Un Erasmus est l’opportunité unique de pouvoir voyager et découvrir de nouveaux recoins de l’Europe. Aujourd’hui, Flora nous raconte son expérience dans la petite ville de Germersheim en Allemagne, à une heure seulement de voiture de Strasbourg.
Une année à Germersheim avec Flora
Peux-tu te présenter ?
Salut ! Je m’appelle Flora, j’ai 24 ans et je suis étudiant(e) (plus pour longtemps) en master en traduction audiovisuelle et accessibilité à Strasbourg. Pour ma troisième année de licence, je suis partie un an en Erasmus en Allemagne.
Peux-tu parler des raisons pour lesquelles tu as voulu faire un Erasmus ?
J’ai choisi de faire ma L3 en Erasmus, car j’avais beaucoup perdu en niveau de langue après ma réorientation. J’avais réussi à maintenir mon anglais, mais j’avais beaucoup perdu en allemand. C’est ce qui m’a poussé à partir en mobilité Erasmus.
Pourquoi l’Allemagne ?
La spécialité que j’avais choisie en L3 était la traduction et l’allemand est une de mes langues de travail. Je savais qu’améliorer cette langue serait bénéfique pour moi au niveau professionnel. C’était aussi le pays germanophone dont je connais bien la culture et l’histoire.
Comment s’est passé l’échange ?
L’organisation était très compliquée, c’était encore en pleine crise du Covid-19. En plus, le système universitaire allemand, en tout cas celui de l’université de Mayence, était très différent du système français. Le choix des équivalences a été difficile. Heureusement, la professeure qui gérait les échanges avec l’Allemagne nous a aidés pour ça.
Aussi la ville de mon échange était assez mal annoncée. Sur le site de mon ancienne fac, le partenariat était proposé avec Mayence, mais pour le campus des langues, il était 100 kilomètres plus loin, à Germersheim, une petite sous-préfecture en Rhénanie-Palatinat. J’ai été un peu « catfished », car je pensais aller dans une grande ville, mais j’ai assez vite déchanté.
Est-ce que l’Erasmus t’a aidé dans ton parcours professionnel ?
Oui, mais plus par le social que le scolaire. L’immersion en Allemagne m’a vraiment permis d’apprendre à parler allemand de façon naturelle et à intégrer le vocabulaire courant. Mon niveau est passé d’un B1-B2 à C1. Dans mes exercices de traduction en Master 2, j’avais aussi beaucoup plus facilement les références culturelles propres à l’Allemagne.
Le referais-tu ?
Je le referais à 100% ! Bon, je ferais plus attention au logement et je demanderais de l’aide pour ça, mais c’est vraiment avec cette expérience à l’étranger que je peux maîtriser la traduction depuis l’allemand.
Découvre dans cet article tout ce que tu dois savoir sur le programme Erasmus.
La vie à Germersheim
As-tu rencontré des difficultés avec la langue ?
Oui, très vite ! Mon propriétaire parlait le dialecte de la région et pas un seul mot d’anglais, la compréhension était quasi impossible avec lui. Surtout qu’il ne faisait aucun effort alors qu’il acceptait de louer à des étudiants étrangers. J’ai dû me reposer sur ma colocataire allemande, elle-même me disait qu’il parlait mal.
Qu’as-tu pensé des cours ?
Les cours étaient très variés et vraiment intéressants. Pour les Erasmus qui ont besoin d’améliorer leur allemand, des cours en groupe sont proposés sur un semestre pour aider sur la grammaire, l’expression orale… Si on a un niveau correct, on peut choisir nos cours directement parmi le catalogue du semestre et organiser notre emploi du temps, un peu comme le système américain. Il n’y a pas de limites aux choix du moment que c’est pertinent à notre parcours et qu’on obtient tous nos crédits ECTS à la fin. Avec ça, j’ai pu faire de la programmation, de l’analyse de littérature et du project management… C’était cool d’avoir cette flexibilité que les emplois du temps français n’ont pas, surtout pour les horaires, mais c’est une grosse organisation aussi.
Quelles sont les différences entre la France et l’Allemagne ?
Il y a beaucoup dans l’attitude générale : les Allemands suivent beaucoup les règles, ils sont aussi très factuels, de but en blanc. Ils ont même une expression pour les piétons qui ne respectent pas les feux : « Rotgänger, Todgänger », à peu près « Qui traverse au rouge, meurt ». On le voit aussi en voiture, ils respectent absolument les limitations de vitesse. Sauf ceux qui habitent proche de la frontière, où la conduite française les a beaucoup influencés (pas de la bonne façon).
Le dimanche est le « Ruhetag », ou jour de repos, et rien, absolument rien n’est ouvert le dimanche de ce fait. Si vous ne faites pas vos courses le samedi soir, dimanche vous vous retrouvez à manger des pâtes sauce fonds de placards. Il ne faut aussi pas faire de travaux ni de bruits ce jour-là, sinon les petits vieux du coin n’hésitent pas à appeler la police municipale. Les marchés de Noël sont tout simplement supérieurs en Allemagne. Ils ont beaucoup plus de stands, même dans les petites villes et proposent plein de plats typiques ! C’est une tout autre ambiance, même si on est voisins de frontières.
