Le parcours de Julien, élève normalien : “Pour moi, l’ENS était réservée aux élèves des prépas parisiennes”

Interview ENS Ulm

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“Pour moi, l’ENS était réservée aux meilleurs élèves des grandes prépas parisiennes.” Voilà ce que pensait Julien, alors que ses professeurs de CPGE littéraire lui assuraient qu’il avait le profil et les notes pour réussir à intégrer Ulm. C’est chose faite pour lui, désormais élève normalien ! Actuellement en 4e année, il revient pour AuFutur sur ses choix d’orientation, sa vie en prépa à Cherbourg (50), puis Caen (14), et le concours de l’ENS Ulm. Découvre son interview exclusive juste ici !

 

Les années collège et lycée : “J’étais bon élève, mais je ne pensais pas à la prépa, ni à l’ENS !”

 

Plus jeune, avais-tu déjà une idée du métier que tu voulais faire ? Une orientation ?

Au collège, j’ai longtemps été attiré par les sciences. Je voulais être paléontologue, comme beaucoup d’enfants je pense, parce que j’aimais bien les dinosaures. J’adorais aussi l’astronomie. Donc vraiment, j’étais beaucoup plus scientifique. Le côté littéraire et la philosophie sont arrivés bien après.

 

Tes parents étaient-ils présents pendant ta scolarité ?

Mes parents m’ont toujours beaucoup soutenu. Ils ne sont pas rentrés à l’ENS et n’ont pas fait de classe prépa, mais ils m’ont toujours encouragé à bien travailler à l’école. Nous allions régulièrement à la bibliothèque, on lisait beaucoup, etc. Et puis, j’ai toujours été un bon élève, j’avais de bonnes notes donc ils n’ont jamais eu besoin de me reprendre sur mon travail.

 

Une fois au lycée, tu te projetais davantage dans des matières scientifiques ?

Mes goûts ont un peu changé quand j’étais en troisième. Mes envies de paléontologie et d’astronomie sont passées ! J’ai commencé à m’intéresser un peu plus aux langues et à la littérature. Et pour la petite anecdote : vers la fin de ma troisième, j’avais décrété que je voulais simplifier la langue française et que je voulais créer une langue. De fil en aiguille, j’ai bien évidemment découvert que beaucoup d’autres personnes avaient essayé de le faire avant moi, ça m’a un peu découragé. Je me suis aussi mis à apprendre l’espéranto (la langue universelle, ndlr.). C’est comme ça que j’ai commencé à développer une véritable passion pour les langues et la littérature.

 

Considères-tu que tu travaillais beaucoup ? 

Au collège et au lycée je travaillais raisonnablement : ni trop, ni trop peu ! Je me suis toujours un peu mis une pression, mais toujours de manière assez naturelle. Je n’étais pas particulièrement débordé par le travail.

 

Quand as-tu commencé à t’intéresser à ton orientation ? Tes parents t’ont-ils aidé à t’orienter ? Tes professeurs ?

Au lycée, comme j’étais très intéressé par les langues, je voulais intégrer l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales, ndlr.), pour étudier les langues orientales. Mais j’ai rapidement réalisé que Paris c’était un peu loin, que j’étais un peu jeune (j’avais 16 ans au moment de passer le bac) et que mes parents n’étaient pas très emballés à l’idée que je parte si tôt. Et puis finalement, alors que je n’avais pas envisagé la prépa ni l’ENS, un jour, une de mes professeures a parlé à mes parents des CPGE littéraires et de celle qui était justement dans mon lycée, à Cherbourg. Et j’ai commencé à envisager cette solution.

Lire aussi : Quelle CPGE choisir ? Le guide ultime des prépas !

 

Les années de prépa : “Ma rencontre avec deux professeurs de philo a été déterminante”

 

Savais-tu ce qu’était la classe prépa avant qu’on ne t’en parle ?

Très vaguement. Je me suis un peu renseigné et j’ai tout de suite compris que c’était une formation très exigeante, qui nécessitait beaucoup de travail. Finalement, ce qui a fait pencher la balance c’est que plusieurs de mes amis de lycée sont partis en prépa littéraire à Cherbourg. Je me suis dit que moi aussi, ça pouvait me laisser une année pour réfléchir et renforcer mes acquis pour peut-être intégrer ensuite l’INALCO.

 

En deuxième année de prépa, tu décides de changer d’établissement. Pourquoi partir à Caen pour ta khâgne ?

En hypokhâgne (le nom de la première année de prépa littéraire, ndlr.), j’étais toujours passionné par les langues et la littérature, mais je me suis rendu compte que ce qui me plaisait dans ces univers était surtout philosophique. Et puis, mes professeurs de prépa m’ont rapidement fait comprendre que j’avais le profil pour envisager de rentrer à l’ENS. Seul problème : si je voulais poursuivre dans la philosophie, je préférais faire une khâgne Ulm (aussi appelée A/L), ce qui impliquait donc de quitter ma prépa de Cherbourg (au lycée Jean-François Millet, ndlr.) qui ne proposait qu’une khâgne Lyon (aussi appelée LSH). Je suis donc parti pour le lycée Malherbe, à Caen, au sein d’une prépa un peu plus grande.

 

As-tu le souvenir de ta première note en hypokhâgne ? 

