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Le Parti pris des choses, Francis Ponge : analyse de l’œuvre

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Alors que la période des révisions pour le bac de français bat son plein, nous te proposons dans cet article le résumé et l’analyse d’une œuvre écrite par l’un des auteurs au programme de cette année. Il s’agit du recueil de poèmes de Francis Ponge, intitulé Le Parti pris des choses, que tu pourras utiliser et comparer dans tes copies à d’autres textes.

Composition et structure du recueil Le Parti pris des choses

Le recueil de Francis Ponge se présente sous la forme d’un dictionnaire, dans lequel chaque poème fait office de définition d’un mot. Il convient de souligner que pour chacun des mots étudiés, le poète explore tout à la fois le signifiant de ce mot, c’est-à-dire la sonorité et son signifié, autrement dit le sens.

Le recueil est constitué de 32 courts textes poétiques en prose qui peuvent être regroupés en plusieurs catégories :

  • La faune et la flore de tous les jours, avec notamment les poèmes « La Crevette », « Le Papillon », « Escargots », « L’Huître », « Notes pour un coquillage », « le Mollusque », « Faune et flore », « la Mousse », « Végétation » ;
  • Les minéraux, par exemple avec le poème « Le Galet » ;
  • Les objets fabriqués par l’homme : « Le Cageot », « La Bougie », « La Cigarette » ;
  • Les aliments : « Le Pain », « L’Orange », « Les Mûres », « Le Morceau de viande » ;
  • Les éléments et phénomènes naturels : « Pluie », « Le Cycle des saisons », « Les Arbres se défont à l’intérieur d’une sphère de brouillard », « La Fin de l’automne », « De l’eau », « Le Feu » ;
  • Les lieux familiers, avec les poèmes suivants : « Le Restaurant Lemeunier rue de la Chaussée d’Antin », « Les Trois Boutiques », ou encore « Bords de mer » ;
  • Et enfin les attitudes humaines : « La Jeune Mère », « Le Gymnaste », « Pauvres pêcheurs ».

Les procédés de création poétique

L’objet est un prétexte de création poétique, une façon de jouer avec le langage. L’objet devient un « ob-jeu », comme il le dit lui-même, sans aucune trace de subjectivité. Cependant, le poète utilise une multiplicité d’images, avec de nombreuses métaphores, comparaisons, oxymores (l’huître est « brillamment blanchâtre »), métonymies, pour tenter de restituer aux objets une originalité. Pour y voir plus clair, nous te conseillons de jeter un œil sur notre article portant sur les figures de style.

  • Les personnifications qui donnent vie à l’objet (le cageot est « ahuri » et « sympathique ») ;
  • Le jeu sur les sonorités : des homéotéleutes (figure consistant à répéter des finales de mots, qui fonctionnent presque comme des rimes comme « noirâtre », « blanchâtre », « verdâtre »), des allitérations et assonances (en [k], avec « les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles », en [r], comme « parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre ») des assonances en [u], comme « flue et reflue à l’odeur et à la vue » ;
  • Les jeux sur les mots (la polysémie) ;
  • Les effets de surprise, loin des stéréotypes usés. Il crée ses propres objets poétiques ;
  • L’humour.

L’écriture de Francis Ponge

Dès lors, la poésie de Francis Ponge est tout à fait novatrice : écrite en prose, elle prend le contrepied de la poésie romantique et n’est pas non plus une poésie d’opinion, une poésie engagée. Pour Ponge, la mission du poète ne consiste pas à étaler ses sentiments, mais à atteindre au plus juste la matérialité d’un objet, d’une « chose ». Il est le poète des objets les plus banals ; pour lui, les choses ont une existence propre et deviennent des objets poétiques, à partir du moment où on les observe attentivement.

Pour en savoir plus sur la vie de Francis Ponge, nous te donnons rendez-vous juste ici !

Dans Le Parti pris des choses, écrit en 1942, le poète révèle les richesses inaperçues des choses (telles que l’huître, le cageot, le savon, le pain, etc.) par une contemplation naïve et patiente. Puis, dans un langage précis et transparent, quasi scientifique, le poète transforme « les choses » en paroles, il recherche des équivalents verbaux aux « choses ». Dans chaque objet banal, du quotidien, dans lequel aucune intention de beauté ne se manifeste, réside cependant quelque chose de beau qui mérite d’être révélé, mis en lumière.

Le caractère poétique du Parti pris des choses

Donner une voix aux choses

Ainsi, dans Le Parti pris des choses, Francis Ponge cherche à donner l’initiative aux choses. Il décrit des objets simples du quotidien ordinairement ignorés de la poésie. C’est donc l’enjeu du rapprochement entre vers et prose.

La métaphore selon Ponge

Dans le cadre de son processus d’écriture, Ponge aimait prendre un objet quelconque, par exemple une bougie, afin de la transformer en métaphore vivante, en une entité pleine de vie et de personnalité. Alors que cette bougie n’était à l’origine qu’une simple source de lumière, elle devient finalement une véritable protagoniste du récit. On peut donc affirmer qu’avec Ponge, c’est comme si les objets eux-mêmes prenaient la parole.

Enfin, n’oublions pas l’importance de la forme : la façon dont les mots sont disposés sur une page peut avoir une incidence sur l’expérience du lecteur. Dès lors, avec la mise en page, le poète pouvait aligner les mots comme des soldats au garde-à-vous, ou parfois les disperser de part et d’autre de ses pages. En réalité, chaque choix de forme et de disposition est une invitation à explorer ses textes sous un nouvel angle.

Célébrer la beauté de la nature

Une autre caractéristique de son œuvre réside en la mise en avant de la beauté du monde, à travers notamment la représentation de la relation entre l’homme et la nature.

En effet, il ne cherchait pas à dominer la nature, mais plutôt à la comprendre, et à s’introduire dans ses mystères. Dans ses écrits, elle devenait même un véritable partenaire de conversation, un miroir de l’existence humaine. Le poète rappelle ainsi au lecteur qu’il fait partie intégrante de ce monde, que chaque chose, chaque créature, a sa place et son rôle à jouer.

On peut ainsi rapprocher cet aspect à la poésie d’Hélène Dorion, dont le recueil Mes forêts est au programme du bac français en 2024.

Lire aussi : Francis Ponge, La rage de l’expression 

Pour aller plus loin

Patrick Dandrey, spécialiste entre autres des Fables de La Fontaine, propose une analyse développée de la poésie de Ponge, en y abordant son style et le processus d’écriture de ses différentes œuvres.

Par ailleurs, et dans la mesure où cet ouvrage était au programme des prépas littéraires pour les Écoles normales supérieures en 2022, tu pourras retrouver dans cet article l’analyse d’un des poèmes de ce recueil, intitulé « Le Pain ».

Tu retrouveras enfin via ce lien la captation de la lecture du poème « Le Savon » par l’acteur Denis Podalydès, sur le site de France culture. Les poèmes « Le Pain » et « La pomme de terre », lus par Francis Ponge lui-même, sont également disponibles juste ici.

Conclusion

Francis Ponge était un maître dans l’art de célébrer l’ordinaire. Il avait cette capacité à magnifier les choses les plus banales et à révéler leur profondeur cachée, ce qui confère encore aujourd’hui à ses écrits une modernité étonnante. En définitive, l’objet, même le plus humble, contient tout un monde pour celui qui prend le temps de l’étudier. Ainsi, l’huître, d’apparence rugueuse, contient une perle. L’huître représente en quelque sorte une allégorie de la création poétique : la rugosité du travail, la difficulté d’ouverture, la beauté de l’univers intérieur et parfois, la perle.

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