Argumentation dissertation

Dissertation sur l’argumentation : La littérature, un moyen efficace ?

À lire dans cet article :

La dissertation sur l’argumentation n’est pas un exercice compliqué si on bien maîtrise la méthode. Pour chaque thématique, il faut connaître quelques exemples clé et être capable de les réutiliser le jour J dans sa copie. Par conséquent, bien apprendre un corrigé de dissertation pour chaque thématique pourrait être une bonne stratégie pour préparer l’épreuve. Bien maîtriser 6 à 9 exemples, bien connaître les enjeux et rendre une belle copie suffit pour réussir l’épreuve haut la main.

 

Le brouillon

Définir les termes du sujet

Il faut commencer par définir très attentivement les termes du sujet : La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et pour dénoncer les cruautés commises par les hommes ?

 

La littérature

Inutile de trop s’attarder sur ce terme – il faudra parler de littérature au sens large. Hors de question d’évoquer ici uniquement des textes argumentatifs, pensez également aux pièces de théâtre, aux romans, aux poèmes, etc. Par contre, inutile de penser à tous les films ou à toutes les séries qui ont pu vous émouvoir dernièrement. Il est bel et bien question ici de littérature uniquement.

Un moyen efficace

La question posée vous incite donc à réfléchir sur l’efficacité de la littérature. Mais comment peut-on juger de l’efficacité de quelque chose ? Il s’agirait donc de mettre en avant l’effet de la littérature sur le lecteur. Pensez à la dernière fois qu’un livre ou qu’un texte vous a marqué. À quoi cet effet était-il du ? À défaut, pensez à la dernière fois qu’un professeur vous a dit qu’un texte était particulièrement marquant et convaincant. Pourquoi ?

Qu’est-ce que la littérature a de spécifique ? Qu’est-ce qui la rend plus efficace qu’un autre média pour émouvoir le lecteur ?

 

Émouvoir le lecteur

Pleurer, rire, perdre sommeil, ne plus être capable de lâcher le livre qu’on a entre les mains, etc. Comment un livre parvient-il à toucher le lecteur en plein coeur ?

 

Dénoncer les cruautés commises par les hommes

Il ne s’agit donc pas ici de n’importe quelle émotion : on parle toujours de dénonciation et de la cruauté. Le verbe “dénoncer” est ici très important. On pense de suite au genre argumentatif et aux deux “outils” de l’argumentation – convaincre et persuader. Mais pas seulement ! Il faudra voir s’il y a d’autres moyens, tout aussi efficaces, pour dénoncer grâce à la littérature.

Commencez à lister tous les ouvrages que vous connaissez qui traitent de la cruauté commise par les hommes. Ne vous contentez pas des textes donnés dans le corpus ! Vous avez sûrement étudié ou déjà lu Candide de Voltaire – rappelez-vous des terribles chapitres sur la guerre !

Essayez de penser à des exemples classiques – certes il y a beaucoup de cruauté dans des ouvrages fantastiques célèbres comme Game Of Thrones par exemple (dont on ne dénigrera point la qualité ici), mais ce ne sont pas forcément les références attendues ici. Par ailleurs, un exemple original bien amené peut encore ravir votre correcteur, mais sachez qu’en général les professeurs de français, surtout au moment de la correction du bac, ne sont pas forcément friands des copies hors des sentiers battus. Ils ont des attentes et des critères à cocher pour distribuer des points, ne les déstabilisez pas trop. Rigueur et méthode avant tout !

Attention un autre défaut consisterait à vouloir tout “caser”. Si vous avez une culture littéraire très riche, bravo et tant mieux pour vous, mais n’essayez pas absolument de mettre toutes les références que vous avez pour briller devant le correcteur. Ce n’est pas l’accumulation mais la reflexion qui compte à ses yeux. Construisez bien votre copie au brouillon et identifiez bien les exemples à mettre dans chaque partie pour rendre un devoir solide.

 

Problématiser

Ce sujet n’a pas été choisi par hasard, si des professeurs de français vous l’ont proposé, c’est qu’il y a matière à réfléchir dessus pendant toute la durée de l’épreuve. Inutile donc de faire un hors sujet pour traiter une thématique qui vous intéresse plus.

Construction d’un plan

Les connaissances préalables à avoir

Pour construire un plan, vous devez impérativement avoir à l’esprit les différentes oeuvres que vous maîtrisez bien sur l’argumentation.

