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HGGSP : La France dans l’Europe

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Dans cet article, nous faisons le point avec toi sur la place de la France dans l’Union européenne.

Quelle est la place de la France dans la mondialisation ? Est-elle bien intégrée à ce processus historique, pluriséculaire, de mise en relation des sociétés du monde entier, devenu un lieu commun à toute l’humanité ? Et quel est l’impact de la mondialisation sur les territoires et la population française ? Enfin, entre la France et le monde, quel est le rôle et le poids de l’Union européenne (UE) ? Pour traiter ce vaste et complexe sujet de la France dans la mondialisation, on se concentre dans un premier temps sur l’intégration européenne de la France, car l’intégration de la France au processus de mondialisation passe avant tout par son intégration européenne, on peut même parler d’euro-mondialisation. Celle-ci passe avant tout par les échanges de marchandises, de capitaux et les flux humains.

Les échanges marchants entre la France et l’Europe

L’union européenne est un cadre privilégié d’intégration à la mondialisation, qui a favorisé celle de la France. Ainsi, selon les critères du forum de Davos (« sommet de la mondialisation »), la France est la 14ème économie la plus ouverte dans le monde, avant tout par ses échanges à l’échelle européenne.

Ces échanges à l’échelle mondiale (tous ceux qui entrent et/ou sortent du territoire français) prennent d’abord la forme d’échanges de marchandises et de services. Entre 1983 et 2010, les échanges de marchandises entre la France et le reste du monde ont été multipliés par cinq, ceux de services par quatre. De ce fait, six millions d’emplois en France dépendent directement des exportations.

On l’a dit, ces échanges entre la France et le reste du monde passent en premier par l’échelle européenne. En effet, 60% des exportations françaises sont à destination d’autres pays de l’UE (et près de la moitié dans la zone euro). Cependant, la faible capacité de la France à échanger avec les zones les plus dynamiques de l’économie mondiale vient nuancer le constat d’une France insérée dans la mondialisation : l’Amérique et l’Asie (qui représentent 50% du commerce mondial) ne comptent que pour 20% des exportations françaises. Le manque de proximité est une des raisons expliquant cette faiblesse, les pays ayant tendance à échanger d’abord avec leurs voisins (le prix Nobel d’économie Paul Krugman parle de « zones naturelles d’échanges »).

Les faiblesses du système productif français en sont une autre (positionnement moyenne gamme concurrencé par les pays asiatiques, retard dans les nouvelles technologies, nombre réduit de petites et moyennes entreprises (PME), qui ne représentent que 22% des exportations françaises, contre 40% en Allemagne). Ainsi, nos exportations hors zone euro ne représentent que 11% de notre PIB, et cette présence à l’échelle internationale s’affaiblit : en 1998, la France représentait 18% des exportations de la zone € hors zone €, seulement 12% en 2018. La France perd donc des parts de marchés par rapport aux autres pays européens, et dépend ainsi de plus en plus de ses exportations à l’intérieur de l’Europe (UE ou zone €).

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Les échanges de capitaux entre la France et le reste de l’Europe

Les échanges de capitaux (investissements monétaires visant à récupérer un profit) prennent deux formes : les IDE (investissements directs à l’étranger, par exemple lorsqu’une société française entre au capital d’une société allemande, anglaise, indienne…) et les partenariats industriels.

La France est au cœur des IDE, à la fois terre d’accueil et émetteur majeur. Entre 1980 et 2004, le stock mondial d’IDE a été multiplié par 12, alors que celui placé en France a été multiplié par 17. La France est ainsi le 7ème pays accueillant le plus d’IDE dans le monde (on parle du stock d’IDE, le total accumulé sur plusieurs années), le 2ème dans l’UE, après l’Allemagne. Et ces dernières années, alors que les flux d’IDE baissaient dans le monde, notamment en UE (-18,5% de flux entrant dans l’UE en 2018), la France a été le premier pays européen à accueillir de nouveaux flux d’IDE (l’accumulation des flux chaque année construit le stock), signe de l’attractivité de l’industrie française (portée par l’aéronautique et le secteur énergétique notamment).

Et la dimension européenne des IDE est encore très marquée pour la France : ¾ du stock d’IDE placés en France est détenu par des investisseurs européens. Ainsi, 20 000 sociétés étrangères sont responsables de deux millions d’emplois en France et de 40% des exportations françaises. Ces flux d’IDE entrant en France alimentent également la peur d’une perte de souveraineté de la France, notamment lors de l’année 2015 qui a vu le rachat d’Alstom par General Electrics, de Lafarge par Holcim, d’Alcatel par Nokia et du Club Med par Fosun. Parmi ces entreprises étrangères présentes en France, la part des entreprises chinoises reste faible, présentes dans moins de 500 entreprises.

