Les études et le concours pour devenir vétérinaire en France sont réputés pour être particulièrement difficiles. Beaucoup d’étudiants, déterminés à atteindre leur rêve, décident alors de passer par certaines alternatives pour intégrer un cursus d’études vétérinaires et obtenir leur diplôme. C’est le cas d’Emma, qui a quitté la France pour poursuivre ses études au Portugal ! Emma est aujourd’hui étudiante en fin de deuxième année en école vétérinaire à Porto, après deux années de classe préparatoire BCPST. Voici ses quelques conseils !
La formation en France pour devenir vétérinaire
Pour devenir vétérinaire en France, il n’existe pas mille solutions : il faut obtenir son diplôme après avoir choisi une des deux voies qui permettent d’intégrer une des quatre écoles vétérinaires françaises.
Les quatre écoles nationales vétérinaires
En effet, si tu veux devenir vétérinaire, tu dois d’abord obtenir un diplôme d’État de docteur vétérinaire (DEV), après avoir intégré une des écoles nationales vétérinaires (ENV) :
- l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), située à Maison-Alfort
- l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT)
- l’École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation (Oniris), située près de Nantes.
- l’Institut national d’enseignement supérieur et de recherche en alimentation, santé animale, sciences agronomiques et de l’environnement (VetAgro Sup), situé à Marcy, près de Lyon.
Depuis peu, un autre établissement forme aussi au DEV. Il s’agit de l’école vétérinaire de l’Institut Polytechnique UniLaSalle.
Attention : cette école est un établissement privé. Elle est donc payante.
Intégrer une école vétérinaire
Pour obtenir ton diplôme vétérinaire, il faut donc que tu intègres une de ces écoles. Pour cela, il existe deux voies différentes :
- tu peux intégrer une ENV par le concours post-bac : si tu es lycéen, tu peux choisir de candidater directement via Parcoursup à la première année commune aux différentes ENV publiques, mais aussi à l’institut Polytechnique UniLaSalle.
- tu peux intégrer une ENV après deux ans de formation : sinon, tu peux choisir d’intégrer une ENV en deuxième année, après deux ans de formation (suite à une prépa BCPST, une L3 scientifique, une prépa TB, un diplôme des ENS de Cachan ou Lyon, ou encore après un diplôme d’État en médecine, pharmacie ou chirurgie…)
Lire aussi : Comment devenir vétérinaire ?
Les alternatives à l’étranger pour devenir vétérinaire
Les études vétérinaires font partie des études les plus difficiles en France et demandent une grande rigueur et une motivation sans failles. Le nombre de places dans les ENV étant faible en comparaison avec le nombre de candidats, beaucoup d’élèves décident de retenter leurs chances dans un autre pays de l’Union européenne… mais cela demande beaucoup de préparation et il est nécessaire d’être bien renseigné(e) !
Les cursus vétérinaires ouverts aux étudiants étrangers
En effet, la fonction de vétérinaire est réglementée et régie par des directives européennes. Pour être sûr(e) de poursuivre des études reconnues, tu dois te référer à la liste des diplômes de vétérinaires officiels européens.
Plusieurs pays européens proposent d’accompagner des étudiants français pour devenir vétérinaires. Voici une liste non exhaustive des pays qui accueillent le plus fréquemment des étudiants étrangers :
- la Belgique : quatre universités (l’université de Liège, l’université de Namur, l’université libre de Bruxelles, l’université catholique de Louvain) proposent aux étudiants français 6 ans de cours exclusivement en français.
- le Portugal : trois écoles permettent à de jeunes Français d’intégrer leur cursus (une à Porto, l’autre à Lisbonne, et une dernière à Coimbra). Le cursus est aussi en 6 ans, avec seulement la première année en français.
- la Roumanie : trois programmes de 6 ans sont possibles au sein de trois universités de sciences agricoles et vétérinaires (celles de Cluj-Napoca, de Bucarest et de Timisoara).
- l’Espagne : le pays propose des cursus en universités publiques, mais aussi établissements privés. Il s’agit d’études en 5 ans, accessibles dès le post-bac (pas besoin de passer par la classe prépa). Généralement, il est assez difficile pour les étudiants étrangers d’y accéder.
- Beaucoup d’autres pays européens ont aussi envisageables : Pays-Bas, Allemagne, Italie, Estonie… La liste complète est disponible sur le site européen Euroguidance
Comment intégrer ces cursus européens ?
Faire des études vétérinaires dans un pays européen demande beaucoup de préparation et de renseignements pour être sûr d’intégrer un cursus reconnu par l’état du pays en question, et par le cadre européen.
Bien qu’il soit possible d’intégrer ces alternatives européennes, ce n’est pas si simple. Les pays accueillant des élèves français ou étrangers priorisent d’abord leurs propres élèves. Ainsi, différents processus d’admission sont possibles : quotas, tirage au sort, examens, dossiers… Par exemple, l’accès aux études vétérinaires en Belgique est très sélectif, puisque seuls 20% d’étudiants non résidants belges peuvent intégrer l’une des quatre universités. La sélection se fait ainsi par tirage au sort. Pour la Roumanie, l’Espagne ou le Portugal, l’accès se fait sur dossier. Un bac scientifique est par exemple exigé au Portugal, alors que la Roumanie demande de repasser des examens en biologie.
