Commentaire composé de l’extrait de Notre-Dame de Paris (La Cour des Miracles)

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Publié en 1831, Notre-Dame de Paris est l’un des romans majeurs de Victor Hugo et une œuvre incontournable pour comprendre le romantisme et sa vision du Moyen Âge. L’extrait étudié dans cet article appartient au livre II, chapitre 6, intitulé « La cruche cassée », et propose une description marquante de la Cour des Miracles, espace légendaire associé aux marges sombres et inquiétantes du Paris médiéval. À travers le regard de Gringoire, Hugo transforme ce lieu en un décor fantastique, grouillant de vie, de bruit et de menace.

Cet article te propose le commentaire composé complet de ce passage. Tu y retrouveras l’analyse de la description, la construction du cadre fantastique, le rôle de la Cour des Miracles dans le roman et la manière dont Victor Hugo mêle histoire, fiction et poésie. Une ressource utile pour préparer ton bac de français ou approfondir ta lecture du roman.

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L’extrait suivant est extrait du roman culte de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, paru en 1831. Le passage se situe au livre II, chapitre 6 et s’intitule La cruche cassée. À travers cet exemple, nous traitons du vaste sujet des descriptions !

Commentaire composé Notre-Dame de Paris,Victor Hugo

Introduction

Notre exemple est un extrait de Notre-Dame de Paris de l’auteur français Victor Hugo (paru en 1831). C’est un texte principalement descriptif. Le thème est un élément historique et légendaire, car il s’agit de la Cour des Miracles, lieu de vie des pires brigands de Paris. Le narrateur est omniscient et le registre fantastique. Le texte est structuré en deux parties, d’abord une évocation narrative de ce qu’est la Cour des Miracles puis sa description. Nous étudierons d’abord la Cour des Miracles, puis l’évocation fantastique qui en est faite et enfin l’écriture multigenre de ce passage.Dans quelle mesure ce passage au cadre fantastique contribue-t-il à poétiser et à narrativiser un élément historique ?

I. La Cour des Miracles

I.1. Un espace

Tout d’abord, la Cour des Miracles était une zone au sein de Paris, un espace que la légende urbaine affirme avoir été réel. Nous savons grâce aux péripéties antérieures du poète Gringoire (il s’est perdu dans les petites rues de Paris, a couru et est arrivé sans savoir comment à la Cour des Miracles) que ce n’est pas un espace facile à trouver. Il semble se situer au milieu d’un dédale, d’un labyrinthe de rues.

Dans le passage, nous en avons une description spatiale assez peu détaillée : « C’était une vaste place, irrégulière et mal pavée, comme toutes les places de Paris alors. » (l 13), « Le rayonnement chancelant et pauvre des feux permettait à Gringoire de distinguer, à travers son trouble, tout à l’entour de l’immense place, un hideux encadrement de vieilles maisons dont les façades vermoulues, ratatinées, rabougries, percées chacune d’une ou deux lucarnes éclairées » (l 25-27). De ces deux phrases, nous pouvons retenir que c’est un espace plutôt vétuste dans ses installations, sombre et pauvre.

I.2. Un univers diabolisé

En plus de se situer au cœur d’un labyrinthe de rues et de manquer de moyens, cet espace est diabolisé par les Parisiens et par l’auteur. Nous le voyons tout d’abord dans les premiers mots de Gringoire, archétypique du parisien qui a peur de la Cour des Miracles comme de l’enfer : « Il était en effet dans cette redoutable Cour des Miracles, où jamais honnête homme n’avait pénétré à pareille heure ; cité des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris ; égout d’où s’échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage ; ruche monstrueuse (…) hôpital menteur où (…) les vauriens de toutes les nations (…) se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s’habillaient et se déshabillaient à cette époque tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, la prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris. » (l 1-12).Les champs sémantiques de l’immoralité, de la laideur et du larcin sont omniprésents dans cette description subjective. On y sent le poids des rumeurs qui circulent dans Paris au sujet de cet espace dont tout homme qui se respecte se tient à l’écart.La diabolisation est aussi présente dans la description narrative faite par l’auteur à travers le regard de Gringoire : le motif du feu revient plusieurs fois (« Des feux », « la clarté des feux », « Le rayonnement chancelant et pauvre des feux »), ainsi que celui du cercle de l’enfer (« autour desquels fourmillaient des groupes », « d’énormes têtes de vieilles femmes, rangées en cercles, monstrueuses et rechignées, qui regardaient le sabbat en clignant des yeux. » l 27-28) et celui du chien des enfers (« un chien qui ressemblait à un homme, un homme qui ressemblait à un chien » l 20, chiasme). De plus, les êtres qui peuplent cet espace sont animalisés et associés au feu. Le cadre créé est parfaitement similaire à celui des enfers.

