Biographie de Nathalie Sarraute

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Nathalie Sarraute est une figure incontournable de la littérature française du XXe siècle. Son nom est indissociable du Nouveau Roman, courant littéraire majeur des années 1950-1970 qui bouleversa les codes traditionnels du récit. Cet article te présente sa biographie et la contribution de ces œuvres dans la littérature du XXe siècle.

Nathalie Sarraute : une enfance entre deux mondes

Nathalie Sarraute, née Natalia Ilinichna Tcherniak, voit le jour le 18 juillet 1900 à Ivanovo, en Russie. Elle est issue d’une famille juive cultivée. Son père est chimiste, sa mère écrivaine. Dès l’enfance, elle est confrontée à l’exil et à la séparation : ses parents divorcent alors qu’elle n’a que deux ans. Très tôt, elle fait des allers-retours entre la Russie et la France, suivant tour à tour sa mère et son père. Cette mobilité forcée crée en elle un sentiment d’instabilité identitaire qui se reflétera dans toute son œuvre.

En 1909, elle s’installe définitivement en France avec son père. C’est à Paris qu’elle découvre la langue et la culture françaises, qui deviendront son terrain d’expression littéraire. Cette immersion dans une nouvelle culture, combinée à une enfance marquée par les conflits familiaux, façonne une personnalité introspective et lucide. Nathalie Sarraute parlera d’ailleurs de son enfance comme d’un « laboratoire » d’émotions complexes.

Son autobiographie, Enfance (1983), est l’un de ses livres les plus personnels. Mais il ne s’agit pas d’un récit linéaire ni sentimental. Sarraute y adopte une forme innovante : un dialogue intérieur entre la narratrice adulte et une voix critique, qui remet en question ses souvenirs. Cette tension narrative traduit son refus de livrer une autobiographie « confortable », et souligne à quel point la mémoire est instable, subjective et traversée par des « tropismes ».

La formation intellectuelle cosmopolite de Nathalie Sarraute

Fidèle à l’élan humaniste et intellectuel hérité de son père, Nathalie Sarraute suit des études brillantes. Après avoir obtenu son baccalauréat à Paris, elle entreprend des études de droit à la Sorbonne, avant de se perfectionner à Oxford et à Berlin, où elle s’intéresse également à la sociologie et à la littérature allemande. Elle apprend l’anglais, lit James Joyce, Virginia Woolf et découvre la modernité littéraire européenne.

En 1926, elle devient avocate au barreau de Paris. Ce métier lui assure une indépendance financière tout en la mettant en contact avec la complexité des relations humaines. Cependant, sa carrière juridique est brutalement interrompue en 1941 par les lois antisémites du régime de Vichy. Elle est radiée du barreau en tant que juive, ce qui la contraint à vivre dans la clandestinité durant l’Occupation.

Cette période difficile va marquer un tournant décisif dans sa vie : privée d’exercice professionnel, elle va désormais se consacrer entièrement à l’écriture. La guerre, le rejet, l’identité multiple : tous ces éléments nourrissent sa sensibilité littéraire et son besoin de sonder les profondeurs du langage et de la psyché.

L’émergence d’un style unique avec Tropismes (1939)

Son premier livre, Tropismes, paraît en 1939. Ce recueil, composé de courts textes, ne raconte pas vraiment d’histoire au sens classique du terme. Il s’agit plutôt d’une série de tableaux psychologiques qui captent des micro-réactions, des tensions à peine perceptibles, des mouvements intérieurs que l’auteure qualifie de « tropismes » — emprunté au vocabulaire de la biologie.

Ces tropismes sont des sortes de mouvements de l’âme, instinctifs et profonds, qui échappent à la volonté consciente. Sarraute y décrypte les réactions cachées de ses personnages face à des situations quotidiennes : une conversation mondaine, un regard, un silence. Il ne se passe rien d’important, et pourtant tout est là : une tension, une gêne, un malaise, un non-dit.

Ce livre, peu remarqué à sa sortie, est redécouvert après la guerre grâce à l’appui de figures comme Jean-Paul Sartre, qui y voit une tentative réussie de renouvellement du genre romanesque. Tropismes pose les bases du style sarrautien : rejet de la narration traditionnelle, effacement des personnages au profit des voix intérieures, fragmentation du récit.

L’Ère du soupçon (1956) : vers une révolution du roman

En 1956, Nathalie Sarraute publie L’Ère du soupçon, un recueil d’essais critiques dans lequel elle expose sa conception du roman. Cet ouvrage, fondamental dans l’histoire de la littérature moderne, constitue une sorte de manifeste du Nouveau Roman.

