Qu’est-ce que la conscience ? Est-elle un centre unifié qui dirige nos pensées et nos actions, ou bien n’est-elle qu’une partie visible d’un esprit plus complexe ? Pour René Descartes (1596-1650), la conscience est la certitude absolue de soi : « Je pense, donc je suis ». Elle fonde l’identité et la liberté du sujet. Pour Sigmund Freud (1856-1939), au contraire, la conscience n’est qu’une petite partie de notre psychisme, dominée par l’inconscient, siège de désirs et de pulsions qui nous échappent. Le sujet est-il vraiment maître de lui-même, ou divisé entre des forces conscientes et inconscientes ?
Descartes : la conscience, fondement du sujet
Le « Cogito » : certitude de soi
Dans ses Méditations métaphysiques (1641), Descartes cherche une vérité indubitable. Il découvre que tout peut être remis en doute (les sens, les croyances, le monde extérieur), sauf le fait que je pense.
- « Je pense, donc je suis » (Cogito ergo sum) signifie que penser est la preuve de mon existence.
- La conscience est transparente à elle-même : je sais immédiatement que j’existe lorsque je pense.
La maîtrise de soi
Pour Descartes, l’homme est un être raisonnable, capable de contrôler ses passions par la pensée et la volonté. Le sujet cartésien est unifié, conscient de lui-même, et responsable de ses actes.
Freud : la découverte de l’inconscient
Un sujet traversé par des forces cachées
Freud, père de la psychanalyse, bouleverse cette vision. Il montre que la conscience n’est pas le centre du psychisme :
- La plus grande partie de notre esprit est inconsciente, peuplée de désirs refoulés, de souvenirs oubliés, de pulsions instinctives.
- Nos rêves, nos lapsus et nos symptômes révèlent cette “vie cachée” qui influence nos comportements à notre insu.
La division du moi
Freud compare la conscience à la partie émergée d’un iceberg :
- Le ça contient les pulsions et désirs primaires (inconscient).
- Le moi tente de concilier ces pulsions avec la réalité.
- Le surmoi représente les interdits moraux et sociaux.
L’homme n’est donc pas maître dans sa propre maison, contrairement à ce que croyait Descartes.
Pour aller plus loin sur les théories de ces deux penseurs, nous te conseillons de jeter un œil à cette vidéo YouTube sur le sujet.
Un sujet unifié ou divisé ?
La critique freudienne de Descartes
Freud remet en cause l’idée cartésienne d’un sujet transparent à lui-même.
- Un individu peut se croire rationnel et libre, mais être en réalité dirigé par des forces inconscientes (désirs, traumatismes, peurs refoulées).
- Par exemple, une phobie ou une obsession ne s’explique pas par la raison consciente, mais par des conflits psychiques enfouis.
La conscience reste essentielle
Cependant, Freud ne nie pas l’importance de la conscience.
- C’est par la prise de conscience (la cure psychanalytique) que le sujet peut réconcilier ses différentes forces intérieures.
- La conscience devient alors un outil de libération, mais elle n’est jamais totale ni absolue.
Exemples concrets : le sujet divisé au quotidien
- Les lapsus : lorsque l’on « dit ce qu’on ne voulait pas dire », l’inconscient s’exprime.
- Les rêves : Freud les interprète comme des « désirs déguisés » qui cherchent à se manifester.
- Les comportements irrationnels : peur irrationnelle, jalousie ou impulsions soudaines montrent que notre conscience ne contrôle pas tout.
Conscience et liberté
La confrontation entre Descartes et Freud pose une question essentielle :
Sommes-nous vraiment libres si notre conscience est limitée par des forces inconscientes ?
- Pour Descartes, la liberté réside dans la volonté éclairée par la raison.
- Pour Freud, la liberté ne peut venir qu’après un travail sur soi, pour déjouer les mécanismes inconscients qui nous dominent.
Ici un article sur L’Homme aux rats, un patient que Freud a analysé pendant des années et qui peut un exemple intéressant.
Conclusion : un sujet à explorer
La pensée de Descartes et de Freud montre que la conscience est à la fois un point de départ et une énigme.
- Avec Descartes, nous découvrons une certitude indubitable : nous sommes des êtres pensants.
- Avec Freud, nous apprenons que nous ne nous connaissons pas complètement et que notre psychisme est traversé par des forces obscures.
Le sujet est donc partiellement divisé, et la quête philosophique consiste à mieux comprendre ce mélange de conscience et d’inconscience pour accéder à une liberté plus authentique.