À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a voulu savoir ce qu’il s’était passé, comment l’Europe et le monde avaient plongé dans le chaos. La principale théorie du totalitarisme vient alors de la philosophe allemande Hannah Arendt avec son ouvrage Les origines du totalitarisme de 1951. Si toi aussi, tu hésites encore sur une définition précise du totalitarisme, en réunissant les différentes opinions des auteurs, tu peux trouver quelques caractéristiques qui sont mises en avant pour décrire un régime totalitaire.
Le régime totalitaire suppose l’adhésion profonde de toute la population à l’idéologie officielle
La notion de régime totalitaire est largement usitée, mais il peut être difficile de définir clairement ce que c’est. Tu peux facilement être tenté de le confondre avec un régime dit autoritaire. Si les deux s’opèrent souvent dans une dictature, leur but peut diverger. En réalité, c’est bien l’idéologie qui distingue ces deux organisations. Si le régime autoritaire supprime aussi les libertés, il n’oblige pas nécessairement la population à suivre l’idéologie du parti.
D’abord, la présence permanente d’une idéologie forte du parti et ce, dans toutes les sphères de la société. En effet, à l’échelle du pouvoir, suivre cette idéologie permet de justifier par exemple les purges politiques contre des opposants considérés dangereux pour le projet national. Ce fut le cas des procès de Moscou en 1936 ou encore de la Révolution culturelle maoïste entre 1966 et 1976 aboutissant à quasi 20 millions de morts dans le pays. Mais cette idéologie se retrouve aussi dans la sphère familiale. L’objectif des régimes totalitaires est bien de faire passer le parti avant même les liens filiaux. Ce fut le cas notamment des jeunesses hitlériennes ou des komsomol soviétiques, qui réunissaient des enfants du régime et ces derniers étaient encouragés à dénoncer les mauvais comportements de leur propre famille, comme critiquer le parti par exemple. Ainsi, on peut dégager une caractéristique essentielle du régime totalitaire, la transformation de l’Homme avec une idéologie appliquée au quotidien.
Ensuite, dans un régime totalitaire, le leader a un rôle clé. Il impose un culte de la personnalité omniprésent dans la vie de la population. Concernant Staline, il se faisait appeler « Le petit père des peuples » pour que la population se sente proche, il y avait des affiches de lui partout dans les rues et des chants à son honneur. Lors de ses discours, le public devait applaudir sans discontinuer pendant de très longues minutes (parfois 20 ou 30) et personne n’osait s’arrêter de peut d’être envoyé au Goulag ou même d’être éliminé.
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Le régime totalitaire, le régime répressif par excellence
Les régimes totalitaires se reconnaissent par leur restriction des libertés individuelles et leur répression pour diriger la population. Il y a d’abord la présence d’un parti unique, tous les autres sont interdits et donc les élections aussi. Il n’y a pas de liberté d’opinion, encore moins de liberté d’expression, on ne peut pas critiquer le parti par exemple. Et pour faire régir ces lois, il faut un organe de répression, ce qu’on appelle une police politique comme la fameuse NKDV en URSS ou la Gestapo nazie. Ces régimes ont d’ailleurs des outils répressifs impressionnants, le Goulag (système carcéral soviétique gérant les camps de travail) aurait vu passer 18 millions de personnes sous Staline et même entre 20 et 50 millions de personnes dans les Laogai de Mao Zedong selon les différentes estimations.
Ils n’hésitent même pas à utiliser la répression et la « chasse à l’Homme » pour assouvir leur idéologie. Cela peut d’ailleurs mener à des politiques d’eugénisme, c’est-à-dire créer un certain type de population, avec une unique façon de penser, d’agir et d’éliminer le reste de la population ne respectant pas ces critères. C’est ce que voulait Hitler avec la Solution finale, éradiquer les juifs, tsiganes, etc. tout en encourageant la naissance de bébés aryens.
Les principaux régimes totalitaires du XXe siècle
Les régimes totalitaires sont apparus au XXe siècle dans l’entre-deux-guerres. Les premiers et principaux régimes totalitaires et donc ceux sur lesquels s’est appuyé Hannah ARENDT pour développer sa thèse sont le stalinisme et le nazisme hitlérien. On y ajoute souvent le fascisme italien de Mussolini avec là aussi le culte de personnalité du « Duce » (« Le Guide ») et les célèbres lois fascistissimes de 1925 transformant son régime en régime totalitaire. Ces régimes, avec de fortes caractéristiques communes, se sont alliés dans le camp de l’Axe en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pendant la Guerre froide, si les totalitarismes n’existaient plus en Europe occidentale, dans le camp communiste, certains régimes totalitaires sont apparus. Le cas le plus frappant est évidemment la Chine maoïste (la RPC) apparue en 1949, avec un peuple qui devait suivre les décisions de Mao, surnommé Le Grand Timonier. Il fera d’ailleurs paraître son idéologie dans le très célèbre « petit livre rouge » de 1964. Un autre régime totalitaire est apparu dans les années 70 au Cambodge avec les khmers rouges de Pol Pot. L’idéologie était une des plus dures jamais observées et en seulement 4 ans, les khmers ont éradiqué plus de 25% de la population cambodgienne, on parle même désormais de génocide cambodgien.
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Aujourd’hui, un retour des régimes à tendance totalitaire
Après la chute de l’URSS en 1991, le temps était à l’optimisme avec la chute du système soviétique, l’arrivée de la démocratie en Europe de l’Est et l’extension plus générale de la démocratie dans le monde, notamment grâce aux États-Unis.
Pourtant, tous les régimes totalitaires n’ont pas disparu, à l’instar de la Corée du Nord dirigée par Kim Jong Un. Reprenant le pouvoir de son père Kim Jong Il, il a encore durci le régime politique nord-coréen.
Mais, aujourd’hui, on observe un retour de pays à tendance de plus en plus totalitaire. C’est surtout le cas de la Chine. Si le pays était un régime totalitaire sous Mao, il était devenu un régime dit autoritaire sous Deng Xiaoping, avec moins de culte de la personnalité et des relatives libertés économiques. Seulement, depuis l’arrivée de Xi Jinping en 2013, les libertés sont peu à peu supprimées, comme on a vu avec l’arrestation de Jack Ma, PDG d’Alibaba après avoir critiqué le parti. Le culte de la personnalité fait aussi son retour en Chine pour encenser le dirigeant.
Si tu veux résumer succinctement dans tes copies, dans le régime autoritaire, on se tait et on obéit alors que dans le régime totalitaire, on doit manifester son adhésion dans les gestes du quotidien. Enfin, être un régime totalitaire n’est pas définitif, mais la frontière entre régime autoritaire et régime totalitaire peut être assez fine et donc le risque de voir d’autres pays autoritaires devenir totalitaires n’est pas à exclure.
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