À la rentrée de septembre 2025, Mines Saint-Étienne inaugurera un Cycle Préparatoire et Diplômant en Ingénierie et Santé (PDIS), une formation post-bac inédite visant à former des professionnels dotés d’une double compétence en ingénierie et en santé. Les étudiants bénéficieront d’un enseignement conjoint des Mines Saint-Étienne et de la faculté de médecine de l’Université Jean Monnet, leur permettant de décrocher un diplôme d’établissement et une licence en sciences pour la santé. Zoom sur cette approche innovante et alternative aux parcours traditionnels.
Afin de mieux comprendre les enjeux et les ambitions de cette formation, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Jacques Fayolle, Directeur Général de Mines Saint-Étienne. Il nous explique en détail la genèse du projet, les objectifs du cursus PDIS et les opportunités qu’il ouvre aux futurs étudiants intéressés par l’ingénierie et la santé. 🔽
La naissance de PDIS, une formation à la croisée des chemins de l’ingénierie et de la santé
Qu’est-ce que le Cycle Préparatoire et Diplômant en Ingénierie et Santé (PDIS) ?
Jacques Fayolle : PDIS est un cycle d’études postbac inédit qui mêle ingénierie et santé dès le début du cursus. Aujourd’hui, la santé devient un secteur de plus en plus technologique, et il est essentiel de former des ingénieurs ayant une connaissance approfondie du domaine médical, et vice versa, des médecins comprenant les enjeux technologiques. Ce cycle a pour but de former ces futurs professionnels à double compétence.
Ce programme s’adresse également aux lycéens qui hésitent entre des études scientifiques et médicales. Contrairement aux dispositifs d’orientation classiques, souvent cloisonnés (soit scientifiques, soit médicaux), nous proposons une alternative exigeante et ambitieuse, qui demande un bon niveau académique.
Quelles sont les motivations principales derrière la création de cette formation ?
Trois raisons principales ont mené à la création du cycle PDIS.
👉🏻 Dans un premier temps, nous souhaitons former des professionnels capables de comprendre à la fois les enjeux de l’ingénierie et ceux de la santé. Puisque, comme je l’ai évoqué, la santé est un secteur de plus en plus technologique avec des compétences qui sont très recherchées sur le marché du travail.
👉🏻 Dans un second temps, nous voulions également répondre à l’objectif de croissance des écoles d’ingénieurs fixé par la loi sur l’industrie verte de 2023. Nous devons former 1 000 ingénieurs supplémentaires au sein du réseau Mines-Télécom et cette formation était un levier majeur.
👉🏻 Enfin, et c’est quelque chose de très important pour nous, nous voulons diversifier les profils recrutés et féminiser les écoles d’ingénieurs. Aujourd’hui, seuls 2% des étudiants en école d’ingénieurs ont suivi la combinaison maths + SVT au baccalauréat, et les formations en santé attirent davantage les étudiantes. Or, sur Parcoursup, nous observons que, pour le moment, 70% des candidats au cycle PDIS sont des jeunes filles, contre 27% pour notre cursus classique.
PDIS, un cursus unique dans le paysage de l’enseignement supérieur
En quoi PDIS se distingue-t-il des CPGE et du PASS ?
PDIS est un véritable « ovni » dans le paysage de l’enseignement supérieur. Contrairement aux Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE), il ne prépare pas à un concours, mais à une poursuite d’études. Il est également distinct du Parcours Accès Santé Spécifique (PASS), qui est une voie sélective avec un taux d’échec important en première année.
PDIS repose sur trois piliers :
✔ Un cycle préparatoire et diplômant : il permet d’accéder à différentes voies d’études (ingénierie ou santé).
✔ Un double diplôme en deux ans : les étudiants obtiennent à la fois le diplôme PDIS de Mines de Saint-Étienne et une licence Sciences pour la Santé de l’Université Jean Monnet.
✔ Un rythme intense : le programme condense trois années de licence en deux, avec un volume de travail proche d’une CPGE, mais réparti sur 20 mois effectifs de formation (septembre à fin juin).
Comment la formation PDIS réussit-elle à condenser trois années de licence en seulement deux ans ?
Le cycle PDIS repose sur un rythme de travail intensif et exigeant, comparable à celui des CPGE. L’année universitaire s’étend sur 10 mois complets, de septembre à fin juin, maximisant ainsi le temps d’apprentissage. Ce format accéléré permet de couvrir en deux ans l’équivalent d’une licence en sciences pour la santé.
