targeted Reentry Vehicle) ou ogives à têtes multiples, par miniaturisation. Une seule bombe, ou ogive, peut donc se diviser en plusieurs morceaux pour atteindre plusieurs cibles. Depuis les années 1960, il existe trois vecteurs nucléaires, on parle de la triade nucléaire. Les avions forment le premier vecteur. Ils doivent amener la bombe sur place pour la larguer depuis le ciel sur la cible au sol, sa portée est donc très faible, voire nulle. Au départ, c’est le seul vecteur qui existe. En 1959 les missiles voient le jour, constituant le deuxième vecteur. On parle d’ICBM pour InterContinental Ballistic Missiles, qui peuvent être lancés depuis un pays vers un autre et sont donc d’une portée bien plus importante. Enfin, en 1960, les sous-marins (ou plus précisément SNLE, pour Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engin, également d’une portée plus importante) complètent la triade nucléaire. Posséder les trois vecteurs permet de ne pas dépendre d’une seul (en cas d’endommagement, ou bien simplement pour pouvoir lancer l’arme à distance si on possède un vecteur autre que l’avion). La France ne possède que deux vecteurs sur les trois, n’ayant pas de missiles.

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Les différentes stratégies nucléaires

La possession réciproque de l’arme nucléaire par les États-Unis et l’URSS pendant la guerre froide a structuré les stratégies nucléaires, autour de trois grands principes principalement. Dès le début de la guerre froide, la dissuasion nucléaire devient une composante essentielle des stratégies de sécurité. En effet, lors de la crise de Berlin (1948-1949) puis de la guerre de Corée (1950-1953), le président des USA H. Truman refuse d’utiliser l’arme nucléaire car cela créerait un précédent (alors que les USA sont en situation de quasi-monopole alors, l’URSS ne la mettant au point de son côté qu’en 1949). Ainsi, l’arme nucléaire ne sert pas à régler des conflits déclenchés, mais seulement à prévenir des conflits non déclenchés, en dissuadant ceux qui voudraient attaquer un pays qui pourrait utiliser en représailles son arme nucléaire, en théorie. D’où l’expression de dissuasion nucléaire.

La situation gagnant rapidement en tension entre les États-Unis et l’URSS au début de la guerre froide, le secrétaire d’État américain (équivalent du ministre des Affaires étrangères) du président Eisenhower, J.F.Dulles développe le principe de massive retaliation (ou représailles massives) en 1952. Selon ce principe, toute attaque ennemie entraînerait une réponse disproportionnée, c’est-à-dire d’une ampleur incomparable. La crise de Cuba en 1962, où le monde pense avoir échappé de peu à une Troisième Guerre mondiale tellement la tension entre les deux superpuissances était forte, conduit à l’abandon de cette doctrine au profit de la coexistence pacifique.

Cette coexistence pacifique des deux superpuissances ennemies est permise par un troisième grand principe, le MAD ou Mutual Assurend Destruction. Le MAD repose sur la capacité de seconde frappe des deux Grands, chacun ayant la capacité d’infliger des dommages massifs même après avoir subi une attaque surprise. Chacun possède l’arme nucléaire, peut détruire son adversaire, mais personne ne le fait, car ce dernier aurait le temps de déclencher son arme nucléaire avant d’être touché par celle de l’adversaire. D’où un certain équilibre dans un monde extrêmement risqué, on parle d’« équilibre de la terreur » qui régit les relations internationales jusqu’en 1991, année de la chute de l’URSS.

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