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Le Cid, Corneille : résumé et analyse de l’œuvre

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Tu as peut-être déjà entendu parler de l’histoire de Rodrigue et de Chimène ainsi que du fameux dilemme cornélien ? Quoi qu’il arrive, tu croiseras forcément un jour cette pièce de théâtre très célèbre sur ton chemin ! Cet article te propose donc un résumé et une analyse des thèmes principaux de cette œuvre majeure de la littérature française.

Qui était Corneille ?

Pierre Corneille naît à Rouen en 1606, dans une famille aisée de magistrats. Il suit des études classiques au collège des jésuites puis des études de droit. En 1628, il devient avocat et juriste en Normandie et en parallèle écrit une comédie qui obtient un vif succès en 1629 : Mélite. Entre 1630 et 1636, il fait jouer une tragi-comédie, Clitandre, des comédies (La VeuveLa SuivanteL’Illusion comique) et une tragédie (Médée).

En 1637, Le Cid remporte le plus vif succès qu’ait jamais remporté une pièce de Corneille et soulève pourtant parmi les gens de lettres « La querelle du Cid ». Corneille est accusé d’avoir plagié (imité et copié) une pièce espagnole de Guilen de Castro. Si l’Académie reconnaît l’originalité de la pièce, elle reproche à Corneille de n’avoir pas respecté les règles classiques (unité de temps : la pièce doit se dérouler sur 24 heures ; unité de lieu ; règle de la vraisemblance et bienséance : l’action doit être réaliste et respecter la morale classique).

Puis, à partir de 1637, Corneille fait jouer de nombreuses tragédies et comédies et est élu à l’Académie française en 1647. Il publie notamment Le Menteur (1644), au programme du bac de français 2025, dont nous te livrons une analyse juste ici. En 1650, Corneille est démis de ses fonctions de procureur à cause de sa fidélité à l’impopulaire Mazarin et vit de sa plume. De 1651 à 1659, Corneille écrit moins suite à plusieurs échecs de ses tragédies et rédige des réflexions théoriques sur l’écriture tragique : Trois Discours sur le poème dramatique.
Il écrit ensuite diverses tragédies et comédies héroïques qui sont des échecs ou succès mitigés, le public préférant Racine. Il vit dans la difficulté, pensionné, mais ses anciennes pièces sont encore jouées.

Il meurt en 1684, laissant une œuvre dense qui célèbre la grandeur d’âme du Grand Siècle : Le Cid.

Les personnages dans Le Cid de Corneille

Les personnages principaux dans Le Cid de Corneille

  • Don Rodrigue : le fils de Don Diègue et l’amant de Chimène (c’est lui le Cid, mais ce surnom de guerre n’est mentionné que deux fois). Il s’agit d’un fils loyal, un amant loyal et un sujet loyal. Il obéit aux devoirs familiaux même s’il sait qu’il s’éloigne à jamais de son amour ; il obéit aux lois de l’amour en renonçant à son aimée et demeurant décidé à être digne des sentiments de la jeune femme ; il obéit aux lois du roi combattant comme un forcené pour la patrie. Son surnom « Le Cid » signifie « seigneur » : il a accompli les épreuves qui font de lui un gentilhomme fidèle et honorable.
    Il est le héros cornélien type, capable de surmonter un dilemme qui le pousse à envisager le suicide, mais il vainc même écartelé entre des impératifs contradictoires. Il est celui qui réussit à faire coïncider les impératifs familiaux, amoureux et politiques.
  • Chimène : la fille de Don Gomès et l’amante de Rodrigue. Amante passionnée, elle se révèle dans la douleur, et est héroïque parce qu’elle dépasse la tension permanente entre la douleur de la perte de son père et le fait de devoir renoncer à celui qu’elle aime.
  • Don Gomès : le père de Chimène. Il est orgueilleux et a trop conscience de sa valeur en souffletant le vieillard et contredisant l’ordre du roi.
  • Don Diègue : le père de Rodrigue. C’est un vieillard pathétique qui porte un passé guerrier glorieux et qui ne tolère pas l’affront du soufflet. L’honneur passe avant la vie de son fils à qui il délègue l’obligation de laver l’affront : « Meurs ou tue », exige-t-il. Il est intransigeant sur ses valeurs patriotiques et familiales.
  • Don Sanche : un prétendant de Chimène.
  • Don Fernand : le roi de Castille.
  • Doña Urraque (aussi appelée l’Infante de Castille) : la fille du roi, qui aime secrètement Don Rodrigue.

