Est-il plus difficile de réussir dans la tech quand on est une femme ? Nous avons posé la question à Aurélie Baliry, diplômée de l’école d’ingénieurs HETIC et désormais UX designer dans une entreprise de voyages. La jeune femme nous confie sa vision du secteur et se penche sur son attrait pour le design inclusif et l’importance de la feminatech.
Un profil littéraire rattrapé par les sciences
Bonjour Aurélie, pourrais-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton parcours académique ?
Bonjour à tous, je m’appelle Aurélie, je suis designer expérience utilisateur. Je me suis orientée dans la tech après une reconversion. J’ai obtenu un baccalauréat littéraire puis j’ai étudié les langues à l’université. Je suis devenue professeur de français langue étrangère (FLE) en Angleterre. C’était davantage un choix de raison, je n’étais pas vraiment passionnée.
J’ai suivi des études de LEA (langues étrangères appliquées), puis je suis partie à Londres quelques mois pour pratiquer mon anglais et finalement j’y suis restée 4 ans !
J’ai toujours aimé les arts, mais je n’y pensais plus vraiment. Mes parents ne voyaient pas ce domaine d’un très bon œil, ils trouvaient que c’était trop instable, alors j’ai fait le choix des langues, un peu par dépit.
Tu as suivi un cursus littéraire, à mille lieues des sciences, à quel moment as-tu su que tu voulais t’orienter vers le secteur des technologies ?
Disons que ça ne s’est pas fait du jour au lendemain ! Depuis le collège, j’ai toujours voulu travailler dans l’art, ça remonte à longtemps. J’aimais beaucoup l’architecture, mais une conseillère d’orientation m’avait dit que ce n’était pas une bonne idée, que c’était un secteur bouché, etc. et mes parents n’étaient pas très ouverts sur la question. Ils ne m’auraient sans doute pas empêchée de le faire, mais ils ne m’ont pas encouragée. Les écoles d’architecture le plus proches étaient à Paris et ils n’étaient pas enchantés à l’idée que je parte si loin. Alors, j’ai laissé tomber les arts et je me suis concentrée sur les langues. C’était mon plan B !
J’ai commencé à travailler, ce n’était pas désagréable, mais je ne me sentais pas vraiment à ma place. J’ai bien aimé enseigner, mais je n’étais pas vraiment épanouie. J’avais envie d’un métier plus créatif.
À Londres, j’avais des amis dans les arts et le graphisme et ils m’ont appris plein de choses. C’est ce qui m’a permis de renouer avec ce que j’aimais. J’ai fait les portes ouvertes d’une école à côté de Londres, j’ai passé les tests de langues et j’ai ainsi rejoint l’école. J’y ai passé 2 ans, j’ai beaucoup appris en graphisme, en print, en digital, etc. mais je me suis mis en tête que je voulais me spécialiser dans l’UX.
Pourquoi avoir choisi de rejoindre l’HETIC ? Quel parcours as-tu suivi ?
Après mon école à Londres, je suis rentrée en France et à ce moment, je cherchais une école qui proposait de l’alternance. C’était très important pour moi ! C’était une reconversion, alors il fallait que je sois vite opérationnelle. La théorie c’est important, mais dans les métiers créatifs la pratique est essentielle !
J’ai donc fait une licence à l’HETIC. La première année était un tronc commun, j’ai fait du développement, du design, du SEO, de la direction artistique, du marketing, etc. et dès la deuxième année, j’ai pu me spécialiser. Et grâce à l’alternance, j’ai pu toucher à tout !
Une carrière en UX design qui démarre sur les chapeaux de roues
Dans quel domaine travailles-tu aujourd’hui ?
Je suis désormais designer expérience utilisateur (UX) dans l’industrie du voyage. Je travaille sur une plateforme de voyages d’affaires principalement, je m’occupe de développer tous les visuels et de m’adapter aux besoins de la clientèle. L’UX design allie beaucoup de choses ! C’est assez polyvalent.
Peux-tu nous en dire plus sur le design inclusif et la feminatech ?
Le design inclusif est un sujet encore très peu abordé dans les entreprises. Il s’agit de l’inclusion de tous les membres de la société dans les designs des sites internet et des plateformes. C’est très important que tout le monde puisse être représenté, notamment sur un site de voyage comme celui dont je m’occupe. L’aspect environnemental compte aussi pour beaucoup, il faut alerter les utilisateurs pour qu’ils fassent les bons choix.
Pour ce qui est de la feminatech, il s’agit tout simplement de l’intégration des femmes dans les secteurs de la tech. Même si la tech s’ouvre progressivement à la gent féminine, il y a encore un long chemin à faire pour dépasser les préjugés.
La tech : un secteur qui évolue petit à petit
On parle souvent de la tech comme d’un univers exclusivement masculin et parfois même misogyne ? Qu’en penses-tu ? Ce n’est pas plus compliqué d’évoluer en tant que femme dans cet univers ?
Je ne dirais pas que ça a été compliqué pour moi, mais c’est sûr que ça a joué ! Les hommes ont toujours été plus représentés dans mes classes et ils étaient toujours plus orientés vers le développement, alors que les femmes plutôt par l’aspect graphique. Ça m’a sans doute influencé moi aussi. Je me rends compte aujourd’hui que j’aimais beaucoup le développement et je me suis sans doute restreinte à ce niveau, me disant que ce n’était pas pour moi et que j’avais plus ma place dans un domaine plus créatif.
C’est dommage, mais les choses changent petit à petit, les lignes bougent ! Les écoles devraient davantage parler de la tech aux femmes. Il y a une véritable sensibilisation à faire !