I.3. Des personnages particuliers

Les êtres qui peuplent la Cour des Miracles sont divers et variés, mais tous font partie des classes basses de la société. Ils sont diabolisés (comme nous l’avons vu précédemment) et considérablement dénigrés par Gringoire. Voici comment il qualifie la Cour des Miracles et ses habitants : des « voleurs », « égout d’où s’échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage toujours débordé dans les rues des capitales ; ruche monstrueuse où rentraient le soir avec leur butin tous les frelons de l’ordre social ; hôpital menteur où le bohémien, le moine défroqué, l’écolier perdu, les vauriens de toutes les nations (…) mendiant le jour, se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s’habillaient et se déshabillaient à cette époque tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, la prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris. » (l 4-12).Tous sont des mendiants, des éclopés, des truands, des voleurs ou des vauriens qui sont associés à la laideur et au vice. Ils sont l’anti-monde de Paris, une foule d’anti-héros laids et effrayants. Ils sont même associés aux animaux : « fourmillaient des groupes étranges » (l 14), « On entendait des rires aigus, des vagissements d’enfants, des voix de femmes. » (l 15), « on pouvait voir passer un chien qui ressemblait à un homme, un homme qui ressemblait à un chien. Les limites des races et des espèces semblaient s’effacer dans cette cité comme dans un pandémonium. Hommes, femmes, bêtes, âge, sexe, santé, maladies, tout semblait être en commun parmi ce peuple » (l 19-21). Les êtres qui occupent la Cour des Miracles, entre brigands, damnés et animaux (« vestiaire ») semblent ainsi former une société à part.

II. L’évocation fantastique de la Cour des Miracles

II.1. L’évocation de l’espace

La description de l’espace de la Cour des Miracles, totalement subjective et influencée par la peur de Gringoire, est fantastique. Il semble prendre vie et piéger les acteurs. Gringoire y fait d’abord référence avec ces termes : « cercle magique où les officiers du Châtelet et les sergents de la prévôté qui s’y aventuraient disparaissaient en miettes » (l 2-3). Il y a ici une référence officieuse au triangle des Bermudes, espace où les navigateurs disparaissent comme par magie.L’aspect fantastique est aussi présent dans la personnification de la place : « ruche monstrueuse », « tout à l’entour de l’immense place, un hideux encadrement de vieilles maisons dont les façades vermoulues, ratatinées, rabougries, percées chacune d’une ou deux lucarnes éclairées, lui semblaient dans l’ombre d’énormes têtes de vieilles femmes, rangées en cercles, monstrueuses et rechignées, qui regardaient le sabbat en clignant des yeux. » (l 25-28). La place et les habitations prennent vie, mises en mouvement par l’action des feux et des êtres : « Par moments, sur le sol, où tremblait la clarté des feux, mêlée à de grandes ombres indéfinies » (l 17). L’espace est donc décrit comme un univers fantastique, vivant.

II.2. La dimension temporelle

La scène a lieu à l’aube, donc sous un ciel encore obscur et ténébreux. Or la nuit est la dimension temporelle clef pour une mise en scène fantastique. En effet, la répétition des « feux » montre bien que la scène a lieu de nuit. L’obscurité qui règne, entoure et cache les acteurs, contribue à créer une ambiance fantastique dans ce passage. Le temps, symbolisé par les flammes, semble avoir suspendu son cours. C’est caractéristique du fantastique.

