Tout savoir sur l’épopée de Gilgamesh

Image article épopée de Gilgamesh

Au sommaire de cet article 👀

Après notre article sur l’épopée antique, nous te proposons d’étudier un texte dont tu as certainement déjà entendu parler au collège : L’Épopée de Gilgamesh. Maîtriser ses caractéristiques, son contexte et sa portée te sera utile non seulement pour ta culture générale mais également pour tes cours d’histoire, de français et de philosophie !

Qu’est-ce que l’épopée de Gilgamesh ?

Avant Homère et avant la Bible, il y a eu Gilgamesh. Inscrit sur des tablettes d’argile en écriture cunéiforme, ce récit nous vient de l’antique Mésopotamie, berceau de l’écriture et des premières villes. Son héros est un roi à moitié divin, à moitié humain, avide de gloire, confronté à la perte, à la fragilité de l’existence, et au questionnement sur l’immortalité. L’Épopée de Gilgamesh, plus vieux texte narratif connu – près de 4000 ans –, ne raconte pas seulement l’histoire d’un roi légendaire ; elle dessine les contours de notre humanité.

En effet, ce n’est pas un simple récit d’aventure, de monstres et de héros. C’est une méditation sur l’amitié, le deuil, la quête du sens et l’acceptation de la finitude.

Contexte historique et archéologique : entre Uruk et Ninive

La Mésopotamie – littéralement « entre les fleuves » (le Tigre et l’Euphrate) – fut le berceau de la civilisation urbaine.

Dès le IVe millénaire avant notre ère, les cités-États de Sumer développent l’agriculture, la métallurgie, l’écriture cunéiforme. Uruk, la ville de Gilgamesh, est l’un des centres les plus puissants de cette époque. On y bâtit des temples monumentaux, on y commerce, on y pense.

Gilgamesh, selon certaines listes royales sumériennes, aurait régné vers 2700 avant J.-C. Son nom est donc peut-être celui d’un roi historique, mais c’est à travers des récits oraux, puis écrits, que sa légende s’est formée. Au fil des siècles, des versions sumériennes, akkadiennes et babyloniennes de l’histoire apparaissent. Le récit final, celui que nous appelons « Épopée de Gilgamesh », s’est stabilisé vers le XIIIe siècle avant notre ère.

C’est dans les ruines de la bibliothèque d’Assurbanipal, à Ninive, que les archéologues découvrent au XIXe siècle, parmi 25 000 fragments, les tablettes de l’épopée en akkadien. Il s’agit d’une version relativement tardive (VIIe siècle av. J.-C.), mais fidèle à une tradition bien plus ancienne.

L’ironie du sort veut que ce récit sur la perte et la mémoire ait lui-même été presque oublié pendant 2000 ans, avant de revenir à nous par le travail patient des philologues. Cette redécouverte archéologique est un écho direct au message du texte : ce que l’homme écrit peut résister à l’oubli.

Le récit : de la grandeur à la désillusion d’un héros-roi

L’Épopée de Gilgamesh est composée de 12 tablettes (dont certaines sont lacunaires, c’est-à-dire incomplètes), qui décrivent le parcours initiatique du roi d’Uruk.

Tablettes I à II : La création d’un double, Enkidu

Gilgamesh règne avec une force surhumaine, mais aussi une arrogance destructrice. Il tyrannise ses sujets, prend les jeunes hommes pour ses expéditions et les femmes pour ses plaisirs. Devant les plaintes des habitants, les dieux décident de lui créer un égal, Enkidu, qui grandit dans la nature parmi les bêtes.

L’arrivée de Shamhat, courtisane sacrée, civilise Enkidu par le langage, le désir et la culture. Ce passage fondamental évoque la naissance de l’humanité : Enkidu, quittant la nature, entre dans l’ordre social. Leur rencontre, suivie d’un combat égal, forge une amitié indéfectible : Gilgamesh trouve en Enkidu son frère d’âme, son double.

Tablettes III à V : L’expédition contre Humbaba

Gilgamesh, animé par la soif de gloire, convainc Enkidu de partir affronter Humbaba, le gardien de la forêt des Cèdres. Ce voyage vers l’inconnu est un rite initiatique. Il marque la rupture d’avec l’enfance et l’ordre établi. Aidés par Shamash, ils tuent le monstre, malgré les supplications de celui-ci.

Mais ce triomphe héroïque n’est pas sans ambiguïté : Humbaba représente peut-être une force de la nature, voire un ordre ancien. Le tuer, c’est aussi provoquer l’ire des dieux. Cette transgression, perçue comme un exploit par les héros, annonce la chute.

Tablette VI : Ishtar et le taureau céleste

La déesse Ishtar, fascinée par la beauté de Gilgamesh, le demande en mariage. Il refuse, énumérant les malheurs qu’ont connus ses précédents amants. Humiliée, elle demande à son père, le dieu Anu, d’envoyer le Taureau Céleste pour punir Gilgamesh.

Enkidu et Gilgamesh parviennent à terrasser la bête. Mais cet acte, qui défie à nouveau les dieux, signe leur perte. Enkidu, figure de l’innocence civilisée, paiera le prix fort.