Les personnages secondaires dans Le Cid de Corneille

  • Elvire : la gouvernante de Chimène.
  • Léonor : la gouvernante de l’Infante.
  • Don Arias et Don Alonse : des gentilshommes castillans.

La pièce se déroule au XIe siècle, à Séville, dans la capitale du royaume de Castille.

Résumé du Cid de Corneille

Maintenant que les personnages de la pièce t’ont été présentés, voici le résumé par acte de la pièce.

Acte 1 : Le Cid de Corneille

La jeune Chimène apprend de sa gouvernante que son père, don Gomès, envisage de la marier à don Rodrigue dont elle est amoureuse. Le roi désigne don Diègue, le père de Rodrigue, comme gouverneur du prince. Déçu, son rival don Gomès le gifle. Le vieil homme outragé veut venger son honneur dans le sang mais n’en a pas la force physique. Rodrigue s’offre de laver l’honneur familial et découvre qu’il s’agit du père de sa bien aimée. Il se lamente devant l’alternative affreuse qui se présente à lui.

Une réplique célèbre de cette pièce figure dans cet acte : « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? », Don Diègue Acte I, scène 4.

Acte 2 : Le Cid de Corneille

Malgré sa douleur immense, Rodrigue provoque le Comte Gomès en duel et le tue. Chimène réclame la mort de Rodrigue mais don Diègue veut assumer la responsabilité d’un geste vengeur qu’il aurait dû faire si l’âge ne l’en avait empêché. Le roi réclame un temps de réflexion, inquiété par l’approche des Maures, ennemis de la Castille.

Acte 3 : Le Cid de Corneille

Chimène est déchirée entre l’idée d’obtenir la mort de l’assassin de son père et son amour pour lui. Rodrigue se désespère devant la souffrance qu’il inflige à sa bien-aimée. Il décide de mourir pour la patrie, en luttant contre les Maures qui débarquent sur les côtes, en commandant une troupe constituée des amis de son père. Avant de le quitter, Chimène fait comprendre à Rodrigue qu’elle l’aime encore, par une célèbre litote :

« Va, je ne te hais point », Chimène, Acte III, scène 4.

Acte 4 : Le Cid de Corneille

Elvire informe Chimène des exploits de Rodrigue dans la bataille contre les Maures ; le jeune homme est reçu en héros par le roi. Chimène vient réclamer justice au roi mais celui-ci, faisant sortir Rodrigue, fait croire à Chimène que Rodrigue vient de mourir. Ne pouvant cacher son émoi à l’annonce de cette nouvelle, Chimène se trahit et le roi comprend que son amour pour Rodrigue est toujours présent. Cependant, Chimène refuse de renoncer à la vengeance et réclame un duel qui opposera Rodrigue à don Sanche : la jeune femme promet d’épouser le vainqueur.


Acte 5 : Le Cid de Corneille

Rodrigue remporte un duel contre l’autre prétendant de Chimène, don Sanche, qu’elle hait. Il le laisse sauf. Chimène, croyant son aimé mort, laisse éclater son amour devant la cour. Rodrigue arrive et met sa vie entre les mains de Chimène. Le roi accorde un délai de décence morale d’une année à Chimène pour qu’elle pleure son père et envoie Rodrigue se couvrir encore de gloire en luttant contre les invasions maures. Passé ce délai, ils pourront s’unir.

