Le Groupe ISC Paris ainsi que l’institut d’études BVA Xsight viennent de révéler les résultats de la deuxième édition de leur baromètre sur la perception du bonheur au travail des jeunes âgés de 18 à 24 ans. Une analyse fine des attentes et de la définition de la réussite professionnelle de cette nouvelle génération de travailleurs et futurs travailleurs.
Quelles sont les conditions du bonheur au travail ? Cette question a été posée à un panel de quelque 1100 jeunes, étudiants et jeunes actifs, âgés de 18 à 24 ans lors d’une enquête en ligne diffusée au mois d’octobre 2023. Pour cette deuxième édition, le baromètre s’est intéressé de près à l’égalité homme-femme et à la façon dont elle est perçue par la jeunesse. Un constat se dégage malheureusement, les jeunes femmes se sentent lésées dans le monde du travail.
Rémunération, ambiance et horaires flexibles, principaux critères de sélection ?
Interrogés sur les critères de sélection qu’ils appliquent au moment de choisir un emploi, les jeunes sondés disposaient d’une liste de 10 items, parmi lesquels la rémunération, l’engagement de l’entreprise, la flexibilité des horaires, les avantages sociaux, etc. Ils déclarent alors à 44% que la rémunération était l’un des éléments principaux faisant pencher la balance pour une entreprise ou une autre. Ils sont d’ailleurs 35% à souligner que la rémunération est un signe de réussite professionnelle. Un chiffre en hausse par rapport aux résultats de la première édition du baromètre.
Outre cet intérêt pécuniaire, les étudiants et jeunes actifs sondés ont également fait preuve d’un véritable intérêt pour l’ambiance qui régnait sur le lieu de travail. Ils sont 32% à la mettre en priorité lors de leur sélection. Un résultat stable par rapport à l’année passée qui démontre une constance dans la volonté d’épanouissement et de bien-être des plus jeunes. À cela s’ajoute une autre donnée importante. 86% des sondés affirment que pour être performante, une entreprise doit impérativement veiller au bonheur de ses salariés. Des résultats éloquents.
Le baromètre met également en lumière le désir d’un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Les jeunes de 18 à 24 ans sont 43% à déclarer que réussir à dégager du temps libre pour leur vie personnelle est un élément essentiel de leur « emploi de rêve ». Ils n’étaient que 37% en 2022. Interrogés sur l’aménagement de leur temps de travail, 53% des jeunes sondés considèrent que favoriser la flexibilité des horaires est le meilleur moyen pour les entreprises de permettre à leurs salariés de concilier vie privée et vie professionnelle.
De façon plus mineure, les répondants ont également évoqué les opportunités d’évolution (14%) et l’engagement de l’entreprise en responsabilité sociale et environnementale (9%) comme critères de taille dans la sélection de leur « emploi de rêve ». Ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils n’y sont pas sensibles, mais qu’ils ne sont pas encore une priorité pour la jeunesse.
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Les jeunes femmes se sentent lésées en termes d’égalité avec leurs homologues masculins
À la différence de la première édition du baromètre « Le bonheur au travail vu par les jeunes de 18 à 24 ans », l’édition 2024 se concentre sur la thématique de l’égalité femme-homme dans le monde professionnel. Et les écarts se creusent très rapidement, puisque 61% des interrogés déclarent que les salaires des hommes et des femmes ne sont pas équivalents. 76% des jeunes femmes sondées estiment que pour un poste équivalent, elles gagnent malheureusement moins que leurs homologues masculins. Elles sont également 50% à affirmer être insatisfaites de leur rémunération, contre seulement 36% des jeunes hommes du même âge.
Pour ce qui est de l’accès à l’emploi, les jeunes étudiantes et actives sont seulement 37% à estimer qu’il leur est aussi aisé de trouver un emploi qu’un jeune homme. Elles ne sont par ailleurs que 39% à penser qu’il est aussi facile pour une femme de décrocher un CDI que pour un homme. Un plafond de verre qui persiste également sur le long terme, puisque 57% des sondés (femmes et hommes) estiment que les hommes sont davantage privilégiés dans l’accès aux postes à responsabilités que les femmes. Des résultats affligeants qui démontrent des inégalités persistantes.
Fait surprenant (ou non), interrogés sur ces mêmes problématiques, les jeunes hommes semblent bien moins percevoir ces réalités que les jeunes femmes. Ils sont 50% (contre 20% des femmes) à avoir le sentiment que les salaires sont équivalents entre les hommes et les femmes, et estiment à 53% que les femmes peuvent prétendre aux mêmes postes à responsabilités que les hommes (contre 22% des concernées). Les hommes auraient-ils des œillères lorsque l’on en vient au plafond de verre auquel sont tristement confrontées les femmes ?
Pour finir, 77% des jeunes interrogés admettent que les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes et décisions sexistes.
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Les jeunes sont-ils satisfaits de leur insertion sur le marché du travail ?
Le constat est sans appel. Les répondants en poste sont 80% à se déclarer satisfaits de leur emploi actuel.
Quels sont alors les facteurs d’un tel épanouissement ? Le niveau d’autonomie accordé par l’entreprise est un critère important. Ils sont 86% à se déclarer satisfaits de l’autonomie qui leur est donnée dans le cadre de leurs missions. Un chiffre qui monte à 89% pour les jeunes actifs qui ont réalisé des études supérieures. 83% des jeunes actifs soulignent également qu’ils évoluent dans une bonne ambiance de travail, et ils sont 82% à apprécier la qualité de leurs relations avec leur manager direct. Le fameux équilibre entre la vie personnelle et professionnelle est également apprécié par les répondants à 76% et ils mettent également en avant la possibilité de développer leurs compétences à 75%.
Un résultat vient cependant assombrir le tableau. Les jeunes actifs interrogés sont 43% à se déclarer insatisfaits de leur rémunération. En revanche, une fois interrogé sur la négociation salariale, un quart seulement des répondants révèle s’être imposé sur ce sujet.
Qu’en est-il du stress ? 43% des jeunes actifs ressentent du stress au travail. Un chiffre qui explose ces les CSP+ puisque 69% affirment être sujets au stress dans leur vie professionnelle.
Quelles entreprises attirent le plus les 18-24 ans ?
Constat amer pour le secteur public, les jeunes répondants se montrent de moins en moins intéressés par ses entreprises et n’est plus plébiscité que par 10% d’entre eux. Malgré leur rayonnement dans l’hexagone et à l’international, les grandes entreprises ne parviennent pas non plus à tirer leur épingle du jeu. Seuls 10% des sondés estiment que leur emploi de rêve les attend dans une grande entreprise française. Les petites entreprises (5%), les multinationales étrangères en France (4%) et les associations (4%) ont également du mal à convaincre la jeunesse.
A contrario, 29% des interrogés déclarent que la création d’une entreprise est synonyme de carrière de rêve. Ils sont également 14% à souhaiter poursuivre leur carrière avec un poste en lien avec l’international.
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Et après leur première expérience ?
Selon le baromètre du Groupe ISC et de l’institut BVA Xsight, les répondants se sont que 29% à souhaiter continuer le même métier une fois leur première expérience professionnelle terminée. 47% d’entre eux envisagent même déjà un changement dans leur carrière après quelques mois seulement. Ils pensent alors à la création d’une entreprise, à l’exercice d’un métier plus porteur de sens ou encore un changement de secteur. Une tendance qui prouve que les jeunes actifs hésitent bien moins que leurs aînés à changer la trajectoire de leur carrière s’ils n’y trouvent pas leur compte.