Ma première note était un 15 pour une fiche de lecture en français… donc c’était pas mal du tout ! Mais malgré tout, je ne m’imaginais pas à l’ENS. Pour moi c’était réservé aux meilleurs élèves des grandes prépas parisiennes. Ce n’était pas pour moi, bonnes notes ou pas !

Il faut aussi garder à l’esprit qu’au concours de l’ENS d’Ulm, pour être admissible, il faut avoir environ 14,5 dans toutes les matières.

 

Tu t’es donc un peu censuré ? Tu pensais que tu n’étais pas assez bon pour l’ENS ?

Oui, complètement. J’ai toujours pensé que l’ENS n’était réservée qu’aux meilleurs élèves, de Henri IV, des grandes prépas parisiennes, etc. mais pas pour moi. Quand je suis rentré en hypokhâgne, on m’a parlé d’un taux d’admission à l’ENS de 3 ou 4 %. Donc autant dire que c’était comme 0 pour moi !

 

Finalement, tu décides d’aller à Caen pour ton année de khâgne, tu dois donc déménager ?

Je n’ai pas vraiment déménagé à proprement parler, j’étais à l’internat, je devais donc rentrer chez mes parents tous les week-ends. Je n’étais pas perdu ! J’ai beaucoup aimé vivre en internat pendant la prépa, j’en garde un bon souvenir. On se fait des amis, on est entouré, on est déjà dans les bâtiments pour les cours, etc. C’est super pratique !

 

As-tu des souvenirs marquants de cette deuxième année de prépa à Caen ?  

Ce qui a été assez crucial pour moi, ça a été la rencontre avec deux professeurs de philosophie. Ils m’ont beaucoup aidé pendant mes deux années de prépa à Caen (khâgne et khûbe, ndlr.) que ce soit sur le plan scolaire mais aussi personnel. On avait un point commun assez fort : la philosophie. On discutait beaucoup et ça m’a permis de me sentir bien quand je suis arrivé seul dans cette nouvelle prépa, dans une nouvelle ville.

 

La prépa a la réputation d’être une formation difficile. As-tu eu des coups de mou ?

J’ai toujours eu tendance à voir un peu le négatif autour de moi, donc oui, j’ai eu des baisses de moral, comme tout le monde je pense. La pression des concours est assez dure à vivre. Mais finalement, avec un peu de recul, je me dis que ce n’était pas si terrible que ça ! C’était surtout quand j’étais tout seul dans ma chambre, parce qu’une fois que je sortais un peu avec mes amis, que j’étais entouré, tout allait beaucoup mieux.

 

Dirais-tu qu’il y avait une forte concurrence dans ta prépa ?

Non, il n’y avait pas une concurrence très forte à Malherbe. Tout le monde ne visait pas le concours donc c’était beaucoup plus détendu, les gens n’avaient pas peur les uns des autres. On était plutôt solidaires finalement.

Lire aussi : L’engagement décennal à l’ENS

 

Le concours de l’ENS d’Ulm : “Les épreuves peuvent s’étaler sur un mois entier”

 

Comment s’est passé ton premier concours, en fin de khâgne ?

C’était comme tout le reste de l’année, très stimulant. Je l’ai passé dans mon lycée donc j’étais dans un environnement familier, et n’avais pas trop d’appréhension. J’ai été admissible cette année-là et pourtant, je n’y croyais pas. Même si les professeurs m’avaient bien dit que j’avais les notes pour rentrer à l’ENS, j’avais du mal à réaliser que j’étais vraiment admissible, je ne m’y attendais pas du tout. Et j’ai ensuite été convoqué aux oraux.

 

Comment se passent les oraux de l’ENS ?

On doit aller jusqu’à Ulm (à Paris, ndlr.) et il faut se loger pendant la période des oraux. Ils peuvent durer jusqu’à un mois en tout et pour tout, c’est assez long. Il y a six épreuves et c’est étalé de façon aléatoire. Donc c’était plutôt difficile de rester concentré pendant tout ce temps alors que je voyais que mes amis étaient en vacances. Je ne connaissais personne à Paris en plus, je découvrais tout. Malheureusement, ces premiers oraux n’ont pas été concluants et je n’ai pas été admis. J’ai raté l’admission de 10 places, mais je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin ! J’ai donc décidé de faire une troisième année de prépa pour rentrer à l’ENS d’Ulm.

 

Cette année de khûbe a-t-elle été plus difficile que ta première khâgne ?

Je connaissais déjà un peu le concours donc, de ce côté-là, j’étais un peu plus détendu, mais j’avais aussi un peu de pression parce que je savais que c’était ma dernière chance d’intégrer l’ENS. Je ne voulais pas bicarrer (faire une troisième année de khâgne, ndlr.). Et, à la différence d’autres classes prépas, en CPGE littéraire, le programme évolue tous les ans, donc je devais repartir de zéro.

Et puis, sur le plan personnel, j’ai rencontré de bons amis pendant ma deuxième khâgne, ça m’a pas mal aidé aussi. Et j’avais toujours mes deux professeurs de philosophie à mes côtés. J’étais bien entouré !

Cette interview t’a plu ? Bonne nouvelle, un épisode 2 arrive bientôt ! Julien nous parlera de son parcours à l’ENS d’Ulm et de ses projets professionnels.

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