Les thèmes centraux dans Le Cid de Corneille

L’honneur familial dans Le Cid

L’honneur est celui de la famille, du clan. Le thème du « sang » est omniprésent et montre à quel point il est vital d’honorer son lignage, et d’accroître sa réputation. Toute atteinte à l’intégrité d’un noble est répercutée sur son ascendance et sa descendance. Il est impondérable de venger la réputation d’une race par le duel, en refusant tout sentiment.

Tu l’as bien vu, toute l’intrigue tourne autour de choix qui paraissent impossibles entre l’amour et la famille : Rodrigue doit-il venger son père en attaquant celui de Chimène, ou préserver sa fiancée mais laisser salir la dignité de sa famille ? D’ailleurs, Rodrigue n’est pas le seul à devoir affronter cette question. Chimène aussi se retrouve dans une position délicate puisqu’elle aime le meurtrier de son père. Que choisir entre les liens du cœur et ceux du sang ?

On parle de dilemme cornélien, justement en référence au Cid de Corneille, pour évoquer un choix quasiment impossible.

L’amour, au cœur du Cid de Corneille

L’amour est une pulsion de tout l’être même s’il reste pudique, derrière la métaphore de la « flamme » embrasant de « désirs » et de « charmes ». Il est aussi estime de l’autre et respect de son honneur. La passion cohabite avec la raison. L’amour fait exister la personne en tant qu’individu et lui permet de s’émanciper de son clan. Rodrigue aime Chimène malgré l’exigence de son père ; Chimène aime Rodrigue bien qu’il soit l’assassin de son père.

À la fin, les personnages choisissent l’amour, puisque Rodrigue et Chimène vont se marier. Mais ils ne négligent pas pour autant leurs valeurs : Rodrigue a prouvé sa valeur en combattant l’ennemi et Don Sanche, et Chimène repousse le mariage d’un an par respect pour son père décédé.

Dans Bérénice de Racine, le personnage de Titus se retrouve confronté au même genre de dilemme. Comme il est empereur de Rome, les lois lui interdisent de fréquenter la reine d’un autre royaume. Dommage, car Titus est amoureux de Bérénice, la reine de Palestine. Spoiler : contrairement à Rodrigue, à la fin de l’histoire, Titus choisit sa fonction avant sa compagne et renvoie Bérénice chez elle. Une vraie fin tragique !

L’héroïsme, une vertu pleine d’honneur

L’héroïsme est lié à l’honneur et à la vertu, au courage. C’est aussi la volonté de se réaliser en dépassant toutes les contradictions. L’acte héroïque est un effort sur soi-même, sur son intérêt immédiat au profit du bien d’autrui comme sacrifier un amour pour l’honneur des siens.

Le Cid : une pièce en dehors des codes traditionnels du théâtre

Un flottement entre deux genres

Le Cid n’est ni du genre tragique, ni du genre comique, alors que le classicisme préfère qu’on se tienne à l’un ou l’autre. Le genre tragique met en scène des personnages de rang noble (c’est le cas ici), mais dont l‘issue est le plus souvent fatale, ou du moins sans fin heureuse comme dans Le Cid.

Cela ne relève pas non plus du genre comique puisque, même si la fin est heureuse, il n’y a pas de personnages importants de bas rang, comme des valets ou des servantes, et qu’aucun caractère n’y est ridiculisé. Voilà pourquoi on qualifie Le Cid de tragi-comédie, et que l’œuvre a pu dérouter les habitués du classicisme.

Pour aller plus loin

Si tu souhaites découvrir par toi-même cette œuvre, tu peux te procurer le texte de cette pièce dans ton CDI ou en bibliothèque. Tu peux également consulter une version PDF, comme celle-ci.

Pour compléter cette approche, nous te proposons de visualiser la pièce en version intégrale, disponible sur YouTube, mise en ligne et jouée par la Compagnie Roumanoff.

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