À quoi ressemble une journée libre typique ?
Pendant le week-end, je faisais une grasse matinée, je retrouvais ma colocataire pour le petit-déjeuner. On jouerait sûrement à un jeu vidéo en coop’ pendant quelques heures. Je mangerais mon déjeuner dans ma chambre en regardant une série sur mon ordinateur. L’après-midi, j’irais me balader le long du Rhin qui passe à côté de la ville, s’il fait beau. En hiver, j’irais à un marché de Noël dans une ville alentour. En rentrant, je nettoierais la pièce commune dont je dois m’occuper cette semaine (cuisine, salle de bain ou le couloir/entrée et le WC). Puis, je ferais la cuisine et la vaisselle avec ma coloc’ avant de retourner dans ma chambre pour la nuit.
Quels sont les avantages de vivre et d’étudier à Germersheim ?
Les avantages sont que les logements sont assez proches de la fac, pas de transports requis ! Même avec ma coloc’, je n’étais qu’à 5-10 minutes à pied des bâtiments. La ville est très calme et desservie par le train en plusieurs gares. Il y avait plusieurs zones commerciales assez proches du centre, maximum 30 minutes à pied.
Quels sont les inconvénients de vivre et d’étudier à Germersheim ?
C’est très petit, il y a vraiment peu d’activités à y faire le week-end. Pendant les vacances, les rues sont vides, car tous les étudiants allemands rentrent chez leur famille. Les logements sont chers pour une si petite ville. Un studio de 16m2 y coûte 600€ environ, aussi cher qu’à Strasbourg, pour beaucoup moins d’avantages. Les habitants ne sont pas très agréables, surtout avec les étudiants étrangers.
Recommandes-tu Germersheim ?
Pour ceux qui aiment le calme et les petites villes, oui. Pour ceux comme moi, qui préfèrent les grandes villes plus animées, pas du tout. C’est un cas particulier de cette université, d’avoir le campus des langues aussi loin de la ville universitaire dont elle dépend. La population est en moyenne très vieille, il y a quelques évènements organisés pour la vie universitaire, mais les sorties du soir se résument au seul café bar du coin qui reste ouvert jusqu’à 1h.
As-tu des astuces, des tips, des fun facts ou des anecdotes ?
- Les moustiques allemands sont tellement vicieux que notre kit de nouveau à la semaine d’intégration contenait un spray anti-moustiques extra-fort… Je l’ai encore, il m’a été bien utile.
- Les plats végétariens et vegans sont plus nombreux et nettement moins chers là-bas ! Il y a une marque de bonbons vegan que j’adore et qui me manque chaque jour qui s’appelle « Katjes », un de leurs paquets ne coûte qu’un euro et ils sont super bons.
- Vous ne supportez pas la SNCF ? Découvrez la Deutsche Bahn, le réseau de trains étendu, mais avec deux fois plus d’annulations et dix fois plus de retards ! Malgré ça, essayez de prendre un Semesterticket, c’est un ticket spécial qui vous donne accès au réseau ferroviaire allemand dans tout le pays, que le campus de Germersheim inclut dans ses frais d’inscription depuis 2024. Il y a beaucoup de belles villes à visiter qui valent le coup. Prévoyez juste des itinéraires bis.
- Je me retrouve dans beaucoup de vidéos d’Uyen Ninh (@uyenninh) sur la vie en Allemagne. C’est une créatrice de vidéos originaire du Vietnam et qui est venue s’installer en Allemagne il y a 4 ans. Elle capture bien certains chocs culturels que j’ai vécus là-bas.
- Si vous êtes recensé à la mairie (souvent demandé), vous devrez payer la redevance télé obligatoire ! Elle est peut-être déjà prise en charge par un membre de la colocation, parlez-en entre vous.
- Les Allemands présentent parfois le loyer sur les annonces sans les charges (Kaltmiete), il faut toujours demander le loyer avec les charges (Warmmiete) avant de dire oui pour un logement !
L’argent pendant un Erasmus, un essentiel
Comment as-tu financé à la mobilité ?
J’ai pu la financer grâce à la bourse Erasmus et l’aide de mes parents. Ils étaient en position de payer mon loyer et la bourse Erasmus couvrait les dépenses quotidiennes. J’ai quand même dû toucher à mes économies au début, car le temps que la bourse arrive il y a quand même la caution à payer !
Quel montant avais-tu au total ?
Je crois que j’ai reçu un peu plus de 3000 € sur l’année entière, en deux virements, pour la bourse Erasmus et mon loyer était d’environ 350 € charges comprises.
Quel est le coût de la vie ?