II.3. La description des personnages et de leurs actions

Enfin, les personnages et leurs actions, leurs mouvements sont décrits d’une manière telle qu’elle renforce et rend crédible l’univers fantastique. Ils apparaissent tout d’abord sous la forme d’une masse informe et fourmillante : « Des feux, autour desquels fourmillaient des groupes étranges, y brillaient çà et là. Tout cela allait, venait, criait. On entendait des rires aigus, des vagissements d’enfants, des voix de femmes. Les mains, les têtes de cette foule, noires sur le fond lumineux, y découpaient mille gestes bizarres. » (l 14-17).Ils sont ensuite animalisés et présentés comme un « vestiaire » (comme les vestiaires de l’enfer) : « on pouvait voir passer un chien qui ressemblait à un homme, un homme qui ressemblait à un chien. Les limites des races et des espèces semblaient s’effacer dans cette cité comme dans un pandémonium. » (l 19-20). Mais le plus intéressant est l’impression de masse et de confusion qui s’en dégage : « Hommes, femmes, bêtes, âge, sexe, santé, maladies, tout semblait être en commun parmi ce peuple ; tout allait ensemble, mêlé, confondu, superposé ; chacun y participait de tout. » (l 21-23). Ils semblent se transformer dans la Cour des Miracles : ils « se transfiguraient la nuit en brigands » D’où la dernière phrase du passage qui explicite son caractère fantastique : « C’était comme un nouveau monde, inconnu, inouï, difforme, reptile, fourmillant, fantastique. » (l 29).

III. L’écriture multigenre 

III.1. Les images et métaphores utilisées

Le caractère étrange et surprenant des comparaisons et métaphores utilisées donne un caractère poétique à cet extrait de roman. Par exemple, les analogies entre la masse d’hommes et une fourmilière, ou entre des habitations et des visages de vieilles femmes semblent sorties d’un imaginaire unique et particulier, celui de Gringoire. Hors du temps, la description qui est donnée de cette scène nous place dans un univers sombre, effrayant et poétique.

III.2. Le jeu sur le rythme

Dans ce passage principalement descriptif, le travail du rythme est très intéressant, car il rappelle celui présent dans un texte poétique. Victor Hugo joue sur les ruptures et les alternances de rythme : une première phrase courte précède une phrase très longue (12 lignes) faite de nombreuses propositions énumératives courtes au rythme tranché. Et par la suite, la fin du paragraphe est composée d’une succession de phrases plutôt courtes qui donnent un rythme haché au texte. Tandis que l’avant-dernier paragraphe ne constitue qu’une phrase énumérative.La dernière phrase, courte, mais énumérative et construite avec une gradation, clôt ce jeu sur les ruptures rythmiques. Il faut aussi signaler les nombreuses énumérations et gradations du texte qui lui donnent un rythme soutenu et poétique (exemple : « C’était comme un nouveau monde, inconnu, inouï, difforme, reptile, fourmillant, fantastique. » l 29). Le jeu sur le rythme est ici fondamental dans une écriture multigenre, romanesque et poétique.

Conclusion

Dans le cas présent, il est important que tu reviennes sur le caractère fantastique de cet extrait descriptif au sujet de la Cour des Miracles, puis que tu mettes en évidence le lien étroit entre récit et histoire dans cette œuvre de Victor Hugo. L’auteur tisse les références au monde réel en y ajoutant ça et là des éléments du récit. Enfin, montrer la modernité de cet extrait multigenre.

Ouverture possible pour le commentaire composé

La Cour des Miracles, élément qui pourrait être qualifié d’historique car les historiens y font référence dans leurs descriptions du Paris du XVe siècle, n’apparaît pourtant sur aucune carte de Paris de l’époque. En effet, elle fait donc plutôt partie de l’imaginaire social que de l’histoire attestée. Or, dans ce passage Victor Hugo en fait un espace réel, il lui donne un corps dans le texte. Il met ainsi la fiction au service du roman, il lui donne plus de réalité et de vraisemblance.

Méthodologie du commentaire composé

Pour réussir ton commentaire composé au bac de français, il est essentiel de suivre une démarche claire et structurée. Voici les étapes indispensables pour analyser efficacement un texte littéraire.

  • Lire le texte plusieurs fois pour en comprendre le sens global et repérer ses enjeux.
  • Identifier sa nature : genre, registre, structure, voix, tonalités dominantes.
  • Formuler une problématique qui englobe tout l’extrait et guide ton analyse.
  • Construire un plan en deux ou trois axes, fondé sur des idées et non sur l’ordre des lignes.
  • Analyser précisément les procédés (lexique, syntaxe, figures, effets) en les reliant toujours à ton interprétation.
  • Intégrer des citations courtes, correctement introduites et commentées.
  • Rédiger une conclusion brève qui récapitule les idées et ouvre, si possible, sur l’œuvre ou le mouvement littéraire.

Un bon commentaire est avant tout un texte organisé, fluide et démonstratif. Ta mission : expliquer comment le texte fonctionne et ce qu’il fait au lecteur.

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