La formation est sélective dès l’admission, avec seulement 60 places disponibles afin de garantir un suivi rapproché et un accompagnement optimal des étudiants. Contrairement aux études de médecine où la sélection est lors de partiels ou d’examens finaux, le cycle PDIS mise sur une sélection rigoureuse à l’entrée, puis met tout en œuvre pour assurer la réussite de ses étudiants.
Quels sont les critères de sélection et le profil recherché ?
Nous ciblons des bacheliers généraux, avec une préférence pour ceux ayant suivi les spécialités maths – SVT ou physique – SVT. Nous regardons aussi attentivement les notes de SVT en première, même pour les élèves ayant pris maths-physique en terminale.
Un critère plus original de sélection est la note de philosophie. Les questions éthiques sont centrales dans l’ingénierie appliquée à la santé. Par exemple, lorsque l’on travaille sur des implants neuronaux, on doit se poser des questions comme : « À quel moment commence le robot et où s’arrête l’humain ? »
Comment est structuré le cursus ?
Le cycle PDIS est structuré de la façon suivante :
- 70 % des enseignements dispensés par Mines Saint-Étienne, 30 % par la faculté de médecine de l’Université Jean Monnet
- Travaux pratiques et mises en situation (bioélectronique, biomatériaux, etc.)
- Cours en commun avec la licence sciences pour la santé pour favoriser les échanges avec les étudiants en médecine
- Contrôle continu et suivi rapproché des étudiants
La majorité des cours se déroule sur le campus Ingénierie-Santé, un environnement unique partagé avec la faculté de médecine et le Centre Ingénierie Santé de Mines Saint-Étienne, à proximité immédiate de l’hôpital.
Quels sont les débouchés après PDIS ?
Quels choix s’offrent aux étudiants après ces deux années de cycle PDIS ?
Les diplômés peuvent poursuivre leurs études selon deux grandes voies :
- École d’ingénieurs : des places sont ouvertes dans le réseau Mines-Télécom, dont 25 à Mines Saint-Étienne, 10 à IMT Atlantique, 10 à Mines Albi, 4 à Télécom SudParis, 6 à Télécom Saint-Étienne, 3 à IMT Nord Europe, 3 à IMT Mines Alès
- Médecine : accès via un dispositif passerelle, avec 6 places en deuxième année.
Les critères de sélection pour ces poursuites d’études sont un équilibre entre résultats académiques et motivation.
Le cycle PDIS peut accueillir 60 étudiants et nous proposons 68 possibilités d’orientation. Nous voulons éviter le syndrome du « dernier prend ce qu’il reste ». Les étudiants ont le choix.
L’avenir du cycle PDIS et son impact sur l’enseignement supérieur
Ce modèle sera-t-il étendu à d’autres écoles ou disciplines ?
Le cycle PDIS est un projet expérimental, soutenu par l’État et intégré dans la stratégie du réseau Mines-Télécom. Si le succès est au rendez-vous, nous envisageons d’ouvrir d’autres formations sur le même principe, mais adaptées à d’autres disciplines scientifiques et médicales.
Les étudiants bénéficieront des mêmes droits d’inscription que les élèves ingénieurs de Mines Saint-Étienne, soit 3 200 € par an, avec en plus les frais universitaires pour la licence sciences pour la santé.
Pourquoi ce programme attire-t-il particulièrement les lycéennes ?
Nous ne faisons pas de sélection spécifique basée sur le genre, mais nous mettons en avant les débouchés concrets liés à la santé et aux biotechnologies. Les jeunes générations sont plus sensibles au sens des études et des métiers, bien plus qu’aux classements des écoles.
👉🏻 Notre approche est simple : expliquer clairement les métiers de l’ingénierie appliquée à la santé, et montrer les opportunités qu’offre ce domaine en pleine expansion.
Une formation novatrice entre ingénierie et santé
Avec le Cycle Préparatoire et Diplômant en Ingénierie et Santé (PDIS), Mines Saint-Étienne et l’Université Jean Monnet proposent une voie alternative inédite pour les étudiants intéressés à la fois par la technologie et la médecine.
Cette formation sélective, exigeante, mais professionnalisante, s’adresse aux élèves de terminale motivés par les sciences dures et la santé. Elle garantit une poursuite d’études sécurisée (ingénierie ou médecine) et prépare aux métiers d’avenir dans un secteur en pleine mutation.
📌 Recrutement via Parcoursup – 60 places ouvertes dès la rentrée 2025.