Que faire après un BUT ?

21% des jeunes ont déjà renoncé à un emploi contraire à leurs valeurs

À lire dans cet article :

À l’occasion de son dixième anniversaire, l’Institut de l’Engagement s’est associé à BVA, institut de sondage, pour la réalisation d’une enquête sur l’engagement de la jeunesse française. Comment et pourquoi la jeunesse s’engage-t-elle ? Jusqu’où est-elle prête à aller ?

Petit point méthodologie, cette étude a été réalisée du 8 au 15 novembre 2022 sur un échantillon de 800 jeunes, âgés de 18 à 24 ans. La méthode des quotas a été assurée afin d’obtenir un échantillon représentatif (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, etc.).

Qu’est-ce que l’Institut de l’Engagement ? Créé en 2012, peu après le service civique, l’Institut de l’Engagement accompagne les jeunes, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques, afin de se construire un avenir à la hauteur de leur potentiel. En 2022-2023, 1 100 jeunes seront accompagnés dans le cadre d’un programme de mentorat leur permettant de mener à bien leur projet professionnel et/ou personnel.

Seulement 55% des jeunes déclarent se sentir engagés

Premier chiffre et non des moindres, 55% des jeunes français interrogés déclarent se sentir engagés, contre 45% qui estiment ne pas l’être. Des résultats surprenants au vu du taux d’engagement des plus jeunes sur les réseaux sociaux !

Toutefois, une fois le vernis gratté, nous nous apercevons rapidement que le problème tiendrait davantage dans la définition de l’engagement que dans le type d’engagement lui-même. En effet, aujourd’hui, les jeunes semblent peu nombreux à s’investir de façon régulière dans un parti (14%), un syndicat (15%) ou encore dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire (19%), ce qui représente pour eux « l’engagement traditionnel ». Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’ils ne s’engagent pas du tout, leur engagement s’exprime simplement d’une autre manière. Ils semblent alors plus enclins à signer des pétitions (40%), à relayer des posts d’influenceurs sur les réseaux sociaux sur des causes qui leur tiennent à cœur (41%) et à boycotter ou choisir des marques en fonction de leurs convictions (51%).

Ce qui est intéressant de souligner est que ces actions ne leur paraissent pas nécessairement relever d’un « engagement ». Ainsi, parmi les 45% de jeunes Français qui estiment ne pas se sentir engagés, 67% s’impliquent dans au moins une des causes que l’on vient de citer ! La notion d’engagement semble alors fortement corrélée dans les esprits à une forme d’action traditionnelle via une structure collective notamment, mais les jeunes, quant à eux, agissent davantage de façon individuelle et ponctuelle. Pas de désengagement massif de la jeunesse donc, mais une dichotomie dans les types d’engagement.

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Un jeune sur cinq déclare avoir renoncé à un emploi contraire à ses engagements

Selon l’enquête menée par l’Institut de l’Engagement et BVA, 21% des sondés déclarent avoir déjà renoncé à un emploi ou à une proposition d’emploi en raison de leurs convictions ou de leurs engagements. Un chiffre minoritaire certes, mais qui démontre néanmoins la prise de conscience chez certains jeunes, qui refusent alors d’accepter un travail qui n’est pas conforme à leurs idées.

Lorsque l’on creuse un peu plus, on s’aperçoit que 30% des diplômés d’un bac+5 sont enclins à refuser un emploi, sans doute parce qu’ils ont plus de moyens et de possibilités pour aller au bout de leur démarche. Le niveau d’engagement relèverait alors également des privilèges… un jeune qui a un bagage socioculturel important et diplômé d’un bac+5 serait-il plus enclin qu’un jeune qui n’a pas son baccalauréat à refuser un emploi parce qu’il n’est pas en adéquation avec ses valeurs ? Très probablement !

51% pensent qu’il faut mieux être à l’intérieur du système pour agir

Alors que de nombreux étudiants se soulèvent et invitent leurs camarades à « déserter » les emplois destructeurs, le sondage s’est intéressé à la façon d’être le plus efficace dans son engagement. Vaut-il mieux agir au sein d’une structure ou d’une institution pour changer les choses ou refuser le système pour conserver sa liberté et rester fidèle à ses convictions ? À cette question, les jeunes sont loin de répondre de façon unanime. 51% d’entre eux pensent qu’il vaut mieux être « in » et 46% qu’il est préférable d’être « out ».

Un parallèle peut alors être fait avec le discours de la remise des diplômes d’AgroParisTech en avril dernier, dans lequel plusieurs étudiants invitent leurs camarades à déserter : « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours, ont-ils déclaré à la tribune. Nous ne nous considérons pas comme les talents d’une planète soutenable ».

Aujourd’hui, les jeunes titulaires d’un bac+5 ou plus sont une nette majorité (61%) à considérer qu’il vaut mieux agir à l’intérieur du système pour faire bouger les lignes, alors que les jeunes non diplômés (61%) ou issus de foyers plus populaires (50%) sont une majorité à ne plus y croire et à préférer agir de l’extérieur.

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La moitié des jeunes est prête à renoncer à une relation amicale ou amoureuse si ses valeurs ne sont pas partagées

L’engagement des jeunes Français va même au-delà du monde du travail, puisque certains en font un axe structurant dans leur vie amoureuse. 56% des sondés affirment que leur engagement a compté dans leur vie de couple et dans le choix de leur partenaire. Pour ce qui est des relations amicales, 54% des répondants ont tenu compte des convictions et des engagements dans le choix de leurs amis.

Certains vont même jusqu’à renoncer à une relation amoureuse (29%) ou amicale (36%) pour cette raison et 46% ont déjà renoncé à l’un ou à l’autre.

55% ont déjà renoncé à des marques qui ne correspondent pas à leurs valeurs

Par ailleurs, la notion d’engagement chez la jeunesse française se remarque également dans leur consommation. En effet, comme nous le disions plus tôt dans cet article, 55% d’entre eux ont déjà renoncé à certains services ou marques qui ne sont pas respectueuses de leurs convictions. Un exemple frappant à ce titre : 29% ont déjà renoncé à une destination de vacances en raison de leurs engagements.

Et comment se traduit cet engagement au quotidien ? Les jeunes qui se sentent engagés estiment que cela a un impact positif (61%) dans leur vie, alors que 38% restent plus nuancés et soulignent aussi les effets négatifs que cela peut engendrer. Parmi eux, 40% l’expliquent par les critiques qu’ils peuvent recevoir de la part de leur entourage qui les trouve alors « trop engagés » et d’autres indiquent que cet engagement peut même engendrer une mésentente (28%), mais aussi parce que cela peut entraîner un sentiment important de frustration (34%). Notamment chez ceux qui sont sensibles à la cause animale et environnementale.

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