Sarraute y explique que le roman classique repose sur des illusions : la croyance en des personnages bien définis, une intrigue linéaire, une psychologie lisible. Or, selon elle, la réalité intérieure est bien plus complexe. Le personnage n’est qu’une illusion : ce qui compte, c’est le flux de la conscience, les tensions invisibles, les contradictions qui traversent l’être humain.

Elle affirme que nous sommes entrés dans « l’ère du soupçon », où les certitudes s’effondrent, où le langage lui-même devient suspect. Cette pensée, influencée par le mouvement existentialiste et les réflexions sur la modernité, s’accompagne d’un travail formel : phrases entrecoupées, dialogues non identifiés, absence de descriptions classiques.

L’Ère du soupçon ouvre la voie à une littérature où l’on n’écrit plus sur les choses, mais dans leur creux, dans ce qui les entoure, les défait, les fragilise.

L’œuvre littéraire majeure et exigeante de Nathalie Sarraute

Tout au long de sa carrière, Nathalie Sarraute publie une vingtaine d’ouvrages : romans, pièces de théâtre, autobiographie. Parmi ses œuvres majeures, on peut citer :

  • Portrait d’un inconnu (1948) : son premier roman, difficile, expérimental, mais déjà fidèle à sa volonté de supprimer les personnages traditionnels.
  • Martereau (1953) : une intrigue floue, des personnages en proie au doute, où l’action est constamment suspendue.
  • Le Planétarium (1959) : l’un de ses romans les plus accessibles, décrivant les tensions sociales à travers les voix intérieures de plusieurs personnages.
  • Les Fruits d’or (1963) : satire du monde littéraire, ce roman lui vaut le Prix international de littérature.
  • Entre la vie et la mort (1968) : un écrivain confronté à sa création, un texte métaphysique sur le processus même de l’écriture.
  • L’Usage de la parole (1980) : une série de récits analysant la violence contenue dans les expressions du quotidien.

Dans ses pièces de théâtre — Isma (1970), Le Silence (1972), C’est beau (1975) —, Sarraute explore la parole comme lieu de conflit. Le dialogue est sans cesse interrompu, détourné, soumis à des tensions souterraines. Le théâtre devient un laboratoire où s’expérimente la fragilité du langage.

Une reconnaissance tardive mais durable de Nathalie Sarraute

Longtemps considérée comme une écrivaine pour « initiés », Nathalie Sarraute a été reconnue sur le tard par le grand public. C’est surtout avec Enfance (1983) qu’elle atteint une plus large audience. Ce livre, à la fois autobiographie, essai et roman, séduit par sa sincérité, sa construction originale, sa capacité à parler de l’enfance sans la trahir par des clichés.

Elle entre dans la Pléiade en 1996, une consécration réservée aux grands auteurs de la littérature française. Elle reçoit également de nombreux prix et hommages internationaux. En 1982, elle est élue membre d’honneur à l’Académie américaine des arts et des lettres.

Jusqu’à sa mort, le 19 octobre 1999 à Paris, elle reste fidèle à sa démarche : écrire au plus près de l’indicible, sonder les replis de la parole, remettre en cause les formes établies.

Héritage et postérité de Nathalie Sarraute

L’œuvre de Nathalie Sarraute a influencé de nombreux écrivains contemporains, en France comme à l’étranger. Son travail a ouvert la voie à une littérature introspective, fragmentaire, qui cherche moins à raconter une histoire qu’à en révéler les failles.

Au XXIe siècle, ses écrits sont étudiés dans les programmes scolaires et universitaires. Ses concepts — comme les tropismes — sont devenus des outils critiques pour analyser les relations humaines dans la fiction.

Son apport au Nouveau Roman, aux théories de la narration, à la réflexion sur le langage et la mémoire, demeure essentiel pour qui veut comprendre les évolutions de la littérature moderne.

Pour aller plus loin, nous te proposons de consulter cet article disponible sur le site Lumni, ainsi que la banque de données sur Nathalie Sarraute constituée par la Bibliothèque nationale de France.

Ce qu’il faut retenir sur Nathalie Sarraute

Nathalie Sarraute est bien plus qu’un simple auteur du Nouveau Roman. Elle est une exploratrice du langage, une analyste fine des mouvements intérieurs, une voix littéraire qui a su remettre en cause les évidences pour donner à voir ce qui échappe : les émotions fugaces, les conflits souterrains, les silences lourds de sens. À travers son œuvre, elle nous rappelle que la littérature n’est pas qu’un art de raconter, mais aussi un art d’écouter, de décoder, de soupçonner. Une leçon précieuse pour les lecteurs d’aujourd’hui, et un modèle inspirant pour les écrivains de demain.

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