Les échanges de capitaux sont aussi marqués par l’essor des partenariats industriels des entreprises françaises à l’étranger. En France, cela passe notamment par les grandes entreprises, dont 65% de la production se fait à l’étranger. Certaines le font à l’échelle européenne. C’est le cas d’Airbus, présent notamment à Hambourg en Allemagne en plus de son siège à Toulouse. Le cas d’Airbus est emblématique de la production à l’échelle européenne fonctionnant en réseau, par les échanges entre différents sites localisés dans plusieurs pays européens.

Cependant, pour les échanges industriels, la logique de la mondialisation l’emporte souvent sur la logique européenne. Par exemple, le partenariat emblématique qui a permis à Renault de devenir le premier constructeur mondial ne s’est pas fait avec une société automobile allemande ou italienne, mais avec les japonais Nissan (1999) puis Mitsubishi (2017). Cette internationalisation industrielle entraine une sortie de la production que l’État ne peut empêcher : en 15 ans, Renault et Peugeot ont divisé par deux leur production sur le sol français, ce qui est paradoxal avec le maintien voire le renforcement de la puissance de ces groupes, qui réalisent 80% de leur chiffre d’affaires par leur production hors de France. Le renforcement d’une politique industrielle à l’échelle européenne semble nécessaire pour éviter cette perte de production, voire pour accélérer les « relocalisations », qui sont apparues nécessaires avec la crise du COVID et la guerre menée par la Russie en Ukraine, pour être moins dépendant du reste du monde en cas de perturbation des échanges.

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Les flux humains entre la France et le reste de l’Europe

Enfin, l’intégration de la France dans la mondialisation passe par des flux humains de plus en plus nombreux et aux causes multiples. On distingue deux grandes catégories de flux humains :  les migrations (déplacements de populations qui passent d’un pays à un autre pour s’y établir) et les flux touristiques.

La place de la France dans l’espace migratoire international est en évolution. Pendant les trente glorieuses (période de forte croissance après-guerre jusque dans les années 1970, qui voient notamment se succéder deux chocs pétroliers), la France a massivement recours à l’immigration de travail (faire venir des travailleurs pour reconstruire le pays). Avec le ralentissement économique débute en 1974 la « maîtrise des flux », la France limitant l’immigration de travail pour passer à une politique de regroupement familial(accueillir les familles des travailleurs déjà établis en France). Depuis cette période, la part d’immigrés(personnes venues de l’étranger, qui peuvent avoir acquis la nationalité française) en France est stable, à environ 8% de la population vivant en France. Aujourd’hui, si l’UE est un pôle d’attraction majeur, le solde migratoire (migrants qui arrivent de l’étranger moins Français qui émigrent hors de France) est très faiblement positif (+54 000 personnes en 2012) : la France n’est plus une destination privilégiée au sein du système migratoire international. D’autre part, la mondialisation a contribué à une diversification des origines des migrants : ceux venant d’Espagne ou d’Italie représentaient 50% des migrants en 1962, contre 9% aujourd’hui.

A contrario, la part d’immigrants venant du Maghreb a doublé pour représenter 30% des arrivées aujourd’hui, avec 14% venant d’Afrique subsaharienne et 15% d’Asie. La position de la France s’est également complexifiée, étant plus perçue comme une étape (vers le Royaume-Uni notamment) qu’une destination finale. La mondialisation des flux a remis en cause la conception française de l’immigration. Si la France fait partie de l’espace Schengen depuis 1995 (libre circulation des citoyens à l’échelle européenne, ce qui est une liberté précieuse), dès 2006, la loi relative à l’immigration et à l’intégration introduit la notion « d’immigration choisie » (sélectionner les migrants autorisés à s’installer en France en fonction des besoins du pays, ce qui contraste avec l’approche plus sociale du regroupement familial en vigueur depuis 1974). Mais ce renforcement du contrôle a été mis à mal dans les années 2010, qui ont vu une augmentation de la pression migratoire aux portes de l’UE, avec les guerres civiles en Syrie, Libye et en Irak notamment, entraînant 1,3 millions d’entrées illégales au sein de l’espace Schengen en 2015.

En ce qui concerne l’autre dimension des flux humains, le tourisme, la France est le pays qui accueille le plus de touristes au monde (87 millions en 2017, dépensant 54 milliards d’euros en France). Son patrimoine culturel riche et naturel varié est un atout considérable. Là encore, l’intégration européenne est déterminante : 82% des 87 millions de touristes en 2017 venaient d’autres pays de l’Union européenne. Ces flux touristiques sont très importants pour l’économie française, représentant deux millions d’emplois et 7% du PIB (Produit Intérieur Brut), avec des impacts différenciés selon les territoires français. Lorsqu’il est fort, le risque terroriste menace ces bénéfices liés au tourisme, comme en 2016 avec un million de touristes en moins après les attentats de 2015. Mais la reprise de la hausse dès 2017 montre la résilience touristique de la France.

Ainsi, si sa position est menacée sur certains secteurs (exportations industrielles, échanges avec l’Asie), la France est un pays très intégré à la mondialisation. Que ce soit pour les flux de marchandises, de capitaux ou humains, cette présence française à l’international est avant tout portée par son intégration européenne.

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