Remarque : même si les premières années sont généralement dispensées en français ou en anglais, la suite des études vétérinaires dans les pays étrangers se fait dans la langue du pays en question. Et c’est une variable à vraiment prendre en compte. En effet, il faut penser que les stages auxquels tu vas candidater ou même la population à laquelle tu vas t’adresser ne parlera pas français et peut-être pas anglais non plus. Apprendre la langue est donc aussi une étape supplémentaire.
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Le témoignage d’Emma, étudiante en école vétérinaire au Portugal
Peux-tu m’expliquer ton parcours et ce que tu fais maintenant ?
Après avoir fait toute ma scolarité à Nice, je suis partie à Lyon faire deux ans en prépa BCPST au lycée du Parc. J’ai tenté une première fois le concours pour rentrer en école vétérinaire, mais j’ai échoué alors je me suis tournée vers les écoles à l’étranger en Europe. Là, j’ai découvert qu’il existait 3 écoles au Portugal qui proposaient le cursus vétérinaire. J’ai postulé et j’ai été prise dans celle de Porto. Cela fait donc deux ans que je suis à Porto en master vétérinaire et je vais rentrer en troisième année dès septembre.
Comment as-tu fait pour rejoindre cette école au Portugal ?
Pour rejoindre l’école, j’ai postulé par la plateforme française GEDS qui propose des études à l’étranger et surtout au Portugal en médecine vétérinaire, dentaire, pharmacie, kinésithérapie et ostéopathie. J’ai postulé dans les 3 écoles du Portugal qui proposent le cursus vétérinaire aux européens : Lisbonne, Porto et Coimbra. J’ai dû faire pour cela un dossier numérique, un dossier papier et enfin j’ai eu un entretien en visioconférence (un pour chaque école).
Les cours changent-ils beaucoup de ceux enseignés en France ?
Pour avoir comparé avec des amis qui sont en école vétérinaire à Lyon, le contenu des cours ne change pas. Cependant, la répartition des cours changent : par exemple en anatomie, dans mon école, on a appris tous les os d’abord puis tous les muscles puis tous les organes, etc. alors que dans l’école de Lyon, les apprentissages se font par partie du corps (membres, puis abdomen, puis thorax, etc.). Mais globalement, c’est vraiment propre à chaque école que ce soit en France ou au Portugal. Par exemple, les professeurs de l’école de Toulouse n’enseignent pas de la même manière que ceux de Lyon et de la même façon, les cours à Coimbra ne sont pas enseignés de la même manière à Porto. Mais finalement, le contenu reste le même.
Obtiendras-tu le même diplôme qu’un étudiant français ?
Oui, je serai, comme un étudiant français, diplômée en tant que docteure vétérinaire. La seule différence, c’est que pour exercer en France, je vais devoir présenter à l’ordre des vétérinaires français mon diplôme et mes compétences pour qu’ils m’accordent le droit d’exercer en France.
As-tu hésité à faire ce choix ?
Après avoir passé mon concours en France, j’avais le choix entre retenter le concours à nouveau l’année d’après ou partir à l’étranger. Je savais déjà que je ne voulais pas retenter en France car ça demandait beaucoup de travail, sans aucune certitude d’être prise par la suite, d’autant que mon année, 150 places ont été supprimées. Donc pour moi la voie étrangère était presque obligatoire.
Ma vraie hésitation s’est donc plus faite sur la destination, que sur le fait de partir ou non. J’ai choisi le Portugal car la culture m’attirait plus que les pays de l’est de l’Europe et que les prix étaient plus abordables que ceux de l’Espagne par exemple.
Quelles sont les principales difficultés, mais aussi les principaux avantages de cette expérience à l’international ?
La principale difficulté c’est bien entendu la langue : une nouvelle langue à apprendre avec les cours en portugais dès la deuxième année ! Même si on s’y adapte facilement, il faut quand même un temps pour intégrer la langue. En plus de la langue, il faut aussi s’adapter à une nouvelle culture, différente de la culture française. Enfin, l’éloignement avec la famille et les proches est aussi une difficulté.
À l’inverse, plusieurs avantages compensent ces difficultés. La vie universitaire est très riche à Porto : on est entouré de beaucoup d’étudiants, on rencontre sans arrêt de nouvelles personnes et on est toujours en train de faire de nouvelles activités. Côtoyer une autre culture est aussi un élément important : c’est à la fois un inconvénient et un avantage. Les Portugais aiment faire la fête et sont très ouverts aux étrangers, ce sont des personnes très chaleureuses. On se sent très vite à l’aise, d’autant qu’il s’agit aussi d’une culture méditerranéenne et latine qui me rappelle un peu chez moi.
Pour finir, quel serait le conseil que tu donnerais à un(e) étudiant(e) ou lycéen(e) qui hésite à faire le même choix que toi pour devenir vétérinaire ?
Si je devais donner un conseil à un étudiant qui hésite ce serait de ne pas hésiter ! En effet, les écoles européennes ont pour certaines une meilleure réputation que les écoles françaises à l’international. En plus, partir à l’étranger, ça permet de vivre de nouvelles expériences et c’est une richesse qu’on garde à vie. On apprend aussi à maîtriser une nouvelle langue, ce qui est un atout pour l’avenir.
Finalement, je ne tire que du bon d’être partie à l’étranger et étant dans un pays européen, il n’y a aucune difficulté à faire valoir son diplôme en France, dans le cas où on souhaiterait rentrer.