Tablettes VII à VIII : La mort d’Enkidu

Les dieux condamnent Enkidu à mourir. Son agonie, décrite avec intensité, est l’un des passages les plus émouvants de l’épopée. Gilgamesh, incapable de le sauver, assiste impuissant à la dégradation du corps de son ami.

Cette perte bouleverse son monde. Lui qui croyait pouvoir tout affronter découvre la réalité inéluctable de la mort. C’est ce deuil qui pousse le roi à entreprendre une quête, non plus de gloire, mais de vérité.

Tablettes IX à XI : Quête de l’immortalité

Refusant d’accepter le destin des mortels, Gilgamesh cherche Uta-napishtim, seul homme à avoir survécu au Déluge et reçu l’immortalité. Ce voyage le mène à travers des montagnes, un tunnel d’obscurité, un océan infranchissable.

Uta-napishtim lui raconte le déluge : averti par un dieu, il construit une arche et sauve l’humanité. Les dieux, pris de remords, lui offrent l’immortalité. Mais celle-ci n’est pas transmissible.

Gilgamesh tente alors d’obtenir une plante qui rend jeune. Il la trouve, mais un serpent la lui vole pendant son sommeil. Vaincu, il retourne à Uruk.

Tablette XII : Le retour à Uruk

Gilgamesh contemple les murailles qu’il a bâties, et y voit sa trace durable. L’éternité qu’il cherchait dans le corps, il la découvre dans la civilisation, dans ce que l’homme construit.

Les grands thèmes de l’épopée de Gilgamesh

L’épopée ne se contente pas de raconter une suite d’épreuves. Elle explore, en profondeur, des interrogations existentielles.

L’amitié

L’amitié entre Gilgamesh et Enkidu est une révolution dans la littérature ancienne. Elle n’est ni purement politique, ni uniquement guerrière. Elle est un lien affectif profond, presque amoureux. C’est elle qui humanise Gilgamesh, qui donne un sens à sa vie.

Mais cette amitié a un prix : elle provoque la mort d’Enkidu. Le texte suggère que tout attachement rend vulnérable, en affirmant qu’aimer, c’est s’exposer à souffrir.

La mort

Enkidu meurt et Gilgamesh prend conscience de sa propre mortalité. Cette révélation le déstabilise. Sa quête d’immortalité est une fuite, une tentative d’échapper à l’ordre cosmique. Il finit par comprendre que la mort est constitutive de l’humain.

De ce fait, le héros n’est pas celui qui triomphe de la mort, mais celui qui accepte de vivre pleinement avec sa présence.

Le savoir contre l’oubli

Face à la finitude biologique, l’homme peut opposer une autre forme de durée : la mémoire, l’art, la ville, l’écriture. Les murailles d’Uruk deviennent, à la fin du récit, le symbole d’une autre immortalité, celle de la culture. Ainsi, ce que Gilgamesh n’a pas pu conserver dans sa chair, il le grave dans la pierre.

Pourquoi lire (ou relire) Gilgamesh ?

Une sagesse antique sans dogme

Loin des systèmes religieux ou moraux fermés, Gilgamesh propose une réflexion ouverte, parfois ambiguë, sur le sens de l’existence. C’est une œuvre profondément humaine, dans laquelle les dieux sont présents, mais où c’est l’homme qui fait l’expérience du monde.

Un texte fondateur de la littérature

La poésie du texte, son rythme, ses images, sa structure, sont d’une richesse surprenante. Même en traduction, on perçoit la force évocatrice de certaines scènes : la mort d’Enkidu, la nuit sans fin, la ville d’Uruk au retour. C’est une œuvre d’art avant d’être un document historique.

Une invitation à penser la postérité

Aujourd’hui, alors que nos traces sont de plus en plus numériques, instantanées, volatiles, Gilgamesh nous rappelle l’importance de construire quelque chose de durable, de collectif, de transmissible. Il nous invite à penser au-delà de nous-mêmes.

Si ce sujet t’a intéressé(e), nous te recommandons vivement d’écouter l’émission proposée par Radio France et disponible gratuitement juste ici.

ce que tu dois retenir sur l’épopée de Gilgamesh

En résumé, Gilgamesh commence comme un despote (tyran), affronte des monstres, découvre l’amitié, perd son double, cherche à vaincre la mort, et rentre, changé, pour construire une mémoire. Ce voyage à travers les archétypes est celui de l’humain : comprendre qu’on ne vainc pas la mort, mais qu’on peut lui donner sens.

Lire Gilgamesh, c’est revenir aux origines de la narration, et aux premières réflexions sur la vie humaine et la mort. C’est ce qui fait la force de ce texte, dont le personnage principal n’est pas un simple roi antique, mais un des premiers philosophes sur lesquels on peut s’appuyer.

Tu veux plus d’informations et de conseils pour réussir tes examens et trouver ton orientation ? Rejoins-nous sur Instagram et TikTok !

Rejoins la communauté AuFutur !

Reçois directement dans ta boîte mail toutes les infos à connaître pour réussir  ton bac et préparer ton orientation !

Découvre le guide exclusif
sur le Grand oral 🤓

Le Grand oral approche à grands pas et nous t’avons concocté un guide pour parfaire tes dernières révisions. Tout ce que tu dois savoir se trouve dans ces quelques pages, alors n’attends plus et télécharge le guide du Grand oral 2025 sans plus tarder. 💡