Rosalinda PIE

Une étudiante française non voyante intègre la Seton Hall University

À lire dans cet article :

Rosalinda, jeune étudiante non voyante, rejoint cette année les bancs de la prestigieuse Seton Hall University, située dans le New Jersey, aux États-Unis. Époustouflés par ce parcours hors du commun, nous avons eu la chance de nous entretenir avec la jeune femme, qui est alors revenue pour nous sur sa scolarité et sa rencontre avec l’association Programme Internationaux d’Échange (PIE).

Rosalinda Manata est née en Angola il y a 22 ans, avant de venir s’installer en France avec sa famille alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Elle souffre alors d’un blastome rétinien qui finit par la rendre aveugle. Après avoir fréquenté une école pour enfants malvoyants, Rosalinda décide de rejoindre l’association PIE, qui lui permettra quelques années plus tard d’intégrer la prestigieuse Seton Hall University, aux États-Unis.

Le parcours incroyable de Rosalinda, étudiante non voyante

Bonjour Rosalinda, nous sommes ravis de te rencontrer. Pourrais-tu te présenter en quelques mots pour nos lecteurs ? 

Bonjour à tous, je m’appelle Rosalinda, j’ai 22 ans, je suis étudiante en master de relations internationales à côté de New York. Et grande particularité, je suis non-voyante depuis l’âge de 2 ans.

Comment s’est passée ta scolarité ? 

J’ai perdu la vue peu de temps avant de rentrer à l’école. Pendant mes deux premières années de maternelle, j’ai fréquenté une école « normale » et j’étais accompagnée au quotidien pour que tout se passe au mieux. J’ai toujours été très énergique et très sociale, je n’avais aucun mal pour m’intégrer aux autres élèves.

Je suis ensuite entrée dans une école spécialisée dans laquelle j’ai appris le braille, à utiliser une canne blanche, etc. À partir du CE1 et jusqu’en CM2, j’intègre l’Institut des jeunes aveugles. J’y suis une scolarité tout à fait classique avec un programme similaire à celui des autres écoles. En parallèle de tout ça, je suis des cours dans un conservatoire de musique, je vais dans un centre de loisir pendant l’été, etc. Autant de petites choses qui montrent à ma mère que je suis capable d’évoluer dans un environnement classique.

Comment s’est passée ton arrivée au collège et au lycée ? 

Je poursuis donc ma scolarité dans un collège « normal », même si je suis toujours suivie de près par l’Institut des jeunes aveugles, qui me fournit notamment des manuels scolaires et un ordinateur en braille. Puis arrive le lycée, je décide de passer un baccalauréat littéraire, que j’obtiens en 2018.

Au lycée, j’ai également découvert l’association PIE, spécialisée dans les mobilités à l’international. J’effectue un premier séjour aux États-Unis, dans le Minnesota, grâce au programme PIE High School. Ça m’a vraiment beaucoup plu, alors je repars quelque temps plus tard, cette fois-ci au Illinois College, à Jacksonville, pour une Major en relations internationales, dont j’ai été diplômée en mai dernier, grâce au programme PIE Go Campus.

Cette année, je me dirige vers une double majeure en relations internationales et économie, avec une mineure en musique, à la Seton Hall University, dans le New Jersey, aux États-Unis toujours.

Dans quelle mesure ton handicap a-t-il affecté ta scolarité ? 

Je n’ai jamais véritablement eu du mal à accepter, ni à faire accepter, mon handicap. Ça a toujours été un vrai booster pour moi ! J’ai toujours compris que j’étais différente, mais j’ai cultivé cette différence pour faire autant, voire mieux, que les autres enfants.

J’ai été équipée, j’avais toujours mes manuels en braille à temps pour la rentrée. C’était parfois un peu compliqué, mais les professeurs ont toujours été compréhensifs. Je travaillais aussi beaucoup avec mes camarades.

D’un point de vue social, le collège n’est jamais une période facile, avec les autres enfants… mais j’ai eu la chance de toujours être entourée de personnes bienveillantes. J’ai été accompagnée pour avoir la scolarité la plus « normale » possible. On m’a toujours beaucoup aidée, même une fois arrivée à l’université.

Comment as-tu connu l’association PIE ? 

Via Internet tout simplement. On avait cherché des organismes d’échange avec ma mère, mais j’avais malheureusement été refusée de beaucoup à cause de mon handicap.

L’association PIE s’est montrée très accueillante et très compréhensive. Ils ont tenu à me rencontrer en entretien, pour évaluer mon niveau d’anglais notamment. Ils m’ont questionné sur mes motivations, mes peurs, mes doutes, etc. Ils ont fait en sorte de me trouver une école spécialisée aux États-Unis. j’ai pu y apprendre le braille américain.

Ils ont toujours mis un point d’honneur à me considérer comme une personne « normale ».

Pensais-tu un tel parcours académique possible il y a quelques années ? 

Je dirais que oui, je n’ai jamais eu peur pour mon avenir. J’ai une mère très battante, qui m’a fait comprendre très tôt que mon handicap n’était pas un obstacle. Alors je me suis donnée tous les moyens pour réussir. Les États-Unis, ça a toujours été un rêve pour moi, je n’ai jamais eu l’impression que je ne pourrai pas y arriver.

Quels conseils pourrais-tu donner aux lycéens et étudiants porteurs d’un handicap qui souhaiteraient accéder à de telles études supérieures ? 

Je leur dirais d’arrêter d’écouter les autres ! La majorité des personnes ne connaît pas le handicap, car elles ne sont pas concernées. Alors il faut croire en soi. Et puis, il y aura toujours quelqu’un prêt à sauter le pas pour les aider.

Il faut montrer son enthousiasme et garder la tête haute. C’est en montrant qu’on est motivé qu’on pourra prouver aux autres qu’on est capables de tout.

Que peut-on te souhaiter pour la suite Rosalinda ? 

C’est une bonne question… Une fois que j’aurai mon diplôme en poche, je ne pense pas rester aux États-Unis. J’aimerais rentrer en France et pourquoi pas passer le concours du Quai d’Orsay. À voir…

Tu veux plus d’informations et de conseils pour réussir tes examens et trouver ton orientation ? Rejoins-nous sur Instagram et TikTok !

À la une