Voici une liste non exhaustive des oeuvres à connaître pour rédiger votre dissertation sur l’argumentation :

  • Les Essais de Montaigne (1580)
  • Gargantua, Rabelais (1534)
  • Les Fables de La Fontaine (1668)
  • Caractères de La Bruyère (1688)
  • Maximes de La Rochefoucauld (1665)
  • Pensées de Pascal (1670)
  • Sermons de Bossuet (1689)
  • Lettres persanes de Montesquieu (1721)
  • L’Encyclopédie de Diderot (1751)
  • Candide de Voltaire (1759), pensez aussi à son Dictionnaire philosophique
  • Les Misérables de Victor Hugo (Le dernier jour d’un condamné (1821), Ruy Blas)
  • J’Accuse d’Émile Zola (1898)
  • Le Mythe de Sisyphe de Camus (1942)
  • L’Être et le Néant de Sartre (1942)

N’oubliez pas d’avoir en tête les principaux enjeux du genre argumentatif :

  • XVIe siècle : Premiers écrits argumentatifs : des écrits très documentés (avec des citations de grands ouvrages de l’Antiquité (au XVIe siècle). L’homme réfléchit sur l’éducation. L’objectif premier est de convaincre par des arguments rationnels.
  • XVIIe siècle : Les écrits se font plus sarcastiques, ironiques – le but est de dénoncer de manière détournée le pouvoir en place (la littérature de l’époque c’est un peu House of Cards). Du coup Voltaire utilise énormément l’ironie, La Fontaine écrit des fables, Molière écrit des pièces de théâtre (avec des personnages caricaturaux – censés rappeler aux spectateurs leurs propres défauts)
  • XVIIIe siècle : Le grand siècle des lumières ! L’objectif est de tout documenter, d’être aussi précis et exhaustif que possible. La littérature se fait plus philosophique.
  • XIXe siècle : L’article J’Accuse de Zola est très important ! C’est la première fois que la littérature devient ouvertement une véritable arme de combat. Avec la troisième république, et son école obligatoire, de plus en plus de personnes savent lire. La presse connaît un essor sans précédent. Les écrivains ont une très bonne réputation – leur voix compte et intéresse l’opinion publique. L’article de Zola a un retentissement sans précédents. La littérature pour la première fois devient une arme politique.
  • XXe et XXIe siècle : Après les deux guerres mondiales, le monde est désabusé. La littérature se referme et devient un genre à part entière détaché de la politique. Elle se fait aussi plus philosophique. Entre les romans qui tentent de déconstruire la narration, les romans qui défendent un point de vue absurde sur le monde contemporain. La conviction laisse place à la persuasion.

Voici une liste non exhaustive de procédés littéraires à réutiliser et à connaître pour un sujet de dissertation sur l’argumentation :

  • Argumenter (défendre son point de vue – une thèse)
  • Argumentation directe (l’auteur exprime clairement son opinion en utilisant la première personne du singulier, en utilisant des exclamatives, le présent de vérité générale)
  • Argumentation indirecte (l’auteur s’exprime dans un cadre fictif – par exemple la Fable)
  • Convaincre (utiliser des arguments rationnels)
  • Persuader (créer de l’émotion chez le lecteur)
  • Délibérer (penser le pour et le contre)
  • Faire un éloge (vanter les mérites et les avantages d’une situation)
  • Faire un blâme (dénigrer)
  • Pensez à l’apologue (discours court sur une valeur morale), la fable, le conte de fées, le conte philosophique, le roman philosophique, la parabole, la dystopie, le roman fable)
  • Pensez aux différents outils argumentatifs (les hyperboles, l’ironie, la narration, le pathétique, le satirique)
  • Pensez à la structure très définie de certains textes argumentatifs (dans l’art de la rhétorique, le texte est avant tout construit dans un souci de disposito : il commence par une exorde (comme une accroche), la narration (le développement), la confirmation et la péroraison (la conclusion).

 

La théorie

Une fois que vous avez tous ces éléments en tête, vous pouvez vous lancer dans la construction de votre plan. Le plan reste généralement très classique. N’hésitez pas à consulter nos articles sur les ruptures dans la littérature pour comprendre comment l’histoire a influencé l’histoire de la littérature et l’évolution des genres littéraires.

  • La première partie répond au sujet – elle lui donne raison.
  • La deuxième partie opère ce qu’on appelle un renversement dialectique – le fameux “oui mais”. Même si on a démontré dans la première partie ce que c’était le cas, voici tout ce qui démontre que ce ne l’est pas.
  • La troisième partie va plus loin – puisque la première idée n’est plus juste, il faut trouver une nouvelle formulation pour que cette idée reflète bien la réalité.

Attention à ne pas partir dans des abstractions trop lointaines du sujet dans cette dernière partie.