Je suis partie en Erasmus l’année scolaire 2021-2022 et c’est à ce moment qu’une crise de l’inflation a commencé, en plus de la guerre russo-ukrainienne qui a fait flamber les prix de l’électricité et du pétrole. Notre propriétaire était même venu nous rendre visite à la coloc’ pour nous signaler une augmentation des charges au printemps 2022. Sinon, le coût de la vie en Allemagne est similaire à celui en France, mais je dirais qu’il est un peu plus cher dans les régions du sud et surtout de l’ouest de l’Allemagne, les plus riches du pays.
Combien faudrait-il pour vivre convenablement ?
Il faut minimum 600-650 € par mois pour être serein et ne pas trop penser à la fin de mois je dirais. Ça, c’est aussi si vous vivez en colocation ou au foyer ! Si on souhaite vivre dans un studio, les prix flambent vite dans la région.
Si jamais tu as des soucis d’argent, on te donne toutes les astuces pour financer ton Erasmus.
Les conseils pour partir en Erasmus
As-tu rencontré des difficultés à l’échange ?
Au niveau de la communication avec l’université, non. On avait un « international office » qui aide les étudiants étrangers. Au niveau du logement, oui. Communiquer avec des propriétaires pour rechercher un appartement était difficile. Il y a bien des logements proposés par une association sur place, mais c’est majoritairement pour des chambres, qui ont certes leur propre salle de bain, mais une cuisine partagée par 16 personnes sur l’étage. J’ai opté pour une colocation de trois personnes en centre-ville, après beaucoup de recherches.
Comment as-tu procédé à ta candidature ?
Il y avait des réunions sur les mobilités à l’étranger proposées dans mon cursus. J’ai eu la plupart des informations pour mon Erasmus avec. Le reste s’est fait avec la coordinatrice des mobilités vers l’Allemagne de mon département. On a fait quelques réunions Zoom et très vite, mon dossier était prêt et validé.
De 1 à 10, à quel point est-ce difficile de candidater ?
Un 2 de difficulté. Il suffit vraiment d’être investi dans ce projet d’études et la(le) coordinateur(ice) vous validera ce projet sans aucun doute ! On a la chance en Europe d’avoir le programme Erasmus qui rend extrêmement facile ce genre de mobilités et qui offre des expériences inoubliables pour beaucoup d’étudiants.
As-tu des conseils à donner aux étudiants qui souhaitent faire un Erasmus ?
Les contacts. Si vous avez un niveau assez haut dans la langue du pays d’accueil, vous vous en sortirez bien. Mais si vous avez des difficultés, soyez en contact avec quelqu’un qui parle la langue ! Mettez-vous en lien avec des groupes Facebook ou groupes d’étudiants étrangers, contactez des Allemands que vous connaissez. Au niveau administratif et légal, ça pourrait vous sauver. Je ne suis pas tombée sur un propriétaire très tolérant des étrangers (si vous voyez ce que je veux dire) et il ne respectait pas la loi allemande, jouait du fait qu’il louait à des étrangers et exploitait le fait qu’on ne puisse pas se défendre légalement.
L’inscription pour une mobilité Erasmus
Si toi aussi tu as envie de partir en Erasmus, on va tout t’expliquer et te guider pour réussir ton inscription. Déjà, il faut que tu prépares ta mobilité en avance. Un Erasmus peut durer de un à deux semestres. Il peut se faire dès que tu as validé une première année de ton diplôme. Le choix de ta destination dépend de ton diplôme, aussi pense à chercher sur le site de ton université ou école pour connaître. Une fois ton choix de fait, tu dois commencer à te mettre en contact avec le coordinateur de l’échange.
En plus, tu devras présenter ta candidature, car le nombre d’étudiants autorisés à partir est très mince. Il est donc recommandé d’avoir un excellent dossier et un bon niveau en langue (celle-ci dépend du pays). Tu dois aussi penser à compléter ta candidature pour pouvoir obtenir des bourses afin de compléter tes revenus. Elles dépendent de plusieurs critères et se calculent selon le revenu de ton foyer fiscal tout comme de la durée de ton séjour.
Ce qu’il faut savoir sur le fonctionnement de la mobilité
Un Erasmus n’est pas une année de césure ou de vacances. Cette mobilité te permet de suivre un cursus similaire au tien dans une autre université. Il est donc important que tu continues à travailler et à suivre les cours sous peine de pénalités (redoublement, remboursement des bourses). Pour réussir ton année, tu devras constituer ton contrat pédagogique avec les coordinateurs des deux universités (la tienne et celle qui t’accueille). Il te faudra le suivre et respecter les règles de l’université d’accueil en termes d’examen et de notation.
Hormis ceci, tu es censé avoir une vie étudiante similaire à celles des autres étudiants. Une exception s’applique puisque tu restes un étudiant international. Ceci signifie que ton statut te permet de participer à des activités réservées aux étudiants internationaux (pas forcément qu’Erasmus). Il y a aussi la possibilité que tu puisses avoir des modalités d’évaluation spécifiques ou encore quelques privilèges. Tout dépend de l’expérience et de ce qui se présentera à toi.