Face à la pénurie d’ingénieurs, l’EIGSI La Rochelle dévoile son plan stratégique « IMPACT »

L’ingénierie française traverse une zone de turbulence. Pénurie de talents, déséquilibre territorial, explosion des coûts. Les écoles d’ingénieurs sont sommées de se réinventer. À La Rochelle, l’EIGSI prend le sujet à bras-le-corps avec un plan stratégique baptisé IMPACT. Cinq axes, une nouvelle identité graphique, des formations repensées et un mot d’ordre : préparer les ingénieurs de demain sans renier l’ADN généraliste qui fait la force de l’école depuis plus d’un siècle.

Avant d’aller plus loin, retour sur le contexte des écoles d’ingénieurs françaises en pleine mutation.

Un contexte sous tension pour les écoles d’ingénieurs françaises

Le monde de l’ingénierie connaît aujourd’hui un paradoxe. Jamais les entreprises n’ont eu autant besoin d’ingénieurs et, pourtant, jamais ils n’ont été aussi rares. En France, on compte environ 203 000 étudiants inscrits dans la filière ingénieur, dont 16 000 en cycle ingénieur, mais les besoins du marché dépassent largement cette capacité de formation.

Une pénurie d’ingénieurs qui s’intensifie

Cette pénurie de talents entraîne un turn-over supérieur à la moyenne dans le secteur, particulièrement dans les domaines émergents comme l’intelligence artificielle embarquée ou la cybersécurité industrielle. Les PME sont les premières touchées. Faute d’attractivité face aux grands groupes, elles peinent à recruter et à conserver leurs ingénieurs, ce qui freine leur croissance.

Des disparités régionales marquées

La situation est également déséquilibrée sur le plan géographique. Certaines régions, notamment le Sud-Est, souffrent d’un manque criant de profils techniques, tandis que d’autres zones concentrent l’essentiel des talents et des formations.

Un modèle économique mis à l’épreuve

À ces tensions s’ajoute une hausse généralisée des coûts pour les écoles d’ingénieurs :

• Des standards de qualité de plus en plus exigeants pour obtenir ou renouveler les accréditations,
• Des investissements immobiliers et scientifiques en forte croissance,
• La nécessité de développer des services numériques, de sécurité et de communication performants,
• Et un poids croissant du marketing pour attirer des profils variés dans un marché saturé.

Dans ce contexte difficile, le modèle économique des écoles devient plus fragile. Selon Jean-Michel Nicolle, directeur général transitoire de l’EIGSI, un établissement doit atteindre environ 1 700 étudiants et 17 millions d’euros de chiffre d’affaires pour garantir sa pérennité.

Le plan stratégique « IMPACT » de l’EIGSI : innover, fédérer et transformer

Lors d’une conférence de presse, tenue le mardi 14 octobre, l’EIGSI a présenté son nouveau plan stratégique baptisé « IMPACT », une feuille de route ambitieuse pensée pour les cinq prochaines années. Ce plan s’articule autour de cinq axes majeurs, qui traduisent la volonté de l’école d’ingénieurs de consolider son identité, renforcer son attractivité et accélérer sa transformation pédagogique et internationale.

Axe 1 : Marque et identité : une nouvelle image pour une nouvelle ère

L’EIGSI engage une refonte complète de son identité visuelle et de sa communication, symbolisée par un nouveau logo et une stratégie de marque plus affirmée. L’école d’ingénieurs affiche un objectif clair : moderniser l’image de l’école, renforcer sa visibilité nationale et internationale, et mieux valoriser ses valeurs fondatrices que sont l’humanisme, l’innovation et l’ouverture.

Cette évolution clarifie également le positionnement de l’EIGSI dans le paysage des écoles d’ingénieurs généralistes, tout en affirmant sa singularité : une formation solide, ancrée dans la réalité industrielle et ouverte sur les enjeux de société.

Axe 2 : Territoire et intérêt général : un ancrage local fort et responsable

Fidèle à sa mission d’établissement EESPIG (Établissement d’Enseignement Supérieur Privé d’Intérêt Général), l’EIGSI souhaite renforcer ses liens avec le territoire rochelais et les acteurs économiques locaux.

L’école entend jouer un rôle moteur dans le développement durable du territoire, en contribuant à la réindustrialisation régionale et à l’innovation scientifique. En consolidant ses partenariats avec les entreprises, les collectivités et les acteurs de l’enseignement supérieur, l’EIGSI réaffirme son engagement : former des ingénieurs utiles, engagés et conscients de leur impact.

Axe 3 : Attractivité et formation : de nouvelles offres pour répondre aux besoins du marché

Pour répondre à la pénurie d’ingénieurs et aux nouveaux besoins du marché, l’EIGSI mise sur une diversification de son offre de formation.

Cette stratégie répond à un double enjeu : former davantage de talents tout en garantissant la qualité et la diversité des parcours proposés.

Axe 4 : Alliances et recherche : coopérer pour innover

L’EIGSI place la coopération au cœur de sa stratégie. L’école d’ingénieurs souhaite développer des alliances stratégiques avec d’autres établissements d’enseignement supérieur partageant les mêmes valeurs, afin de mutualiser les moyens et d’élargir les opportunités de recherche.

Ce volet comprend également une ouverture accrue à l’international, via des partenariats académiques, des doubles diplômes et la consolidation de son campus de Casablanca. En favorisant la recherche appliquée et l’innovation, l’EIGSI ambitionne de renforcer son rayonnement scientifique et sa contribution à l’industrie du futur.

Axe 5 : Durabilité et gouvernance : construire une école résiliente

Dernier pilier du plan « IMPACT », la durabilité englobe à la fois la gouvernance, la responsabilité sociale et la pérennité financière. L’école souhaite mettre en place un modèle de gestion plus agile, transparent et durable, tout en favorisant des pratiques éthiques et responsables.

Cette gouvernance rénovée doit permettre à l’EIGSI de maintenir sa stabilité économique tout en accompagnant ses ambitions de croissance et d’internationalisation.