 

La pratique

En pratique, dans notre dissertation sur l’argumentation, voici un plan très classique qu’on pourrait adopter :

I – La littérature est un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et dénoncer les cruautés commises par les hommes.

On va se demander dans cette première partie pourquoi cette phrase est-elle juste ? Il y a plein d’arguments possibles ! Voici une liste non exhaustive d’arguments à laquelle vous auriez pu penser.

A – La littérature, grâce à sa diversité de genres, propose différentes moyens d’émouvoir le lecteur (là vous pouvez citer tous les différents genres littéraires liés à l’argumentation ou non). Rappelez vous par exemple du poème le Dormeur du Val de Rimbaud ou encore le poème à la Mère de l’enfant mort de Victor Hugo. Ces deux poèmes ne sont pas des textes argumentatifs. Par l’utilisation du registre pathétique (phrases exclamatives, interrogatives, interjections, énumération d’adjectifs décrivant la souffrance des personnages) et de l’hyperbole (tout est exagéré), le lecteur est emporté par le tragique du poème et se révolte lui aussi contre la cruauté humaine.

B – La littérature, permet aux écrivains de persuader leurs lecteurs pour les émouvoir et les faire réfléchir. Pensez ici à tous les écrits par exemple de Voltaire. Grâce à l’ironie, l’écrivain créé une distanciation, il n’accuse pas quelqu’un directement, il le fait d’une manière détournée. Voltaire peut utiliser ainsi sa plume incisive en adoptant le regard naïf de Candide, pour dénoncer toute la cruauté du monde. (C’est quand même très mal de ne pas accuser les rois directement, mais adopter le point de vue d’un simplet pour dénoncer les injustices de son époque.)

C – La littérature permet d’émouvoir les foules grâce au statut de l’écrivain, qui est un intellectuel qui affirme son opinion. Rappelez ici que dans les textes argumentatifs, la première personne du singulier est souvent utilisée, que les auteurs recourent à des arguments d’autorité comme les textes anciens (rappelez vous bien des textes du corpus pour les citations latines), qu’ils affirment leur opinion et soulèvent les foules (pensez à l’article J’Accuse de Zola).

Il y a deux choix pour la deuxième partie : soit vous pouvez dire que la littérature est plus que ça, soit vous pouvez considérer les limites de la littérature comme moyen de dénonciation des cruautés de ce monde. Nous traiterons ensemble ici ce deuxième aspect du sujet.

 

II – La littérature ne permet parfois pas d’émouvoir le lecteur pour dénoncer les cruautés de ce monde

A – L’émotion seule ne permet pas forcément de lutter contre les cruautés de ce monde. Les textes argumentatifs très convaincants qui se basent sur des arguments réels poignants peuvent être plus efficaces. Convaincre > persuader. Un texte très modalisé et construit, avec de nombreuses références comme les Essais de Montaigne peut avoir plus d’impact sur certains lecteurs qu’une fable de La Fontaine.

B – Certaines cruautés humaines ne peuvent même pas être décrites et traduites dans un texte littéraire. Pensez aux conséquences atroces de la Seconde Guerre mondiale. Pensez par exemple au Voyage au bout de la nuit de Céline ou encore au roman À l’Ouest rien de nouveau d’Erich Maria Remarque ou au Feu de Barbusse, certaines atrocités ne peuvent pas être formulées, parfois la cruauté devient même tellement “normale” qu’elle ne peut plus émouvoir.

C – La littérature dans son intégralité n’est pas destinée à dénoncer les inégalités dans le monde. La littérature peut exister pour elle-même. Écrire pour dénoncer, ne serait-ce pas là une façon de ne plus faire de la littérature ? Pensez au mouvement l’Art pour l’art, comme le Parnasse par exemple ou encore le mauvais roman.

 

III – La littérature permet de dénoncer la cruauté humaine à jamais, mais ce n’est pas à la littérature de sauver le monde de la cruauté.

A – Pensez à la figure de l’écrivain philosophe par opposition à l’écrivain politicien du XIXe siècle. L’écrivain joue un rôle à part entière dans la société. Il peut dénoncer, mais il reste l’albatros ailé qui survole le monde et livre aux hommes sa vision. Pensez à Montaigne qui, pour écrire ses Essais, s’est isolé dans une tour. La littérature est un élément déclencheur, c’est aux hommes, par la suite, de prendre la relève.

B – La littérature permet en revanche d’immortaliser ce qu’elle dénonce grâce aux sentiments intemporels qu’elle transmet au lecteur. On étudie encore les Fables de la Fontaine, on lit encore Candide de Voltaire. Ces textes résonnent encore dans le monde d’aujourd’hui parce que les figures allégoriques qu’ils mettent en scène, le procédé de l’ironie ou encore les figures de style qu’ils utilisent restent intemporels et touchent tous les lecteurs.

C – La littérature ne devrait pas exister dans le simple but de dénoncer – elle fait réfléchir l’homme. Rappelez ici les principaux procédés de l’argumentation, citez un texte qui vous a marqué dernièrement, montrez que vous aimez lire et que la littérature peut avoir un effet sur vous.

 

Votre mission

Voici un ensemble d’objectifs à garder à l’esprit le jour J. L’épreuve du bac est très basique. Retenez bien cela ! On teste vos compétences. C’est tout. On regarde si vous avez bien appris votre programme, si vous connaissez les oeuvres clés et si vous êtes capables d’appliquer la méthode. N’essayez pas d’être original, cochez les cases pour récupérer tous les points et décrochez la note de vos rêves. Vous pourrez toujours assouvir vos envies de devenir critique littéraire plus tard, après le baccalauréat.

 

Les objectifs de forme

La forme est très importante. Mettez-vous dans la peau d’un correcteur. Il a plusieurs énormes paquets de copies à corriger. Il est payé en moyenne 0,75 € par copie, à peine 5 € l’heure. Il n’a pas choisi d’être là. Il fait son devoir envers l’éducation nationale – il a été désigné pour corriger ces copies. Il est 22h30. Il a passé sa journée à essayer de déchiffrer l’écriture tout à fait incompréhensible de certains candidats, à lire des atrocités (qui l’ont peut-être fait rire au début, mais au bout de deux-trois copies c’est plus déprimant que drôle), à essayer de ne plus voir les nombreuses fautes d’orthographe et de grammaire éparpillées dans les copies, à rager parce que certains candidats ont oublié la conclusion, n’ont rendu qu’un paragraphe, n’ont pas traité le sujet, n’ont cité aucune oeuvre ou ont simplement rendu copie blanche. Il est fatigué. C’est le moment fatidique. Arrive votre copie. Observons ensemble deux cas de figure.

Cas de figure 1 : La copie est mal écrite, il n’y a pas de saut à la ligne, les paragraphes ne sont pas clairs, les titres des oeuvres ne sont pas soulignés, on ne voit pas du tout la structure de la copie et dès la première ligne il y a déjà une faute d’orthographe. Notre cher professeur est dans les pires dispositions pour corriger votre copie. Il n’a d’ores et déjà aucune envie de vous mettre une notre supérieure à 12. Il se prépare mentalement pour la corvée qui lui incombe, se sert un café, soupire. La soirée va être longue.

Cas de figure 2 : Quelle copie magnifique ! On voit du premier coup d’oeil une introduction de 5-6 lignes, trois paragraphes de développement et une conclusion. La copie est aérée, avec des sauts à la ligne (parfois deux lignes pour l’aérer encore d’avantage), des alinéas. L’écriture est soignée. Tout est là. Le correcteur sourit intérieurement, il est dans les meilleures dispositions pour lire votre copie, prêt à vous mettre une excellente note si le raisonnement et les références sont là. Il se sert un café, s’arme de son stylo, prêt à valoriser votre travail.

Ce qu’il faut absolument faire

  • Bien avoir une introduction, une conclusion et trois parties (ou deux) – mais n’oubliez jamais la conclusion.
  • Bien aller à la ligne entre chaque paragraphe (les lignes sont petites sur les copies de l’examen – n’hésitez pas à en sauter deux).
  • N’oubliez jamais l’alinéa.
  • Soulignez bien les titres des oeuvres que vous citez.
  • Relisez vous bien pour éviter les coquilles et les fautes d’orthographe.

 

Les objectifs de contenu

  • Ce qu’il faut faire
  • Ne jamais juxtaposer des citations d’auteurs apprises par coeur
  • Bien citer des oeuvres au programme et des oeuvres du corpus
  • Bien construire le plan au brouillon pour avoir un plan clair et au moins un exemple pour chaque partie (c’est là que vous voyez si votre plan est valable ou non)
  • Dans l’introduction bien avoir l’accroche, la problématique, le plan
  • Dans le développement, avoir trois parties claires avec des transitions entre chaque partie
  • Dans la conclusion bien rappeler le sujet et votre réponse

Respectez bien ces nombreuses consignes, révisez bien vos exemples et procédés, et cela est certain, tout se passera bien le jour J. N’hésitez pas à consulter notre article sur le commentaire de texte sur l’argumentation !

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